
SOCEMA-GREGOIRE

Dernière mise à jour : 26/05/2010
L'autre société de J.A. Grégoire...
Petit historique
Au début des années cinquante, certains avionneurs abandonnent le moteur à pistons pour les
turboréacteurs et turbopropulseurs.
Jean Albert Grégoire (1899/1992)

Hotchkiss-Grégoire

Avec l'arrivée dees nouvelles motorisations turboréacteurs et turbopropulseurs, quelques ingénieurs imaginent pouvoir transposer ce mode de
propulsion à l'automobile terrestre. Certains constructeurs, comme l'anglais
Rover, ont déjà tenter l'expérience avec un prototype baptisé "Whisser" qui
frôla, en 1950, les 140 km/h. La firme avait utilisé une turbine à gaz. Fin
1951, début 1952, les ingénieurs de la Société de Construction et d'Equipements
Mécaniques pour l'Aviation, la SOCEMA, réussissent à mettre au point un
turbocompresseur compact de 130 kg et développant 100 ch. Baptisé TGV 1 Cema-Turbo, cet imposant moteur tourne à 45.000 tr/mn. Une turbine motrice à
deux étage, possédant un régime de 25.000 tr/mn l'accompagne. Disposant d'un
réducteur épicycloïdal, l'arbre de transmission tourne à 5.000 tr/mn. Pour la
transmission, c'est une boite de vitesse célèbre qui est choisie, la fameuse boîte
électromagnétique Cotal. Il ne reste plus à l'époque à trouver un système de
freinage, le turbocompresseur n'offrant aucun frein moteur. On place donc un
ralentisseur électromagnétique Telma devant le différentiel. Pour
l'alimentation, deux larges batteries de 12 V, de la marque Tudor, seront
placées dans le compartiment moteur. Ces dernières sont nécessaires pour le
lancement de la turbine. Tout cet ensemble doit s'intégrer au projet de
Jean-Albert Grégoire en juillet 1952. Grégoire a reçu la mission de définir la
transmission et surtout, la carrosserie de la machine.
En 1950, Jean-Albert
Grégoire travaille encore à la définition de l'Hotchkiss-Grégoire. C'est
donc au sein des ateliers de la firme de Saint-Denis
qu'il prépare un nouveau projet d'automobile. C'est son collaborateur, Carlo Delaisse
qui réalise le dessin de la future voiture. La fabrication
de la carrosserie sera confiée aux compagnons formeurs de chez Hotchkiss. Fidèle
à ses convictions technologiques, Jean-Albert adopte une carcasse en alliage
léger coulé et la ressemblance avec la Hotchkiss-Grégoire est évidente. L'équipe
a cependant réalisé une carrosserie dont le coefficient de pénétration dans
l'air est encore plus faible que celui de l'Hotchkiss-Grégoire. Son Cx est de
0,18, et mesuré dans les souffleries des établissements Rateau. Comme cette
dernière, elle possède un important porte-à-faux
avant. Les formes retenues, rondes et fluides, sans ornements inutiles, sont
très agréables à contempler.
Pour coller à la mode en vogue de l'époque, les passages de roues arrière sont masqués
et les optiques se cachent sous des trappes, ce qui accentuer le côté moderniste de
l'ensemble et améliore grandement la pénétration dans l'air. Formée d'une "peau"
en aluminium, la carrosserie adopte un très joli pavillon tombant terminé d'une
lunette en trois parties, et la face avant une originale calandre en large
cercle chromé cerné par deux moustaches, un dessin qui rappelle celui de la
Panhard Dyna.

La construction de la Socema-Grégoire est soignée et, peinte en un saillant bleu Miramar, elle
repose sur des pneumatiques Dunlop Racing à flancs blancs. D'après les dirigeants de la Socema,
la voiture peut atteindre les 200 km/h. D'après les analyses extérieures, il semble que ce chiffre est un peu exagéré.
De toute façon, les 244 km/h atteints par une Rover en juin 1952 viendront clôturer le débat. Présentée au Salon
en octobre 1952, la voiture fait l'effet d'une bombe. Malheureusement, le 12
octobre, jour de fermeture du Salon, son destin est déjà joué. Les nouveaux
dirigeants de la Socema perdent soudainement tout intérêt pour ce projet. La
voiture restera donc à l'état de prototype, au grand désespoir, une nouvelle
fois, de Jean-Albert Grégoire. Il est vrai que la mise au point définitive de la
voiture était loin d'être atteinte et que les problèmes de température, de consommation
et de coût de construction de la turbine demandait un gros investissement. En ajoutant
la conception d'un système de freinage complexe adapté au véhicule, le projet avait de quoi faire peur.
Jean-Albert Grégoire estimera que les industriels français
manquaient de courage et de clairvoyance.
L'avenir aurait peut-être apporté la solution à tous ses problèmes de mise au point de la turbine
appliquée à l'automobile. Mais à l'époque, c'était encore pour beaucoup de l'utopie. Rover,
Renault ou encore Chrysler, poursuivront leurs recherches mais comme la Socema, renonceront tous au
cours des années 50 et 60.
Aujourd'hui, la Socema-Grégoire est la propriété de l’Automobile Club de l’Ouest. Elle est exposée
au Musée de la Sarthe "Circuit des 24 Heures du Mans". En 2005, elle s'installa pour quelques jours
au Salon Rétromobile, pour la plus grande joie des visiteurs.

