SCAR
Dernière mise à jour : 26/05/2010
Une firme de mécanicien
Petit historique
En 1906, une nouvelle voiture française apparaît lors du Tourist Trophy. Construite
à Reims, la SCAR n'est encore qu'un prototype. Si elle abandonne au cours de l'épreuve, comme 17 autres voitures,
ses concepteurs poursuivront l'expérience.
Rayet et Liénard
A cette époque, la France ne comptait qu'une
dizaine de petits constructeurs régionaux. La majorité des entreprises de
construction d'automobiles se situaient dans ou autour de la capitale. En
province, les charges sont faibles et permettaient à quelques artisans de vivre
malgré ne production limitée. Ces petites firmes étaient souvent, au départ, des
entreprises de mécanique générale. Principalement liées à l'agriculture, c'est
l'expansion du marché automobile, après 1904, qui orienta certaines d'entre
elles vers la construction de véhicules spécialisées, commerciaux, puis de
tourisme.
SCAR est une firme fondée par deux mécanicien
parisiens, Rayet et Liénard, mécaniciens parisiens propriétaire d'une entreprise
baptisée Etablissement Rayet-Liénard et Cie, spécialisée dans la réparation et
le négoce automobile, décide d'étendre leurs activités à la construction
d'automobiles. Dans ce but, ils fondent la SCAR. Possédant une expérience
certaine de la réparation et du négoce, ils choisissent de s'installer hors de
la capitale. C'est donc à Witry-lès-Reims que la Société de Construction
Automobile de Reims s'implante. A cette époque, les petites entreprises
régionales, aux ressources techniques limitées, font souvent appel à des
assembleurs. Ils achètent les moteurs, les châssis, les radiateurs etc. Ils
complètent alors le tout de quelques fabrications maison, comme les ressorts,
les pièces forgées et tournées, plus faciles à produire avec des outils et
des machines simples. Des firmes locales, qui produisent principalement des
véhicules hippomobiles pour l'agriculture, se chargent de la fabrication des
carrosseries. Rayet et Liénard vont, eux, grâce à leurs connaissances mécaniques
et techniques, construirent tous les éléments indispensables à la conception
d'une automobile. Pour cela, ils vont louer une ancienne cidrerie et la
transformer en atelier de mécanique.
Provinciale
Liénard et Rayet, pour fonder leur entreprise,
ont choisi la banlieue de Reims. Située à mi-chemin entre Paris et les Ardennes,
une région très fréquentée par les fonderies et les forges sous-traitantes,
l'entreprise est également près de la ligne Paris-Charleville. Route et rail,
deux voies très utiles pour les échanges commerciaux. Enfin,
Reims fait partie d'une région productrice de champagne, possédant une population aisée
non négligeable. Il y a donc de ce fait une clientèle
potentielle pour des automobiles de qualité. A une époque ou les voitures
doivent souvent revenir à l'usine pour des grosses réparations, les garages
n'étant pas encore très répandus, cette proximité régionale et cette éloignement
de la capitale sont deux atouts majeurs.
Première automobile
A l'époque, pour faire connaître une marque, le meilleur moyen reste la participation
à des épreuves sportives. Dans ce but, Rayet et Liénard construisent une 18/20 HP à moteur
4 cylindres qu'ils engagent dans le Tourist Trophy de 1906, couru sur l'île de Man. Alignée aux côtés de
voitures Clément et Darracq, déjà importées en nombre en Grande-Bretagne, la SCAR fait
partie des nouveautés, comme les Rolls-Royce anglaises. La SCAR se retrouve face à des adversaires
sérieux, qui démontre les ambitions de ces deux créateurs. Signalons que
la 18/20 HP n'est alors qu'un prototype, baptisé Type TT, et doté d'un moteur à 4 cylindres séparés. Cependant,
elle présente quelques solutions d'avant-garde comme un vilebrequin
totalement démontable à 5 paliers, deux arbres à cames latéraux, de grandes
soupapes et une course courte de 100mm, peu courante à une époque où les courses
longues garantissent un bon couple et la souplesse de fonctionnement. Le 4
cylindres développe une puissance de 20 ch à 1.400 tr/mn, soit presque autant
que la Rolls-Royce de 4 litres à 1.000 tr/mn. La voiture abandonnera au troisième tour, sur quatre prévus.
Malgré tout, elle réalisa des temps honorables avec un 55 km/h de moyenne. Rolls-Royce l'emporte avec un 64 km/h de moyenne.
Cette participation dans une épreuve internationale reconnue va permettre à la marque
d'envisager la construction de son modèle 1907, la 20 HP. Commercialisée, la voiture s'avère
de bonne constitution. Montée sur châssis moderne en tôle emboutie, très rigide, avec des longerons assez hauts,
elle dispose d'un moteur original à 4 cylindres séparés (et soupapes latérales en t) boulonnés sur un carter
en aluminium. Pour compléter cette superbe pièce de mécanique, on trouve deux arbres à cames à cinq paliers,
et un vilebrequin entièrement démontable qui autorise un montage de têtes de bielles d'une seule pièces.
Avec une boîte à 4 rapports à prise directe, la vitesse maximale obtenue est de 75 km/h.
20 HP
Grâce à la participation au Tourist Trophy et au modèle 18/20 HP, la
marque peut développer sa gamme. Une grosse 4 cylindres vient s'ajouter au catalogue, suivie d'une 6 cylindres de
6 litres. Les deux voitures partagent de nombreux points communs et construites sur les mêmes bases.
Vite reconnue grâce à la qualité de ses fabrications, la
jeune entreprise reçoit de nombreuses commandes, de France comme
de l'étranger. Grâce à une organisation de production bien réglée, la cadence
atteindra rapidement la douzaine de châssis par mois, voir 15 dans les périodes
les plus fastes. On estime ainsi, qu'entre 1907 et 1914, près de 350 véhicules
furent construits, par environ une centaine d'ouvriers. La firme SCAR obtiendra
de ce fait un statut d'entreprise importante à Reims.
En 1908, une crise de mévente pousse Liénard et Rayet à proposer une petite 9/10 HP à moteur 2 cylindres,
de même gabarit que les célèbres "deux pattes" de la firme Renault, ou celles de De Dion-Bouton,
qui connaissent d'ailleurs un
grand succès. Appelée à concurrencer cette dernière, la voiturette SCAR se distingue en proposant des
équipements modernes et de qualités. Très prudents, les deux hommes ont adopté des accessoires
éprouvés, plutôt que de chercher à les produire eux-mêmes.
Le marché est fragile et l'erreur de stratégie peut conduire l'entreprise à sa
perte. Les SCAR adoptent donc des carburateurs Zénith et des magnétos
Simms-Bosch, ainsi qu'un embrayage à disque unique et 4 vitesses.
Evidemment, cela entraîne une augmentation du prix de revient des
voitures, mais cette politique donnent une garantie de bon fonctionnement. Ce
qui est très important pour conserver une clientèle très convoitée. En 1910, la
gamme renoue avec les fortes puissances. La 2 cylindres restant la
vedette du catalogue et des annonces publicitaires. On trouve donc, en plus de cette proposition,
des 15 HP et des 24 HP 4 cylindres, et des 35 HP 6 cylindres. On trouve également une 12 HP 4
cylindres, moteur 3 litres, qui va devenir la bonne routière moyenne de la
marque, grâce à sa fiabilité et ses performances. Classée dans la catégorie des routières familiales de
luxe, on la reconnaît grâce à son capot alligator, adopté en même temps que le système de refroidissement Renault
avec radiateur dans l'auvent. Les voitures bénéficient également de vilebrequins,
de bielles et d'arbres à cames sur roulements à billes. La transmission, elle,
est à cardans.
20 HP TYPE K
Au catalogue de 1912, on trouve également une 12 HP 4
cylindres, moteur 3 litres, qui va devenir la bonne routière moyenne de la
marque, grâce à sa fiabilité et ses performances. Classée dans la catégorie des routières familiales de
luxe, on la reconnaît grâce à son capot alligator, adopté en même temps que le système de refroidissement Renault
avec radiateur dans l'auvent. Les voitures bénéficient également de vilebrequins,
de bielles et d'arbres à cames sur roulements à billes. La transmission, elle,
est à cardans.
Pour soutenir les ventes outre-Manche, la firme engagera deux voitures dans
l'épreuve spéciale réservées aux voitures de production qui se déroule le 13 juin 1911
sur l'autodrome anglais de Brooklands. Pratiquement dépourvues de carrosserie, elles
furent confiées à deux
pilotes britanniques. L'une d'elles sera carrossée en Angleterre dans le style sport "Prince Henry".
Robustes et bien construites, les SCAR restent des
voitures au prix raisonnable. Au cours des dernières années d'existence de la marque,
le Type k participa à de nombreuses épreuves sportives. L'une d'elles participa au
Tour de France automobile de 1912, une épreuve de régularité peu contraignante et peu significative,
dans laquelle tous les concurrents, ou presque, terminent sans pénalisations. La
presse, d'ailleurs, considère cette épreuve comme une grande promenade
touristique. Elle
à cependant un grand impact populaire, très appréciable pour la publicité à l'époque.
En 1914, la production de l'entreprise doit s'arrêter. La guerre, et l'avance des allemands,
place l'entreprise dans la zone des combats. Totalement détruite en 1915, la marque disparaîtra
définitivement.
En 1918, les habitants de Witry retrouveront
le calme. En effet, comme il était de règle alors, les essais et la mise au
point des châssis se déroulaient sur la route Reims-Rethel, et dans le village
de Witry. Ce qui déplaisait fortement à de nombreux habitants que l'usine ne
faisait pas vivre. La disparition de SCAR fera enfin mordre la poussière à la
fureur d'antan.
Tarifs
La 12 HP K Sport disposait d'un 4 cylindres en ligne de 2.812 cm3. Ce qui lui permettait
d'atteindre les 100 km/h.
En 1910, une 9/10 HP SCAR s'échangeait contre
4.000 francs. Une 12 HP, en châssis, coûtait 5.800 francs. En ajoutant 200
francs, on pouvait disposer d'une carrosserie course avec deux baquets et une pointe
arrière. En comparaison, une 11 HP Renault coûtait 6.800 francs en châssis et
8.200 francs en torpédo quatre places. La 15 HP, elle, valait 8.500 francs. Enfin, la 24 HP et la 35 HP étaient
facturées à 15.000 et 20.000 francs.
La 12 HP K ci-dessus
participa au tour de France 1912. Elle fut pilotée à l'époque par Mr Bardeau et
Mr Rayet. Après avoir connu quatre propriétaires, elle est aujourd'hui
parfaitement conservée.