LION - PEUGEOT    

Dernière mise à jour : 14/05/2010

Les premières Lion-Peugeot

Petit historique

Venus à la motocyclette en 1899, les cousins d'Armand Peugeot suivent sa progression avec beaucoup d'attention. Réticents dans un premier temps, ils doivent finalement admettre que l'automobile devient une réalité à ne pas négliger. Tout en produisant des motocyclettes de grande qualité, dont une machine de course qui atteint les 123,3 km/h et de ce fait, pulvérise un record du monde, les Fils de Peugeot Frères vont, en 1906, franchir le pas et devenir constructeurs d'automobiles. On trouvera donc sur le marché, deux marque Peugeot. Une concurrence qui ne tardera pas à poser problèmes.
La première voiturette proposée par Les Fils de Peugeot Frères est une automobile dotée d'un monocylindre de 6/7 HP. En 1908-1909, des machines plus puissantes équipées de bicylindre en V, plus étoffée verront le jour. Les 4 cylindres en V arriveront en 1912. Mais revenons un peu en arrière.

Eugène Peugeot (1844-1907)

Puisque Armand est occupé avec ses automobiles, Eugène Peugeot s'occupe des cycles, et ce n'est pas pour lui déplaire. Un vélo qui connaît un développement exemplaire. Eugène, très prudent, estime que se lancer dans l'automobile est une aventure utopique. De plus, lors de l'Exposition Universelle, le succès rencontré par les bicyclettes Lion-Peugeot conforte Eugène dans sa préférence, laissant les risques de désillusion à son cousin Armand. D'autant que la marque, pour conforter sa notoriété, voit ses bicyclettes remporter le Paris-Nantes Cycliste. Les cinq premiers de cette épreuve longue de 1.025 km sont équipés de bicyclettes de la marque. Les affiches d'Albert Guillaume sont là pour le rappeler au public et immortaliser l'exploit. Un magasin de vente est ouvert au 22 avenue de la Grande Armée à Pairs et les clients se pressent pour acquérir la "petite reine". Si Peugeot domine le marché hexagonal de la bicyclette, comme le symbolise l'affiche représentant le lion qui, de sa patte, domine la collection Peugeot, ce sont encore les anglais qui dominent le marché mondial. Irrité par cette concurrence britannique, Peugeot déclarera dans la presse : ..."la marque est fière d'être française". Par ces mots, Peugeot espère éveiller le patriotisme des français en les priant d'acheter français, et Peugeot de préférence.

serpollet peugeot serpollet peugeot

Malgré la réticence de ses cousins, Armand est décidé et ne lâche pas son projet. Après l'aventure avec Serpollet, sa première automobile dotée d'un moteur à explosion voit le jour. Sous l'impulsion d'Armand, "Les Fils de Peugeot frères" débute la construction de ses automobiles. A partir de cette époque, les tensions entre cousins vont être assez fortes et une période d'affrontement s'installe. Eugène, bien que très réticent à l'automobile, ne néglige pourtant pas la motorisation. Après les cycles construits sous la marque Lion-Peugeot, Eugène débute la production de motocyclettes, ancêtres des motos Peugeot qui apparaîtront en 1902.

1892

La firme Peugeot Frères devient la société d'articles divers et de cycles "Les Fils de Peugeot Frères". Les firmes d'Armand et de ses cousins ne forment plus désormais qu'une seule entité, mais la part de l'automobile reste mince, le plus gros de la production étant le secteur cycle dont la promotion est privilégiée. Sur les affiches signée par E. Lucas, le vélocipède Lion-Peugeot est présenté comme un véhicule de loisir destiné également à la gente féminine. Sur une autre, la bicyclette est présentée sous son aspect sportif, secteur où la marque est fort bien représentée. Mais la bicyclette est aussi un bon moyen pour la transmission rapide des messages. Comme le montre l'affiche d'Ernest Vulliemin, l'armée va l'adopter pour transmettre ses messages. Les administrations vont également se doter de cette nouvelle machine et la Poste est sûrement la première à l'utiliser.

Pour madame, pour le sportif, mais aussi pour l'armée.

1896

Le conflit familial qui sévit entre Armand et Eugène s'amplifie avec le temps. Eugène ne croit toujours pas à l'automobile. Armand à de plus en plus de mal à imposer ses idées, et surtout, à les appliquer. Il décide donc de quitter Les Fils de Peugeot Frères et de fonder sa propre entreprise, la Société anonyme des Automobiles Peugeot. Il récupère l'usine d'Audincourt, laissant Beaulieu aux cycles et à Eugène et ses fils. Ces derniers ne sont pas mécontents de cette indépendance financière d'Armand vis-à-vis de la maison-mère.

1892 - 1902

Pendant qu'Armand construit une nouvelle usine à Lille, les Fils de Peugeot Frères misent sur la bicyclette. En 1899, ce sera le tour de la motocyclette. Très rapidement, ils proposeront un tricycle motorisé, puis dès 1903, un Quadricycle. Le pas vers l'automobile n'est pas encore franchit. Depuis 1890, ils observent ce qui se passe, voient les marques se multiplier et Armand diversifier ses modèles. Ils observent le marché, celui des grosses voitures, qui assurent entre autre la promotion de l'automobile en général, celui des tricycles et quadricycles, moins coûteux à produire, Ces derniers, légers et de faibles puissances, utilisent des organes empruntés au cycle. C'est ainsi qu'ils passèrent du cycles au motocycle en 1900, puis au tricycle motorisé. Armand, en quittant ses cousins, a emmené avec lui les meilleurs ingénieurs spécialiste de l'automobile, comme Rigoulot, Doriot et Michaux. La société Les Fils de Peugeot Frères ne disposent donc plus, en 1903, d'ingénieurs expérimentés.
Quadricycle
En 1902, les Fils de Peugeot Frères ont fait preuve de prudence mais, au vu des résultats obtenus par Armand, tentent de prendre le train en marche. Ils vont donc produire à leur tour des véhicules à quatre roues mais vont commettre une erreur en se trompant de produit et de clientèle. En proposant un Quadricycle, à cheval entre deux marchés, la firme va perdre un temps précieux. En proposant un Quadricycle, véhicule situé entre le motocycle et la voiturette, la firme choisit la facilité et le minimalisme alors que ces types de véhicules appartiennent déjà au passé. En 1902, les quadricycles, comme les voiturettes apparentés, que ce soit la voiturette de Léon Bollée ou celle de Krebs produite par Panhard sous l'égide d'Adolphe Clément, connaissent le même sort que les quadricycles Perfecta de Darracq, conçus vers 1896 et 1897. Périmés, ils sont bannis par la plupart des constructeurs. Seul le De Dion résista jusqu'en 1902, grâce à ses quatre places et sa qualité de fabrication. C'est donc sur un marché délaissé que Peugeot Frères présente son Quadricycle, alors que la Voiturette 8 HP De Dion commence à prouver que le public demande de vraies automobiles. Le Quadricycle Peugeot Frères 1903 se présente comme une bicyclette avec un cadre central en losange surmontant une plate-forme tubulaire et rectangulaire portant les essieux par l'intermédiaire, à l'avant uniquement, de petits ressorts doubles à lames.

Les roues avant sont portées par des fusées pivotantes et non par des fourches. L'essieu arrière, en fait le tube transversal, porte l'ensemble moteur-bloc de transmission contenant le volant-moteur, le changement de vitesses à 3 rapports et le différentiel. Tous les organes baignent dans l'huile, à l'abri de la boue et de la poussière. l'engin présente un curieux mélange de solutions automobiles et motocyclistes avec son cadre tubulaire, sa selle et son guidon, son embrayage, sa boite de vitesses commandée par un levier à main droite, son différentiel et ses arbres moteurs. par contre, il n'y a pas de boîte séparée, pas de chaînes et pas de courroie. Trois freins sont prévus pour arrêter le quadricycle, le premier, au pied droit, fonctionnant en fin de course du débrayage, les deux autres, au pied gauche, agissant sur les moyeux des roues arrière.

Le moteur du Quadricycle est un monocylindre Peugeot Frères ou un De Dion-Bouton refroidi par eau avec réservoir et radiateur à ailettes, une solution plutôt luxueuse pour un simple quadricycle.

Le réservoir d'huile est associé au réservoir d'eau, tandis que l'essence est contenue dans un réservoir de cadre de 10 litres, comme sur les mobylettes. A l'avant, sous la plate-forme, le coffre renferme les piles de l'allumage par rupteur et trembleur. Comble du luxe, , la mise en marche s'effectue à la manivelle grâce à la boîte qui comporte un oint mort, alors que les quadricycles antérieurs étaient généralement lancés en courant ou en pédalant.
Réunissant des solutions automobiles coûteuses et cyclistes bon marché, la Quadricycle de Peugeot Frères de 1903 est vendu à 2.100 francs, puis à 2.800 francs, un prix de base ne comprenant pas le siège avant. Il ne séduira pas les automobilistes, car trop rustique, ni les sportifs en raison de son manque de performances. De plus, il ne dispose que de deux/trois places, interdisant tout usage familial et le consignant plutôt à un usage utilitaire. Entre deux marchés, la production restera donc marginale et les Fils de Peugeot Frères ne vont pas persister dans cette voie.

Pour conclure la description de ce véhicule "hybride", relevons les quelques mots écrits dans La Locomotion Automobile du 12 mars 1903 :"Le quadricycle est presque aussi compliqué et aussi difficile à conduire qu'une véritable voiturette. Le seul avantage que l'on puisse reconnaître à ces véhicules est leur prix peu élevé.". Il faut dire qu'à cette époque, une voiturette basique coûtait 6.000 francs.

Jules Goux et Louis Delage

En 1903, Jules Goux entre au service des Fils de Peugeot frères. Il s'occupe des deux-roues et va rencontrer quelques pilotes de motocyclettes. C'est également à cette époque que Louis Delage entre au service de Peugeot, à Levallois, comme chef d'étude. Il y rencontrera Augustin Legros avec qui il montera quelques temps plus tard sa propre entreprise en 1905. Pendant ce temps, Jules Goux prendra le guidon, puis le volant des nouvelles voitures de la marque et participera avec succès à quelques courses.