SALMSON
Dernière mise à jour : 26/05/2010
De l'aviation à l'automobile...
Petit historique
Comme Voisin, Emile Salmson vient de l'aviation. Né dans une famille d'ingénieurs et d'artistes, il entame sa carrière professionelle en
fondant sa première entreprise Salmson pour se lancer dans diverses activités, fonderie, robinetterie, installations hydraulique et mécanique générale.
Dans un petit atelier parisien, Salmson produisait des pompes de travaux public et des moteurs fixes. L'entreprise se diversifie ensuite en développant
des activités annexes comme la constructions d'ascenseurs hydraulique et des moteurs à gaz et pétrole. En 1896, la société Emile Salmson, Ing." est rebaptisée
"Emile Salmson & Cie, Ingénieurs Constructeurs". C'est à cette époque qu'Emile va se tourner vers l'aviation.
Emile Salmson (1859-1917)
Les avions
Deux inventeurs suisses viendront contacter Salmson en lui proposant un nouveau projet. Les débuts de l'aviation incitent Emile à
s'intéresser au moteur léger et, en 1908, à financer les études des deux hommes, Georges-Henri Canton, et Pierre-Georges Unné. Ces
derniers créent alors un moteur 7 cylindres en étoile refroidi par eau à embiellage à satellites. Ce moteur Canton-Unné fait ses
preuves en 1912, année où est fondée la Société des Moteurs Salmson, et une version à 9 cylindres et 130 chevaux est homologuée
en 1913. Salmson en lance la production dans une nouvelle usine située au Point-du-Jour, à Boulogne-Billancourt.
Il s'installe d'ailleurs pas loin d'un des ses amis, Laffly, qui travaille à cette époque sur le problème du nettoyage urbain
et proposera pour cela des arrosseuses-balayeuses.
Les moteurs Salmson - Système Canton-Unnée seront construits pour équiper plus de 1.000 bombardiers Voisin, entre autres appareils. Cette
activité se développe pendant et après la Grande Guerre et Salmson produit en série en 1917 et 1918 un excellent avion de
reconnaissance armé, le 2.A2, qui va équiper les forces françaises et américaines. Cet avion assurera d'ailleurs les premières liaisons
de l'Aéropostale à la fin de la Première Guerre mondiale. Rappelons que c'est un avion Salmson qui, en 1911, réalisa le
premier vol postal de l'histoire entre Allahabad et Naini aux Indes. En outre, Salmson sous-traite des fabrications
pour d'autres constructeurs et produit des magnétos. Le retour de la paix laisse donc inutilisé un outil industriel important.
Emile Salmson est mort en 1917 et ses successeurs recherchent de nouvelles fabrications pour occuper les 9.000 employés des usines.
des employés qui, durant le conflit, fabriquèrent 4.000 moteurs et plus de 3.000
avions.
Reconversion
Les GN Salmson
GN type tourisme
L'industrie automobile semble être la plus prometteuse. Très bien équipée pour le travail du bois, la société Salmson
songe dès 1918 à entreprendre une activité de carrossier et passe des publicités dans ce sens. Mais elle dispose aussi de
fonderies, de forges et d'un parc de machines-outils important et récent. Des négociations en vue d'acquérir une licence
de production d'une automobile sont rapidement entreprises. Bénéficiant des
liens passés avec les Alliés pendant la guerre, Salmson, dès le printemps 1919,
opte pour la fabrication d'un cyclecar britannique, le GN, créé en 1910 par deux jeunes amateurs de conduite sportive, Godfrey et Frazer-Nash. L'engin
a été perfectionné pendant la guerre et la production lancée dès le début de 1919 par la firme GN Limited. Trop petite
affaire face à la demande, GN est entré en contact avec la British Grégoire Agency, filiale d'une firme française qui
avait produit outre-Manche des obus et des pièces d'armement. Le directeur français de la british Grégoire était en contact
avec Salmson et l'un de ses anciens techniciens, André Lombard, alors employé par une importante firme d'import-export
franco-britannique, est venu proposer à la firme de Boulogne la licence de la production du GN. L'affaire a été vite conclue
et, dès le Salon de Paris 1919, des GN fabriqués par Salmson sont exposés, probablement construits à partir de certaines
pièces importées comme modèle. Mais les capacités industrielles de Salmson sont bien réelles et la production démarre
courant 1920 dans les installations de Billancourt. A cette époque, beaucoup de jeunes militaires ont des arriérés de solde et des primes de démobilisation à dépenser.
Le succès est immédiat, favorisé par quelques victoires en compétition.
Sans être ni plus lourde, ni plus grande que le cyclecar GN, la voiturette EP apparaît davantage comme une automobile en réduction que comme
une motocyclette à quatre roues. Le moteur de 1.000 cm3 à 4 cylindres, accouplé à une boîte à 3 rapports par un embrayage à cône et un
pont arrière classique (sans différentiel), relèvent de la pure technique automobile.
Première Salmson
GN-Salmson 1919
Sur le plan commercial, l'enthousiasme du début va céder le pas à une certaine morosité. La production plafonnera à 1.600 machines en quatre
ans. Mais Salmson s'est lancée entre-temps dans la construction d'un type de voiturette au caractère plus automobile. Actif et
entreprenant, André Lombard pilote aussi des GN en course et il a l'oreille des dirigeants de Salmson, qui souhaitent produire un véhicule
plus étoffé. Lombard est en relation d'affaires avec un ingénieur, Emile Petit, qui vient d'étudier une voiturette et un moteur original
à 4 cylindres de 1.100 cm3 refroidis par air forcé très adaptable à un cyclecar. Ce moteur est l'oeuvre d'Emile Petit.
Lombard pense la construire lui-même, mais, sans capitaux, il finit par proposer ce projet à Salmson, qui fait fabriquer un prototype dès
1921 mais impose le refroidissement par eau. La petite voiture, qui s'inspire du GN pour le cadre du châssis, est prête pour une première
épreuve routière, les Six Jours suisses, où, pilotée par André Lombard, elle est primée.
Sans être ni plus lourde, ni plus grande que le cyclecar GN, la voiturette EP apparaît davantage comme une automobile en réduction que comme
une motocyclette à quatre roues. Le moteur de 1.000 cm3 à 4 cylindres, accouplé à une boîte à 3 rapports par un embrayage à cône et un
pont arrière classique (sans différentiel), relèvent de la pure technique automobile. Dès le début de 1921, Emile Petit remplace les cylindres à ailettes
par un bloc unique à chemises d'eau et coiffe le tout d'une belle culasse à chambres hémisphériques à bougies centrales. Il conserve
sa distribution à tiges et basculeurs et adopte des ressorts hélicoïdaux au lieu des petits ressorts à lames transversaux. Le premier
prototype à moteur culbuteur est donc accepté par Salmson qui lance le production dès l'été 1921.
Type AL
Une des premières publicités de Salmson
La première vraie Salmson est née, sous la dénomination de Type AL 22 (pour remercier André Lombard, de ses services). Son châssis très simple
portant quatre ressorts quart-elliptiques et un essieu avant tubulaire. En version dépouillée, l'engin, qui pède moins de 350 kg à vide et offre
deux places, entre dans la catégorie fiscale des cyclecars. Avec 18 ch et un assez bon couple, l'AL atteint aisément 85 km/h avec deux occupants
confortablement installés. Bien entendu, l'AL n'a pas de freins avant, ni de circuit électrique d'origine. Elle s'impose vite, d'autant plus que
la firme assure sa promotion avec sa version à moteur double arbre. Le prototype, fabriqué en toute hâte, gagne triomphalement le GP des voiturettes
au Mans, le 16 septembre 1921, aux mains d'aAndré Lombard, à la belle moyenne de 88 km/h malgré une panne sèche. Grâce à cette victoire et aux
suivantes, en France et en Angleterre, la carrière commerciale des AL 22, 23 et VAL3 démarre bien. Les voitures seront fabriquées de 1922 à 1928.
Le succès du Type AL, selon André Lombard son créateur, réside dans sa fonctionnalité, sa simplicité et son faible coût de revient.
Salmson et sa croix de Saint-André sur le radiateur, bien visible de loin
Type AL 1923, avec deux places décalées, et carrosserie en aluminium, une capote et un petit coffre à bagages
Compétition
A l'époque, on court beaucoup : en côte, en circuit, en rallye, de ville à ville. Il existe même une compétition qui récompense la
voiture la plus lente ! cette course étonnante, que le Tout-Paris ne manquerait sous aucun prétexte, c'est la course "au ralenti" qui grimpe
sur la butte Montmartre, par la rue Lepic. Dans toutes ces compétitions, sérieuses ou non, Salmson se couvrira de lauriers : Grand Prix des voiturettes
à Boulogne-sur-Mer, Grand Prix des cyclecars au Mans, Trophée Armangue en Espagne. Côté records de vitesse pure, ce n'est pas mal non plus, puisqu'une
Salmson en établit celui de la catégorie1.100 cm3 à plus de 153 km/h ! En 1925, la marque remporte le Grand Prix de San Sebastian, en Espagne. En 1927
et 1928, elle remportera par deux fois la Coupe Rudge-Withworth, attribué pour ses prestations aux 24 Heures du Mans. Mais loin des circuits,
on verra longtemps les petites Salmson Type AL circuler sur les routes de France. On les reconnaît de loin dans les campagnes ou dans les villes
grâce à la croix de Saint-André qui barre, tel un X majuscule, leur radiateur.
GN-Salmson au Grand Prix des cyclecars de Boulogne en 1921, Honel au volant de la n° 48
Au cours de l'été 1921 se déroule la "Semaine de Boulogne", qui réunit sur le circuit local toutes sortes de voitures engagées dans différentes
épreuves de vitesse, de régularité, d'accélération, en côte, en concours de carrosserie, etc. Une catégorie regroupait les cyclecars, qui disputaient
une course de vitesse-régularité sur près de 500 km. Une équipe de GN-Salmson prit le départ, plus un GN britannique piloté par Frazer-Nash
qui allait si vite qu'il ne pouvait tenir ses pneumatiques. Les GN français remportèrent l'épreuve et le prix par équipe. D'autres GN-Salmson
participèrent avec succès aux épreuves routières comme le Paris-Les Pyrénées-Paris, la Coupe de l'Armistice, le circuit de la Sarthe ou Paris-Nice.
Salmson GN à moteur Petit
Autre fait d'arme. A l'automne 1921, un engin de course s'impose au Grand Prix des Cyclecars, disputé sur un circuit proche du Mans.
Promoteur de cette voiture auprès de Salmson, André Lombard triomphe à plus de 88 km/h de moyenne malgré une panne d'essence. Pour obtenir
cette victoire, copieusement exploitée par la presse et les annonces publicitaires, Salmson a fait réaliser à partir du moteur à quatre culbuteurs
une version à trois paliers et deux arbres à cames en tête qui permet d'exploiter de façon optimale la culasse hémisphérique de ce petit
groupe. La puissance est ainsi passée de 18 ch à 2.400 tr/mn à 30-35 ch 3.000 tr/mn. La production du premier type Salmson AL, qui vient de démarrer
à la fin de l'année 1921, s'annonce sous les meilleurs auspices. Pour soutenir cette production, Salmson crée un service des courses.
André Lombard dans le prototype AL, victorieux au GP des Cyclecars au Mans en septembre 1921
C'est sous la direction de Jean Heinrich, et de l'ingénieur Emile Petit, que va se développer la nouvelle activité
sportive de la marque, qui donnera naissance aux AL3, des véhicules qui vont bâtir la notoriété de la marque sur les circuits.
Salmson à cette époque n'a qu'un seul véritable adversaire, Amilcar. De 1921 à 1928, les Salmson remporteront 550 courses
dans le monde et battront 10 records du monde. Les nouveaux types de course d'usine, à ressorts semi-elliptiquesà à l'avant,
bénéficient d'un groupe très élaboré qui, outre ses deux arbres à cames en tête (une solution unique dans la catégorie),
présente une distribution à commande de soupapes semi-desmodromique. Les cames sont complétées de contre-cames qui actionnent
des poussoirs cylindriques inversés en les rappelant, de telle sorte que les ressorts de soupapes n'ont que celles-ci à refermer.
On obtient ainsi une fermeture ultrarapide et on élimine le risque de rebond ou d'affolement des soupapes, fréquent à cette
époque où la métallurgie des ressorts n'est pas très performante. Nombreux sont alors les moteurs déjà bien dessinés dont le
régime maximal est limité par la résistance des ressorts de soupapes. Cette solution, associée aux grandes soupapes courtes
symétriquement inclinées, permet d'obtenir plus de 50 ch sans compresseur, rendement excellent à l'époque. Grâce à la légèreté
de l'engin, la vitesse est de l'ordre de 150 km/h. Avec ce type, Salmson se taille un beau palmarès à partir de 1922.
Salmson AL à conduite à droite
4 ans de succès
Aux 200 Miles de Brooklands 1921, Lombard parcourt les
160 premiers kilomètres à 116 km/h de moyenne, mais il casse deux roues et abandonne. Une nouvelle monoplace, équipée
du nouveau moteur de course à double allumage, bat en 1922 à Brooklands le record du kilomètre lancé à 146,4 km/h, après
l'avoir fait à Paris un mois plus tôt. Les quatre biplaces officielles gagnent à Boulogne en catégorie Cyclecars 1100 à 91,6 km/h de moyenne
avec un meilleur tour à 101 km/h, au Grand Prix des Cyclecars au Mans à 98,5 km/h de moyenne, au Grand Prix de France à 97,3 km/h, pour
ne citer que les épreuves principales.
Brooklands 1922, une monoplace et deux biplaces d'usine engagées
Les quatre voitures de 1922 étaient des voitures officielles confiées à des pilotes d'usine. Elles étaient plus élaborées
que les Grand Sport de production à moteur deux paliers, les Grand Sport et les Grand Sport Special, Course ou Grand Prix (à compresseur),
qui étaient aussi des types de production, quoique construits en séries limitées. Ces voitures GSS et GSC n'étaient vendues qu'à des
pilotes privés confirmés ou à des agents de la marque à des fins promotionnelles.
La monoplace de Brooklands 1922, pilotée par André Lombard
Pour les 200 Miles de Brooklands 1922, Salmson fit bien les choses et envoya son ingénieur en Angleterre à bord d'un
avion Salmson 2A2 transformé, avec une cabine fermée, afin de faire un peu de publicité à ses fabrications aéronautiques
fortement ralenties après l'armistice. L'autodrome de Brooklands, au sud de Londres, possédait aussi un aérodrome au centre
de l'anneau de vitesse.
Boulogne 1923, Benoist l'emporte à plus de 101 km/h. La carrosserie des monoplace est signée
Louis Béchereau, créateur des avions SPAD
En 1923, Robert Benoist gagne le Grand Prix des Cyclecars à 105,8 km/h de moyenne, celui
des Voiturettes à Boulogne à 101 km/h de moyenne, à San Sébastian (82 km/h), le GP de France (à 99,2 km/h de moyenne), au meeting
d'ouverture de Monza (104,6 km/h). A ces victoires majeures, il faut ajouter de nombreux succès en côte et sur d'autres circuits.
A partir de 1924, prise par les problèmes de production, l'usine allège son programme et confie des voitures spéciales, plus
proches des types catalogués, à des indépendants qui accumuleront encore les victoires avec des moteurs dotés ou non de compresseur.
En ce qui concerne les automobiles destinées au public, elles évoluent du cyclecars à la berline standard, les voitures devenant
plus cossues, plus large, en adoptant des moteurs assez originaux. Salmson, pour rester fidèle à sa clientèle, et tout en restant
discret, marque son originalité en proposant son moteur à deux arbres à cames en tête, le fameux "2 ACT". Salmson est, à cette époque, le pionnier
de cette technique. Toute la production, de 1926 à 1928, sera constituée de moteurs de ce type. La marque lancera quelques modèles 6 cylindres mais
restera très discrète sur ce secteur.
VAL - GS, GSS
De la AL naît la VAL. En effet, la limite de poids de 350 kg étant difficile à respecter, Salmson proposa carrément une version voiturette,
la VAL, dont le châssis comporte maintenant des cintres avant pour accepter un essieu forgé et des ressorts semi-elliptiques.
Comme l'AL, la VAL 3 est proposée en version sport (à pointe arrière) ou tourisme (avec un petit coffre). Salmson développe la famille AL/VAL
jusqu'en 1929 sous deux formes, les Tourisme/Sport à moteur monoculbuteur et les Grand Sport à moteur à 2 ACT, elles-mêmes déclinées en différentes
versions plus ou moins poussées, série couronnée par les quatre voitures d'usine chargées de promouvoir la marque depuis la saison 1922 et dotées
de moteurs très spéciaux. Dès le printemps 1923, les amateurs de sport, pilotes à leurs
heures, peuvent commander la GS (Grand Sport) à moteur
double arbre deux paliers qui développe en série 27 à 30 ch à 3.300 tr/mn. La boîte standard est à 3 rapports et l'essieu avant est freiné. La
version suivante est la GSS (grand Sport Spécial), dont le moteur (35/40 ch) est à trois paliers (à roulements à billes). Il s'agit cette
fois d'une véritable version compétition. Plus chère et plus performantes, l'AL GSS à 4 vitesses n'est produite qu'à 138 exemplaires. Enfin, pour
les clients privilégiés, agents de la marque et pilotes reconnus, est réservée la version Grand Sport Course à moteur spécial dit San Sebastian
(double allumage et 45/50 ch). Les ultimes et rarissimes version grand Sport Grand Prix sont à compresseur (65/70 ch voire 100 ch au banc pour
les voitures encore plus spéciales). Toutes ces voitures spéciales, produites en très petit nombre, accumulent les victoires en catégories 1.100 cm3.
Salmson GS 1925-1926
Salmson GSS de 1925
Type D - VAL 6 et VAL 7
Salmson produit donc des AL/VAL de tourisme à moteur monoculbuteur jusqu'en 1928 en plusieurs séries, introduisant au fil des années des
freins avant, des châssis plus longs, un pont en acier type banjo, des freins plus grands, etc. Mais depuis 1922, la firme propose un type
de tourisme à 2 ACT, la Type D dite 10 CV, en réalité une 8 CV, pour l'administration fiscale. Lourde et peu performante, la Type D
ne se vendra qu'à 914 exemplaires jusqu'en 1926, la D2 qui suit étant elle-même produite au compte-gouttes. Ces types sont
concurrencés par les VAL 6 et VAL 7 à quatre places et beaucoup moins compliquées mécaniquement. Au total, Salmson aura produit plus de 12.000 voitures de
tourisme et un peu plus de 3.000 types de sport.
Au Mans
En 1923, Salmson engagea aux premières 24 Heures du Mans deux voiturettes VAL qui terminèrent à 70 et 67 km/h de moyenne. En 1926, la marque
remporte la catégorie 1100. En 1927, il s'en fallut de peu que Salmson remporte l'épreuve, terminant 2e au général derrière la seule Bentley rescapée,
qui avit frôlé la mise hors course !
L'après Petit
reconvertie en partie dans l'automobile dès 1919, la Société des Moteurs Salmson a connu une décennie de succès grâce à ses cyclecars et aux types
sport dérivés dotés d'excellent moteurs à culbuteurs ou à deux arbre à cames en tête. On n'en attendait pas moins de la part d'un grand
constructeur de moteurs d'avions pour qui l'automobile reste un secteur secondaire quoique important. A la fin de 1928, alors que la prémière
génération de moteurs conçus par l'ingénieur Emile Petit atteint son apogée, celui-ci quitte la firme à la suite d'un conflit avec la direction
générale à propos de la politique sportive. Malgré ses brillants succès, en vitesse comme en endurance, Salmson abandonne la compétition
en raison des coûts trop importants qu'elle entraîne et malgré une conjoncture encore favorable. A cette date, Emile Petit venait de produire un
fantastique 8 cylindres en ligne à compresseur de 1.100 cm3. C'est pourtant une 6 cylindres dont le moteur double arbre de 1,650 litre de cylindrée
n'était pas signé Emile Petit qui fut exposée au Salon de Paris 1928.
Type S4
En 1928, Salmson oriente donc sa production automobile vers le grand tourisme et propose la S6, la première voiture de la marque avec un arbre à came placé
à l'arrière du moteur. Cependant, dès 1929, après une dizaine d'années de production automobile, Salmson adopte la monoculture avec un type de tourisme de puissance
modeste qui pourtant, cache bien son jeu. C'est ainsi qu'apparaît la S4 en 1929, une 7 CV de 1.300 cm3, construite jusqu'en 1932 et qui donnera naissance
à des modèles qui feront la réputation de la marque, comme les S4C (1500 cm3 8 C) et D (1600 cm3 9 CV), les S4DA et S461 (1700 cm3 10 CV). Cette première
S4 offrait alors de belles performances pour l'époque.
La direction de Salmson choisit de produire un modèle de tourisme de cylindrée moyenne, de la catégorie des 7 CV fiscaux, mais doté d'un beau moteur à
2 AC, une sorte d'aberration dans cette catégorie de prix où la tendance est à la simplification et à la réduction des coûts d'entretien. Après avoir
abandonné le projet très avancé de la 6 cylindres de même architecture, Salmson se contente d'une 4 cylindres, la S4, première voiture d'une famille dont
l'évolution mènera jusqu'en 1950. La grande différence visible entre le nouveau "double arbre" et son illustre prédécesseur est la position de l'arbre vertical
de commande des arbres à cames : à l'avant sur les VAL de 1922 à 1929, à l'arrière sur les S4 et types ultérieurs. En outre, le moteur reçoit un troisième
palier de vilebrequin. Au contraire du moteur de technique très avancé, un 1,3 litre à alésage 65 mm et course de 98 mm, le châssis reste très proche des
types antérieurs, ave des ressorts semi-elliptiques à l'avant, quart-elliptiques à l'arrière, un tube de poussée et réaction, une boîte à 3 rapports, des
freins avant système Perrot (qui ne sont pas les moins coûteux. Mais avec un châssis plus rigide et des essieux mieux guidés, la tenue de route est bien
meilleure, malgré l'étroitesse des voies, que celle des cyclecars précédents. En dépit de son poids (600 kg environ en châssis nu), la S4 est une voiture
brillante en reprise, presque sportive en cabriolet ou coupé, types que propose l'usine parallèlement à la classique conduite intérieure quatre portes.
Produite à 3.500 unités environ de juillet 1929 à fin 1932, la S4 est le seul type au catalogue de la SMS, qui développe alors ses productions aéronautiques.
Mais le marché évolue terriblement vite à partir de 1929 et le gros de la clientèle demande dorénavant des voitures fiables, simples, économiques et confortables.
Salmson va devoir s'adapter, d'autant plus que la crise sabre les amrques sportives et les solutions trop ambitieuses.
Type S4C
En 1932, Salmson présente une S4 plus étoffée en cylindrée comme en dimensions, avec un moteur porté à 1,5 litres (8 CV fiscaux) par augmentation de l'alésage.
Le reste du châssis est semblable au S4, mais l'empattement gagne 13 cm et les voies 8 cm, cotes qui permettent de proposer des carrosseries plus confortables.
Cette notion de confort est servie par de nouveaux amortisseurs plus performants et la sécurité par des freins Bendix auto-serreurs. La S4C bénéficie d'une
boîte à 4 rapports qui améliore encore les reprises, mas sans synchronisation, ni même pignons en prise constante. Elle hérite aussi malheureusement des
pneus 12 x 45 de la S4, déjà archaïques en 1932. Sur la route, la S4C se révèle encore plus performante que la S4, grâce à un moteur plus souple donné pour
41 chevaux réels, valeur exprimée en réalité au régime d'utilisation, soit 3.500 tr/mn, alors que le moteur S4C peut franchir la barre des 4.000 tr/mn. Avec
sa boîte à 4 rapports, la S4C est une voiture vive et brillante en 1933, croissant aisément à 90 km/h et avalant les côtes sans peiner, contrairement aux
autres 7/8 CV de même taille. Présentée au moment où la crise mondiale va frapper l'économie française, la S4C ne sera produite qu'à 1.650 exemplaires en
deux ans, avant de céder la place à un type doté d'un moteur de même architecture mais monté dans un châssis moderne à roues avant indépendantes, la S4D.
Salmson S4C 1933
En mai 1934, Salmson proposa en option une boîte de vitesses électro-magnétique Cotal à 4 rapports, d'un maniement des plus agréables, que la majorité des
clients adoptèrent. La plupart des Salmson (jusqu'en 1957) allaient en être équipées. Fabricant de magnétos pour l'aviation, Salmson en équipa également ses
voitures jusqu'en 137. A partir de la S4C, la magnéto fonctionnait alimentée par la batterie comme une bobine et un distributeur pendant la période de démarrage,
avant de redevenir une pure magnéto quand le moteur était lancé.
Type S4E
La S4E de 1937, n'est pas vraiment la descendante directe des S4 mais la première d'une nouvelle lignée, les 13 CV.
Proposée en coupé, en berline ou en cabriolet, la S4E fut présentée au Salon de Paris de 1937.
Certains disent qu'elle ressemble à la S461, mais cette dernière est sortie après la S4E.
Comparée à la S461, elle est plus longue, plus large et plus grande.
Déjà fragilisé par la crise, la marque compte sur ces modèles pour relancer les ventes. Ce ne sera pas vraiment le cas.
Les S4E sont chères et les performances ne sont pas à la hauteur des espérances, ces dernières étant comparables à celles de véhicules
beaucoup plus abordables. Un manque d'anticipation dans la technique, et l'arrivée de la Seconde Guerre mondiale va mettre à mal les
structures de la marque. La S4E réapparaîtra en 1946, mais en petite quantité. Un fait est évident, le Type de voiture produit par
Salmson ne correspond plus à la demande.
Depuis le début des années trente, les ventes de Salmson sont à la baisse. Malgré les S4, la firme n'arrive pas
à sortir de la crise. L'arrivée de la traction de Citroën et les grèves de 1936 n'arrangèrent pas la situation.
La Seconde Guerre, puis le Plan Pons en 1945 ne va pas permettre à Salmson de sortir de cette impasse. Les usines ont été bombardé
et la production est limitée. résultat, seules trois S4 61 sont commercialisées en 1945, 31 en 1946. Salmson commercialisera
également 20 S4E. Ces voitures ont été légèrement retouchées et adoptent des phares intégrés dans les ailes.
Cataloguée constructeur de produits de luxe, donc futiles, Salmson, de plus, est à l'écart du circuit de répartition des "bons
matières". Bref, tout est difficile. Pourtant, Salmson va réussir à sortir la tête de l'eau, avec de nouveaux modèles, les E72 et G72,
des voitures plus connue sous le nom de "Randonnée". Toujours avec un moteur 13 CV, mais de plus faible cylindrée, ces autos adoptent enfin
des solutions plus adaptées à l'époque, pour la motorisation et la transmission. La conception des caisses, trop lourdes et démodées, reste
archaïque. En 1951, c'est de nouveau la crise et cette fois, les banquiers, principaux actionnaires, sont convaincus que la l'époque de la production
des voitures de luxe en France est révolue et cherchent de fait vendre l'entreprise. Jean Heinrich est alors remercié après 34 années de règne et
en 1951, la liquidation judiciaire est annoncée.
Jacques Bernard, président de Bernard Moteurs avait racheté l'entreprise et la nouvelle direction tentera
de commercialiser huit modèles différents, des anciens et des nouveaux. Tout semble perdu lorsque l'ingénieur Eugène Martin intervient,
le concepteur de la Peugeot 203 Spéciale Martin. Un coach quatre place naît de cette association. Le succès de la voiture est immédiat et
l'espoir renaît. Assemblée chez Salmson, les principaux éléments de carrosserie sont réalisés par le carrossier Escassan. Chapron participera
également à l'aventure. Au final, la G 85 (puis 2300 S) n'a plus rien à voir avec le prototype de Martin. Cette voiture, dans sa version Sportive,
sera engagée dans de nombreux rallyes. En 1954, Jacques Bernard est remplacé par Serge Chellé. A la tête de l'entreprise, c'est le grand chamboulement.
Chellé démissionne, revient, Jacques Bernard s'en va. Un partenariat avec Renault avorte, les concessionnaires Nadaud et Lanchon investissent. Bref,
tout va mal. En 1956, seules 11 voitures sortent des ateliers déserts.
L'ultime 2300 sort de l'usine de Billancourt en février 1957 et en avril, Salmson ferme ses portes.
Seule l'usine de Crest a garder une certaine autonomie et survivra. En 1976, elle devient la
la Société d'Application Mécanique Salmson et travaille en sous-traitance pour l'aéronautique, la construction électrique et l'armement. Thomson devient le
principal actionnaire de l'entreprise.
Héritage
A la mort d'Emile Salmson, les nouveaux actionnaires indemnisèrent la famille Salmson en leur détachant l'activité "Pompe".
Cette dernière est restée longtemps leader mondial dans le domaine de la circulation d'eau chaude et était installée à Laval. En 1984, l'entreprise
Salmson a intégré le groupe Oplaender et, en 1996, fut fondé le groupe Wilo-Salmson qui devient Wilo AG en 2002.