LEON BOLLEE    

Dernière mise à jour : 16/06/2010

L'automobile, une histoire de famille...

Petit historique

Léon Auguste-Antoine Bollée (1870/1913)

Très vite, et contrairement à son père défenseur ardent de la vapeur, Léon optera pour la combustion interne à l'essence de pétrole. Pour Léon, même la Panhard et Levassor de 1892 est une voiture trop importante pour être mise entre les mains de n'importe qui et l'idée lui vient de créer un petit véhicule, robuste, maniable et économique. C'est chose faite en décembre 1895 lorsqu'il dépose un brevet à Paris pour un véhicule d'un type nouveau baptisé "Cycle automobile. Système Léon Bollée".

Avant de commencer cette page, je tiens personnellement à remercier Yves Bollée, arrière petit-fils d'Amédée-Ernest Marie Bollée, plus connu sous le nom d'Amédée Bollée fils, ou Amédée Bollée fils. Merci pour avoir pris le temps de relire ces écrits, de les avoir commenté et d'y avoir apporté les modifications nécessaires afin d'être au plus près de la vérité.

Second fils d'Amédée Bollée père, le créateur de fantastiques machines à vapeur novatrices, Léon aborda l'automobile dans un secteur plus porteur que son père ou son frère Amédée Junior. Conscient que l'avenir n'est pas dans la construction de voitures lourdes, à vapeur ou à pétrole, construites pour un usage plus utilitaire que domestique et réservées à une clientèle très limitée, Léon oriente ses recherches sur la création d'un modèle léger.

1896 - Tricycle à moteur

Très vite, Léon débute la production de son premier modèle. Léger, compact, et très différent des premières voitures à moteur, il est décrit comme un engin né de l'auto et du cycle. Avec un moteur qui tourne à régime presque constant, doté d'un régulateur et d'une boîte d'engrenages à 3 rapports, ce tricars (nom qui verra le jour dans les années 20) dispose également d'un système de débrayage/embrayage par détente et tension de la courroie obtenue en avançant ou en reculant la roue arrière motrice. Son originalité réside dans le fait que ce sont les deux roues avant qui sont directrices, contrairement aux autres tricycles issus du vélocipède. Le conducteur se tient à l'arrière sur un fauteuil unique, derrière les deux places réservées aux passagers. Grâce à un volant placé à sa droite, il peut diriger son engin. De la main gauche, il actionne un levier à trois fonctions. Il peut embrayer ou débrayer, freiner, et grâce à sa poignée rotative, fait varier le rapport de transmission. Une simplicité de conduite qui va séduire les clients potentiels, utilisateurs comme constructeurs.

Le moteur horizontal refroidi par air est un monocylindre de 800 cm3 environ qui développe 2 à 4 chevaux à 1.200 tr/mn. il est à soupape d'admission automatique ouverte par l'aspiration et refermée par un ressort assez faible. L'allumage est à brûleur et l'alimentation s'effectue par un carburateur Phénix Panhard et Levassor. Pour démarrer la voiturette, il suffit de tourner une manivelle située sur le volant du moteur. Ce qui le distingue des autres tricycles qui utilisent un système de pédalier pour lancer le moteur. C'est en 1896 que démarre la production dans l'usine du Mans. Dès son entrée sur le marché, la voiturette intéresse un large public effarouché face aux grosses production de Panhard ou Peugeot. Léon avait vu juste. Son prix est également attractif puisqu'elle coûte 1.200 francs, cinq fois moins qu'une voiture à moteur Daimler. Des modèles spéciaux pour la compétition sont également construits et c'est un de ces modèles qui établira un record de vitesse. Le 24 septembre 1896, quatre voiturettes Léon Bollée 3 HP sont engagées dans le Paris-Marseille-Paris. Léjane, un des pilotes, arrive le premier à Auxerre après avoir établi une moyenne de 32 km/h. Malheureusement, les quatre voitures abandonneront dans les étapes suivantes, laissant triompher les tricars De Dion-Bouton. Un an plus tard, une voiturette se place troisième dans le Marseille-Nice derrière deux de Dion-Bouton. Pour le Paris-Dieppe, Léon engage d'autres tricars. Classés dans la catégorie "Voiturettes", ces véhicules s'avèrent plus rapide que les De Dion classées en "Tricycles". Jamin, pilote, s'offre même le luxe de battre toutes les voitures de l'épreuve avec une moyenne de 40,5 km/h de moyenne. Ce succès sera suivi par un autre, lors du Paris-Trouville.

1896 - L'accord

Le succès des voiturettes Léon Bollée traverse la Manche. A cette époque, l'ex-champion cycliste anglais Herbert Osbaldeston Duncan est à la recherche d'automobiles susceptibles d'être fabriquées et vendues sous licence en Grande-Bretagne, et ce, pour le compte d'un groupe d'investisseurs dénommé British Motors Syndicate dirigé par Harry Lawson. Duncan met Léon Bollée en rapport avec le dit groupe et après une démonstration du tricar à Coventry, il vend une licence de fabrication pour un montant 20.000 £ sterling, l'équivalent de 500.000 francs, une petite fortune à l'époque. Cette apport financier permettra à Léon, dans les années à venir, de construire une nouvelle et belle usine au Mans, de trouver des associés fortunés pour poursuivre l'aventure et se plonger dans de nouvelles études.

Anecdote : Après la vente des droits, Léon Bollée n'expédie pas le prototype sans avoir touché un premier versement. Lawson, n'honorant pas cette première traite pousse Léon Bollée à prendre en otage Herbert Duncan qui devait s'occuper de transférer la machine en Grande-Bretagne. Très confortablement installé, Duncan devra rester enfermé chez Léon jusqu'à encaissement du chèque, soit 4 jours.

La Voiturette

C'est Léon Bollée qui déposa le terme "voiturette" pour désigner ses machines. Les tribunaux lui reconnaîtront le droit de propriété. Devant l'utilisation fréquente de ce terme par d'autres constructeurs, Léon tentera de faire respecter ses droits et menacera de poursuites tout ceux qui utiliseront cette dénomination. C'est ainsi que Decauville, par exemple, appellera ses premiers modèles légers de 1899 et 1900 des "Voiturelle".
Malgré la reconnaissance juridique, le mot "voiturette" va toutefois échapper à son propriétaire et Léon sera contraint de renoncer à poursuivre ceux qui vont l'utiliser pour désigner une petite automobile. Tombé dans le domaine public, il sera adopté pour désigner une petite voiture légère.

1898 - Darracq

En 1898, Léon Bollée cède à Alexandre Darracq le modèle d'un quadricycle qui deviendra la première Perfecta. Cette transaction rapporte 250.000 francs et des redevances qui permettent à Léon de conforter sa fortune. D'autres cessions de licences vont lui permettre, à seulement 30 ans, d'être un homme très riche sans avoir construit pour son propre compte. Prêt à investir dans l'industrie automobile naissante, il préfère attendre et va vivre de ses rentes pendant deux années, se mariant pendant cette période.

1904 - 20/30 HP

Comme nous l'avons dit, les voitures de Panhard et Levassor, et celles de Peugeot, n'attirent pas Léon Bollée, partisan des voitures légères. Par contre, il est fort intéressé par la première Mercédès de 1901. Allongée, basse, à roues égales, et aux masses bien réparties, elle va donner des idées à Léon et il déclara alors : "Je serai le Mercédès français". Aux Sablons, près du Mans, Léon crée une usine pour produire des automobiles conventionnelles. Il assure alors la direction technique de ces fabrications. C'est en 1903 que la production débute. Dans cette aventure, il s'associe au milliardaire américain Vanderbilt qui doit se charger de distribuer les Bollée aux Etats-Unis. Pour cette exportation, Léon doit produire des modèles vastes et solides, très luxueux, à l'opposé de ses principes de légèreté. La première voiture est présentée à la fin de l'année 1903.

De 1904 à 1906

Léon Bollée construit également un puissant châssis 40 HP doté d'un gros 4 cylindres en deux blocs. En 1905, une 18 HP vient s'ajouter au catalogue, suivie un an plus tard par d'autres modèles à 4 et 6 cylindres. Parmi ces dernières, une gigantesque 6 cylindres 75 HP.

1909 - Série G

Léon Bollée ajoute une 14 HP à son catalogue. Cette voiture, destinée spécialement au marché français, ne présente aucune originalité mais est d'une conception très soignée. La carrosserie, de type diligence, apporte déjà à cette époque un coté rétro, très apprécié par une clientèle très traditionaliste. Baptisée "G2", le modèle en photo, et exposé au Musée de Rochetaillée, dispose d'une carrosserie "Coupé berline", la limousine d'aujourd'hui, avec sa séparation entre le conducteur et les passagers. Disposant d'un moteur 4 cylindres de 2.725 cm3 développant environ 50ch., dotée d'une transmission aux roues arrière motrices et d'une boîte de vitesses à 4 rapports, la voiture pouvait atteindre une vitesse de pointe de 70 km/h.

En 1910, Léon abandonne les grosses voitures pour la série G. Cette série est composée de voitures 12, 15 et 18 HP conventionnelles dotées de moteurs 4 cylindres.

1913 - Décès de Léon Bollée

En 1913, Léon Bollée s'éteint à l'âge de 43 ans. C'est sa veuve qui va reprendre l'entreprise et tenter de maintenir l'usine en activité. Pour ce faire, elle va poursuivre la production avec des véhicules adaptés au marché, des 10 et 12 HP. Pendant la Première Guerre mondiale, la firme va produire pour l'armée et ce, jusqu'en 1918. A la reprise, les modèles d'avant-guerre sont remis en production mais ces derniers sont trop archaïques. Malgré quelques nouveautés, 10, 12 et une belle 18 HP 6 cylindres, elles sont trop chères face à une concurrence mieux armée.

1923 - Cession de Léon Bollée

En 1923, l'usine et la marque Léon Bollée sont cédées au constructeur anglais Sir William Morris. En 1924, des 4 cylindres très semblables aux Cowley et aux Oxford sont proposées à la clientèles. Le premier modèle dispose d'un moteur Hotchkiss 12 ch. de 2,5 litres alors que le second modèle, disponible en 1928, dispose d'un moteur Straight 8 de 3 litres. A cette époque, les carrosseries Morris-Léon Bollée françaises sont réputées pour être beaucoup plus élégantes que les modèles construits en Grande-Bretagne. La crise économique mettra un terme à l'aventure et en 1931, un nouveau consortium sera chargé de vendre les dernières voitures produites avant de fermer les portes de la marque.

Pour en savoir plus sur Léon Bollée, je vous invite à lire la page spéciale dédiée à cet homme dans la partie Encyclo43. Cliquez sur l'icône ci-dessous.