LA PREHISTOIRE DE L'AUTOMOBILE     

Pour bien comprendre l'histoire de l'automobile, il faut avant tout connaître les éléments qui menèrent à son invention. Grâce aux travaux de savants, de mathématiciens et d'ingénieurs, nos premiers constructeurs ont pu créer nos premières machines roulantes qui deviendront les "Automobiles".

Malgré toutes les précautions prises lors de mes recherches, et face à des sources parfois contradictoires, il se pourrait que certaines dates ne soient pas tout à fait exactes. Si vous constatez une erreur, merci de m'en informer et de me joindre, si possible, un document qui confirme la date exacte de l'évènement. Après un rapprochement avec les documents en ma possession, l'information sera mise à jour si besoin.  Merci de votre aide.

De 1700 à 1774

Si les premières voies ont été tracées par les animaux, les romains ont largement contribués à la création des grandes routes encore utilisées de nos jours et surtout, ils ont jalonné ces voies de bornes indicatrices. Louis-Rodolphe Perronnet, concepteur de nombreux ponts et créateur avec Trudaine de l'Ecole des ponts et chaussées en 1747, va, sous le règne de Louis XV, faire installer à son tour des bornes sur les routes royales et les départementales.

1707

Denis Papin poursuit son projet de bateau à vapeur (les études ont commencées vers 1690), On pense que ce navire était doté de "La machine à élever l'eau", identique à celle qu'il utilisa pour les jardins du Duc de Hesse. Le bateau sera mis à l'eau et testé sur la Fulda. Une fois prêt, en 1707, Papin demandera l'autorisation de rejoindre la Mer du Nord. Sans réponse, il décidera alors de ne plus attendre et prend le large. A quelques kilomètres de Cassel, au confluent de la Fulda et de la Weser, Papin doit acquitter un droit de passage à la guilde des bateliers de la Weser qui refuse de laisser passer le bateau. refusant de payer, Papin se plaindra aux autorités. Malgré cela, les bateliers, furieux, tireront le bateau sur la rive dans la nuit du 26 au 28 juillet et ils y mettront le feu. Dépité, Papin rejoindra Londres en 1708, sans sa femme et sa belle-fille, retournées à Cassel.

La machine à vapeur, plus que toute autre invention, symbolise la révolution industrielle du 17e siècle et le prélude à une révolution énergétique qui va transformer notre monde. C'est en effet la première fois que l'homme peut produire de l'énergie motrice indépendamment des conditions naturelles. L'invention change les convertisseurs d'énergie habituels, moulins à eau, à vent ou à marée. L'ère moderne du machinisme venait de naître. Elle apportera d'énormes transformations dans le secteur des moyens de transport et on songera tout de suite à son application maritime. Ensuite, le chemin de fer se développera, engageant l'homme dans l'ère des grandes inventions, donnant naissance, bien sûr, à l'automobile. Dans une cinquantaine d'année, Cugnot et son fardier va fonder les bases d'un prodigieux développement qui mènera à l'industrie automobile moderne. Qui pourrait alors le croire en 1712 ? En résumé, et en regardant l'immense évolution de la machine à vapeur, on peut remarquer que si l'homme a tant évolué au fil des années, une grande partie de cette évolution revient à Denis Papin et à quelques autres grands chercheurs qui réussiront à faire progresser et développer ces recherches d'une façon remarquable. Malgré tous les essais ratés, ces hommes ont tout de même eu le courage de persévérer jusqu'au bout.

1712

Après l'échec de son bateau, Denis Papin est revenu à Londres en 1708. Il écrit un mémoire sur son bateau qui n'intéresse personne. Sans nouvelles de sa femme et délaissé par ses collègue. A force de solliciter les gens, il finit par agacer et se voit rejeter de partout. Son dernier ami est le docteur Sloane a qui il adresse sa dernière lettre. La suite est un mystère. Certains situe sa mort en 1712, d'autres en 1714. Ce qui est sur, c'est que l'un des plus grands inventeur français a finit dans une fosse commune en Grande-Bretagne. Il faudra attendre plus d'un siècle pour qu'il soit reconnu comme l'inventeur de la machine à vapeur, ouvrant la voie à de nombreuses réalisations qui mèneront à l'automobile (et à celle de Cugnot en particulier).

Suivant les travaux de Savery, Thomas Newcomen a vite compris les bénéfices qu'il peut tirer de la machine issue des études de Papin et de celles de son collègue. Seul, il persiste dans la mise au point de la "Miner's Friend" et décide de construire plusieurs machines, capable cette fois de faire fonctionner un atelier. En 1705, il construit une machine atmosphérique qui sert à faire fonctionner les pompes, qui s'avère bien meilleure que elles de Papin et Savery. Elle possède cependant un tout petit défaut qui s'avère énorme pour les consommateurs : sa consommation en combustible est très importante. Un défaut assez sérieux compte tenu de la nécessité presque inexistante de cette machine à cette époque. Mais on peut dire qu'en 1712, lorsque cette dernière est finalisée, que Thomas Newcomen est le véritable inventeur de la machine à vapeur exploitable, bien que Papin en fût l'instigateur principal. Né en 1663, il décèdera à Londres en 1729.

Dans le cas de cette machine, la pression de l'air extérieur est à l'origine de la force motrice du système. D'ou son nom de "machine atmosphérique". Ces machines seront également utilisées dans l'évacuation des eaux des mines et la distribution d'eau dans les villes. Cette machine, montée en 1712, résulte du travail de Newcomen, bien sûr, mais également d'un ingénieur du nom de John Cawley.

Le principe de fonctionnement de cette machine atmosphérique est le suivant :
- Le piston est au repos dans un cylindre.
- La vapeur provenant de la chaudière va remplir le cylindre et pousser le piston. On signalera que la pression est à peine supérieure à la pression atmosphérique, le mouvement n'est possible que grâce au contrepoids. L'air est alors chassé.
- L'ouverture d'un robinet permet à de l'eau froide de pénétrer dans le cylindre. Dès lors, la vapeur se condense.
- Le vide fait dans le cylindre permet à la pression atmosphérique externe de pousser le piston et de la faire descendre.
- Enfin, pour le rééquilibrage des pressions, un tiroir amovible s'ouvre au niveau supérieur de la chaudière.
- Le piston remonte et le cycle recommence.

1725

Naissance de Nicolas-Joseph Cugnot, à Voigt en Lorraine, le 25 septembre 1925. Il construira le Fardier, considéré comme le premier véhicule roulant motorisé par une force non animale.

1728

Naissance de Matthew Boulton à Londres. Il succèdera à son père en 1759 en dirigeant les manufacture à Soho, spécialisées dans la production d'articles en métal.

1734

Naissance de Jean-Pierre Peugeot, à Hérimoncourt, fils de Jean Jacques Peugeot (1699-1741). Il deviendra tisserand-teinturier avant de fonder la branche industrielle de la famille à la fin de la Révolution. Il décèdera en 1852.
Depuis le 15e siècle, on trouve des Peugeot à Vandoncourt, près de Montbéliard dans le Doubs. A l'époque, la région faisait partie de l'empire germanique mais les racines des Peugeot semblent être d'origine Suisse. La principauté de Montbéliard était le fief des Wurtenberg et ne sera française qu'après la Révolution, en 1793. Les Peugeot deviendront français. Jean Pequignot Peugeot était meunier et maire de Vandoncourt. Il a édifié des moulins à eau dans la région. Son fils Jean Jacques (1699-1741) épousa la fille d'un meunier d'Hérimoncourt. Le couple s'installa près d'un cours d'eau, le Gland, au moulin dit de Sous-Cratet. De cette union naît cette année Jean Pierre (1734-1814), 6e enfant du couple.

1736

Naissance de James Watt à Greenock en Ecosse. Fils d'un magistrat, il va vite trouver sa vocation et devenir fabricant d'instruments scientifiques. Formé à Glasgow, puis à Londres, il reviendra chez lui en trouvant un emploi à l'université de glasgow. Il sera chargé d'entretenir les instruments de physique et de mathématiques. Ce travail va lui ouvrir la voie de la célébrité, jusqu'à son décès en 1819. Son nom sera donné à l'unité de puissance électrique, le Watt.

Peter Everst Studebaker quitte sa Hollande natale pour débarquer aux Etats-Unis. Il se lance alors dans la construction de chariots agricoles. Ses arrière-petits-fils, Henry, Clem et John, fonderont en 1852 une importante usine dans l'Indiana. Ils feront fortune durant la guerre de Sécession en vendant des chariots à l'armée de l'Union.

1741

Jean-Jacques Peugeot, meunier, s'éteint prématurément. Son fils Jean-Pierre est trop jeune pour lui succéder et c'est Jean-Georges, frère de Jean-Jacques, qui hérite du moulin. Plus tard, ne disposant pas de ce dernier pour travailler comme meunier, Jean-Pierre se lancera dans le textile et dans les années 1760, devient tisserand-teinturier.

1744

Charles Marie de La Condamine est un savant voyageur né à Paris le 28 janvier 1701. A son retour d'une mission géodésique en Amérique du sud, entre 1735 et 1744, il rapporte le caoutchouc du Pérou. Il mourut le 4 février 1774 à Paris des suites d'une opération audacieuse qu'il avait voulu faire de lui-même.

1747

Jacques de Vaucanson, né à Grenoble le 24 février 1709, s'intéressa très tôt à l'horlogerie. Il se passionna également pour la mécanique qu'il l'entraîna à Lyon, puis à Paris. Il sera l'auteur de différents travaux dont trois automates célèbres entre 1937 et 1938. En 1741, ses recherches l'amenèrent à créer le premier métier à tisser automatique. La construction d'automates le mène à concevoir une machine roulante, baptisé "le bien aimé", et qu'il présenta au roi Louis XV en 1748. Les essais de ce carrosse eurent lieu à l'hôtel Montorge, rue de Charonne à Paris, le domicile de Vaucanson. il pouvait transporter deux personnes. Quatre roues engrenées deux à deux étaient reliées par des rubans d'acier dentelé. Des chaînes communiquaient avec une manivelle tournante que le conducteur pouvait actionner depuis son poste de pilotage. Séduit par la démonstration, le roi demanda à Vaucanson d'en construire un exemplaire pour la remise royale. Ce carrosse mécanique pouvait également revendiquer le droit d'être reconnue comme la première automobile puisque capable de se mouvoir seule et Vaucanson, un précurseur oublié.

Le carrosse de Vaucanson était doté de quatre roues motrices, nécessitant donc l'emploi d'un différentiel. On le sait, le 4x4 d'aujourd'hui, sans cet appendice, aurait les quatre roues qui tourneraient à la même vitesse, ce qui poserait un certain problème pour aborder les virages où les roues à la corde tournent moins vite que les roues opposées. Le différentiel est donc indispensable pour permettre aux quatre roues de tourner à des vitesses différentes dans les courbes et à une vitesse égale en ligne droite. En février 1837, Henri-Edouard Troca, polytechnicien et professeur de mécanique, président de la commission des étalons du système métrique et sous-directeur au Conservatoire des Arts et Métiers, est chargé d'archiver les écrits que Vaucanson a légué à sa mort à Louis XV. Dans les différentes archives qu'il a sous les yeux, il découvre quelques planches représentant ce fameux différentiel, soit 24 figures représentant avec précision le détail de sa conception. On suppose, que pour mouvoir cette mécanique, Vaucanson a du utiliser des roulements à billes, une invention de John Harrisson (1693-1776), horloger britannique.

Pour en savoir plus sur Jacques de Vaucanson, je vous invite à lire la page spéciale sur cet homme.
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1763

Au service de l'impératrice Marie Thérèse d'Autriche, en guerre comme la France contre la Prusse (guerre de sept ans), Nicolas Joseph Cugnot se trouve en Allemagne lorsque le traité de paix est signé. Il quitte alors l'armée et revient à Paris où il débute ses études. En 1766, il écrira un ouvrage sur l'Art militaire ancien et nouveau et en 1766 une Théorie de la fortification. Il travaille également sur un véhicule destiné à remplacer les attelages de chevaux pour tirer les canons de l'artillerie en campagne.

1764

Naissance de William Symington à Leadhills en Ecosse. Il fera une brève apparition dans le monde de l'automobile à vapeur, sa véritable carrière étant concentrée sur la motorisation des bateaux. Il décèdera en mars 1831.

1767

Naissance de Philippe Lebon d'Humersin à Brachay, en Champagne. Ses travaux sur le gaz d'éclairage le mèneront à créer, en 1799, la "Thermolampe" Nous verrons cela plus tard.

1768

En 1768 naît Jean-Pierre Peugeot II (photo), à Hérimoncourt, près de Montbelliard. En 1770, son frère Jean-Frédéric arrive à son tour. Les deux hommes hériteront de l'entreprise familiale fondée par Jean-Pierre Peugeot 1er. Jean-Pierre II s'éteint en 1852, 30 ans après Hean-frédéric, décédé en 1832.

1769

Le fardier de Cugnot
Un officier ingénieur suisse, Monsieur de Planta, présente au Duc de Choiseul, ministre du roi Louis XV, plusieurs inventions dont une voiture mue par l'effet de la vapeur d'eau produite par le feu. Dans l'assistance, le général de Gribeauval évoque alors le chariot d'un certain Mr Cugnot. Choiseul délègue alors de Planta pour aller examiner cet engin. Devant la maquette (énorme) du chariot de Cugnot, de Planta réalise que le projet est plus avancé que le sien, et, beau joueur, se retire et en informe Choiseul. Ce dernier donne l'ordre à Cugnot de construire son chariot (en plus petit) au frais du roi. Ainsi va naître le premier "Fardier" qui fait ses premiers essais en octobre.

1770

D'après les écrits, le Fardier de Cugnot a réussit les premiers test. Cependant, la grandeur de la chaudière n'était pas proportionnée au volume des pompes (nom qu'on donnait aux cylindres). L'engin fonctionnait pendant 12 à 15 minutes et il fallait la laisser reposer le temps de laisser la vapeur remonter en pression. Malgré les défauts de la machine, l'essai fut jugé satisfaisant. Un second chariot est alors commandé. Les travaux commencent cette année en avril. Il sera terminé Le Fardier 2 est construit à l'Arsenal de Paris sous la direction de Gribeauval. Il y a 2 cylindres (fondus, eux, à Strasbourg) et les pistons ont un mouvement alternatif qui agissaient sur l'unique roue avant directrice. L'ensemble chaudière-direction était à l'avant et l'absence de poids à l'arrière rendait l'engin instable. D'ailleurs, lors dès essais de novembre, Cugnot en perd le contrôle et le fardier termine sa course dans un mur suite à un virage mal négocié. Cet incident empêchera sa mise en service ultérieure. Avant l'accident, le fardier avait atteint la vitesse de 4 km/h malgré ses 4 tonnes.

Pour en savoir plus sur Cugnot et son Fardier, je vous invite à lire la page spéciale sur cet homme.
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James Watt, formé à Glasgow, puis en 1755 à Londres chez un fabricant d'instrument scientifiques, a rejoint l'Université dès 1757. Joseph Blake lui apprend alors la Thermodynamique et en 1764, son professeur de physique lui confie la réparation d'un modèle réduit expérimental. il s'agit d'une pompe à feu à vapeur de Thomas Newcomen qui nécessite quelques petites interventions. S'apercevant de la trop grande consommation de vapeur de cette machine atmosphérique, il se met alors à réfléchir à un procédé capable de corriger ce défaut. Cette nouvelle étude l'amène à mettre au point cette année un nouveau système, le condenseur séparé intégré. Cette nouvelle invention annonce l'avènement de la machine à vapeur. Breveté aussitôt, le condenseur ne sera exploité industriellement sur les machines qu'en 1775. Durant toute cette période, c'est l'inventeur John Roebuck qui financera les recherches de Watt.

Au delà de ses recherches sur la vapeur, Watt se consacra à une autre activité, celle d'ingénieur civil. Il établira de nombreux relevés pour des voies de canaux en Ecosse.
Note : Le "condenseur" joint par Watt aux machines est une chambre froide, maintenue à une basse température par des injections répétées. Le procédé est trop long à expliquer, et je vous laisse le soin de vous renseigner. Tout ce que je peux dire, c'est qu'avant Watt, la vapeur, que l'on gardait dans un seul cylindre. Elle était réchauffé puis refroidie pour donner un mouvement au piston. Avec la découverte de Watt, cette vapeur était refroidi dans un cylindre séparé, et ensuite condensée, créant ainsi un vide qui faisait descendre le piston. Ce qui améliora sensiblement l'efficacité des moteurs à vapeur.

Un officier ingénieur suisse, Monsieur de Planta, présente au Duc de Choiseul, ministre du roi Louis XV, plusieurs inventions dont une voiture mue par l'effet de la vapeur d'eau produite par le feu. Dans l'assistance, le général de Gribeauval évoque alors le chariot d'un certain Mr Cugnot. Choiseul délègue alors de Planta pour aller examiner cet engin. Devant la maquette (énorme) du chariot de Cugnot, de Planta réalise que le projet est plus avancé que le sien, et, beau joueur, se retire et en informe Choiseul. Ce dernier donne l'ordre à Cugnot de construire son chariot (en plus petit) au frais du roi. Ainsi va naître le premier "Fardier" qui fait ses premiers essais en octobre.

Brumm a reproduit ce véhicule sous le référence X01.

1771

Pour finir notre chapitre, signalons la naissance, en cette année 1771, de Richard Trevithick. Né près de Camborne, en Ecosse, et décédé en mars 1831, sera, avec William Murdoch, le pionnier des wagons à vapeur. Ses recherches prendront une part active dans l'effondrement du monopole instauré par James Watt.


A suivre : La vapeur anglaise.