POPE    

Dernière mise à jour : 12/05/2010

Marque à vocation populaire

Petit historique

L'histoire de Pope débute à Boston, après la guerre de Sécession, dans le Nord vainqueur et industriel. Le colonel Albert Augustus Pope, né en 1843, ancien combattant, se reconvertit dans l'industrie en fondant une entreprise, la Pope Manufacturing Company, dont le but consiste à fabriquer toutes sortes d'objets conçus par d'autres, dont Pope rachète les brevets. C'est ainsi qu'il fait fabriquer des bicycles par la société Weed, fabricant des machines à coudre qu'il rachète en 1880, puis des bicyclettes, profitant d'un boom extraordinaire de cette nouvelle branche

Albert Augustus Pope (1843/1909)

Plus homme d'affaires que technicien, pope regroupe en 1899 quarante-cinq marques dans une sorte de trust, l'American Bicycle Company, qui finit par détenir une sorte de monopole sur les cycles. Dans les années 1890, c'est tout naturellement vers l'automobile qu'il se tourne, mais après l'essai malheureux d'un tricycle à essence en 1894, il conclut à l'avenir du véhicule électrique et présente fin 1896 une voiture électrique vendue sous la marque Columbia (comme ses bicyclettes).

L'ingénieur en chef de Pope est Hiram Percy Maxim, fils de l'inventeur de la mitrailleuse, qui lui propose en 1898 une gamme de véhicules électriques allant de la petite deux places au gros coupé de ville. L'état du réseau routier américain à l'époque confine l'usage de l'automobile aux villes et à leur banlieue immédiate et le choix de Pope est tout à fait justifié. Pendant trois ou quatre ans, l'automobile électrique connaît un succès considérable et Pope s'associe avec l'Electric Vehicle Company. Les gros modèles à batteries rechargeables sur les réseaux urbains sont souvent loués au mois ou à l'année par les utilisateurs, hommes d'affaires, médecins et gens du monde que rebute l'automobile à essence, encore trop peu civilisée. Mais, vers 1901-1902, le perfectionnement des voitures à essence laisse entrevoir un possible déclin de la traction électrique, dont les performances stagnent, et Pope n'hésite pas à réorienter ses productions.

Pope-Robinson

Avec les capitaux dégagés par la vente de ses intérêts dans l'industrie du cycle (elle-même en déclin), Pope fonde ou rachète quatre firmes. La première, Pope-Hartford, est créée en 1904 à Hartford, dans le Connecticut, siège de la Pope Manufacturing Company. Elle vivra jusqu'en 1914, dirigée par le frère d'Albert Pope. La Pope-Robinson de Hyde Park, dans le Massachussetts, est le résultat du rachat de la Robinson Motor Véhicle Company, qui intervient dès 1902. Les Pope-Robinson, mises sur le marché en 1903, sont de grosses voitures très chères, construites à l'unité et difficile à vendre. La marque disparaît fin 1904 avec la mort de John T. Robinson, resté à la direction de la firme que rachète David Dunbar Buick. Celui-ci a besoin d'une licence de l'ALAM pour échapper aux foudres de Selden et la Pope-Robinson les détient.

Selden

L'avocat George Baldwin Selden tenta de monopoliser l'invention de l'automobile en déposant une demande de brevet en 1879, retardée jusqu'en 1895. Par ce brevet couvrant un véhicule motorisé par un moteur à combustion interne, Selden entendait percevoir des droits sur toute automobile produite ou importée aux Etats-Unis. Il céda son brevet en 1899 à un consortium formé par un groupe de financiers, qui acheta l'Electric Vehicle Company et s'associa avec Pope. Forts de ce brevet, l'Electric Vehicle et Pope poursuivirent en justice les constructeurs et les importateurs, au point qu'un groupe de constructeurs créa l'ALAM, Association of Licensed Automobile Manufacturers (Association des Constructeurs automobiles licenciés), qui accepta de payer des redevances négociées. Tout constructeur devait adhérer à l'ALAM pour échapper au procès. Avec l'aide de Panhard, Ford s'y opposa. Selden et ses licenciés furent finalement déboutés en 1911.

Pope-Toledo

La Pope-Toledo naît en 1904 sur les reste de l'international Motor Car Company, qui produit la voiture Toledo dans la ville du même nom. La première Pope-Toledo apparaît en 1904, mais la marque disparaît en 1909 dans le naufrage de l'empire Pope.

Pope-Tribune

Pope-Tribune 6 HP

Rêve brisé

La Pope-Tribune, créée en 1904 dans une usine de cycles et dirigée par un fils du colonel, Harold Pope, est la plus petite et la moins chère des voitures Pope. Si les grosses Pope-Robinson coûtent entre 4.500 et 6.000 $ et les Hartford un peu moins, la première Pope-Tribune est vendue à 650 $. C'est un Runabout, une voiturette à moteur monocylindre de moins de 1 litre de cylindrée donnant 5-6 ch. avec une transmission par arbre. Elle est comparable à la De Dion Populaire et, comme elle, ses deux places limitent son succès commercial. En 1905, une bicylindre est ajoutée, puis une 4 cylindres est proposée en 1907, tandis que les mono et bicylindres disparaissent. Un an plus tard, l'apparition de la Ford Model T condamne à mort ces petites marques non rentables.

   

Pope-Tribune, exposée au National Motor Museum de Beaulieu (G-B), exemplaire unique en Europe