PIERCE ARROW    

Dernière mise à jour : 14/04/2010

L'Excellence...

  

Petit historique

Georges N. Pierce (1846/1911)

Quel est le point commun entre l'empereur Hirohito du Japon, le Shah d'Iran, John D. Rockfeller, Gingers Rogers, Charlie Chaplin ou le roi Ibn Saud d'Arabie Saoudite. L'argent, bien sur, mais aussi d'avoir possédé un modèle de la marque Pierce Arrow, voiture raffinée recherchée par la clientèle de luxe. Pierce sera aussi l'une des premières marques à fournir les voitures présidentielles américaines, en 1909, sous l'administration de William Howard Taft.

Né en 1846, Georges N. Pierce arrive à Buffalo à 17 ans et entre à la "Gesellgen, Heinz & Co". Il fabrique des accessoires domestiques, réfrigérateurs, baignoires et, cages à oiseaux. Associé aux fondateurs de l'entreprise en 1873, son nom apparaît pour la première fois dans une raison sociale, la "Heinz, Pierce et Munshauer Company". Cinq ans plus tard, il vend ses parts et fonde sa propre entreprise. C'est à cette époque qu'il fabrique, à côté des cages à oiseaux, ses premiers vélos et tricycles, une production qui sera sa seule activité jusqu'en 1895. Rappelons que tous ces produits étaient fabriqués artisanalement, à la main. Cela le même directement à sa première automobile. C'est en 1901 que la Pierce Motorette sort des ateliers de la Pierce Arrow Motor Car Company de Buffalo, dans l'Etat de New York. Cette première automobile utilise un moteur copié sur le monocylindre français De Dion-Bouton. L'essor viendra lorsque William Howard Taft, président des Etats-Unis, loue deux Pierce Arrow pour les déplacements officiels, les premières voitures présidentielles, un landaulet et un Boughram.
A partir de 1906, les Pierce adoptent le 6 cylindres (la Great Arrow 65 HP est l'une des première à recevoir l'un des tout premiers 6 cylindres américains) et la marque, très convoitée, fournira des voitures de prestige à une clientèle ciblée composée de chefs d'états, de gros industriels ou d'hommes politiques. Georges N. Pierce ne verra pas cet essor, il s'éteint en 1911. Avant cela, la marque avait changé de nom pour devenir celui de Pierce Arrow (1908). Les modèles vont vite se succéder, du Model 66 de 1911 à la première V12 en 1931. Au cours de cette période, la firme qui produisait les voitures les plus chères du pays n'arriva pas à décoller vraiment et, mal en point, devra son salut à Studebaker qui incorpora Pierce dans son giron. La crise de 1929 va cependant empêcher la remise à flot de l'entreprise. En 1933, Pierce Arrow Motor Car Company devient la Pierce Arrow Corporation.
V 12

   

En 1929, la firme présente les gammes types 133 et 143, animées d'un 8 cylindres en ligne de 125 ch, qui connaissent un succès immédiat et inespérré. En effet, la perte de 2 millions de dollars enregistrée à l'issue des saisons 1927-1928 fait place à un profit de 2,5 millions de dollars pour l'année 1929, grâce à la vente de 9.700 unités. Malheureusement, l'écroulement de la bourse de Wall Street en octobre a des effets immédiats sur les résultats d'une firme aux moyens fragiles comme Piere Arrow, qui n'offre de surcroît que des produits typés haut de gamme. Certes les ventes sont en recul de 19 % en 1930 (6.795 exemplaires), mais la baisse est bien moindre que des principaux concurrents (37 % pour Packard et 39 % pour Cadillac). Afin de se mettre à niveau face à ces mêmes compétiteurs, à la fin de la saison 1931, un magnifique 12 cylindres en V, un modèle de souplesse et de silence de fonctionnement dessiné par l'ingénieur maison, Karl M. Wise. La mécanique, aux soupapes latérales, est prévue en deux cylindrées : 6.527 cm3 et 7.035 cm3. La version basse est finalement abandonnée en 1932, car elle n'apporte pas un gain de puissance notoire comparée aux 8 cylindres toujours disponibles au catalogue. Dans le but de supprimer tous les bruits parasites, la mécanique est greffée sur le châssis à l'aide de huit tampons de caoutchouc. La course à la puissance est en marche. En 1933, la cylindrée du V12 grimpe à 7.577 cm3. 175 ch sont alors disponibles. des poussoirs hydrauliques, un starter automatique et une assistance au freinage sont également ajoutés.
Silver Arrow V12

Pour l'exercice 1932, les comptables de l'entreprise annoncent avec angoisse un nombre d'immatriculations de Pierce Arrow très faible (2692), ce qui équivaut à une perte de 3 millions de dollars. Alors que la firme lutte pour sa survie, le directeur commercial Roy Faulkner se voit proposer par Phil Wright, un jeune styliste de la maison, un projet décalé d'une Pierce Arrow d'avant-garde, un véritable "show-car" en somme. Wright n'est alors âgé que de 25 ans, mais il possède déjà une grande expérience de dessinateur automobile, acquise chez les carrossiers Union City et Murphy, puis au sein des studios de la General Motors. Déboussolé par cette mauvaise période persistante, Faulkner répond : pourquoi pas ? Le chef des méthodes de chez Studebaker, James R. Hughes, sélectionne alors un châssis de 354 cm d'empattement en faveur du projet. Le temps presse, car la voiture doit être exposée au Salon de New York de janvier 1933.

Une des cinq Pierce Arrow Silver Arrow V12 fut utilisée comme voiture officielle lors de l'expédition Canada-Mexico de 1933.
Phil Wright définit les lignes modernes de la voiture, qui se caractérisent tout d'abord par l'absence d'ailes avant marquées. Totalement lisses, les ailes accueillent des coffres de chaque côté, dans lesquels sont dissimulées les roues de secours. Autre idées novatrices : les poignées de portes noyées dans un creux et l'absence totale de marchepieds. les phares juchés au sommet des ailes restent un "gimmick" esthétique de la marque depuis 1911, mais, cette fois, la forme se prolonge sensiblement dans la ceinture de caisse. Cette dernière est dominée par un pavillon très plongeant, qui termine cette partie de la voiture rétrécie en largeur. La lunette arrière, placée en hauteur, est d'un curieux dessin en boomerang, divisé en deux parties. La sculpture d'un archer bandant son arc, emblème traditionnel de la maison de Buffalo, surplombe une majestueuse calandre chromée inclinée. Sur un châssis de 3.530 m, dotée d'un moteur V12 de 7,5 litres développant 175 Ch., la Silver-Arrow, atteint des sommets de raffinement et de perfection dans sa conception. Ses finitions sont à la hauteur avec du bois laqué à profusion. Les voitures sont construites selon les désirs des clients, ce qui implique qu'il n'y eut pratiquement aucun modèle identique. On ira même jusqu'à dire que la peinture de la carrosserie des cinq voitures était différente, quelques nuances devait les différencier. On comprend mieux les raison du coût prohibitif des Silver-Arrow. Ce coup de projecteur aussi prometteur qu'éphémère ne suffit pas à sauver de la faillite une des plus célèbres marques de prestige des Etats-Unis. L'investissement engagé pour la Silver Arrow (Flèche d'argent) fut si important qu'il plongea les comptes de l'entreprise dans une spirale infernale, au point que Studebaker sera obligée de brader l'entreprise pour ne pas sombrer lui-même au cours de cette même année. La production de la saison 1936 tous modèles confondus ne fut plus que de 787 exemplaires. La liquidation judiciaire est ordonné le 11 avril 1938. Seuls cinq exemplaires de la Pierce Arrow Silver Arrow furent finalisés au sein de l'usine Studebaker et quittèrent les ateliers contre une somme de 10.000 $. Un tarif exorbitant en 1933, qui correspond par exemple à l'achat de quarte Packard Eight.

Pierce Arrow "Silver Arrow" 1933
Ixo
En 1933, la pierce Arrow Silver Arrow n° 3 est exposée à la Foire International de Chicago, où elle fait sensation, en compagnie d'autres prototypes de légende tel que la Cadillac V16, à la carrosserie aérodynamique, ou la conduite intérieure Packard, dessinée par Dietrich. A cette époque, le catalogue de la gamme Pierce Arrow 12 indique : "le seul bruit parasite que l'on perçoit à bord de la voiture lancée à pleine vitesse demeure le tic-tac de la montre."
Aujourd'hui, quatre des cinq Silver Arrow construites sont encore en vie, choyées au sein de colelctions privées américaines.

Silver Arrow V8
Majestueuse, futuriste, la Silver-Arrow aura donc une vie éphémère dans sa configuration V12. En 1934, Pierce Arrows produira 38 exemplaires de la Silver-Arrow, mais ce sont des voitures différentes, avec marchepieds et surtout, à moteur 8 cylindres en ligne. Elles n'ont pas, comme les aînées, autant d'accessoires et d'innovations, mais elles reçoivent toutefois une finition exemplaire.