Certains spécialistes ne sont pas d'accord avec le fait que l'invention de l'automobile soit attribué à Cugnot ou à Salomon de Caus. Pour ces érudits, Jacques de Vaucanson aurait devancé Cugnot de quelques années, et serait le premier à avoir "construit" une voiture sans chevaux, considérant que Salomon de Caus n'avaient fait que l'imaginer et ne l'avait jamais construite.

En août 1748, Jacques de Vaucanson aurait présenté au roi Louis XV une machine mue par des ressorts et qui était capable de rouler sur des distances assez importantes.

Inventeur et mécanicien, Jacques de Vaucanson est né à Grenoble le 24 février 1709. D'origine modeste, il s'intéressa très tôt à l'horlogerie et débuta un Tour de France pour apprendre ce métier. Très vite, il se lasse de cette profession et se dirige vers la mécanique. Ses différentes recherches l'entraînèrent à Lyon, puis à Paris ou il peut observer différentes machines qui affûtent alors sa curiosité. Il entreprend différents travaux, comme la réalisation d'une pompe pour élever les eaux, ou bien trois automates célèbres, le "Joueur de flûte traversière" de 1737, le "Joueur de tambourin" en 1738 et le "Canard" de 1738.

En 1741, il réorganisa l'industrie de la soie pour le compte du cardinal Fleury se consacrant particulièrement au perfectionnement des machines employées dans cette industrie. Il améliora par exemple les opérations de dévidage des cocons et la transformation de la soie grège en organsin, un fil formé de deux fils de soie grège tordus séparément dans un sens puis ensemble en sens inverse. Ensuite, il imagina d'autres machines, dont un tour automatique à dévider les cocons, un moulin à faire l'organsin, une perceuse, et même un métier à tisser automatique, le premier du genre.

Devenu académicien, la construction d'automates le menèrent à concevoir tout naturellement une machine roulante automatique qu'il présenta, selon l'almanach royal, sous le nom de "le bien aimé" au roi Louis XV en 1748. Ce carrosse, qui pouvant transporter deux personnes et qui était propulsé par des ressorts d'horlogerie, est essayé au domicile de Vaucanson, à l'hôtel Montorge rue de Charonne, près de la rue St-Antoine. Techniquement parlant, ce carrosse fonctionnait selon le principe de l'horlogerie, avec quatre roues engrenées deux à deux reliées par des rubans d'acier dentelé. Des chaînes communiquaient avec une manivelle tournante que le conducteur pouvait actionner depuis son poste de pilotage. Enchanté par cette démonstration, le roi demanda à Vaucanson de lui en fournir un exemplaire pour la remise royale 'ancien nom donné au parc automobile de nos jours).

L'engin de Vaucanson était doté d'une direction assurée par un jeu de chaîne très étonnant et de quatre roues motrices, système nécessitant donc l'emploi d'un différentiel. On le sait, ce genre de véhicule roulant, appelé 4x4 aujourd'hui, aurait sans cet appendice, les quatre roues tournant à la même vitesse, ce qui poserait un certain problème pour aborder les virages où les roues à la corde tournent moins vite que les roues opposées. L'emploi de ce différentiel est donc nécessaire pour permettre aux quatre roues de tourner à des vitesses différentes dans les courbes et à une vitesse égale en ligne droite. Il faudra attendre presque 1 siècle pour savoir comment Vaucanson a réussit à construire son différentiel.

En février 1837, un polytechnicien du nom de Henri-Edouard Troca, professeur de mécanique, président de la commission des étalons du système métrique et sous-directeur au Conservatoire des Arts et Métiers, est chargé d'archiver les écrits du français. Dans les différentes archives qu'il a sous les yeux, il découvre quelques planches représentant ce fameux différentiel, soit 24 figures représentant avec précision le détail de sa conception. On suppose, que pour mouvoir cette mécanique, Vaucanson a utilisé des roulements à billes, une invention d'un horloger britannique, John Harrisson (1693-1776).

Le carrosse mécanique de Vaucanson serait donc la première automobile, puisque capable de rouler seul, et Jacques de Vaucanson le précurseur oublié d'une histoire complexe. A la fin de sa vie, il réunit ses différents travaux et quelques machines les plus intéressantes pour les léguer à Louis XV. Cette collection sera ensuite la propriété du conservatoire National des Arts et Métiers. Quant au carrosse, Louis XV aurait pu nous dire ou le trouver.

Jacques de Vaucanson s'éteindra à Paris le 21 novembre 1782