
SOCIETE ANONYME DES AUTOMOBILES PEUGEOT

Dernière mise à jour : 15/05/2010
Les premières Peugeot

Petit historique, suite...
Armand Peugeot (1849/1915)

La marque Peugeot s'engage désormais sur une nouvelle
voie et c'est Armand qui en est le responsable. Son côté touche à tout, sa
curiosité et son esprit aventureux a fait de lui l'homme que les francs-comtois
nomment "l'aventurier", va faire de Peugeot l'un des plus grands constructeurs
d'automobiles français. Malgré les crises et les conflits qui secouèrent la
France, Peugeot reste aujourd'hui la dernière marque pionnière encore en
activité. Panhard et Levassor, Hotchkiss, De Dion-Bouton et tant d'autres, font
aujourd'hui partie de l'histoire ancienne. Comme Louis Renault et André
Citroën, arrivés plus tard dans le monde de l'automobile, Armand Peugeot a, en
1890, fait le bon choix. Il a également suivit l'évolution de l'automobile et
s'est adapté à toutes les situations pour rester sur un marché parfois difficile
à cerner.
C'est le premier des fils Peugeot à penser à l'automobile. C'est lui en effet qui fonde,
en industrie familiale, déjà très connue pour son outillage et ses cycles. Armand fonde en
1896 la Société des Automobiles Peugeot, après avoir prit ses distances avec Eugène, son cousin qui
gère les cycles et les outillages Peugeot. Avant cela, il rencontra des vaporistes comme Bollée ou Serpollet,
mais la rencontre la plus importante est celle avec Emile Levassor et Gottlieb Daimler. C'est cette rencontre
et la visite de l'Exposition Universelle de 1889 qui déclenche tout. Le succès aidant, Armand va développer son
entreprise et même trouver sur sa route son cousin Eugène qui convaincu à son tour, a créer la marque
Lion-Peugeot. Les deux sociétés fusionneront quelques années avant le décès d'Armand en 1915.
1890 - 1891
Lors de l'Exposition Universelle de 1889, Armand Peugeot rencontra Daimler et Levassor
et s'intéressa alors aux moteurs de ces derniers. Il va
de ce fait abandonner la piste Serpollet pour les moteurs Daimler, construit
sous licence à Paris par l'entreprise de Panhard et Levassor.
Mais parlons d'abord du premier modèle Peugeot.
Lors de cette exposition, Armand Peugeot présente lui-même un tricycle à vapeur qui
porte le nom de Peugeot-Serpollet Type 1. Ce tricycle est le premier à être
considéré comme une automobile, celui de Delamare-Debouteville de 1884 n'ayant
pas encore été reconnu. Quatre tricycles de ce type seront construits, des
véhicules à deux places et dotées de chaudière plate. C'est sur une de ces
machines que Léon Serpollet se rendra à Lyon avec Ernest Archdeacon pour trouver
un industriel disposé à produire le véhicule en grande série, Armand ayant
renoncé à leur association.
L'histoire de ce tricycle remonte à l'année 1888. Dans la rue des Cloÿs, encore à l'époque une simple
voie de banlieue, se tient l'atelier de Léon Serpollet. C'est là qu'il débuta
la construction de ses premiers générateurs
destinés à des petits appareils. Le succès n'ayant pas tardé, les actionnaires
frappèrent rapidement à sa porte et poussèrent Léon à entreprendre la réalisation d'un de
ses rêves : construire une automobile. Une fois réalisé, et doté d'un moteur à vapeur monocylindre de 1 HP,
Léon va chercher à produire son prototype d'automobile à à deux places, aux roues arrière motrice et à la roue avant directrice.
Après des essais qui furent relatés, les commandes affluèrent de toute la France, mais aussi de l'étranger. C'est alors
qu'Armand Peugeot décida de rencontrer Léon Serpollet pour réaliser son rêve de construire une automobile. Cette association
donna naissance aux quatre exemplaires cités plus haut. Grâce à ce véhicule, que les deux hommes exposèrent sur un stand de
l'exposition Universelle, Armand rencontra Daimler et Levassor, pour le plus grand malheur de Serpollet qui allait perdre
là toutes ses chances de voir son tricycle en production. Il faudra qu'il cherche ailleurs un autre industriel.
Mais c'est une autre histoire.

Le tricycle de Léon
Serpollet qui donnera naissance aux tricycles Serpollet-Peugeot
Daimler et Panhard
Au cours de ses
promenades au milieu des stands, il a l'occasion de voir les moteurs Daimler-Levassor
montés sur un petit tramway et sur des bateaux. Avec l'ingénieur Rigoulot,
Armand Peugeot, outre les tricycles Serpollet, avait déjà construit deux
voitures disposant d'un moteur avant mais qui ne satisferont pas Armand. En signant
un accord avec l'ingénieur allemand et Emile Levassor, il se donne la
possibilité de construire un quadricycle doté d'un motorisation conforme à ses
désirs. Il abandonna ainsi Serpollet et sa vapeur pour entrer dans une nouvelle
aventure.
En résumé, Gottlieb avait un moteur à
pétrole mais pas de châssis. Emile Levassor possédait la licence de fabrication
de ce moteur pour la firme Panhard et Levassor, et Armand Peugeot disposait d'un
châssis mais pas de moteur à pétrole. C'est ainsi qu'Armand devint le premier client de la firme Panhard et
Levassor. Daimler, de son côté, s'assurait une nouvelle entrée d'argent en
touchant des droits sur ses moteurs fabriqués et vendus. La première vraie
voiture Peugeot à moteur à explosion sera prête en 1891 et portera l'appellation
Type 3.
Eugène et les cycles
Puisque Armand est occupé avec ses automobiles, Eugène Peugeot
s'occupe des cycles, et ce n'est pas pour lui déplaire. Un vélo qui connaît un développement
exemplaire. Eugène, très prudent, estime que se lancer dans l'automobile est
une aventure utopique. De plus, lors de l'Exposition Universelle, le succès rencontré par
les bicyclettes Lion-Peugeot conforte Eugène dans sa préférence, laissant les
risques de désillusion à son cousin Armand. D'autant que la marque, pour
conforter sa notoriété, voit ses bicyclettes remporter le Paris-Nantes Cycliste.
Les cinq premiers de cette épreuve longue de 1.025 km sont équipés de
bicyclettes de la marque. Les affiches d'Albert Guillaume sont là pour le rappeler au public et immortaliser l'exploit.
Un magasin de vente est ouvert au 22 avenue de la Grande Armée à Pairs et les
clients se pressent pour acquérir la "petite reine". Si Peugeot domine le marché
hexagonal de la bicyclette, comme le symbolise l'affiche
représentant le lion qui, de sa patte, domine la collection Peugeot, ce sont
encore les anglais qui dominent le marché mondial. Irrité par cette concurrence
britannique, Peugeot déclarera dans la presse : ..."la marque est fière d'être
française". Par ces mots, Peugeot espère éveiller le patriotisme des français en
les priant d'acheter français, et Peugeot de préférence.

Type 1, Type 2
Armand est décidé et ne lâche pas son projet.
Après l'aventure avec Serpollet, sa première automobile dotée d'un moteur à
explosion voit le jour. Sous l'impulsion d'Armand, "Les Fils de Peugeot frères" débute la
construction de ses automobiles. Commence alors une période d'affrontement
entre les cousins.
Armand et l'ingénieur Rigoulot s'activent et
après deux véhicules à moteur avant en 1889, puis trois à moteur arrière en
1890, non commercialisés, ils attendent le moteur Daimler. Le 20 janvier 1890, Armand, Rigoulot et l'ingénieur Doriot,
construisent un quadricycle pour accueillir la nouvelle mécanique. Le 17 mars, selon les accords signés,
Panhard expédie le moteur Daimler à Valentigney.
En mai, le premier exemplaire de la Peugeot Type 2 roule. Doté d'un moteur
bicylindre en V de 565 cm3 placé à l'arrière, sa puissance est de 2 CV et sa
transmission à chaînes. La vitesse atteinte par le véhicule est de 20 km/h. Il
dispose également de roues à rayons d'acier et non plus de rayons en bois comme
le Type Serpollet. Sa direction est dotée d'un guidon et l'eau prévue pour le
refroidissement du moteur circule dans le châssis. Trois prototypes vont sortir
des ateliers mais de nombreux problèmes de mise au point vont empêcher sa
présentation cette année. Plongé dans ses travaux, Armand présentera très vite son
Type 3. Au début des années 1890, la firme Peugeot est largement impliquée dans la
construction de vélocipèdes et de nombreux cyclistes utilisent les productions
de la marque. Peugeot va donc saisir l'occasion de montrer sa nouvelle cration.
La marque décide donc de participer en tant qu'accompagnateur à la course cycliste "Paris-Brest-Paris" avec un quadricycle Type 2 à moteur Daimler arrière.
En 139 heures de marche effective, la machine va parcourir les 2.047 km de l'épreuve.
Largement battue par les coureurs à vélo, la voiture a pétrole à démontrer
qu'elle était viable. Cette démonstration publique va permettre à Armand de conforter
son choix et après quelques perfectionnements, de lance une production. En 1892,
il vendra une vingtaine d'automobiles, dont les nouveaux Types 3 à quatre
places.

Le Type 1 Peugeot Serpollet et le Type 2
Eugène, bien que très réticent à l'automobile, ne néglige pourtant pas la motorisation. Après les cycles construits
sous la marque Lion-Peugeot, Eugène débute la production de motocyclettes, ancêtres des motos Peugeot qui apparaîtront en 1902.
1892
Type 3
Avec le Type 3, véhicule motorisé par un bicylindres en V Daimler-Panhard de 1.018 cm3., Armand entre dans une autre catégorie en proposant plusieurs carrosseries.
On trouve alors un vis-à-vis, un phaéton et un break. Le Type 3 est une évolution à quatre place vis-à-vis du Type 2, qui ne comportait que deux places. Il reprend
l'essentiel des caractéristiques techniques de son prédécesseur. Le Type 3 est un peu plus long que le Type 2, 250 cm contre 230 cm, et également plus lourd de
100 kg. La barre coudée qui assurait la direction sur le Type 2 a cédé la place à une direction verticale par secteur et chaîne, plus douce et plus précise. Le Type 3
s'avère particulièrement robuste et fiable. Il sera à l'origine du vrai démarrage de la production en série des Peugeot à partir de 1891.

Le Type 3 et le Type 4 du Bey de Tunis

Type 3 Vis-à-vis 1892
Safir
|
Type 4 du bey de Tunis

La marque Peugeot vient à peine de débuter la construction de voitures automobiles qu'une commande très spéciale lui échoit en provenance du puissant
bey de Tunis. Armand Peugeot va veiller personnellement à son élaboration.

Le Type 3 est un succès, qui dépasse les frontières de la France. L'automobile est un jouet onéreux que s'arrachent les riches et les puissants. Le nom d'Armand
Peugeot, et sa réputation, commence à s'étendre dans le monde. Il reçoit une commande spéciale en 1892, de la part du Bey de Tunis, Ali Bey. Cet important personnage
montre sa puissance et aussi son ouverture au monde occidental en achetant une automobile. Devant un client aussi prestigieux, Armand Peugeot décide de s'occuper
personnellement de la voiture du bey. C'est aussi une bonne occasion de faire parler de la marque avec un client aussi éminent et une voiture très particulière.
On commence donc par lui attribuer un type spécial, ce sera l'unique Type 4.

Le châssis et la caisse du Type 4 sont identiques à ceux du Type 3, mais le moteur, le bicylindre en V Daimler, est plus puissant. Sa cylindrée a été porté à
1.026 cm3 et sa puissance est passée de 2 à 3,5 ch ! Sa vitesse de pointe atteint désormais les 25 km/h contre seulement 18 km/h pour le Type 3. Si l'empattement
est identique, les voies ont en revanche gagné quelques centimètres : 121 cm à l'avant et 123 cm à l'arrière contre 115 cm pour les deux essieux sur le type 3.
La finition et la décoration de la voiture ont fait l'objet d'un soin tout particulier. On notera la couleur vert clair de la voiture, assez inhabituelle pour
l'époque, où de nombreuses voitures étaient noires pour la bonne raison qu'avant les peintures synthétiques, le noir séchait plus vite et tenait mieux que les
autres pigments. La caisse, la capote et même les phares du Type 4 sont constellés de décorations qui font de ce modèle un véritable bijou.
Le Type 4 est donc un Vis-à-vi 4 places doté d'un équipement des plus luxueux. Ce type 4 restera un exemplaire unique. Peugeot a pu racheter ce modèle, qui était
dans un excellent état de conservation depuis sa date de sortie. Le Type 4 figure aujourd'hui en bonne place au musée de l'aventure Peugeot, à Sochaux.
1893
Daimler imposant une
délimitation stricte des territoires d'influences, Armand Peugeot se retrouve
face à quelques soucis. Trop près de l'Alsace, annexée par l'Allemagne, il ne
peut pas y vendre ses voitures directement et doit donc les livrer à l'usine Daimler
de Canstatt. Les voitures sont ensuite renvoyées vers l'Alsace, avec mention du
nom de Daimler pour valoriser le moteur dotant le véhicule. Cette situation
déplaît fortement à Armand qui va devoir chercher un moyen de se défaire de cette contrainte.
En attendant,
Armand Peugeot poursuit la production de son Type 3 et ce modèle, fort apprécié par la
clientèle, donne entière satisfaction. Ce dernier, dispose d'un châssis fabriqué
en tubes brasés avec fourrures de renfort comme pour les cadres de cycles.
L'astuce consiste à utiliser ces tubes pour y aire circuler l'eau de
refroidissement des culasses du moteur. Certains modèles de la marque
franchissent encore les frontières et augmentent de ce fait les tracasseries avec
Daimler. Après l'Alsace, le problème touche désormais la Suisse ou Daimler
n'admet pas de rencontrer un concurrent offrant des moteurs identiques aux siens
dans ce pays frontalier. Même s'il touche au passage des droits sur les moteurs
montés par Peugeot, Daimler va jusqu'à reprocher à Armand de mentionner sue ses
affiches publicitaires et sur ses catalogues la mention "Quadricycle Peugeot"
sans y mentionner la provenance du moteur. Il estime injuste le fait d'être
passé sous silence alors qu'il est le premier a avoir fait des Quadricycles à
moteur à pétrole et qu'il est à l'origine du succès de Peugeot. Armand ne va pas
se laisser influencer par les menaces de Daimler et il entend même rester maître
chez lui dès l'instant ou il paie les royalties exigées.
1894
Si le premier Type 3 commercialisé disposait d'un moteur de 525 cm3 qui donnait
2 ch effectifs et atteignait la vitesse de 18 km/h sur le plat grâce à 4
rapports d'engrenages placés entre l'embrayage à cône et l'arbre portant les
pignons de chaînes, les modèles suivants seront plus puissants.
Armand Peugeot engage ses voitures, dotées d'un moteur plus approprié de 1018
cm3, dans le Paris-Rouen,
une course organisée cette année par Pierre Giffart,
rédacteur en chef du "Petit journal" et réservée aux voitures sans
chevaux. Le Type 3 est confié à l'ingénieur Doriot.
Si le véhicule vainqueur est un tracteur vapeur De Dion-Bouton, il est déclassé car jugé trop compliqué et peu pratique.
Peugeot est donc déclaré vainqueur. La voiture étant dotée d'un moteur Daimler construit sous licence par Panhard et Levassor, il devra
partager, selon le règlement de Giffard et à contre coeur, son prix de 5.000 francs
avec la marque rivale. Avec le Type 3 n° 28 piloté par
Doriot, Armand a présenté au départ le type 5 n° 27 (seule voiture à deux places
sur les cinq présentées) piloté par Rigoulot, le Type 7 n° 30 et le
type 10 n° 31. A l'arrivée, les voitures officielles de Peugeot se classent aux
deuxième, troisième, sixième, neuvième et onzième places, sur 13 voitures dans
les délais. Armand Peugeot savoure sa victoire, et doublement puisque le bon
résultat sportif à l'époque détermine souvent de belles répercussions sur le
secteur commercial, donc sur les ventes.

Le Type 3 de Doriot, quatre vraies places, d'accès facile,
et un petit porte bagages à l'avant.
Dans la gamme d'Armand Peugeot, le Type 3 sera livré jusqu'en milieu d'année. Partisan du modèle unique, Armand doit
pourtant ouvrir les yeux. Si sa clientèle s'élargit, la demande se fait plus précises
et il doit de ce fait modifier sa politique et diversifier son offre. Il lance donc la
production de six modèles différents, toujours dotés de moteurs Daimler. Le Type
5 est un quadricycle à deux places qui occupe le bas de la gamme. Le Type 6 et
le Type 7, des phaétons de même forme mais disponibles avec deux motorisations
différentes, viennent ensuite. Le premier est doté d'un moteur de 565 cm3 et
l'autre d'un moteur de 1.282 cm3. Le type 8 vient ensuite, carrossé en victoria
et utilisant le même moteur que le Type 7. Enfin, le Type 9 vient remplacer
l'ancien Type 3. C'est un vis-à-vis un peu plus grand et un peu plus lourd que
ce dernier. Enfin, pour clore la gamme, le Type 10 est un break de 5 places doté
d'un moteur bicylindre en V de 1.645 cm3. Il ne sera construit qu'en deux
exemplaires.
En 1894, Peugeot produit différents types, et sa production augmente toujours. De 29 véhicules en 1892, la firme
est passée à 34 véhicules en 1893 et atteint 40 véhicules en 1894. Les voitures sont encore dotées du moteur Daimler
construit sous licence par Panhard et Levassor. Panhard développant développant
désormais le moteur de Maybach, le Phénix, Peugeot décide de produire désormais
son propre moteur, se détachant ainsi de toutes les contraintes et droits
d'usage. Le moteur Peugeot sera développé par les ingénieurs Michaux, Rigoulot
et Doriot. Il sera prêt en 1895.

Type 3 Vis-à-vis 1894
Minialuxe
|
Le Type 3 - Le vrai démarrage
En 1894, le moteur à quatre temps est déjà dans le domaine public depuis une
quinzaine d'années. L'antériorité du brevet (inexploité) de Beau de Rochas de
1862 a été reconnue au détriment d'Otto et de la firme Deutz. Du coup, tout le
monde s'est engouffré dans la brèche au début des années 1880.
Delamare-Debouteville, Lenoir, Benz et surtout Daimler, ont déposé brevet sur
brevet, chacun apportant sa pierre à l'édifice. Perfectionné par ses licenciés
français Mme Sarazin, Panhard et Levassor, le moteur de Daimler apparaît comme
le plus intéressant du marché. Depuis l'acquisition de la licence de fabrication
du moteur allemand, Emile Levassor s'est obstiné à en améliorer la fabrication,
le rendement et la régularité de fonctionnement. Alors que Daimler se trouve
momentanément sans moyens de production, Panhard et Levassor ont pratiquement le
monopole mondial de la fabrication de ce moteur. A cette époque, Armand Peugeot,
impatient d'aborder la locomotion mécanique. étudiait un tricycle à vapeur avec
Serpollet et Levassor ne pensait pas encore à produire des automobiles. Il ne
tardera pas à le faire. Partant du quadricycle Daimler, étudié d'ailleurs par Wilhelm Maybach, Armand lance l'étude de ses propres types avec l'ingénieur
Louis Rigoulot, puis Doriot. Décidé à adopter cette motorisation à pétrole, il veut d'abord
le soumettre à de longues expérimentations. En 1893, le Type 3 est le premier
véhicule d'Armand commercialisé. Toutes ces études pousseront très vite Armand
Peugeot à construire ses propres moteurs et ne plus avoir à se fournir chez
Panhard et Levassor.
1895
La promotion passe par par la compétition. Michelin la vite compris et en 1892, dote les vélos
Peugeot de pneus démontables.
En 1895, pour le Paris-Bordeaux-Paris, course automobile organisée par le
marquis de Dion, Michelin construit trois véhicules, l'Hirondelle, l'Araignée et
l'Eclair.
Tributaire du moteur Daimler, via Panhard, Armand Peugeot veut s'affranchir; Les relations commerciales
entre les parties sont toujours correctes et respectueuses. Il est vrai qu'à cette époque, entre ingénieurs
et gens du monde, conscients de leur oeuvre de pionniers, les coups tordus ne sont pas de mise.
Avec l'arrivée des pneumatiques Michelin, la course à la puissance des moteurs est ouverte. Les moteurs,
grâce aux progrès de l'industrie métallurgique et du traitement des métaux, sont à nouveau le centre
d'intérêt de nombreux ingénieurs. Armand Peugeot, toujours impatient, va se lancer dans la course.
Comme de Dion, Panhard poursuit des recherches permettant d'augmenter le rendement des moteurs. En
abandonnant le moteur Daimler pour un bicylindre conçu par son associé Wilhelm Maybach. L'étude du
moteur Phénix a débuté en 1893 et en 1895, greffé à la première boite de vitesses sous carter
conçue par Levassor, il permet à ce dernier de remporter la course Paris-Bordeaux-Paris, à une moyenne
de 24 km/h. Armand Peugeot, qui ne veut plus du moteur Daimler, et qui est en conflit avec ce dernier au
sujet de la vente en Suisse et en Allemagne de ses voitures, va sauter sur l'occasion. Obligé d'utiliser
le moteur allemand pour le Paris-Bordeaux, Armand a vu Panhard lui voler la victoire avec son nouveau
moteur. Il demande alors à son ingénieur Gratien Michaux et son équipe, composé des ingénieurs
Rigoulot et Doriot, de concevoir un nouveau moteur "maison". Sur la brèche depuis 1889, les ingénieurs
se mettent aussitôt au travail.
Peugeot et Michelin
Deux entreprises pour une invention... le pneumatique


Les trois véhicules sont dotés d'un moteur allemand Daimler, Peugeot n'ayant
pas encore débuté la construction de ses propres mécaniques. Seule l'Eclair
parviendra à Paris pour prendre le départ de l'épreuve. A l'arrivée, le succès
est complet. Les fameux "pneumatiques qui boivent l'obstacle", termes issus
d'une célèbre phrase prononcée par André Michelin lors d'une conférence à la
Société des ingénieurs civils, ont fait leurs preuves.
André et Edouard Michelin peuvent lancer la production en série, assurés d'avoir les commandes des
constructeurs nationaux et internationaux.
A Paris, les fiacres sont équipés de pneumatiques Michelin dès 1896. En compétition,
ces pneumatiques deviennent indispensables.
1896
Armand Peugeot doit faire face également à un conflit familial qui s'amplifie
avec le temps. Son cousin Eugène, ne croyant pas
du tout à la l'automobile, il a du mal à imposer ses idées, et surtout, à
les appliquer. Il décide alors de quitter Les Fils de Peugeot Frères et de
fonder sa propre entreprise, la Société anonyme des Automobiles Peugeot. Pour
réaliser ses objectifs, il dispose de l'usine d'Audincourt qu'il transforme
aussitôt. Les premières automobiles sortiront de cette usine dès 1897.
Armand Peugeot est de plus en plus concentré sur son objectif mais désire aussi
voler de ses propres ailes et se défaire de ses attaches avec Panhard et Daimler.
Les brevets de ces derniers ont presque dix ans et Armand économiserait beaucoup
d'argent en se libérant de ses contrats avec ses fournisseurs. Les progrès sont tels que les moteurs
Daimler, produits sous licence
par Panhard et Levassor, via Mme Levassor, sont largement dépassés. Wilhelm Maybach,
collaborateur direct de Daimler, a d'ailleurs déjà mis au point un bicylindre parallèle horizontal baptisé
Phoenix, plus fiable, plus puissant. Armand songe donc à réunir ses meilleurs ingénieurs
pour, à son tour, produire ses propres motorisations. Il va donc réunir ses
meilleurs ingénieurs dans ce but.
1897
L'ingénieur Gratien Michaux, employé par Armand Peugeot, avec l'aide des
ingénieurs Rigoulot et Doriot, met au point le premier moteur Peugeot. Le 8
avril, la Société des Automobiles Peugeot en dépose le brevet, intitulé "Système
de moteur à pétrole perfectionné". Ce nouveau moteur à quatre temps est
horizontal et à 2 cylindres parallèles, comme le Maybach. Il
comporte un carburateur à léchage, dans lequel l'essence qui imbibe des matières
poreuses se mélange à l'air aspiré. Il n'y a pas d'accélérateur au sens moderne
du terme, mais un régulateur à force centrifuge, qui referme l'arrivée d'essence
quand le régime augmente. Le moteur n'aspire plus que l'air et son régime
diminue. L'allumage s'effectue par brûleurs, logés dans une lanterne en tête des
cylindres et qui chauffent des tubes de platine. La commande des soupapes
d'échappement se fait par une came unique à double rainure, dans laquelle une
navette ou curseur actionne une pièce oscillante qui agit alternativement sur
les deux soupapes d'échappement. Avec ce nouveau moteur, qui donne 4 ch environ,
et peut être porté à 8 ch, Armand équipe divers types de véhicules. Dès cette
année, une voiturette à deux place, un phaéton , un break, une victoria et un
vis-à-vis sont proposés à la vente. A cela s'ajoute quelques camions et "taxis"
expérimentaux. Tout compris, ce sont près de 20 types différents qui seront
proposés jusqu'en 1901. Parmi ces derniers, on trouve les Types 14 et 16,
premiers à utiliser les moteurs "maison".
Le premier moteur placé à l'avant des
véhicules apparaîtra en 1901, sur le Type 37. C'est au cours de la période 1987
à 1900 que le Vis-à-vis, jusqu'alors très à la mode, va céder la place aux
Phaétons, jugés plus pratique par les conducteurs. Il est vrai que les véhicules
vont déjà beaucoup plus vite.
TYPE 16 Vis-à-vis
A cette époque, tous les véhicules sont dotés de moteur
arrière. Le type 16 Vis-à-vis n'échappe pas à la règle. Doté du nouveau moteur,
il dispose d'un radiateur à serpentin, placé lui, à l'avant. Les embrayages sont
à cône, les transmissions à 4 rapports plus marche arrière et chaînes. Les roues sont à fils ou en bois.
Pour les châssis, il sont en tube étiré avec raccords brasés. Le Vis-à-vis ne sera pas la plus grosse production
d'Armand Peugeot. Jusqu'en 1900, il ne sera produit que 87 Vis-à-vis pour 276 phaétons, ces derniers
étant jugés plus pratiques par les conducteurs. Avec l'augmentation des vitesses, le Vis-à-vis n'est plus
très adapté. Les passagers, placés face au conducteur, gêne la visibilité du conducteur. Avec le phaéton, le
pilote est placé à l'avant du véhicule, les passagers derrière lui, comme dans nos voitures actuelles.
De plus, les châssis vont bientôt s'allonger et s'abaisser, pour une meilleure stabilité. Destiné à la simple promenade,
le Vis-à-vis est condamné à disparaître très vite.


Sur le Type 16, le dais et les rideaux latéraux sont en option. Par contre, le pare-brise est inexistant.
Il faut dire qu'à cette époque, la vitesse n'est pas encore trop importante pour gêner le conducteur. Le Type 16 avait
une vitesse maximale de 25 à 35 km/h.

1898 - 1900

En 1898, Armand Peugeot développe ses modèles, ses ingénieurs sont très
absorbés par la recherche et le développement. C'est en 1899 que la marque
adopte la pulvérisation d'essence par gicleur, selon le système Maybach. La
firme proposait également cette même année, et en option, l'allumage électrique
à la place des brûleurs, malgré les partisans qui craignait la panne de pile.
Pendant qu'Armand construit une nouvelle usine
à Lille, Les Fils de Peugeot Frères misent toujours sur la bicyclette. En 1899, ce sera le tour
de la motocyclette. A la vue des progrès et de la réussite d'Armand, les cousins
ne vont pas tarder à passer au tricycle et au quadricycle à moteur, avant de
créer un petit modèle sous la marque Lion-Peugeot. Une concurrence dont Armand
se serait bien passé. Il doit déjà gérer celle que lui oppose Panhard et
Levassor.
Depuis 1897, Armand développe une politique différente de celle de Panhard et Levassor.
Il privilégie les véhicules d'usage courant susceptibles d'être conduits par tout
le monde, alors que Panhard et Levassor joue la carte de la performance. Cette
philosophie de l'automobile, Armand la pratique depuis l'époque de la bicyclette
et ne compte pas en changer, ce qui explique la prolifération des modèles dans
la gamme de l'époque.
