
STANLEY

Dernière mise à jour : 26/05/2010
Une histoire de jumeau...

Petit historique
Une des automobiles américaines les plus rapides du début du XXe siècle est
incontestablement la Stanley Steamer. Certes, ce n'est pas la seule machine du marché à être propulsée à l'aide d'autre chose que l'essence traditionnelle.
Il existe encore à cette époque des esprits convaincus par l'avenir de la puissance électrique et même d'autres concurrents dans
le domaine de la vapeur. Mais parmi ces nouveaux constructeurs qui n'ont choisi le classique moteur à combustion interne,
la Stanley Motor Carriage Co. proposent les produits les plus renommés.
Francis Edgar Stanley (1849/1918) - Freelan
Oscar Stanley (1849/1940)
L'histoire de Stanley, c'est d'abord l'histoire d'un personnage, Francis Edgar Stanley. Ce dernier, avant de devenir constructeur,
déclara : "Je ne posséderais plus jamais un animal de servitude depuis que j'ai vu la naissance de ce formidable mouvement de la
voiture sans chevaux, même si celui-ci ne devait durer que dis années". Il déclara cela dès 1897. Stanley deviendra alors l'un des
pionniers de la propulsion par la vapeur.

Francis Edgar Stanley est né à Kinfield, une petite ville de l'Etat du Maine, le 1er juin 1949. Comme la plupart des Américains de cette
époque, Francis, avec ses cinq frères et sa soeur, aide ses parents à mettre en valeur les terrains autour de la ferme. Un travail monotone
et harassant qui permet néanmoins de nourrir convenablement cette famille nombreuse. Toutefois, et c'est assez rare à la fin du XIXe siècle,
le père insiste auprès de ses enfants pour qu'ils obtiennent une éducation digne de ce no, qui selon lui reste la meilleure arme pour
une vie épanouie. Lorsque Francis et son frère jumeau Freelan Oscar atteignent l'âge de 18 ans, ils intègrent la State Normal School dans
la ville voisine de Farmington, un établissement destiné à formater des professeurs. Mais après un différend avec un dirigeant de l'école,
Francis quitte brusquement les lieux, perturbant ainsi son cycle d'études. Il parvient malgré tout à obtenir un poste d'enseignant à North
New Portland, tout près de son lieu de naissance. Il rencontre Augusta May Walker, elle aussi enseignante, qu'il épouse en 1870. Bien
qu'ils soient tous deux passionnés par leur métier, ils dénoncent (déjà !) le maigre rapport financier qui en découle.
Vapeur
Francis Stanley est attiré depuis toujours par les arts plastiques et ses tableaux atteindront un haut degré de réalisme grâce à une sorte
de pistolet à fine projection de peinture, ancêtre de l'aérographe, pour lequel il dépose un brevet. Après l'arrivée des premiers appareils
photographiques, il fonde un des plus importants studios de la Nouvelle-Angleterre. En 1884, en association avec son frère, il crée la
Stanley Dry Plate Company, qui prend un brevet deux ans plus tard en faveur d'une machine capable d'enduire en un temps record les
plaques photographiques d'une gélatine protectrice. Relocalisée à Watertown, dans le Massachussetts, la société dégage bientôt un chiffre
d'affaire frôlant le million de dollars. Elle sera acquise fin 1902 par Georges Eastman, déjà propriétaire de Kodak.
En 1897, Augusta Stanley se rend en Europe, alors que l'industrie automobile prend un essor dynamique.
Passionné par cette nouvelle révolution industrielle, son mari lui demande de prendre toute sorte de renseignements sur ces engins, leurs
prix, de quoi sont faites les carrosseries embryonnaires, quel est le mode de propulsion le plus répandu, etc. Influencé par son ami
Georges Eli Whitney, un pionnier de la technologie vapeur, Stanley est persuadé de
la pertinence du concept et décide que sa future automobile sera animée par ce type d'énergie.
L'aventure automobile
C'est donc au moment où la vapeur cède devant les performances du moteur à combustion interne, en 1895-1896, que les frères Francis E.
et Freeland O. Stanley se lancent dans l'aventure automobile, pris d'une soudaine passion pour la propulsion à vapeur. Jusqu'en 1925,
ils vont construire des machines solides et fiables, à défaut d'être mécaniquement sophistiquées autant que peuvent l'être, par
exemple, les Serpollet françaises. En 1896, lorsqu'ils assistent à une médiocre démonstration d'une voiture à vapeur dans une foire
commerciale, les frères Stanley ne sont pas des débutants inexpérimentés soudain frappés par la passion. Ce sont des industriels confirmés,
fortunés, doués pour la technique et la production, qui ont réussi dans des domaines aussi divers que la fabrication en série de violons,
de chaudières à gaz de ville et, surtout, de plaques photographiques sèches qui ont révolutionné la pratique de la photo par les amateurs.
Déçus par la démonstration, mais persuadés de faire mieux, ils annoncent, fin 1896, qu'ils présenteront un an plus tard une automobile à
vapeur performante.
En fait, ils ne partent pas de la feuille blanche, car ils sont très au courant des réalisations européennes et américaines. Rassemblant ce qu'ils
estiment être les meilleurs composants de l'industrie (chaudière, moteur, transmission, roues et châssis tubulaires), ils définissent une
voiture légère de type buggy traditionnel.

Francis et Freelan Stanley à bord de leur voiture en 1898
Voyage en Europe de Mme Stanley
En 1897, Augusta Stanley se rend en Europe, alors que l'industrie automobile prend un essor dynamique.
Passionné par cette nouvelle révolution industrielle, son mari lui demande de prendre toute sorte de renseignements sur ces engins, leurs
prix, de quoi sont faites les carrosseries embryonnaires, quel est le mode de propulsion le plus répandu, etc. Influencé par son ami
Georges Eli Whitney, un pionnier de la technologie vapeur, Stanley est persuadé de la pertinence du concept et décide que sa future
automobile sera animée par ce type d'énergie.
Prête au début de 1898, son fonctionnement enthousiasme quelques proches. Après perfectionnement, les deux frères Stanley présentent
leur machine en 1898, lors du premier Salon Automobile de Boston. Au cours d'essais sur une piste normalement réservée aux courses
de bicyclettes, l'auto atteint la vitesse de 35 km/h et grimpe une pente de 30 %.
Elle est la seule concurrente présente à réussir ce test probant. Francis et Freelan Stanley ont fabriqué ce véhicule comme un défi
personnel, sans idée d'une suite commerciale. Toutefois, deux semaines après la clôture de l'exposition, les commandes commencent à
affluer au siège de Watertown. Les deux frères lancent alors la production en 1899 et leur succès encouragent des investisseurs.
Seul contre tous
Le patron de presse fondateur de Cosmopolitan Magazine, John B. Walker, se passionne pour l'automobile et
désire se rendre acquéreur de la société. Les frères Stanley annoncent un prix de vente irréaliste de 250.000 $ afin de se débarrasser
de ce gêneur, qui curieusement accepte l'offre. Les deux frères se retrouvent cantonner au rôle d'ingénieurs-conseils, mais pas pour
longtemps. Grâce à la vente de leur affaire de plaques photos à Georges Eastman, fondateur de Kodak, ils disposent de capitaux importants.
La vente de la Stanley Dry Plate Company a rapporté 500.000 dollars aux Stanley. Cet apport permet de monter une nouvelle affaire, la
Stanley Manufacturing Co, en évitant de tomber dans les brevets appartenant à leur précédente entreprise, la Locomomotive Company of America.
Ils vont d'ailleurs les racheter peu de temps après par la simple application des contrats antérieurs. En 1901, la production est
relancée sous la marque Stanley Steamer.

Stanley Steamer Runabout 1901
En 1902, la compagnie change d'appellation. Elle devient la Stanley Motor Carriage Company et passe de nouveau sous le contrôle de
Francis et Freelan. Dès 1903, l'usine du Massachussetts produit 3 voitures par jour, toujours par assemblage, mais les Stanley font
alors fabriquer des organes mécaniques qu'ils ont grandement perfectionnés : pression de vapeur supérieure, chauffe rapide, mécanisme
et transmission lubrifiés sous carter, etc. Leur succès se confirme, car le pétrole est loin d'avoir gagné la partie.

Stanley Steamer 1902
En 1905, les Stanley produisent plus de 1.000 voitures par an en deux gammes, une légère et une longue. Le silence, la propreté et la
souplesse des Stanley assurent leur succès, tandis que des performances spectaculaires en font la promotion. En 1903, une Stanley Speciale
profilée surnommée "Tea Keetle (la bouilloire) bat un record de vitesse sur 1 mile, sur le circuit urbain de Daytona Course
et atteint les 151 km/h. En janvier 1906, une Stanley à vapeur dotée d'une carrosserie profilée, confiée au pilote d'essai de la maison
Fred Marriot, devint sur la plage de Daytona la voiture la plus rapide de la planète en atteignant la vitesse
extraordinaire de 195,647 km/h, un record qui fut battu en 1910 seulement par le célèbre Barney Oldfield sur une Benz à essence.

Deux Stanley Steamer des records,
1903 et 1906
En janvier 1906, la "Tea Keetle" avait été recalculée en vue de battre des records. Résultat : 205 km/h sur le mile lancé. Un an plus tard,
le pilote Fred Marriot se lança à nouveau. A près de 260 km/h, son auto dénommée "Beetle" décolla sur une bosse, retomba sur le sable et
explosa. Ejecté de l'épave, son pilote survécut et mourut très vieux, bien après ses associés, les Stanley.

De 1905 à 1910

Stanley Steamer Runabout Model CX 1905 et Touring Model EX 1908

Stanley Steamer Model E2 de 1908/1909

Model 60 de 1910
20 HP
Les types de production légers dits 20 HP sont performants face aux voitures à essence, surtout en côte. Stanley propose alors des types commerciaux
et des carrosseries en aluminium de style moderne. La technique, figée de 1906 à 1914, est fiable, mais les Stanley
souffrent des mêmes
problèmes que les voitures électriques : une autonomie limitée car la provision d'eau ne permet guère de dépasser 100 km sans ravitailler.
En 1907, la Stanley Steamer écoule 775 modèles. Ce sera sa meilleure saison commerciale. Mais à cette époque du moteur à explosion qui démarre
à la simple pression d'un bouton, la technologie vapeur, lente et contraignante, est clairement obsolète.
Comme sur les locomotives de ligne, la solution s'appelle le condenseur, système qui permet de récupérer la vapeur à l'échappement et de
la retransformer en eau, chaude de préférence. Longtemps après Serpollet, les Stanley n'adoptent le radiateur-condenseur qu'en 1915 sur
la série 720, à châssis en tôle emboutie et non plus en bois armé.

Model 20 HP de 1916
Désormais, les Stanley n'émettent plus leur petit nuage de vapeur, ni leur chuintement caractéristique. Outre l'augmentation de l'autonomie,
la provision d'eau est divisée par trois. Les freins sont améliorés et le brûleur offre un mode "départ" à chauffe rapide. Pourtant, la vapeur
perd du terrain : les voitures à essence s'imposent. Les ventes des Stanley
plafonnent dès 1917. Si Francis Stanley s'éteint en 1918, suite à un accident de
la route à Wenham, Massachusetts, Freelan continua de gérer l'entreprise jusqu'en 1919. Agé de 70 ans,
il passe la main. La nouvelle direction aura beau changer le style pour que les Stanley ressemblent aux autres automobiles, adopter des pneus basse
pression, des freins hydrauliques, des caisses surbaissées, les contraintes de la vapeur et des prix respectables (équivalent à quatre ou cinq Ford T)
font disparaître la Stanley en 1926.

Freelan se consacrera à la manufacture de violons et construira le Stanley Hôtel, un établissement
haut de gamme situé à Estes Park, dans le Colorado. Il quittera ce monde le 3 octobre 1940 suite à une crise cardiaque. Il était âgé de 91 ans.
