DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Sur la route : La RN 7

Nationale 7 - De Lyon à Menton

"Nationale Sept
Il faut la prendre qu'on aille à Rome à Sète
Que l'on soit deux trois quatre cinq six ou sept
C'est une route qui fait recette"

Charles Trenet

Vienne

Vienne. Ancienne capitale des Allobroges à l'époque Gallo-romaine, possède encore de nombreux vestiges de cette époque, comme l'ancienne voie pavée de granit qui reliait Vienne à Milan et franchissait les Alpes. A l'époque de Jules César, il y avait plusieurs chemins pour franchir la montagne, la Via Aurelia qui passait le long de la cote méditerranéenne de Rome à Arles et qui se prolongeait en voie Agrippa jusqu'à Vienne puis Lyon, pour monter au nord vers Auxerre, Meaux, Senlis, Amiens et Boulogne/Mer. Il y avait aussi la Via Cottienne, qui passait par le col de Montgenèvre, pour rejoindre Vienne par Grenoble ou Valence par Briançon (la voie Domitia permettait d'atteindre l'Espagne). la In Alpe Graia qui passait par le col du Petit St Bernard pour rejoindre Vienne par Moutiers et Bourgoin, et enfin, la I summo Poenino qui passait par le col du Grand St Bernard pour rejoindre Lyon par la Suisse (Vevey, Genève) et Bourgoin. Bref, on pouvait suivre plusieurs itinéraires pour venir dans cette ville prospère, grand carrefour commercial de l'époque. Signalons que Lyon était le plus important carrefour de l'empire romain. De nos jours, de nombreuses routes suivent ces anciennes voies. Autre monument à voir à Vienne, l'aiguille, ou la Pyramide, témoignage de l'emplacement d'un ancien cirque romain dédié aux spectacles et aux courses de chars. profitez de cette halte pour prendre une table au restaurant Fernand et Mado Point, tenu aujourd'hui par Patrick Henriroux, une référence dans le domaine de la cuisine française. Charles Trenet s'y arrêtait, comme le faisait un grand nombre d'autres vedettes.

Vestiges de la voie romaine à Vienne et la Pyramide
Après Vienne, nous descendons vers Valence, passant par le Péage du Roussillon, St Vallier, et Tain-l'hermitage. Une route qui longe le Rhône et ou se trouve encore bon nombre de garages qui accueillaient les voitures en panne, fatiguées après la traversée des monts du lyonnais. A pont de l'Isère, qui tire son nom du fait du passage de la rivière du même nom, vous vous trouverez sous le 45e et une borne vous indique que vous êtes à mi-chemin entre le Pôle Nord et l'Equateur. En fait, vous entrez dans le "Midi". A Bourg-les-Valence, vous prendrez l'ancienne route des postes, filerez sur la Paillasse, Fiancey, Livron-sur-Drome, Loriol-sur-Drome, Saulce-sur-Rhône, la Coucourde. Le paysage change vraiment, et les odeurs prennent déjà un goût de vacances. En parlant d'odeurs, ne sentez vous pas celui du nougat, nous approchons de Montélimar.

Montelimar, son nougat et ses bouchons

Arrivé à Montélimar, point noir historique, le conducteur n'avait pas grand choix, attendre que la file des voitures engagées en ville avance. La petite famille, par contre, avait largement le temps de faire quelques emplettes et d'acheter l'incontournable barre de nougat de Montélimar. Les plus pressés pouvaient contourner la ville par Bagatelle, itinéraire de la N7 pour éviter le centre-ville. Etait-ce vraiment plus rapide ? Les boulevards extérieurs étaient tout aussi encombrés, les marchands de friandises avaient également trouver le moyen de s'installer sur cet itinéraire. Dans les années 50 à 70, franchir Montélimar n'était vraiment pas si simple. Heureusement, le sourire des vendeuses qui passaient de voitures en voitures pour vendre leurs produits sagement rangés dans des paniers en osier redonnaient un peu le sourire aux malheureux touristes.

Image trompeuse

Suite du voyage

Après Donzère, nous franchissons le canal du même nom pour filer sur Pierrelate et Lapalud, ville très connue pour ses balais et ne possédant qu'une seule rue en sens unique, la "Grande rue", qui débute et se termine par deux portes fortifiées. Bien sur, la N7 contourne le village. Connue aussi pour son usine écluse André-Blondel, première usine hydraulique de France, Lapalud vous accueille dans le département du Vaucluse. Nous avons en effet quitté l'Ardèche quelques kilomètres en amont. En ce qui concerne les balais, il reste encore une fabrique (sur la dizaine de l'époque) si vous désirez rapporter un souvenir. mais ne traînez pas, nous devons refranchir le canal à Mondragon pour filer sur Orange. A Mornas, Piolenc, vous n'entrerez pas dans Orange sans prendre le temps de vous arrêtez devant le majestueux Arc de triomphe érigé lors de la fondation de la ville après que la région soit colonisé par Auguste et la IIe Gallica (Légion romaine). Orange possède également un théâtre Antique, le mieux conservé du monde. Deus sites à voir absolument.

Avignon

Orange passée, nous filons sur Courthézon, Bédarrides et Sorgues pour arriver à Avignon, cité des Papes. La ville se cache derrière ses remparts, une réalisation qui remonte à 1357 (des vestiges plus anciens d'une fortification lus ancienne ont été découverts dans la ville et datés d'avant 1215). L'enceinte la plus récente est longue de 4 kilomètres et comportait, vers 1373, 12 portes, 36 tours et 56 échauguettes. Haute de huit mètres, elle fut bien souvent détruite partiellement, reconstruite, adaptée aux progrès des armements. Sa dernière évolution date des années 1860/1870, période ou elle fut restaurée par Viollet-le-Duc.

Les sites à visiter à Avignon sont trop nombreux pour en faire une liste, alors prenez votre temps pour les découvrir lors de votre passage. N'oubliez pas également d'aller voir le célèbre pont de Saint Bénézet, le fameux Pont d'Avignon. Construit en 1177, il mesurait 920 mètres, comportait 22 arches supportant une voie de 4 m de large. Construit en 8 ans, il fut détruit au 3/4 lors du siège imposé en 1226 par Louis VIII. Reconstruit, il perd une arche lors d'une crue du Rhône en 1603. Réparé à nouveau de 1628 à 1633, deux arches s'effondrent encore deux mois seulement après la fin des travaux. Aujourd'hui, il ne reste que 4 arches et la Tour Philippe le Bel, ainsi qu'une petite chanson qui a fait le tour du monde.

Pause publicitaire

Route très empruntée, la RN7 attira bien sur les publicitaires. Ainsi, à la sortie de Paris, les panneaux publicitaires poussèrent comme des petits pains, pas toujours agréable pour la vue du paysage. Les façades des maisons installées sur le bord de la route furent également la cible des annonceurs. La RN7 est un formidable catalogue. Ces anciennes publicités ont souvent survécu au temps et sont encore de nos jours visibles. Je ne vais pas vous en faire l'inventaire ici et vous invite donc à rejoindre le site d'Alain pour en découvrir certaines.

Direction Aix-en-Provence

Reprenons la RN7 et franchissons la Durance au Pont de Bompas, un édifice long de 500 m et composé de 12 arches érigé en plusieurs étapes, la dernière datant de 1954. Puis nous passons à St Andiol, Plan d'Orgon, Orgon, par une route encore bordée par de nombreux platanes. La RN7 ne file pas jusqu'à Salon de Provence, elle vire vers l'Est, laissant les vacanciers qui se dirigent vers Marseille via la N538 filer au Sud. De notre côté, nous nous dirigeons vers Lambesc, petite ville qui possède un clocher détruit par un tremblement de terre en 1909. Puis, c'est Saint-Cannat et Celony, connue des automobilistes pour sa station-service Total et son superbe totem. Les vacances débutent, le paysage est magnifique et les villes traversées sentent bon l'anis. Pourcieux, St-Maximin, la Ste-Beaune, Tourves, Brignoles, autant de ville qui freinent notre périple.
La traversée du var se poursuit par Le Luc, Le Cannet-des-Maures, Vidauban (ou les panneaux indiquent déjà St-Tropez), Le Muy, ville ou le maire avait fait construire un passage souterrain pour permettre aux piétons de traverser la nationale, pour nous mener à Fréjus et la mer si attendue. Nous laisserons St Raphaël pour prendre la direction du Mont vinaigre et la forêt du domaine de l'Esterel. La route, anciennement très dangereuse et sinueuse, dispose d'un nouveau tracé. Dans les années 60/70, il était souvent impossible de doubler, la visibilité très compromise, et la chaussée étroite. On peut voir encore quelques traces de l'ancienne route, un résumé de ce qu nos parents ont vécu. Rappelons que les embouteillages étaient très fréquents dans ce secteur.
Frejus garde en mémoire sa tragédie du 2 décembre 1959. Ce jour-là, le barrage de Malpasset, dont les eaux furent gonflées par les pluies torrentielles, céda et déversa plus de 50 millions de mètres cubes d'eau dans le Reyran, provoquant une vague de 40 mètres de haut qui déferla sur Fréjus. Avant de se jeter dans la mer, la vague dévasta la campagne, détruisant tout sur son passage, faisant 423 morts et disparus.

Oublions cet catastrophe et retrouvons la Via Augusta à la sortie de Fréjus. La RN7 frôle ces vestiges romains pour nous mener vers Mandelieu, Cannes et Vallauris. La N7 passe par l'intérieur des terres mais les plus futés préfèreront sans doute prendre la Corniche d'Or (RN98), afin de longer la Côte en passant par St Raphaël, Agay, le Trayas et Napoule, avant de nous rejoindre à Mandelieu. De notre côté, nous suivons la N7 qui traverse le massif de l'Esterel, par l'ancienne voie Aurelienne. Une occasion pour passer devant le relais de poste du 17e siècle, l'Auberge des Adrets, refuge en son temps du bandit Gaspard Bouis, dit Gaspard de Besse (1757-1781), écumeur de diligence de la région d'Ollioules (Toulon) à Nice.

La Corniche d'Or est une voie ouverte au début du 20e siècle à l'initiative du Touring Club de France. Dans les années cinquante, elle permettait d'éviter la traversée de l'Esterel et de profiter d'une vue imprenable sur la mer. Par contre, question sécurité, la route était tout aussi dangereuse que la N7. Dans les années soixante, ce n'était pas non plus un raccourci, les embouteillages souvent provoqués par le passage d'un bus étaient fréquents.

Fin d'un beau voyage

Après Mandelieu, nous longerons à notre tour la côte, par Cannes et son célèbre festival et sa Croisette (la N7 passe par la rue d'Antibes et non par la Croisette qui pourtant attira de nombreux automobilistes), Antibes (longtemps terme de la N7 avant que Nice soit rattachée en 1861 à la France), Nice et sa Promenade des Anglais (là encore la N7 passe par l'avenue de France et non par la Promenade). Deux itinéraires se présentent alors pour rejoindre Monaco, la grande Corniche ou la Moyenne Corniche. puis Monaco, Monte-carlo, et Roquebrune-Cap Martin. Nous sommes arrivés à Menton, terme du voyage, fin de la RN7.

Pour arriver à Menton, deux choix se sont offerts à nous. Depuis l'époque romaine, un seul sentier était ouvert pour rejoindre Menton en partant de Nice. Ce un chemin, pour les mules, suivait depuis l'époque à peu près la voie Aurellia. Le transport de marchandise, lui, se faisait par voie maritime. Napoléon 1er fut l'instigateur de le création d'une route carrossable permettant à ces armées de circuler plus facilement lorsque ces dernières prirent le chemin de l'Italie. La route débuta à Nice, contournant le Mont Boron, grimpant jusqu'à 500 mètres d'altitude pour redescendre vers La Turbie, Roquebrune et Menton. Elle portera le nom de Grande Corniche. Si vous passez par là, vous pourrez admirer l'un des plus beaux panoramas de la Méditerranée. Le deuxième choix est la Moyenne Corniche, une route plus récente puisqu'elle date de l'après Première Guerre mondiale. Avec l'arrivée de l'automobile, il faut ouvrir de nouvelles voies. Les anciennes sont peu propice à la circulation et surtout, ne permettent pas de rouler à grande vitesse. De plus, elles sont dangereuses et doivent être aménagées. Avec ses nombreux virages, la Grande Corniche n'est pas un axe sur et rapide, il faut donc trouver un tracé plus apte à accueillir la nouvelle venue. On choisit donc de construire une nouvelle route partant de Nice jusqu'à Monaco, la Moyenne Corniche. Elle sera achevée en 1927 et passe par Eze mais n'entre pas dans la principauté, le gouvernement français ne voulant pas qu'une route nationale passe en territoire étranger. Elle file alors vers la Basse Corniche qu'elle retrouve au Cap Martin. La Basse Corniche est la route qui culmine à 50 mètres au-dessus de la mer, qui mène de Nice à Villefranche. Elle file ensuite du Cap-Ferrat à Beaulieu-sur-Mer puis d'Eze au Cap d'Ail pour arriver à Monaco. Avant la Seconde Guerre, on construit un deuxième et nouveau tronçon de la Moyenne Corniche, celui qui va relier Monaco au Cap Martin. En 1939, on peut donc relier Nice à Roquebrune par une route sure et rapide. A Roquebrune, la Moyenne Corniche rejoint la Grande Corniche et file vers Menton. La N7 abandonne la Grande Corniche pour emprunter cette route depuis 1976. Ensuite, c'est la frontière italienne.

Les dangers de la N7

La Nationale 7 possède un grand nombre d'endroits particuliers, chargés d'émotions qui ont été le théâtre d'évènements forts, heureux ou dramatiques. Le 30 décembre 1937, c'est entre Montargis et Nogent en Vernisson que Pierre Michelin trouve la mort dans un accident de la circulation. Le 20 janvier 1949, Jean Luc Michelin se tue au volant de sa Bugatti. En 1947, Robert Puiseux est blessé à La Bussière au volant d'un cabriolet traction. Les autorités vont lentement améliorer la nationale. Des déviations sont peu à peu mises en place. Les points noirs vont être répertoriés et éliminer au fur et à mesure. Annexe de l'autoroute du soleil, elle perd doucement son charme et son âme. Fini les traversées de villages aux noms chantants comme St Symphorien d'Ozon ou Loriol. Disparus les arrêts pour goûter les spécialités de Montélimar. Fini d'admirer les milliers de balais pendus devant les boutiques de Lapalud. Il ne reste que le souvenir des anciens pour nous parler de cette époque ou la N7 était l'itinéraire enchanteur de nos vacances d'enfance. Dans le Sud, c'est le même refrain, les routes sont plus sûres qu'avant, on ne risque plus guère de tomber du haut de la Corniche à Nice ou de rater un virage dans l'Esterel. Les virages sont élargies, la route aussi. Les barrières de sécurité ont souvent remplacé les platanes. Et enfin, si l'Etat à délaisser la N7 en ce qui concerne certaines infrastructures, privilégiant les autoroutes et voies rapides, les gendarmes, eux, sont toujours présents, histoire de nous rappeler que le 90 km/h doit être respecté. On pourra toutefois profiter de quelques secteurs à 110 km/h. Attention donc aux radars...

Entre Lyon et Menton, si certaines stations sont devenues des magasins de vêtements ou de souvenirs, d'autres sont heureusement toujours actives.

J'espère que cette ballade vous a donné envie de prendre la route... Si c'est le cas, n'hésitez pas.

Refaire le voyage