AUTO CARRIERS Ltd - AC    

Dernière mise à jour : 12/05/2010

A l'origine de la Cobra...

Petit historique

John Weller - John Portwine

En 1901, l'ingénieur John Weller, soutenu financièrement par un riche marchand nommé John Portwine, monte un atelier d'ingénierie pour construire des moteurs pour automobiles dans le sud de Londres, à Norwood. En 1903, Weller propose un modèle 10 HP bicylindre et un modèle 20 HP quatre cylindres, dont la présentation se fera au Crystal Palce Motor Show. Le magazine Autocar consacrera quelques lignes à propos de Weller le 6 juin de cette même année : "We see a brilliant future for the Weller designed car and it's talented designer", soit "nous voyons un brillant avenir pour la voiture de Weller et pour son créateur". Cependant, Portwine considère que ce véhicule serait trop cher à produire et conseille alors à Weller de travailler sur la conception d'un véhicule plus simple. En 1904, la firme devient Autocar & Accessories Limited et propose un petit utilitaire baptisé Auto Carrier, un tricycle doté d’un moteur monocylindre refroidi par air de 5,6 CV dont l’avant est équipé d’un grand caisson qui permet une charge de 250 kg. Commercialisé dès 1904, ce petit véhicule remporte un gros succès. Plus de 1700 exemplaires seront produits. Weller recevra des commandes d’entreprises renommées, comme Dickens & Jones, Maple & Co et The Goodyear Tyre Co.

      

En 1907, Weller extrapole une version pour le transport de passagers de son Auto Carrier, qu'il baptise AC Sociable. C'est la première fois que l'abréviation AC est utilisée. Ce véhicule est baptisé ainsi à cause de sa configuration, les deux passagers se trouvant côte à côte et non pas dans une configuration en tandem comme c'était le cas sur d'autres tricycles. Le conducteur se trouve derrière. De conception simple et pratique, la production du véhicule est assez rapide, sa diffusion en sera plus grande. Le véhicule sera produit jusqu'en 1915. C'est au cours de cette année 1907 que la société se transforme en AutoCarriers Ltd, sur les cendres de l'Autocar & Accessories Limited. Weller et Portwine restent toujours les directeurs de cette nouvelle société. Les succès aidant, l'armée passera également une commande en 1910 pour le 25th London Cycle Regiment. Certains véhicules seront équipés d'armes, d'autres serviront pour des transports divers, comme celui des munitions.

Les locaux d'Auto Carriers Ltd deviennent trop petits pour satisfaire toutes les commandes. L'entreprise doit donc trouver de nouveaux locaux pour poursuivre sa production. L'entreprise s'installe alors en 1911, dans de plus grands espaces dans l’usine de Ferry Works, à Thames Ditton High Street, dans le Surrey. Cette nouvelle installation est d'ailleurs toute proche de la piste du circuit de Brooklands. C'est de ces nouveaux ateliers que sortiront les premières AC à quatre roues qui adoptent, dans le même temps, le nouveau logo de la marque, les lettres "AC". La première date de 1913, un petit roadster à moteur 4 cylindres 10 HP sportif à deux places qui ne sera produit qu'à peu d'exemplaires, une centaine environ, la Première Guerre mondiale stoppant son évolution.

Un moteur avant tout

 

Pendant la Première Guerre mondiale, AC continuera de produire des véhicules, mais se consacrera également à la fabrication d'obus. Pour cette production, la firme s'installera également dans une vieille usine de ballons, toujours à Thames Ditton, proche de la Tamise. La production automobile revient en 1919 avec de nouveaux modèles dotés de moteur 10 et 12 HP et un 6 cylindres 16 HP. Ce moteur, de 1.991 cm3, sera présenté au Salon de Londres. De facture très moderne : bloc en aluminium chemisé, carter d'huile en aluminium et culasse en fonte, vilebrequin sur quatre paliers et, surtout, un arbre à cames en tête. Il sera d'ailleurs produit jusqu'en 1963 et détient un record de longévité, derrière le boxer de Volkswagen. Cependant, coûteux à fabriquer, il n'est pas mis en production tout de suite et AC se contente de fabriquer provisoirement de petites 10 HP (norme anglaise) à moteur Anzani. Cette production sera soutenue par un programme compétition ou les Auto Carriers remportent quelques succès. Le petit roadster 10 HP remportera de nombreuses courses entre les mains de pilotes comme George Eyston, Sammy C. H. Davis, Kaye Don, Thomas Gillett ou Raymond Mays, encore débutants à l'époque mais qui accèderont bientôt au plus haut niveau du sport automobile.

Sir Selwyn Francis Edge (1868/1940)

Sir Selwyn Francis Edge est né le 29 mars 1868 en Australie à Concord township, près de Sydney. Il débarque avec sa famille en Grande-Bretagne à l'âge de 3 ans. Au cours de son adolescence, il se passionne pour al bicyclette, puis entra dans la vie active en travaillant comme manager chez Dunlop et acquiert sa première voiture en 1896, une De Dion-Bouton. En 1899, il s'associe avec Charles Jarrott et Herbert Duncan et fonde De Dion-Bouton British and Colonial Ltd pour importer les voitures françaises. Il rencontre et devient l'ami de Montague Napier, un autre passionné de vélo. En 1898, avec Harvey du Cros, Edge forme the Motor Vehicle Company Ltd, pour vendre des voitures améliorées par Napier, des Panhard, des Gladiator et des Clément-Bayard. En 1919, il entre dans l'affaire AC et en devient le propriétaire en 1922. Un an plus tard, il est aussi le directeur général de la William Cubitt & Company. En 1929, lorsque AC s'effondre, Edge quitte le monde de l'automobile. Il s'éteindra le 12 février 1940 dans Eastbourne, Sussex.

La compétition

La 6 cylindres 1.500 cm3 est présentée au public au Salon de Londres de 1921. Une moisson de records de vitesse (57) bien exploités par le publicité fait bondir les ventes, l'usine produisant jusqu'à 25 voitures par semaine. Dès lors, la firme ouvre une salle d'exposition et des bureaux dans Regent Street à Londres. En novembre 1922, le pilote Sir Selwyn Francis Edge, ancien ingénieur en chef des automobiles Napier, rejoint le conseil d'administration en rachetant des actions de la société, devenant président de l’entreprise. Dès le départ, Edge ne s'entend pas avec Weller et Portwine. Ces derniers démissionneront quelques mois plus tard et en 1922, Edge prend la direction générale de l'entreprise. Cette dernière devient le 22 novembre 1922 la AC Cars Limited, puis, après le rachat total de Edge pour 135.000 £ en 1927, devient AC (Acedes) Ltd. Les productions suivantes seront des voitures sportives et élégantes, et le succès toujours aussi présent.

AC Royal Roadster 1924
Dès son arrivée, Edge pousse la frime vers la compétition et les records en employant le 4 cylindres et le prototype du 6 cylindres après l'avoir amélioré et fiabilisé. Dès 1922, la compétition devient donc l'arme publicitaire d'AC Ltd. Le 24 novembre 1922, J.A. Joyce bat, sur le circuit de Brooklands, et au volant d’une AC 4 cylindres 1.500 cm3 16 soupapes, tous les records de vitesse pour "voitures légères" à plus de 160 km/h de moyenne. Son meilleur tour sera chronométré à 168 km/h. Avec le record des 24 Heures de 1924, le moteur AC a démontré sa fiabilité et la nouvelle AC Six son efficacité et sa qualité.
En 1924, le 6 cylindres de John Weller, porté à 2 litres, battit le record des deux fois 12 h à 107 km/h de moyenne. Encouragé par ce résultat, Edge décidé de s'attaquer au record des 24 h, qu'il avait lui-même établi en 1907 avec une Napier. La 6 Cylindres AC fut préparée à l'usine de Thames Ditton, mais un problème se posa : impossible de tourner de nuit sur l'autodrome de Brooklands. Edge traversa la Manche et tenta le record sur l'autodrome tout neuf de Linas-Montlhéry. Le précédent record ayant été établi par un seul pilote, thomas Gillett pilota l'AC pendant 24 h et parcourut 3.144 km à 131 km/h de moyenne. Contrat rempli !
En 1925, Victor et Mildred Bruce engagent leur AC personnelle au Rallye de Monte-Carlo en partant de John O'Groats, en Ecosse. C'est la première voiture britannique jamais engagée dans cette épreuve. La AC ne termine pas l'épreuve mais Victor Bruce revient en 1926 avec son AC Six et Bill Brunel. Cette fois, il remporte l'épreuve. C'est la première victoire d'une marque britannique dans cette célèbre épreuve. L'année suivante, Madame Bruce, avec une voiture d'usine, une AC 6 cylindres 2 litres, termine 6e au classement général de cette même épreuve, remportant la Coupe des Dames, avant de parcourir 8.000 km en Europe et en Afrique du Nord. Mr et Mme Bruce, toujours au volant de la 6 cylindres, battront les records des 4.000, 5.000, 10.000 et 15.000 miles sur le circuit de Montlhéry.

La AC Six de Bruce, victorieuse au Monte-Carlo de 1926
En 1928, AC abandonne la production des 4 cylindres. La production se concentre donc sur cinq modèles 6 cylindres présents au nouveau catalogue. Le moteur 6 cylindres, conçu dix ans plus tôt, a été porté en 1923 de 1.477 à 1.991 cm3. Il développe alors 40 chevaux à 3.000 tr/mn, mais son potentiel est évident. Il sera amélioré pendant trente ans. En 1927; il a gagné un palier et un amortisseur de vibrations torsionnelles. Il développe alors 56 chevaux à 3.500 tr/mn, puissance très honorable pour un moteur de production. En 1928, AC en sort 66 chevaux à 4.500 tr/mn. Côté transmission, la boîte de vitesses à 3 rapports incorporée au pont arrière ne change pas de 1919 à 1930. En 1925, un rapport final à vis sans fin est adopté et, en 1927, une roue libre est proposée en option. L'année 1928 est un millésime clef pour la 6 cylindres. Au Salon de Londres, AC propose cinq modèles de carrosserie : un cabriolet désigné Aceca, une torpédo et une conduite intérieure sur châssis long, un coupé deux portes et, la plus belle, un type de sport appelé Montlhéry, en souvenir des records. Sur ce dernier, le 2 litres est alimenté par tois carburateurs SU et les 66 chevaux emmènent la voiture à 136 km/h, vitesse garantie par l'usine. A cette époque, AC Cars fait partie des plus grands constructeurs d'automobiles de Grande-Bretagne.

Nouvelle époque

AC Six 16/66 Montlhéry
La période Selwyn Edge va s'achever. Ce grand nom des débuts de l'automobile britannique démissionne. En fait, le jeudi noir de Wall Street en 1929 met à mal l’économie mondiale et AC se retrouve en difficulté. Pour éviter le pire, la marque se met volontairement en liquidation après avoir apuré son passif. Une nouvelle ère va débuter. En 1930, les frères William A.E. et Charles F. Hurlock vont racheter AC et reprendront progressivement la production des véhicules.

William A.E et Charles F. Hurlock

Ce sont donc les frères William A.E. et Charles F. Hurlock qui feront revivre la marque AC Cars en 1930. Au départ, aucune voiture n'est produite. Pour les frères Hurlock, l'acquisition d'AC permet de disposer de nouveaux entrepôts pour leur entreprise de transport. D'ailleurs, ils n'ont racheté que l'usine de High Street, Ferry Works n'étant pas acquise. Les frères Hurlock ont donc conservé les installations d'entretien des véhicules, permettant ainsi aux propriétaires d'AC de trouver des pièces pour dépanner leurs véhicules. Ce sera l'activité principale de l'entreprise dans un premier temps. Une seule voiture sera produite, pour William Hurlock. Ce dernier, séduit par le véhicule, décida d'en produire quelques exemplaires. Pour ce, on utilisera les composants en stock au moment du rachat de l'entreprise.
En 1931, l'usine reprend la production de la Magna, présentée fin 1928, en conservant le châssis de la Six, le moteur 2 litres et la boîte-pont, formule qui ne séduit guère les clients. Deux modèles sont proposés, une conduite intérieure et un cabriolet, mais ils sont lourds et le 2 litres normal est à la peine. Malgré une nouvelle suspension et des freins hydrauliques, les ventes piétinent. Une Magna plus légère apparaît alors, avec une boîte accolée au moteur, une nouvelle suspension et quelques améliorations de détail. Une version Sport reçoit un 6 cylindres poussé à 66 chevaux et une boîte à 4 rapports. Quatre carrosseries très bien finies et équipées sont disponibles et les AC renouent avec le succès. Mais elles représentent une nouvelle génération. Grâce à des accords signés avec la firme Standard, AC va pouvoir disposer de nouveaux châssis. Avant 1932, AC disposera donc d'une nouvelle gamme de voiture, dotée du 6 cylindres 2 lires, permettant ainsi de revenir très rapidement sur le marché. Dans un premier temps, la production sera de 100 véhicules par an, jusqu'au début de la Seconde Guerre mondiale en 1939. La dernière voiture de cette période sera livrée en juin 1940, l'usine étant ensuite impliquée totalement dans la production de guerre.

AC Six 16/66 Montlhéry 1928

     

Retour à la compétition

AC 16/70 2 Litres Drophead Cabriolet 1935
Soutenue par les résultats des 6 cylindres 2 Litres dans diverses compétitions, notamment dans le RAC et au Monte-Carlo, la firme ne sombre pas mais au contraire, reste stable puis prospère. En 1933, quatre voitures sont engagées au RAC et le succès est encore au rendez-vous. AC Cars s'empare de tous les prix. Miss Kitty Brunel remporte une victoire totale et Charles Hurlock termine 4e. William Hurlock, de son côté, termine 6e alors que G. Daniel 7e remporte le concours d'élégance. Au fil des années, la marque confirme sa position de leader et exporte ses premiers modèles vers le continent nord-Américain en 1937. La Seconde Guerre met un terme à la production d'automobiles et la firme se consacre alors à l'effort de guerre en produisant des équipements pour la lutte anti-incendie, des pièces pour 'aviation, des camions radar, des lance-flammes et des armes à feu.

Derek Hurlock (1920/1992)

Fils de William A.E., William Derek Hurlock est né le 1er juillet 1920. Après une éducation au Dulwich College, Derek rejoint son père et son oncle dans l'affaire familiale. En 1942, il servira dans la Marine Royale et, démobilisé en 1946, deviendra l'un des directeurs de AC. Derek s'intéressa beaucoup à la compétition et pilota d'ailleurs une AC dans différentes compétitions, à Silverstone, au Rac ou au Monte-Carlo. Il deviendra président d'AC en 1965.
La "Petite"
En 1953, AC présentera un autre véhicule, totalement différent des Ace et Aceca. Cette micro-voiture à trois roues, une à l'avant et deux à l'arrière, prend le nom de AC Petite et sera produite jusqu'en 1957 1957 à environ 4.000 exemplaires, en deux versions, MKI et MKII. La première version était motorisé par un moteur Weller monocylindre de 346 cm3. Elle était construite en aluminium sur un cadre léger en acier. Ce ne sera pas un grand succès mais son prix de 400 £ à l'époque lui permit de séduire quelques clients. Il faut dire que la voiture ressemblait fortement aux véhicules pour handicapés que la firme avait produit pour le gouvernement.

 

AC "Petite"

Reprise

La production reprendra en 1947, toujours avec le Coupé 4 places AC 6 cylindres 2 Litres. La firme décroche également un contrat avec le gouvernement pour construire des véhicules pour handicapés à carrosserie en fibre de verre, avec des moteurs BSA. Ces véhicules seront construits jusqu'en 1976 et seront une source de revenus non négligeables pour la firme. En 1949, le cabriolet ou Drophead Coupé AC 2 Litres rejoint le Coupé. Il sera fabriqué à 20 exemplaires entre 1949 et 1950. Il donne naissance en 1950 à la AC 2 Litres Bucklands Sports Tourer. En 1953, il sera enfin monté sur les AC Ace, puis sur les AC Aceca de 1954.

AC Buckland Sports Tourer Mk I 1952

La Révélation

En 1952, Davis Cliff, pilote amateur qui court sur MG Cooper, dont il a lui-même dessiné la carrosserie en s'inspirant de la superbe Ferrari 166 MM Touring 1949, désire une voiture plus puissante et pense au moteur Bristol 2 litres. Cooper ne souhaitant pas lui concocter un châssis capable de recevoir cette mécanique, Davis se tourne vers John Tojeiro. Ce dernier va alors lui réaliser un châssis de type échelle à longerons tubulaires. Davis reprendra la carrosserie de la MG, légère et particulièrement réussie. Tojeiro a adapté au châssis des des suspensions à 4 roues indépendantes (une copie conforme de celles de la Cooper qui d'ailleurs, s'inspira de celles de Fiat). Ce véhicule fut référencé sous la dénomination de JOY500. Tojeiro dessina également un châssis pour Lionel Leonard et un autre pour Vin Davinson. Par l'intermédiaire d'un Ernie Bailey, Tojeiro rencontra Derek Hurlock et son oncle Charles. On dit également qu'ils auraient été séduit dans un premier temps par l'exemplaire conçu pour Vin Davinson et que, ce châssis ayant été vendu pendant les négociations, Ils se seraient finalement tourné vers le châssis conçu pour Davis Cliff.
Tojeiro touchera 5 Livres Sterling de royalties sur tous les roadsters AC. La voiture sortira des ateliers de Thames Ditton en octobre 1953.

John Tojeiro (1923/2005)

Né le 3 décembre 1923 au Portugal, à Estoril, John Tojeiro fut un ingénieur et designer réputé, surnommé sympathiquement "Toj". Né d'un père portugais et d'une mère anglaise, il rejoint la Grande-Bretagne dans les années 20 à la mort de son père. Pendant la Seconde Guerre, il sera affecté comme ingénieur dans l'Aéronavale et se fera vite un nom par la suite dans l'industrie automobile, notamment dans la conception de châssis. Il travaillera avec l'Ecurie Ecosse, utilisera de nombreux moteurs (Jaguar, Bristol, Buick, AC...) pour concevoir des sportives comme la Tojeiro EE. Pour AC, il concevra la AC Ace, une voiture qui marquera les esprits. Carroll Shelby, séduit par cette voiture, en extrapolera la célèbre AC Cobra. Tojeiro s'éteindra le 16 mars 2005.

Nouvelles lignes

Ace et Aceca

Ace de 1953 et Aceca de 1959
Présentée au Salon de Londres à Earls Court, la nouvelle AC Ace est alléchante, mais chère par rapport aux Austin-Healey et Triumph, disposant de performances quasi identiques. Elle sera cependant construite à 225 exemplaires entre 1953 et 1963. Ce sera un beau succès même si AC s'attendait à en vendre beaucoup plus. En 1954, AC complète sa gamme et présente le Coupé Aceca, vedette du Salon de Londres. Plus lourd que le roadster, le Coupé se montre cependant plus rapide que le roadster. Il en sera construit 154 exemplaires entre 1954 et 1962. Ces deux modèles seront disponibles, au cours de toute leur production, avec différents moteurs, Weller, Bristol et Ford. C'est Ken Rudd qui conseilla aux Hurlock d'utiliser le moteur 2 Litres Bristol. Ingénieur et concessionnaire, Ken Rudd, né le 24 mars 1921, est aussi pilote de course (il s'éteindra le 29 août 2009).

Aceca 1957
Dinky Toys
Suite aux conseils de Rudd, les Hurlock se sont décidés de proposer une version AC Ace dotée du moteur Bristol 2 litres pour lequel elle a été initialement conçue. Avec 105 chevaux, elle atteint alors les 200 km/h. Elle s'adresse alors aux plus sportifs. Certaines versions seront poussées à 150 chevaux. En 1957, elle se dote de freins à disque. En avril 1956 elles deviennent donc des Ace Bristol et Aceca Bristol. Entre 1956 et 1961, AC produira 463 roadsters et 172 coupés. En 1959, les roadsters seront disponibles avec un hard-top en fibre de verre.

Une AC Bristol à Dunnellon Park en Floride en 1957

Ace aux 24 Heures du Mans

Ken Rudd prendra le volant d'une AC Ace lors des 24 heures du Mans 1957 avec Peter Bolton. Les deux pilotes termineront 10e de l'épreuve.

En juin 1957, le roadster AC Ace est engagé au 24 Heures du Mans par l'entreprise. Ken Rudd et Peter Bolton terminent 10e au classement général, se classant à la seconde place en catégorie derrière la Ferrari de l'écurie Spa Francorchamps pilotée par Lucien Bianchi et Georges Harris. En 1958, la Ace confirme sa belle prestation. La voiture n° 28, qui bénéficie d'une carrosserie spéciale, est pilotée par Richard "Dickie" Stoop et Peter Bolton. Portant le n° 28, elle termine 8e au général, 2e de sa catégorie derrière la Porsche 718 RSK Spyder de Jean Behra et Hans Hermann. La seconde AC Ace Bristol de série est confiée à l'écurie suisse Trois Chevrons et termine à la 9e place, pilotée par Georges Berger et Hubert Patthey. En 1959, l'Ecurie Rudd Racing Ltd engagera une autre Ace Bristol. Ted Whiteaway et John Turner se classeront 7e. Au cours de ces trois années, l'Ace va se tailler un beau palmarès et assurer les beaux jours de la marque.
Aceca Greyhound
Suite à la demande de clients qui réclamaient une version à quatre places, AC produira quelques versions Greyhound. Un peu plus longue que la version 2 places, elle dispose d'un moteur Bristol de 2.216 cm3 (2,2 litres). La Greyhound s'inspire fortement des lignes de l'Aston-Martin DB3 et sa carrière sera très brève puisqu'elle sera abandonnée en 1963 après 83 exemplaires construits entre 1960 et 1961.

Aceca Greyhound 1962

La fin des moteurs Bristol

Lorsque la firme Bristol Aeroplane Company annonce qu'elle cessera la production de ses moteurs en 1961, AC se retrouve devant un gros problème. Elle tentera de trouver une solution pour l'avenir et se tournera vers Daimler et son V8 2,5 litres. Les contacts seront cependant rompus lorsque Jaguar rachètera Daimler en 1960. Jaguar refusera alors de vendre les V8 2.5Litres à A.C. Du coup, c'est encore Ken Rudd qui va venir au secours d'AC en proposant d'utiliser le 6 cylindres 2,6 litres 90 chevaux de la Ford Zephyr/Zodiac. Préparateur également, Rudd cumulant les emplois, il a déjà tiré 170 chevaux de ce moteur sur certains modèles de compétition. La Ace devient alors Ace 2.6L. 36 exemplaires seront construits entre 1961 et 1962. Cette version ne pourra cependant pas détrôner la version à moteur Bristol et son succès sera mitigé. Elle prendra le nom d'AC Ace MKII 2.6 litre. Cette modification se fera également sur l'Aceca qui devient donc Aceca 2.6L. Seuls 7 exemplaires verront le jour entre 1961 et 1962. En adoptant cette configuration, la voiture a subit quelques modifications, comme la calandre désormais plus petite. C'est, selon les amateurs, la plus séduisante des AC Ace. Très rare, donc très recherchée, elle servira de base à la Cobra qui se reconnaîtra à ses passages de roues élargies.

Ace à moteur Ford Zephyr

L'Américain et L'AC Cobra

Caroll Shelby (1923/....)

   

En 1959, le pilote texan Carroll Shelby remporte les 24 Heures du Mans sur Aston-Martin. Au cours de cette épreuve, il a eu le temps de remarquer la petite AC Ace qui termine 7e au général. Au cours de la saison 1960, le texan ressent des douleurs à la poitrine, des douleurs dues à un problème cardiaque. Il doit donc renoncer à la compétition à la fin de la saison. La passion pour le sport mécanique est trop fort alors pour s'éloigner des circuits et il décide d'ouvrir une école de pilotage, la Caroll Shelby High Performance Driving School, sur le circuit de Riverside. Mais Carroll Shelby a une autre ambition, créer sa propre voiture de compétition et la confier à des pilotes au coeur plus solide que le sien. Dans ce but, il cherche un bon châssis pour y loger un gros moteur américain V8 bourré de chevaux. A cette époque, les voitures britanniques jouissent d'une bonne réputation et Carroll Shelby se souvient de la petite Ace d'AC Cars Ltd. Cette dernière lui semble alors appropriée pour réaliser son projet. Il contacte alors la firme anglaise qui, privée du moteur Bristol, voit dans cette proposition une issue à ses problèmes. La proposition d'installer un moteur V8 sur la Ace est séduisante et les Hurlock s'engage à fournir à l'américain les châssis qu'il désire dès qu'il aura trouver un moteur. C'est ainsi que naîtra la Shelby Cobra 260, première d'une série légendaire.
AC Cobra

Ace Cobra anglaise et Cobra 427 américaine 1965
Revell et Solido
A la différence de la version US, la Cobra britannique n'a pas les butoirs et le pare-chocs chromé entourant la calandre.
Vous trouverez la suite de l'histoire des Cobra et de  Shelby sur une autre page. Pour y accéderez, cliquez sur le bouton ci-dessous.

AC 428
Pendant que Shelby développe les Shelby Cobra "Powered by Ford" aux Etats-Unis, AC, dirigé désormais par Derek Hurlock, nommé président de la firme en 1965, va compléter sa gamme avec la AC 428, une voiture de tourisme de luxe. Le but est d'associer le phénoménal potentiel de la Cobra à une finition haut de gamme dans carrosserie moderne et élégante. En bref, un véhicule offrant un meilleur confort que la spartiate Cobra. Un premier prototype sera réalisé par l'italien Pietro Frua, sur un châssis de Cobra allongé de 18 cm. Il sera dévoilé au Salon de Londres de 1965 et reprend le moteur V8 Ford 7 litres. Ce moteur permet à la 428 d'afficher des vitesses inouïes, même au regard de ses contemporaines Ferrari ou Aston-Martin. Ce premier jet est un cabriolet racé, avec des lignes tendues et un avant rappelant, en plus moderne, celui de la Maserati Mistral. Ce cabriolet sera présenté également au Salon de Turin 1966 sous le nom de Cabriolet AC 428 Frua. En mars 1967, AC en présentera une version coupé fastback lors du Salon de Genève. Les inconditionnels des séries TV se rappelleront que la très jolie Tara King utilisa le cabriolet (premier exemplaire produit) dans la série Chapeau melon et bottes du cuir, en 1966.

La 428 ne connaîtra pas le succès. Son prix est prohibitif, 7.010 £, plus qu'une Aston-Martin DB6 (déjà plus chère qu'une Ferrari) et deux fois le prix d'une Jaguar Type E. Elle est de plus handicapée par des problèmes de production. Les ateliers de Frua subissent des grèves à répétition et le premier choc pétrolier de 1973 mettre un terme à sa production. De plus, l'envoi des châssis en Italie, puis le retour après dépose de la carrosserie revient extrêmement cher. Seuls quelques exemplaires auront fait le voyage, 29 cabriolets et 51 coupés entre 1968 et 1973.

 

AC 429
En 1970, une version spéciale du Cabriolet sera construite. Seule la face avant est retouchée, les feux protubérants laissant la place à quatre feux rétractables. Le coupé doit lui aussi avoir un successeur, mais cette fois, il ne s'agit plus d'une simple retouche. Le dessin est totalement différent, et la philosophie aussi. C'est désormais un Coupé quatre places ave un panneau de custode différent, dans le style des dernières créations de Frua, et un avant plat à phares "réhaussables". Ce Coupé devait prendre le nom d'AC 429. Une seule voiture est construite, immatriculée depuis TPE 130M. 

AC 429
AC 3000ME

En 1968, Robin Bohanna et Peter Stables, deux anciens ingénieurs de Lola, décident de concevoir une voiture de sport à moteur central en reprenant un projet Unipower non développé. En 1972, ils dévoilent leur création, lors du Racing car Show. La Bohanna Stables Diablo suscite de suite l'intérêt de la presse et les deux ingénieurs se mettent à songer à sa production sous forme de kit. Ne parvenant pas eux-mêmes à constituer une société pour produire la Diablo, ils contactent alors quelques constructeurs, comme TVR et AC. AC répondra favorablement et décida de monnayer les droits de la création. TVR était aussi intéressée mais les deux ingénieurs furent persuadés que AC offrirait de meilleures garanties pour le développement du projet. Ils signent donc un contrat avec AC et le constructeur annonce alors une production à Thames Dutton dès 1973. D'un côté, la firme se trouvait là une nouvelle voiture pour son catalogue et économisait une remplaçante à la 328, compliquée et chère à produire. Malheureusement, le développement fut beaucoup plus long que prévu. Pour ne citer qu'un exemple, le moteur 4 cylindres de l'Austin Maxi du prototype, jugé trop mou, devra être remplacé par un V6 Ford Essex, celui qui équipe la Capri anglaise. De plus, la voiture devra, pour être en conformité aux nouvelles normes imposées aux constructeurs européennes, passer au crash test. Les résultats ne seront pas concluants et la firme devra être mise aux normes pour passer un second contrôle. Elle y parviendra, là ou d'autres constructeurs plus puissants comme Vauxhall et sa Chevette sont recalés. Question sécurité, la 3000ME dispose d'un arceau de sécurité dans le toit et, dans chaque portières, d'un rail protégeant les occupants en cas de choc latéral. Tous ces contretemps repousseront sa production à 1976, soit trois ans après sa présentation au Salon de Londres. Elle ne sera commercialisée qu'en 1978, sous le nom d'AC 3000ME (ME pour Mid Engine). Malheureusement, l'enthousiasme rencontré lors de sa présentation est retombé et la voiture sort dans l'indifférence la plus totale et seulement 82 voitures seront produites jusqu'en 1984. Au cours de cette période, la 300ME était en concurrence avec la Lotus Esprit qui elle, rencontra un beau succès. Parmi ces exemplaires, on trouvera un modèle revu par Ghia en 1981 (pour une version de rallye, l'AC Ghia) et la Shelby ME de 1982, que Carroll utilisera pour tester des solutions techniques destinée à la gamme Chrysler.
Ceux qui ont eu la chance d'essayer la 3000ME ont presque tous été séduits par ce qu'ils appelaient une "petite GT40". Bien proportionnée, d'un niveau de confort suffisant, bien finie, elle était surtout à l'aise sur les routes de campagne. L'Angleterre n'en manquait pas.

    

Le prototype Diablo et la 3000ME

La 3000ME est en quelque sorte le produit de Derek Hurlock. A la tête de la firme AC depuis 1965, Derek rêve de donner un nouvel essor à l'entreprise familiale en construisant une voiture exclusive et performante, belle et parfaitement dans son époque. Pour ce faire, il réservera un espace particulier à l'élaboration de la 3000ME dans son usine qui fabrique toutes sortes de matériels industriels.
Une licence de fabrication des AC 3000 ME sera vendue à David McDonald qui fonde en écosse la AC Scotland plc. La voiture sera produite jusqu'en 1985. La société en difficulté sera mise en liquidation. AC Ecosse Ltd tentera de reprendre le projet avec un moteur V6 Alfa Romeo et au début de l'année 1988, la société Ecosse Car Company Ltd voit le jour. John Parson, à la tête de ce sauvetage ne pourra mener à bien ses projets. L'investissement est trop lourd et le le projet est donc abandonné.
L'échec de la 3000ME n'arrange pas les affaires de la firme qui se retrouve une nouvelle fois en difficulté. Hurlock, malade, décide de vendre son affaire. Elle sera vendue à William West. De sombres machinations troublent alors l'existence de la firme AC, sur fond de droits de propriété et de marque. Finalement, c'est Brian Angliss, fabricant de kits anglais Autkraft, qui devient le nouveau propriétaire de la firme. Le contrôle de la firme est alors entre les mains de Ford et AutoKraft.

Reprises sur reprises

Brian Angliss vend déjà des 427 neuves sous la marque Autokraft depuis 1982, dans son magasin de restauration de Cobra. Avec le rachat de l’usine et de l’outillage d’origine, il obtient les droits d’exploiter la marque sur ses MkIV, une voiture aux normes américaines, dont 480 exemplaires furent produites dans son usine de Brooklands. Pourtant protecteur du nom d’AC, Hurlock a été séduit par l'homme et par sa passion pour les Ace AC. Il a donc accepté de lui céder le droit d’utiliser le nom d’AC. Les Autokraft MkIV seront donc proposées sous la dénomination AC MkIV. Il fonde alors une nouvelle société, l’AC Company, en joint-venture avec Ford. Des conflits mèneront par la suite Angliss à prendre son indépendance, mais Ford restera le fournisseur de ses moteurs.
En 1987, il obtient de Ford le droit de faire usage du nom de Cobra, sauf aux Etats-Unis. Une nouvelle collaboration avec Ford lui permettra de greffer un moteur Cosworth sur un nouveau modèle qui succède à la 3000 ME, la Ace Cosworth. Ce modèle restera à l’état de prototype et servira de base à une petite série qui annoncera la nouvelle Ace de 1993. L’Ace et l’Aceca, les modèles traditionnels, seront donc toujours au catalogue, dans des versions un peu embourgeoisées et agrandies.
Au London Motor Show de 1993, Angliss propose un nouveau modèle, en remplacement de la MkIV, l’Ace AC ou New Ace. Les coût de production sont élevés et Angliss devra vendre une partie de ses actifs pour joindre les deux bouts. Cinquante New Ace seront vendus. En 1996, la société se retrouve une nouvelle fois au bord du gouffre et Angliss doit vendre. gouffre et Angliss doit vendre. Alan Lubinsky’s Pride Automotiv devient le nouveau propriétaire de la marque et poursuit la construction des voitures à Weybridge, Surrey sous le nom de AC Group Ltd. Les droits et la propriété intellectuelle d’AC sont transférés aux Etats-Unis, à la Acedes Holdings LLC, dans le Delaware. De nouvelles Cobra MkIV CRS sont proposées, avec un moteur Ford V8 Superblower Supercharged. L’entreprise cependant retombe dans les difficultés et se retrouve encore en liquidation. C’est Jimmy Price, qui possède Superformance aux Etats-Unis et en Afrique du Sud qui reprend la société. Quelques temps plus tard, après un combat difficile, Jimmy Price laissera le contrôle de la firme à Lubinsky.
En 2002, AC proposera le Coupé Mamba, une version habillée de la Cobra 427 avec un moteur d’Aceca. La Cobra, de son côté, a hérité d’un V8 Ford moderne, en version atmosphérique ou compressé, avec carrosserie aluminium ou carbone.

Une fin compliquée

En 1993, Carroll Shelby avait annoncé disposer de 38 châssis d’origine restés en stock. En 2003, la Carroll Shelby International et l’AC Motor Holdings Ltd annonce le lancement d’une production d’authentique Cobra Shelby/AC, disponible à la vente dès 2004. Ces modèles sont des AC 427 Cobra S/C et des Shelby AC 289 Cobra FIA, baptisées CSX 1000 et CSX 7500 Série. Malheureusement, l’AC Motor Holding ne pourra produire, conformément à son contrat avec Carroll Shelby. Un procès déposé par Shelby contre la AC Motor Holdings Ltd et son propriétaire Alan Lubinsky sera engagé en mai 2006.
Pendant ce temps, Lubinsky a transféré AC à Malte et débute la production des AC MkV. Le Malta Star, journal de l’île, annonce dans un article du 19 mars 2008 que Lubinsky a quitté le pays sans payer ses fournisseurs et le gouvernement maltais. Lubinsky démentira. Il confirmera par la suite la fermeture de l’usine, tout en assurant que la production reviendra en Grande-Bretagne. En 2007, Steve Gray, propriétaire d’AC Heritage et Brooklands Motor annonça de son côté que des mesures sont prises pour la continuité de la production des AC aux Etats-Unis, dans le Michigan, par AC AutoKraft LLC. Suite à cela, la AC MkVI est lancée à Monaco en avril 2009 par Alan Lubinsky, patron d'AC, une voiture qui serait éventuellement construite en Europe. En bref, l'histoire est bien difficile à résumer en quelques lignes.