DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Sur la route : La RN 7

Nationale 7 - De Paris à Lyon

"Nationale Sept
Il faut la prendre qu'on aille à Rome à Sète
Que l'on soit deux trois quatre cinq six ou sept
C'est une route qui fait recette"

Charles Trenet

De toutes les routes de France d'Europe
Celle que j'préfère est celle qui conduit
En auto ou en auto-stop
Vers les rivages du Midi
Elle relie Paris à la Côte d'Azur, en passant par Fontainebleau et Lyon. C'est l'une des plus ancienne routes de France. Chanté par Charles Trenet, son nom évoque les vacances vers le sud, faisant de l'ombre à sa petite sœur la nationale 6.

Remerciements

De nombreuses photos qui illustrent cette page sont sympathiquement prêtées par Alain Simonet. Je vous invite à visiter son site, Route Nationale 7, qui vous permettra de visionner ses souvenirs de ballades sur les RN6 et RN7. De beaux clichés à découvrir, pris de Paris à Menton. (photos entourées de bleu)

Il faut remonter à l'époque romaine pour trouver l'origine de cette route célèbre. Les romains donnèrent à la France ses premières véritables voies, d'ou le noms de "voies romaines". Ces routes qui traversaient le pays, venant de Rome, étaient dédiées au commerce. D'Italie vers l'Espagne, ou vers l'Allemagne, elles obligèrent les hommes à construire de petits ou de grands édifices pour relier les grandes villes entre elles. Les ponts remplacèrent les gués, les bornes jaillirent du sol, indiquant la distance et la direction. Toute une organisation encore en vigueur aujourd'hui. On peut confirmer dès lors le célèbre diction, "tous les chemins mènent à Rome. La première grande agglomération a être reliée à la cité romaine fut Lyon, ou Lugdunum. Les premiers grands axes furent d'ailleurs tracés à partir de cette ville, et non de Paris. De ces voies romaines, il ne reste que quelques traces, les routes actuelles cependant suivent pratiquement le même chemin. Les N7 et N6 en sont les dignes héritières.

Il faudra attendre un millénaire après la chute de l'empire romain pour que le royaume de France, au 15ème siècle, fasse des efforts pour se doter d'un réseau routier cohérent, basé sur ces anciennes voies romaines. Puis, en février 1776, un arrêté du Conseil d’Etat classe ses routes, dont la future RN7 qui devient route de première classe. A partir de 1811, Napoléon 1er décide la numérotation de ces routes, qui avaient auparavant le nom de "voies royales". Cette année-là, un décret impérial classe cette voie "Route Impériale 8", comme route de Paris à Rome. Elle s'arrête à Nice. En France, elle passe notamment par Aix en Provence, Brignoles, Draguignan et Antibes.
Sous la Restauration (1814/1830), la voie change de nom. La numérotation est décalée. En 1824, la Route Impériale 8 devient la Route Royale 7, Toujours définie comme route de Paris à l'Italie. Grâce au rattachement à la France du Comté de Nice en 1860 et à l'acquisition de Menton en 1861, la route fut allongée jusqu'à la frontière italienne. En 1830, on l'appellera finalement "Routes nationale". Elle gardera sa numérotation "7". En 1909, elle bénéficiera du numérotage des routes appliqué en France grâce à la compétence d'André Michelin.

La N7 prend son véritable départ à la porte d'Italie, mais en théorie, son point kilométrique zéro est placé devant la cathédrale Notre Dame. Après la porte d'Italie, il faut traverser le Kremlin-Bicêtre et la banlieue parisienne. La retrouver de nos jours est assez complexe. Il est plus facile d'aller la chercher directement à Fontainebleau au fameux rond point à l'obélisque .

L'obélisque du carrefour à Fontainebleau, érigé en 1783 en l'honneur de Marie-Antoinette.

Banlieusarde

Avant d'arriver à ce fameux rond-point de Fontainebleau, la Nationale 7 passe par Villejuif, Chevilly la Rue, Orly et Evry. Sur cette portion de route, on retrouve de nombreux témoignages de la grande activité de la N7, casses automobiles à Thiais, stations- services en grand nombre, garages, brasseries ou routiers, autant de commerces voués à l'automobile. Avec la construction de l'aéroport en 1961, une partie de la route a été déviée et passe désormais sous les pistes de l'aéroport d'Orly. Elle ressort à Juvisy sur Orge, ville qui possédait, en son temps, la première station service de l'histoire. En effet, au Pont des Belles Fontaines, les cavaliers ou les cochers pouvaient faire boire leurs chevaux aux deux grandes fontaines situées de chaque côté du pont qui date de 1728. Elles ont disparues depuis, à cause de l'élargissement de la route.

Ensuite, la N7 longe la Seine par sa rive gauche. On laisse Corbeil-Essonnes derrière nous, ainsi que le Coudray-Montceaux pour arriver à St-Fargeau-Ponthierry, ou la route bifurque légèrement vers le sud, la route à l'Est file rejoindre la N6 vers Bois le Roi. Aujourd'hui, la portion entre Corbeil-Essonnes et Fontainebleau n'est pas considérée comme une route appartenant au réseau vert et sur les cartes, est mentionnée comme route de liaison principale. Elle reprend sa fonction principale en rejoignant la N37 au Bois du Mée, l'endroit ou la N7 entre dans la Forêt Domaniale de Fontainebleau. Une dizaine de kilomètre plus loin, nous arrivons au rond-point de l'Obélisque ou nous rejoint la N6. Entre-temps, nous avons passé Chailly-en-Bière, d'ou part la route pour Barbizon, si chère aux peintres.

N6

Autre moyen de rejoindre le Sud en partant de Paris, la N6 prend naissance à la Porte de Saint-Mandé, passe près du château de Vincennes, coupe Charenton, Maisons-Alfort, Alfortville et Créteil. C'est ici, à quelques kilomètres de chez moi que je vais la chercher lorsque le Sud m'appelle. Je me laisse alors guider vers Valenton, Villeneuve St Georges et Montgeron, pour rejoindre Melun et Fontainebleau, et la N7, laissant la N6 continuer sa route seule vers Sens. La N6, aussi connue sous le nom de "Route de Bourgogne", vous mènera vers Auxerre et le Chablis, pour les connaisseurs et amateurs de vignobles.

Grand départ

La N7, ou "Route du Bourbonnais", file tranquillement à travers la forêt qu'elle quitte au Pavé du Roy, à Bourron-Marlotte, ou vous pouvez d'ailleurs admirer le château. Là commence vraiment notre périple vers la Méditerranée. Elle file sur Nemours pour y franchir le Loing sur un pont construit après l'inondation de la ville en 1770, crue qui emporta l'ancien pont. Il ne le remplacera qu'en 1804, sa construction n'ayant débuter qu'en 1794. Il fut inauguré par le Pape Pie VII lorsque ce dernier se rendit à Paris pour le sacre de Napoléon 1er.

Nemours, son château et son pont sur le Loing
En poursuivant sur cette route, nous nous dirigeons vers Souppes-sur-Loing, Dordives et Fontenay sur Loing, étape ou vous pourrez voir le relais des 1000 bornes, aujourd'hui fermé et laissé à l'abandon. Ce qui nous donne l'occasion de parler un peu de ces haltes si bénéfiques à l'époque aux automobilistes...

Des relais pittoresques

L'homme, dès sa création, fut soit sédentaire, soit nomade. Les nomades ouvrèrent des voies vers d'autres lieux, devenant, en s'installant, de nouveaux sédentaires. Parmi ces derniers, certains choisirent de s'occuper des autres nomades, offrant le gîte et le couvert à ceux qui décidaient de pousser plus loin l'aventure. Les romains furent sans doute les premiers à créer un service postal dans l'Empire, sous le règne d'Auguste. A cette époque, courrier en latin se disait "posta". Les relais furent établis sur les routes pour le ravitaillement des porteurs de missives. Déjà, à l'époque, il existait deux types d'envois, ceux qui voyageaient par charrettes tirées par des boeufs, ou ceux voyageant par chars tirés par des chevaux. Au fil du temps, le nombre de relais se multiplia, pour accueillir le courrier mais aussi les services de diligence qui se développaient. Les relais, installés tous les 28 Km partageaient donc les bords de route avec les auberges de voyageurs, qui deviendront plus tard, pour bon nombre, des relais routiers pour automobilistes. Ces derniers devront alors partager les bords de chaussée avec d'autres artisans, les garagistes, les distributeurs de carburants, puis les commerces alimentaires. Toute une vie s'installe au bords des routes avec l'arrivée de cette grande invention. Le commerce aidant, et l'arrivée des transports routiers, d'abord nationaux puis internationaux, transforment les auberges en routiers, véritables rendez-vous pour les transporteurs. Les auberges n'étaient pas, comme on pourrait le penser, le lieu préféré des nantis possédant les premières automobiles, ces derniers préférant s'offrir l'hôtel. Certaines auberges cependant optèrent pour l'accueil de luxe, se démarquant ainsi des auberges qui deviendront, avec l'arrivée de la classe populaire, des relais routiers à prix modérés. On distinguait souvent ces deux catégories au style architectural, au menu placé en vue sur le trottoir ou sur le bord de la route, ou simplement aux voitures garées sur les parkings. Avec la construction des voies rapides, de multiples déviations et surtout de l'autoroute, la modernisation des voitures, plus rapides et moins gourmandes en carburant, beaucoup de vacanciers optèrent pour la voie directe vers le soleil. On assiste alors, depuis les années 70, au déclin de ces auberges de "bord de route". C'est le cas par exemple du Relais des Mille bornes à Fontenay sur Loing dans le Loiret, entre Nemours et Montargis, fermé et malheureusement proche de la ruine.

De toutes les routes de France d'Europe
Route des vacances
Qui traverse la Bourgogne et la Provence
Qui fait d'Paris un p'tit faubourg d'Valence
Et la banlieue d'Saint-Paul de Vence

En prenant la RN6

Si vous avez opté, à Fontainebleau, de poursuivre votre route par la RN6, vous filerez plus à l'Est vers Sens en longeant l'Yonne. La Bourgogne offre elle aussi de jolis paysages, surtout dans l'Auxerrois, une région que j'apprécie ma foi beaucoup. Vous vous dirigerez ensuite vers Avallon, Saulieu, Arnay-le-Duc, Chagny, Chalon-sur-Saône, Tournus, Macon, Villefranche-sur-Saône et enfin Lyon. Son chemin s'achève ici et c'est par la N7 que ses utilisateurs poursuivrons leur chemin, en notre compagnie puisque nous suivons, nous, depuis le départ, cette nationale.

Un relais à Saulieu, sur la RN6.

Poursuivons par la RN7

Après une petite halte à la chapelle Notre Dame de la Route, située elle aussi à Fontenoy sur Loing, nous nous dirigeons vers Montargis. Surnommée la "Venise du Gâtinais", Montargis est située sur le Loing et dispose de 127 ponts. Profitez du calme et de la sérénité du lieu pour embarquer sur une barque fleurie afin de visiter la vieille ville.

A la sortie de Montargis, la N7 partage quelques kilomètres avec la N60 avant de reprendre sa route vers le Sud à Pont Gaillard. Le Loiret offre de grandes lignes droites, ce qui nous fait passer par la Commodité et son Auberge de la Route Bleue. Une "Route Bleue" dont nous parlerons plus loin.

Petite déviation

Nous passons ensuite par Nogent sur Vernisson, Boismorand, la Bussière et son château. Si vous avez le temps, et si vous voulez faire un petit détour sympathique, prenez la direction d'Adon et de Feins-en-Gatinais pour vous rendre à Rogny-les-Sept-Ecluses, un site magnifique à découvrir.

Le ciel d'été
Remplit nos cœur de sa lucidité
Chasse les aigreurs et les acidités
Qui font l'malheur des grandes cités

Revenons à notre RN7...

Nous voici maintenant à Briare, ville située sur les bords de la Loire, à 10 Km au sud de Gien. Jadis ancienne place médiévale, puis village rural, est devenue avec son canal "Loyre en Seine" construit sous Henry IV. N'oubliez pas d'aller jeter un oeil au curieux pont-canal qui date de 1896.

Briare, dans le Loiret, le pont-canal, une réalisation à ne pas rater.

La Celle sur Loire et son château, dans la Nièvre
Nous allons suivre le fleuve pendant quelques temps, passant à Bonny-sur-Loire (qu'on évite aujourd'hui). En passant par la ville, vous trouverez encore de nombreux témoignages du passé, publicités, garages etc. Neuvy-sur-Loire est l'étape suivante, puis la Celle-sur-Loire. Ensuite, nous nous retrouvons à Cosne-sur-Loire. Là, n'oubliez pas d'aller voir la façade de l'Eden Cinéma, une halte à ne manquer sous aucun prétexte.

A Cosne-sur-Loire, n'oubliez pas d'aller voir la façade de l'Eden Cinéma, une curiosité du coin.

Hors piste...

A Cosne toujours, nous ne passerons pas la Loire et nous ne franchirons donc pas le pont suspendu qui relie la Nièvre au Cher. Cependant, prenez le temps de faire un petit détour pour admirer cet ouvrage.

Direction Moulins

Après Cosne, et avant Pouilly-sur-Loire, vous passerez par Maltaverne, un petit bourg qui a fait la une des journaux en 1985. C'est en effet ici que Sacha Distel eut son accident de voiture en compagnie de l'héroïne de Châteauvallon, Chantal Nobel. Depuis, le site est appelé virage "Sacha Distel". A Pouilly, ne ratez pas le relais "Aux 200 bornes" pour vous restaurer, dormir ou simplement faire le plein de carburant, ce dernier est encore ouvert et ses propriétaires accueillants. Sachez enfin que Pouilly-sur-Loire se situe à mi distance de la source et de l'embouchure de la Loire, comme l'indique une inscription gravée sur le pont.

De nos jours, vous éviterez la Charité-sur-Loire mais si vous désirez visiter la ville, vous pourrez récupérer la RN7 à Champvoux. Dans ce cas, passez devant l'Hôtel du Grand Monarque, toujours en activité sur les quais. Après Pougues-les-bains, à l'époque station thermale, et ses nombreux virages, vous arriverez à Nevers et franchirez la Porte de Paris si vous optez pour la visite de la ville, la RN7 passe depuis les années cinquante par les quais avant de traverser la Loire par un pont datant de 1778.

A l'heure actuelle, l'autoroute permet de contourner la ville, et de rejoindre la RN7 après Sermoise. Pour les amateurs de sport automobile, c'est sur cette route que se trouve Magny-Cours et son célèbre circuit ou les passionnés se retrouvent pour voir se courir le grand Prix de France de Formule 1. Pour nous, après de longues lignes droites assez monotones, Moulins nous ouvre ses portes.
Tout excitées
On chante, on fête
Les oliviers sont bleus ma p'tite Lisette
L'amour joyeux est là qui fait risette
On est heureux Nationale 7.

Des stations-service et garages en activité ou à l'abandon

Entre Moulins et Lyon, à Saint-Loup, Lapalisse et Arbresle (sur la Route Bleue)
Comme les relais, les garages et stations-service ont souffert de la disparition des automobilistes, ces derniers préférant la voie royale de l'autoroute pour arriver plus vite sous le soleil. Le long de la RN 7, ils ne sont plus nombreux encore en activité. Il nous reste encore quelques vestiges du temps passé, souvent des ruines à l'abandon, attendant tranquillement le jour de la démolition. Grâce à Alain Simonet, et à d'autres, ce patrimoine en voie de disparition restera, au travers de leurs photos, dans nos souvenirs. On entendrait presque quelques bruits d'activité. D'autres ont eu plus de chance.

Sur la N6, la désertification fait aussi des dégâts, et là aussi, de nombreuses stations-service sont depuis longtemps à l'abandon, comme ici sur la route de Sens, d'Auxerre, ou sur le plateau de Bel Air.
Au fait, en parlant d'essence, faites donc un plein avant de reprendre la route, le garage de Bessay sur Allier est fermé...

Avant d'arriver à Moulins, nous passons dans quelques villes assez sympathiques, comme Saint-Pierre-le-Moûtier avec son église du 10e siècle aux peintures murales bien conservées et son hôtel du Commerce, Bourchaud, Villeneuve-sur-Allier et le château de Riau à quelques lieues et enfin Avermes. Sachez qu'à proximité de Villeneuve-sur-Allier se trouve le plus ancien parc floral privé de France, créé en 1804 par Aglaé Adanson. L'Arboretum de Balaine fut classé monument historique en 1993. Pour y aller, prenez la D433 en amont de Villeneuve.

Saint-Pierre-le-Moutier

Villeneuve-sur-Allier

Moulins, Lapalisse

Moulins est le berceau des ducs de Bourbon, lignée apparentée au rois de France et liée à l'Abbaye de Cluny. Capitale du Bourbonnais à cette époque, la ville a toujours rayonner sur la région, du Moyen Age à la Renaissance, puis au 19e siècle ou de nombreux hôtels particuliers furent construits dans Moulins. Flânez dans cette charmante ville pour les découvrir et prenez un petit rafraîchissement au Grand Café, construit en 1899, inscrit à l'inventaire des monuments historiques et qui fait partie des dix plus belles brasseries 1900 de France. Visitez le Donjon de la Mal Coiffée, dernier vestige de l'ancien château médiéval des ducs de Bourbonou, puis le Pavillon Anne de Beaujeu (fille aînée du Roi Louis XI). Si vous avez encore du temps, parcourez la campagne avoisinante ou se trouve de nombreux témoignages du rayonnement de la ville, la Prieurale de Souvigny, le Château de Riau (près de Villeneuve-sur-Allier), celui du Vieux-Botz (à Besson), le Château de Fontariol (Le Theil), la Forteresse Médiévale de Bourbon L'Archambault ou le Château de Beaumont (Agonges). N'oubliez pas de contempler le Jacquemart, une tour de guet et beffroi datant de... 1455. Ensuite, vous pourrez reprendre la longue route qui mène à Lyon.

Le Jacquemart de Moulins
Alors que la N9 qui débute à Moulins emporte avec elle une partie des touristes de l'été, ceux qui filent au coeur du Massif Central et Clermont-Ferrand, par Gannat et Riom, ou qui pousseront plus loin, vers Beziers, Perpignan ou l'Espagne via la A75. la N7 poursuit sa route en parallèle, mais sur l'autre rive de l'Allier. Elle suit cette rivière pendant de longs kilomètres, passant par Bessay-sur-Allier (attention à la station fermée et au radar fixe, surtout si vous doublez les camions) et Varennes-sur-Allier. Là, elle entreprend un long virage vers l'Est, laissant encore une autre une partie de ses touristes qui préfère la cure à Vichy plutôt que les splendeurs de la Méditerranée. La N7 file sur Lapalisse et, pour y arriver, quitte la plaine pour longer les contreforts du Massif Central.

Après St-Gérand-le Puy (et sa publicité pour un alcool) et Perigny, nous arrivons à Lapalisse, célèbre pour le château des comtes de Chavannes, demeure de l'illustre maréchal de France Jacques II de Chabannes, seigneur de La Palice, pour qui les soldats avaient composer en son honneur une chanson dont un couplet disait : "un quart d'heure avant sa mort, il était vivant", une des vérités de La Palice (voir les Lapalissades).

Château de Lapalisse
Après ce petit écart historique, la route devient plus sinueuse, se dirige vers St-Martin-d'Estraux et la Pacaudière, ville créée suite au passage de la voie Royale. Un relais de repos et de gîte établi pour les voyageurs, situé loin du Crozet, contribua à l'installation de quelques masures qui firent vite du lieu un petit bourg prospère. Il bénéficia d'ailleurs très tôt d'un bureau de poste, en 1733. En passant à la Pacaudière, arrêtez vous devant cette belle demeure que l'on nomme "Petit Louvre", construite au début du 16e siècle. Sous la gigantesque toiture qui couvre la demeure se trouvait, selon les gens du cru, le pavillon de chasse du connétable de Bourbon. En 1527, la demeure devient une hôtellerie qui accueillera de grands personnages, François 1er, Henri IV, Louis XIII. En 1750, c'est la maréchaussée qui s'y installe, puis en 1850, il servira de presbytère. En face, on trouve l'Hôtel de Notre-Dame, demeure construite à la même époque que le "Petit Louvre". Vous pouvez aussi faire un détour par Le Crozet, un site classé, pour y découvrir un village médiéval et son donjon du X11e siècle, ainsi que quelques demeures du 15e et du 16e siècle. Ensuite, vous pourrez prendre la route de Changy pour redescendre sur Roanne via St-Germain-Lespinasse, Les Baraques et Les Tuileries.

"Petit Louvre"

RN7 et Route Bleue

Déjà annoncée à Lapalisse, c'est à Roanne que nous allons rencontrer le départ de la Route Bleue, bien que selon certains, cette dernière commence beaucoup plus tôt. D'ailleurs, à Montargis, on trouve déjà une auberge de la "Route Bleue". On sait que la "Route Bleue" désigne la route qui mène de Paris à la Méditerranée, on sait également qu'officiellement, que le tronçon débute à Roanne et qu'il s'achève à Lyon, mais on peut toutefois se dire que, vue sa fonction, la N7 pourrait aussi s'appeler la "Route Bleue", celle qui va se jeter dans les eaux de la Méditerranée. On annonce bien l'A6 comme l'Autoroute du Soleil, alors que géographiquement, c'est le rôle de l'A7, qui succède à la A6 à Lyon. Ce qui est le plus embêtant, c'est qu'à Roanne, la "Route Bleue" décide de ne pas suivre la N7 et de prendre son indépendance. Avant de faire notre choix, visitons la ville.

Roanne

Rouana, en provençal, la ville de Roanne apparaît dans l'histoire avant la conquête romaine. Elle s'appelait alors Rod-Onna, ce qui voulait dire "l'eau qui coule", la ville étant située en bordure de Loire. Peuplée par les Segusiaves, tribu gauloise, elle deviendra Rodumna àlors de la conquête des Gaules par César, puis Rouhanne et enfin Roanne. Bien des années plus tard, la N7 passant par là, les touristes découvriront les charmes de cette cité, les fins gastronomes en profiteront pour faire une halte gourmande, à condition d'y mettre le prix, dans le restaurant des frères Troisgros, "meilleur restaurant au monde" selon le Gault-Millau de 1972, et implanté face à la gare de Roanne, sur le tracé de la N7. Pour ceux qui préfèrent l'architecture, je conseille la visite du Donjon du 12e siècle (Office du tourisme), les vestiges gallo-romains et Carolingiens, le pont sur la Loire de Pierre-Benoit de Varaigne (1834) et le pont Aqueduc de l'Oudan de Léonce-Abel Mazoyer (1897). Si rien ne vous attire, franchissez le pont sur la Loire et prenez la direction de Perreux et de L'Hopital-sur-Rhins.

Le choix

Suivre la RN7, vers Lyon en passant par Tarare, ou prendre la Route Bleue, la N82, vers Saint-Etienne. En optant pour cette voie, l'automobiliste évitera Lyon, mais devra, pour rejoindre Annonay, franchir le col de la République à 1.161 mètres.
En passant par la N7, nous franchirons également un col, celui du Pin-Bouchain, à seulement 760 mètres. Il devra ensuite, par la D82, rejoindre la N86 pour rejoindre Valence. Nous serons, à ce moment là, sur l'autre rive du Rhône, et retrouverons nos amis à Tain l'Hermitage... Le terme de "Route Bleue" est apparu au début des années vingt mais ne deviendra officiel que dans les années trente. Le véritable point de départ de cette voie est sujet à débat, certains affirment qu'elle débute bien avant. Cela arrange quelques relais qui ont opté, bien en amont, pour cette appellation comme argument publicitaire. D'autres disent simplement que la "Route bleue" est la route qui relie Paris à la Méditerranée, qu'elle passe par la N82 ou la N7, voir la N6. Rappelons que l'on parle déjà de "Route Bleue" à Lapalisse, sur la N7.

Par la N82

Pour le voyageur qui opte pour la N82, la route ne va pas être si bleue que cela. Avant de parvenir à St-Valier, ou la route rejoint la N7, l'automobiliste courageux devra rejoindre St-Etienne. Il passera par Balbigny, Feurs, Montronc-les-Bains et la Fouillouse. Pour éviter Saint-Etienne, il prendra la D201 jusqu'à la Ricamarie. De là, il prendra une petite partie de la N88 avant de retrouver la N82. Il commencera alors la montée vers le Col de la République. Une fois le col franchit, ce sera la descente vers Bourg Argental et Davezieux, évitant de ce fait Annonay. La N82 part alors vers Serrière rejoindre la N86 à Serrières. Pour ne pas remonter trop haut, il faudra prendre la D82 pour rejoindre cette N86 à Andance. De là, il suffira de descendre jusqu'à Sarras et d'aller rejoindre la N7 à St-Vallier.

Notre choix, la Nationale 7 bien sûr...

Pour notre part, nous poursuivons par la RN7, direction St-Symphorien-de-Lay, ville célèbre pour son relais de poste, l'ancienne auberge de la Tête Noire (une des plus anciennes auberges connues, plus en activité mais préservées) et l'un des derniers relais de poste construit, il y a 170 ans. L'Auberge de la Tête Noire, selon les dires, aurait accueillit quelques célébrités, comme François 1er, le Cardinal de Richelieu ou Napoléon 1er, Rabelais. Il faut dire que la Grande Route Royale (Paris-Lyon), dite aussi du "Bourbonnais" (nous en avons parlé plus haut), passait par là. Une auberge, ou relais de poste, un minimum pour un site site très traversé. Le bâtiment daterait de la fin du 15e ou début du 16e siècle.

Ensuite, nous filons sur Tarare, une ville qui ne comptait que 3.000 âmes à la Révolution. Située sur une voie de communication qui prendra de plus en plus d'importance, la ville va vite s'agrandir et se peupler, comptant de nos jours plus de 10.500 habitants. A l'ouest de la ville, un ouvrage d'art est incontournable, le viaduc, construit en 1860 pour le passage du chemin de fer.

Viaduc de Tarare
Puis, c'est Pontcharra-sur-Turdine, fondée à l'époque gallo-romaine, un fouille archéologique révéla de nombreuses poteries, céramiques et fibules datant de cette époque. Comme toutes les hameaux situées sur la "Voie Royale", Pontcharra bénéficia, comme les autres, du passage de la "Voie Royale", devenant une halte obligée pour les pèlerins, les monarques, les célébrités, les marchands, mais aussi les forçats. A la demande de Bertrand d’Albon, Henri IV autorisa en 1599 la création de foires et marchés, une contribution à la prospérité du hameau qui verra de nombreux corps de métiers s'y installer, charrons, maréchaux-ferrants et divers commerçants. On trouvera bien sûr l'inévitable relais-poste et de nombreuses auberges. Ce n'est qu'en 1889 que le hameau deviendra officiellement la commune de Pontcharra-sur-Turdine.

En poursuivant la N7, ancienne route de Tarare, nous filons sur l'Arbresle, petite bourgade à l'histoire très ancienne également. On a retrouvé des haches polies et des pointes de flèches datant du néolithique, ce qui prouve la présence d'une occupation humaine plusieurs fois millénaire. Au Moyen Age, la situation de la ville en fait un passage très surveillé, et naturellement, le "Grand chemin français" trouvera un passage logique en ces lieux, au carrefour des vallées qui ouvrent la voie vers les Monts du Lyonnais et du Beaujolais. Ce "Grand chemin français" deviendra vite "Route Royale", puis Nationale 7. De nombreuses auberges s'y installèrent, ainsi que l'Hôtel Dieu de la Madeleine, lieu dédié au soin des voyageurs. Au 16e siècle, de nombreux bourgeois et notables lyonnais viendront y bâtir quelques maisons de style, ce qui donne un charme particulier à cette cité.

La Tour-de-Salvagny, Charbonnières-les-Bains (et son célèbre Rallye Lyon-Charbonnières) et, enfin, Lyon par Tassin-la-Demi-Lune. On entre d'ailleurs dans Lyon par le rond-point de l'Horloge de Tassin, un monument républicain érigé pour concurrencer l'horloge du clergé. Elle est située Place Vauboin et fut inauguré en 1907. A cet endroit se croisaient les routes Royales qui allaient à Bordeaux ou à Paris. La place fut construite mais seule une partie reçut des habitations, d'ou son nom de demi-lune. des relais poste et auberges y furent très vite construits.

Venant du Nord, par Champagne au Mont d'Or, la N6, elle aussi, arrive à Lyon. Les deux nationales vont se rejoindre Place Valmy pour traverser le Rhône et s'engager dans le tunnel de la Croix Rousse. Il est très difficile de suivre les deux nationale dans la traversée de Lyon. La N6 passe par le tunnel mais la N7 peut très bien passé par la ville par Perrache et arriver face au pont Gallieni. La N6 ressortirai, elle, face au pont De Lattre de Tassigny. Là, un tronçon irait rejoindre l'A7, l'autre traverse le Rhône pour traverser entre Bron et St Priest, et filer sur Bourgoin-Jallieu. La N7, une fois le Rhône franchit, prendrait la route de Vienne, laissant sur sa gauche Vénissieux.

La Croix Rousse

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