SOCIETE ANONYME DES AUTOMOBILES PEUGEOT    

Dernière mise à jour : 14/05/2010

Début de siècle

Petit historique, suite...

Convaincu de l'avenir de l'automobile, Armand Peugeot a produit, entre 1897 et 1901, plus d'une vingtaine de types différents afin d'analyser le marché. 1901 va être une une année charnière avec l'apparition du petit Type 36, première Peugeot à moteur avant.

1900 - 1905

Dès 1900, Armand met à son catalogue des petits camions et des voitures de livraison. Cette année-là, Armand produit 500 voitures. Ce chiffre passera à 456 en 1901 et plus de 630 en 1902, alors que la tendance à la hausse se confirme.
Entre 1897 et 1901, Armand a déjà produit plus d'une vingtaine de types différents. Au début du siècle, le catalogue ratisse large et ne s'adresse plus seulement aux plus riches et aux sportifs. Les épreuves dans lesquelles il engage ses voitures sont davantage axées sur la régularité et le caractère pratique que sur la vitesse pure. Il court plus volontiers dans les catégories "quatre ou six places" et laisse Panhard et Levassor prendre l'avantage dans l'adoption du 4 cylindres, technique qu'Armand considère comme inadaptée au marché, car trop coûteuse et génératrice de hautes vitesses inutiles. Il conserve donc la mécanique 2 cylindres, plus adaptée, selon lui, au marché. Le Type 36, proposée en 1901 découle de cette philosophie.
Malgré une légère baisse, et avec 456 voitures produites en 1901, Armand confirme ses chiffres de 1900 et ne baisse pas les bras. Il faut se rappeler qu'en 1897, seules 54 voitures étaient produites dans l'année. Son affaire tourne et l'année 1902 est prometteuse (on comptera 632 voitures produites). La société, qui emploie déjà 500 à 600 personnes à Audincourt, produit une grande variété d'automobiles, dotées de moteurs à 2 cylindres parallèles horizontaux de cylindrées diverses allant de 3 à 12 ch. Certains types ne dépassent pas quelques exemplaires, d'autres sortent à plus de 400 unités. Mais cette production reprend des architectures en voie de disparition : moteur central ou arrière, châssis très courts, roues inégales à l'avant et à l'arrière. Grâce à son organisation et à ses ressources, l'usine d'Audincourt est en mesure de livrer des automobiles complètes, carrossées et équipées. A partir de 1902, Armand produit une nouvelle génération de voitures, toutes équipées d'un moteur avant.
Type 36

En 1901, Armand présente donc le Type 36 Spider, un modèle qui de rattache aux "voiturettes" nées en 1899. Mors, ou De Dietrich, et comme Panhard, proposaient à l'époque des machines de plus en plus puissantes, et Armand se retrouve donc sur un marché inférieur déjà occupé par les Renault type A et B, par le Vis-à-vis de De Dion-Bouton et la petite Poney de Georges Richard. Il faudra aussi tenir compte de la Delahaye Type O qui rencontre un succès commercial important depuis bientôt deux ans. Le Type 36 de Peugeot dispose d'un châssis en bois armé de tôle et complété de plusieurs ressorts en aciers forgés. Il est doté d'un moteur monocylindre vertical et d'une boîte à 4 rapports, et d'une transmission finale à chaînes. C'est le premier véhicule de la marque à disposer d'un moteur à l'avant. L'embrayage est à cône direct et le client peu choisir entre plusieurs puissance de motorisation, allant de 5 à 8 HP. Bien évidemment, le type 36 n'a pas la même aura que le petit De Dion qui se vend à cette époque à plus de 2.000 exemplaires, mais avec ses 111 exemplaires produits en deux ans, Armand démontre que les petites voitures à vocation populaire sont plus faciles à vendre que les puissantes 20 HP. Malheureusement, la nouvelle Mercédès va venir semer le trouble dès 1902. Malgré des innovations, comme la direction à volant, le Type 36 est voué à disparaître rapidement. Elle est trop haute, trop lente et paraît déjà vieillotte.

5 CV Type 36 1903
Minialuxe
En 1903, alors que la firme "Les fils de Peugeot Frères" propose un Quadricycle, Armand poursuit sa production de voitures à quatre roues, cette fois de même diamètres à l'avant et à l'arrière, comme c'est le cas de la Type 36. Ce principe donne une allure plus moderne à l'automobile. Cependant, la mode est désormais aux voitures basses, longue et rapide. Sans abandonner le monocylindre et le bicylindre, ni sa voiturette qui restera au catalogue jusqu'en 1905, Armand décide de passer au 4 cylindres. En adoptant ce type de moteur, les Peugeot deviennent plus longues, plus basses, puisque les empattements s'allongent et les châssis s'abaissent. Les Peugeot collent désormais à la mode en s'habillant d'une silhouette moderne qui fera leur succès. De fait, Peugeot propose désormais un gamme disposant de moteurs allant du monocylindre au 4 cylindres, avec des cylindrées allant de 650 cm3 à 3,6 litres. Les plus grosses voitures dépassent alors les 70 km/h carrossées en tonneau ou en double-phaéton.
Type 69 - Première Bébé

Type 69 1904
A partir de 1903, les rustiques machines des laborieux et nécessaires débuts s'effacent devant des types plus raffinés et plus fiables. Si le moteur monocylindre rapide (dû à De Dion-Bouton) et le bicylindre plus équilibré ne sont pas encore contestés, les premiers 4 cylindres montrent la voie à suivre pour avoir des automobiles moins brutales et plus confortables. Toutefois, ces machines perfectionnées ne sont pas à mettre entre toutes les mains en raison de leur prix et de leurs performances. Armand Peugeot, qui vient au 4 cylindres dès 1902, ne renie pas la simplicité du "mono", dans lequel il voit le moteur idéal de la voiturette populaire dont il rêve. De Dion-Bouton a ouvert la voie dès la fin de 1899 avec le Vis-à-vis à moteur monocylindre et boîte épicycloïdale à l'emploi si facile. Avec un production de 3.000 exemplaires (chiffre considérable à l'époque) jusqu'en 1902, le Vis-à-vis De Dion a néanmoins montré les limites de la formule : il est resté une voiture de promenade à quatre places face à face, sans porte-bagages et avec une protection aux intempéries quasi nulle. Armand Peugeot veut rendre sa voiturette plus pratique, même en supprimant deux places.

Au Salon de Paris 1904, Armand dévoile sa dernière née, la Type 69 "Bébé", surnommée ainsi en raison de sa petite taille. Elle possède des cotes d'encombrement très proches de celles du Vis-à-vis De Dion. Le châssis de la Bébé est suspendu sur quatre couples de ressorts semi-elliptiques très souples, mais dépourvu de systèmes amortisseurs. Le moteur monocylindre vertical de 652 cm3, Type AG refroidi par eau (thermosiphon), est monté à l'avant derrière un radiateur en nids-d'abeilles style Mercédès. L'allumage a abandonné le brûleur pour une magnéto basse tension. L'embrayage est à cône garni de cuir, la boîte offre 3 rapports (avec 3e en prise directe) commandées par une manette au volant et la transmission est à arbre à cardans découverts vers un pont arrière à différentiel. La voiture atteignait les 40 km/h. On voit que les solutions mécaniques adoptées à l'époque sont celles qui vont prévaloir pendant une bonne quinzaine d'années. Sans être un précurseur comme il l'avait été dix ans plus tôt, Armand Peugeot a choisi, par expérience et comme Louis Renault, les systèmes les plus pratiques et les plus fiables pour une voiturette populaire.

   

Au tournant du siècle, il n'est pas question de construction en série, la clientèle potentielle étant trop peu nombreuse, même pour des types fiabilisés. L'usage de l'auto jusqu'en 1903-1904 se limite à la promenade ou au sport et la seule utilisation professionnelle envisagée par les constructeurs concerne des types commerciaux, voire des voitures de place (taxi), pour lesquels on est encore dans le domaine expérimental. Toutefois, Armand Peugeot réussit à vendre 400 Bébé, du début de sa production à Audincourt en 1905 jusqu'en 1907. Il en exporte même un certain nombre en Angleterre, bien qu'à partir de ces années-là, l'offre des productions locales de voiturettes commence à s'affirmer. Il ne fait aucun doute que ce succès a fait réfléchir ses cousins de la société "les Fils de Peugeot frères", qui, après la bicyclette et la motocyclette, abordent l'automobile en 1906, prélude à la réunion des deux branches Peugeot juridiquement séparées depuis 1897. En cela, la Bébé, première du nom, semble avoir joué un rôle majeur.
Il ne faut pas confondre les deux Bébé de Peugeot. La première est construite à Audincourt dès 1905. La seconde sera dessinée par Ettore Bugatti en 1913.

1905 - Année charnière

Depuis le début du siècle, l'appétit de motorisation d'une certaine élite poussa les constructeurs à multiplier les types et les modèles dans le but de satisfaire une clientèle mal définie et très segmentée. C'est pourquoi l'évolution des moteurs et des châssis fut rapide. Armand Peugeot produisit ainsi dans ses usines d'Audincourt et de Lille environ 70 types entre 1890 et 1905, et une quarantaine de types de moteurs différents. De quoi s'y perdre. Les années 1903-1905 marquèrent la fin de l'expérimentation dans toutes les directions et la fixation de types mieux définis : voiturettes mono et bicylindres, voitures légères et grosses voitures à 4 cylindres.

1905 - 1910

Au cours de la décennie, les Fils de Peugeot Frères s'organisent pour se lancer dans l'automobile. Le conflit entre les cousins bat son plein. Armand, qui a déjà perdu son ingénieur Auguste Doriot, parti rejoindre Ludovic Flandrin (ancien de Clément-Bayard) pour fonder la firme DF et Cie à Courbevoie (future DFP), voit son ingénieur Gratien Michaux rejoindre en 1907 les cousins, pour consolider le service course de Lion-Peugeot, la nouvelle marque concurrente, du moins au niveau commercial. En compétition, c'était différent. Armand, pour promouvoir ses modèles, engagea ses voitures dans des courses de côtes ou des épreuves sportives routières comme la Coupe Rochet-Schneider (1905 et 1906) et la Coupe de la Presse en 1907, qu'il remporta. Il s'agissait d'épreuves de régularité où la fiabilité l'emportait sur la performance pure. Ses cousins, plus méfiants vis-à-vis de l'automobile, allaient paradoxalement privilégier la vitesse en créant les Lion-Peugeot en 1906.

Autres Types

Sur le petit Type 52 de 1904, carrossé en tonneau, on trouvait un monocylindre de 6,5 ch. Classée comme voiturette, elle pouvait atteindre la vitesse de 40 km/h. En 1908, Armand proposait des véhicules plus gros, et quelques fiacres, fourgons, camionnettes et camions, disposant de châssis renforcés proches des types tourisme. Le Type 108 était doté d'un 2 cylindres donnant environ 14 ch réels. C'est Entre ces deux modèles qu'Armand proposa la bébé en 1905.

     

Armand abandonne la compétition et survit grâce à ses cousins

En 1907, Armand décide d'abandonner la compétition, ses finances sont trop faibles et il a investi dans la production touristique en prenant quelques risques. Pour éviter une faillite qui ternirait le nom de Peugeot, les cousins, malgré les tensions antérieures, vont faire jouer la solidarité familiale. Il vont proposer à Armand de l'aider. En 1908, Armand accepte cette main tendue venant de ses cousins et apporte sa société à la nouvelle S.A. des Automobiles et Cycles Peugeot en 1910. Dès cette date, les usines de Beaulieu, Audincourt et Fives-Lille appartiennent dorénavant à une seule et même société. Cependant, malgré cette réunion, les deux marques Peugeot et Lion-Peugeot continueront d'être produites. Elles seront distribuées séparément jusqu'en 1915.
Les pages suivantes reviennent sur l'historique de Lion-Peugeot.