SOCIETE ANONYME DES AUTOMOBILES PEUGEOT
Dernière mise à jour : 12/05/2010
Quadrillette
Petit historique, suite...
Montbéliard, doivent se reconvertir à la production civile. Après avoir usiné
durant plus de quatre ans des obus, des camions et des cycles, ainsi que des
moteurs de chars et d'avions, la production d'automobiles va pouvoir redémarrer. Malheureusement,
les usines sont en mauvais état, bombardées ou pillées par l'occupant en fuite. Elles doivent
être rééquipées et réorganisées. A Sochaux, où des terrains viennent d'être acquis, l'usine
commencera une production avec des outillages fatigués.
1920 - Nouvelle clientèle
Au sortir de la Guerre, l'automobile n'est
plus réservé aux riches. De Dion a déjà fait l'unanimité avec sa Populaire de
1906 et les autres constructeurs ont suivis la voie. La clientèle est désormais
plus large et le conflit a apporté quelques modification dans la production des
usines. Les méthodes de travail venus d'Amérique, et principalement celles
utilisées par Ford, arrivent en France. L'armée a formé des dizaines de milliers
de conducteurs automobiles et ces chauffeurs, rendus à la vie civile, sont les
premiers à vouloir acquérir pour leur compte une automobile. Il faut donc
trouver des solutions pour augmenter les cadences face à cette frénésie nouvelle
pour l'automobile, symbole de paix et de prospérité. Chez Peugeot, la
réorganisation de l'entreprise est pratiquement terminée. La SA des Automobiles
Peugeot d'Armand et Les fils de Peugeot frères sont désormais regroupées et
c'est Robert Peugeot, le cousin, qui gère et oriente les affaires du nouveau
groupe. Comme Citroën, l'activité de la firme va être axée sur la production en
grande série de modèles bon marché, ce qui exige de gros investissements et une
refonte totale de la gamme.
Quadrilette
En 1919, les ateliers ont repris la production
des voitures d'avant-guerre, des automobiles classiques, voire désormais
archaïques. La 153 et ses dérivés sont inadaptés à une production de masse, tout
comme les nouveautés de 1918, telle la 163. Certaines références ne sont produites qu'à
quelques dizaines d'exemplaires et ne correspondent pas à la nouvelle
orientation de la marque. Peugeot doit trouver un modèle simple à produire en
grand nombre, une voiture à faible marge unitaire. C'est une petite auto, baptisée Quadrilette, qui va assurer ce rôle.
Connue également sous la référence Type 172, la Quadrilette
s'annonce comme la succession de la Bébé.
Nouvelle ère
Après le succès encourageant de la Bébé,
Peugeot décide donc, après mures réflexions, de produire la 172, une voiture
économique et au prix attractif. En 1919, beaucoup de constructeurs ont choisis
la voie du grand Luxe, voir du très grand luxe, avec des modèles chers, à la
production comme à la vente. Robert se lance donc sur un marché assez ouvert, la
concurrence n'étant pas encore très présente. mais il ne faut pas attendre de
trop. André Citroën s'installe et son Type A, construit selon les méthodes
américaines commence à faire parler de lui. C'est d'ailleurs le premier modèle
européen à être produit en grande série et première voiture à être livrée
complète. Peugeot doit donc se hâter et lorsque Robert Peugeot donne son feu
vert pour la production de sa petite 4 CV, il déclenche une vraie révolution au
sein de l'usine de Sochaux. N'oublions pas que la législation favorisant les
Cyclecars ne sera adoptée qu'en 1922 et que ce type de véhicule sera un
véritable concurrent pour les petites automobiles de Peugeot. Robert a t'il eu
une prémonition ? Ce coup de génie sera payant. Pourtant, les concepteurs ont
peut-être vu un peu trop petit...
1920 - Bruxelles
C'est à Bruxelles que la petite nouvelle est
présentée. Elle offre quelques caractéristiques innovatrices, comme son châssis
plate-forme en tôle pliée très étroit, et très court pour une plus grande
rigidité. A l'arrière le différentiel est supprimé grâce à une voie arrière très
réduite de 75 cm. Le moteur est un 4 cylindres de 667 cm3, développant 9,5 ch,
accouplé à une boite-pont à trois rapports. Le seul défaut qu'on peut relever
est sans aucun doute ses deux places en tandem, comme sur les cyclecars de la
marque Bédélia. Cette configuration, très radicale de la part de Peugeot, va
déplaire aux premiers clients potentiels qui préfèreront la petite Citroën à
trois places, dont deux côte à côte à l'avant. Très vite, Peugeot va donc
proposer le type 161 E, pour "Elargi", une configuration à deux places décalées.
C'est encore loin d'être la proposition de Citroën, mais c'est un effort
supplémentaire. Il faut dire que Peugeot n'a pas vraiment pousser la
transformation. Le châssis est resté le même, conservant les voies de 93 cm à
l'avant et de 75 cm à l'arrière. Seule la plate-forme à été élargie de quelques
centimètres pour pouvoir accueillir deux sièges pratiquement côte à côte, celui
du passager se trouvant cependant plus en arrière que celui du conducteur.
Ces deux exemplaires de Quadrilette,
la 161 et la 161E, sont visible au Musée national de l'Automobile de Mulhouse,
au sein de la célèbre Collection Schlumpf.
Bien que n'étant pas vraiment une voiture faite pour la course de vitesse pure,
son moteur ne pouvant lui permettre une vitesse supérieure à 60 km/h, la 161 met en évidence ses qualités de routière
et de robustesse dans certaines épreuves d'endurance. Ainsi, au tour de France Automobile, en course de côte ou dans
les concours à la consommation, la petite Peugeot s'impose dans sa catégorie. D'ailleurs, un type grand Sport sera catalogué
dans la gamme Peugeot.
Un accueil mitigé
Le public n'est pas franchement séduit par les deux propositions de Peugeot.
Le tandem ne fait pas l'unanimité, malgré son fonctionnement très fiable, sa
robustesse et sa sobriété. 3.500 exemplaires de ces 161 seront construits avant
que Peugeot, sous la pression des commerciaux, ne lance la production d'un
nouveau Type, plus adapté à la demande, le 172.
De nos jours, les deux modèles sont très difficiles à trouver. Le Type 161 tandem, le plus rare,
ou le 161E, sont côtés environ 12.195 euros, soit 80.000 francs. A ce prix
bien sur, la voiture sera en parfait état. La 172, plus diffusée,
n'atteindra pas ce prix.
1922, les types 172 et 174
Le Type 172 dispose de voies avant et arrière
égales, de 94 cm. Il offre enfin deux vraies places côte à côte, étroites c'est
vrai, mais plus conviviales. La ligne de la voiture s'affine et une petite
touche sportive vient agrémenter la proposition. cette touche est vraiment
accessoire car le petit moteur de 10 ch n'a, lui, rien de sportif. l'objectif de
la marque est toutefois réalisé puisqu'en deux ans, 8.700 exemplaires de la 172
trouveront preneurs. C'est à cette époque, le record de production de Peugeot,
tous types confondus.
Le Type 174 est présenté également au Salon de
1922. Bénéficiant d'une sérieuse mise au point, elle sera distribuée jusqu'en
1928 et sera déclinée en version sportive. Cette voiture, qui débuta sa carrière
au Grand prix de Strasbourg Tourisme de 1922, ne sera produite qu'à 1.000
exemplaires environ. En 1923, il sera épaulé par une 2,5 litres de même
conception mais moins coûteuse à produire.
1924
Pour succéder à la 172, et à la Quadrilette, Peugeot présente le Type 172 BC lors du Salon de Paris
de 1924. Cette voiture, destinée à venir concurrencer la petite 5 CV de Citroën, dispose d'un moteur de 720 cm3 qui développe 12 ch.
Cette voiture, une véritable 2+2, fait entrer la marque dans la distribution de voitures à vocation
familiale. Depuis la Bébé, qui a ouvert la voie de l'automobile populaire chez Peugeot, la marque a désormais conscience que
l'avenir est dans la voiture bon marché et peu coûteuse à l'entretien. Les fabrications sont donc orientées dans ce sens et
donnèrent naissance aux types 161 et 172. Mais ce n'est pas pour autant que Peugeot abandonne sa gamme luxueuse, une production
faible mais nécessaire pour conserver son image de grand constructeur. Cette 172
BC évoluera pour donner naissance à la 190S de 1928.
Le "Luxe"
Depuis la fin du premier conflit mondial,
Peugeot a remis en production ses types de 1914 et 1915, en abandonnant
toutefois les modèles peu vendus. La 159, une voiture de 8 CV, techniquement
trop ancienne, est la première à disparaître et ne sera produite qu'en 1919.
Puis, c'est au tour de la 153, une 14/15 CV, qui fut déclinée en plusieurs
versions, B, BR et BRA, et produite à 5.000 exemplaires entre 1920 et 1924.
Peugeot proposa également la 156, une 6 cylindres de 6 litres qui sera produite
très confidentiellement à 180 exemplaires entre 1920 et 1923. On notera que ce
fut la première voiture à moteur sans soupapes de la marque. Le plus grand
succès de cette époque fut la 163, et ses dérivés. Cette 10 HP, bien adapté au
marché de l'époque, sera produite jusqu'en 1924 à plus de 12.000 exemplaires.
Rivale des Citroën A et B2, taxée pour 9 CV, elle reste cependant plus coûteuse
que ses rivales, la marque ne disposant pas encore des même cadences de
production de la marque aux chevrons.
Les Sans Soupapes
Pour reparler de la 156, notons que cette
première Peugeot sans soupapes est issue d'une étude de deux ingénieurs, Artault
et Dufresne. Pendant la guerre, ils étudièrent et mirent au point ce moteur et
l'adaptèrent sur une voiture qu'ils réussirent à vendre à Gabriel Voisin. Ils
tentèrent auparavant de vendre l'idée à Citroën, mais sans succès. Après la
cession à Voisin, les deux ingénieurs arrivent chez Peugeot et créent alors une
voiture pratiquement identique à celle de Gabriel Voisin. Dotée d'un moteur sans
soupapes de 6 litres, la 156 fit bondir Gabriel Voisin de son fauteuil. Il se
réjouira très vite cependant en battant à Strasbourg ces Peugeot qu'il appelait
des "Voisin déguisées". L'affaire n'alla pas plus loin. Cette voiture
ne rencontrera pas un succès retentissant.
Historique d'une reconversion
Pionnier du double arbre, Peugeot renonce
cependant à cette technique pour se laisser séduire par le "sans soupapes". Ces
moteurs, qui équipent déjà les automobiles engagés dans des Grands prix de
tourisme sont désormais adoptés pour les voitures de série. Jusqu'en 1914, les
moteurs de très grosses cylindrées étaient inadaptés pour les voitures de
tourisme de forte puissances. Brutaux, gros consommateurs d'essence, ils étaient
également lourds et difficiles à démarrer. Trop complexes, Peugeot doit choisir
une nouvelle option. Les gros moteurs de courses de 1914 sont trop coûteux à
produire, et leur entretien est largement au dessus des compétences du
mécanicien moyen des garages communs. En 1919, les ingénieurs Artault et
Dufresne, deux anciens de chez Panhard, ont proposé à Citroën leur projet de
grosses voitures sans soupapes. Citroën, nullement intéressé par le projet,
repasse ce dernier à Gabriel Voisin. Les deux ingénieurs arrivent alors chez
Peugeot qui cherche justement un moteur simple, puissant et
silencieux pour ces futurs modèles de luxe,
des grosses voitures de tourisme. Embauché, Dufresne va rapidement travailler
sur un moteur dérivé de celui qu'il a vendu à Panhard et Voisin. Il ne faut donc
pas s'étonner de la ressemblance qu'il existe entre ces moteurs. La première
voiture à recevoir cette mécanique est donc, comme nous l'avons vu plus haut, le
Type 156 de 1921. Cette très grosse 6 cylindres de 6 litres, identique aux 4
cylindres de Voisin, est cependant lourde et gourmande. Cependant, son silence
de fonctionnement, sa robustesse et sa fiabilité sont des atouts majeurs. Pour
comparaison, la cylindrée est égale à celle d'une Hispano-Suiza H6 mais son
châssis est plus lourd de 300 kg. Même carrossée raisonnablement, la voiture
plafonne à 100 km/h. Mais ce n'est qu'une première étape et la 156 fait en sorte
office de brouillon. Elle ne sera produite qu'à 180 exemplaires. En juillet
1922, de nouveaux moteurs apparaissent et viennent se loger sous le capot des
voitures engagées dans le Grand Prix de tourisme de Stasbourg. Ces voitures
annoncent l'arrivée des prochains types de la marque dans la gamme commerciale.
Les 174, 174S et 176
Si Peugeot ne remporte pas le grand Prix, laissant la victoire à Voisin,
André Boillot finit toutefois 4e de l'épreuve avec sa 174S et les modèles de production sont présentées au Salon de Paris 1922.
L'empattement de ces voitures est de 350 cm et le moteur à 4 cylindres et cinq
paliers à course réduite par rapport au 174S. Cette 174 4 litres, taxée 23 Cv
mais appelée 18 CV, reçoit plus d'attention que la 156. 810 exemplaires
trouveront preneur jusqu'en 1928. Parmi les fabrications, de cette 174 qui est loin d'être une
sportive, on trouve de superbes torpédos et cabriolets. Pour élargir sa gamme,
la marque lance alors une 4 cylindres de 2,5 litres, le type 176. D'une
puissance de 55 ch, et taxée pour 12/14 CV, sa production s'élèvera à 1.512
exemplaires en cinq ans. Les ventes seront soutenues par une participation
assidue aux Grands prix de Tourisme de l'ACF.
Après les 174S préparées
pour le GP de 1922, les châssis des voitures furent réduits à 327 cm
d'empattement. C'est ce nouveau châssis qui sera utilisé en compétition en
catégorie 3 à 5 litres. Le Type 176, lui, sera engagé dans la catégorie des
"moins de 3 litres". Ainsi, dès 1923, Peugeot est présent sur plusieurs
tableaux, multipliant ainsi les chances de victoires. On verra donc les deux
modèles qu départ du Grand prix de l'ACF 1923, puis 1925 et 1925. Pour augmenter
ses chances, Peugeot a fait construire trois berlines spécialement profilées par
Lagache et Glazman, spécialistes à l'époque des carrosseries sport. Les caisses
sont entoilées selon le procédé Weymann et les voitures sont confiées à André
Boillot, Louis Wagner et Louis Rigal. C'est André Boillot, ce 19 juillet 1925,
qui remporte l'épreuve en catégorie tourisme 5 litres. Il a couvert les 1.050 km
de l'épreuve, soit 84 tours de circuit, à une moyenne de 85,8 km/h. Cette
épreuve se disputait à Montlhéry. Rigal termine à la 3e place, alors que Wagner,
sur la voiture n°4, fut contraint à l'abandon. Signalons que ce Grand Prix a
duré plus de 12 heures. Longs et monotones, ces épreuves ne feront pas recette
longtemps.
Ces deux photos présentent des Types 174S préparées pour les
Grands Prix Tourisme. Les voitures recevaient des carrosseries construites par Lagache
et Glazmann, entoilées selon la méthode Weymann.
Louis Wagner disposait
d'une 174 et l'utilisait pour son usage personnel. Elle était
carrossée en berline Weymann, comme les autres voitures de la gamme.
Les victoires en course
Depuis le premier GP Tourisme de l'ACF en
1922, les 174S de Peugeot se distinguèrent régulièrement, comme à Lyon en 1924,
à Montlhéry en 1925, aux 24 Heures de Spa en 1926, et aux 12 Heures de
Saint-Sébastien en 1926 et 1927. Le succès sera également au rendez-vous en 1926
aux 24 Heures d'Italie à Monza. Par contre, elles rateront de peu cette année là
les 24 heures du Mans, disqualifiées pour un simple montant de pare-brise cassé.
Les 176 se distingueront à Tours en 1923. Ces dernières étaient alors carrossées
en torpédos de série non surbaissées.
Le moteur sans soupapes
Peugeot 174S était poussé à 100 ch. Pour améliorer la finesse des voitures, les
phares étaient escamotables dans l'auvent. Le début de l'Aérodynamisme chez
Peugeot.
La 12-Six Type 183
La carrière de ces voitures s'achève cependant
en 1928. Un nouveau type doit venir les remplacer, une 6 cylindres baptisée 183
ou 12-Six. Bien construite, cette voiture était par contre peu puissante, avec
seulement 35 ch. Elle sera produite qu'à 12.600 exemplaires en quatre ans. La
concurrence à cette époque était la C6 de Citroën et les 15 HP de Renault.