
LE ZEBRE

Dernière mise à jour : 12/05/2010
Une voiturette fort sympathique...

Petit historique
On doit la création de la voiture Le Zèbre à Jules Salomon, jeune ingénieur des Arts et Métiers ou il côtoya entre autre le
célèbre Beau de Rochas, pionnier du moteur à combustion. C'est en entrant chez
Georges Richard qu'il rencontre Jacques Bizet. Les deux hommes ont des
ambitions communes, être célèbres. Pour cela, il passeront par l'automobile.
Au début du siècle, alors que l'automobile n'a qu'une quinzaine d'années d'existence, le problème du
prix de vente des véhicules est déjà d'une acuité formidable. Les français trouveront dans la Le Zèbre
une sorte de "minimum" bien sympathique. En 1910, une Le Zèbre complète, avec carrosserie et pneus,
ne coûtait que 2.680 francs. Le budget d'entretien annuel, si l'on en croît la revue La Vie Automobile
du 25 février 1911, revenait à 8 centimes du kilomètre, pour une moyenne de 20.000 km par an.

Jules Salomon (1870/....)
Jules Salomon, fils de cafetier, diplômé de l’Ecole de
commerce et d’industrie de Bordeaux, est né à Cahors en 1870. Il échouera à l'examen d'entrée à l'école des Arts et métiers,
et débuta sa carrière au sein des Etablissements Rouart frères, spécialisés dans la fabrication de moteurs. C’est là qu’il
rencontra Beau de Rochas, l’inventeur du cycle à 4 temps, un pionnier du moteur
à combustion interne. Beau de Rochas va l’initier aux rudiments de la mécanique
et Jules Salomon va aller de société en société pour approfondir ses
connaissances. C’est ainsi qu’il entrera chez Delaunay-Belleville, mais pour
deux heures seulement. C’est le contrat le plus court de sa carrière. Après
plusieurs autres entreprises, il arrive chez Georges Richard, constructeur de
voitures électrique, puis à moteur essence. Chez Georges Richard, il rencontre
Jacques Bizet, fils du célèbre compositeur. Les deux hommes sympathise et se
trouve une ambition commune, devenir célèbres. A cette époque, Bizet songe à
construire une voiture qui porterait son nom et propose sa conception à
Salomon, qui accepte le défi.
Selon certains, Jules Salomon aurait étudié la le Zèbre pour en construire
qu'un seul exemplaire destiné à son usage peronnel. C'est la rencontre avec des financiers qui le poussera
à devenir industriel.
Jules Salomon va investir son temps et ses économies dans son nouveau projet. Un projet un peu fou,
puisqu'il s'agit de construire une voiture minuscule, à une seule place, et dont le moteur ne comporterait qu'un seul cylindre. Salomon
s'insurge alors contre les voitures "à tout faire", qui ne répondent en fait à aucun besoin particulier. Selon lui, rouler seul dans
une voiture à six places relève de l'ineptie, un jugement qui, loin d'être idiot, présente aujourd'hui des résonances d'une actualité
brûlante, les jours d'embouteillage.

La pancarte dit, en montrant le cheval : "Je cours trois fois plus vite, je mange deux fois moins... que lui."
Pour ne pas contrarier son patron, puisque Salomon finalise son projet dans les ateliers de la marque devenue Unic,
la voiture portera un nom ne faisant référence ni à Salomon, ni à Bizet, ni à Unic. Elle portera le nom de "Le Zèbre".
La "Le Zèbre" sera fabriquée par la société "Bizet constructions", qui deviendra, en 1911, la "Société Anonyme des
Automobiles Le Zèbre". Jacques Bizet et Jules Salomon quittent alors Unic pour s'installer dans le 17e arrondissement
de Paris. C'est à ce moment qu'interviennent deux nouveaux actionnaires, Emile Akar et Joseph Lamy.
Dès sa sortie en 1909, la nouvelle Le Zebre rencontre un beau succès.
La petite "le Zebre" Type A sera produite dès 1909 et, malgré ses dimensions, n'est pas un cylcecar mais une
véritable voiturette. Dotées de bonnes performances, avec un prix attractif, elle va vite être appréciée par
une clientèle populaire. Baudry de Saunier, le plus grand des journaliste automobile de l'époque, fera de son côté un
article fort élogieux qui fera une grande publicité au modèle. Fort de son succès, ses créateurs proposeront,
dès 1912, une Type B 10 CV, plus puissant et plus imposant, et disposant de quatre vraies places.


Quand le Zèbre décida de construire une voiture au moindre coût, il n'était pas question de tromper le client sur la qualité de
la marchandise. Il était juste question d'élaborer une auto simple, simpliste même, mais qui possédait suffisamment de
qualités pour que le client ne regrette pas son achat. Et comme la composante d'une voiture qui demande le plus de
travail et d'étude, c'était le moteur, la première Le Zèbre n'était pas aller chercher son bonheur dans les multicylindres. Elle
n'en avait qu'un, et c'était bien suffisant. Pour reprendre la formule de Charles Faroux, un éminent chroniqueur automobile de
l'époque, la Le Zèbre apparaît "comme un zèbre docile et dressé, rapide et d'une sobriété camélique".

Le moteur de la Le Zèbre est donc un monocylindre en fonte à refroidissement liquide? il ressemble à s'y méprendre au
monocylindre De Dion-Bouton, dont l'usage s'est répandu depuis la fin du XIXe siècle. Il faut dire que tous les moteurs
de ce type ont été plus ou moins copiés sur ce dernier, qui garde une énorme avance sur les autres. Les deux soupapes
de ce moteur, placées côte à côte, sont commandées par une seule came. L'allumage se fait à l'aide d'une magnéto haute tension
de marque Bosch. Quant au carburateur, en bronze, il se trouve du côté opposé aux soupapes. Sur la Le Zèbre, pas de pédales
d'accélérateur mais une manette de commande des gaz fixée sur le volant. Le graissage, dit à huile perdue, s'effectue
manuellement. A la moindre difficulté, comme une côte abrupte, il faut ajouter du lubrifiant dans le carter moteur. Le
refroidissement est assuré par un radiateur d'eau situ à l'avant et l'embrayage est constitué par des plateaux de
friction métalliques. La boîte de vitesses comporte 2 rapports, auxquels s'ajoute une marche arrière. A voiture minimaliste
boîte de vitesses minimaliste : la 1re est faite pour démarrer, la 2e pour rouler en palier? La direction est du type à vis
sans fin sur un secteur denté. Quant aux freins, ils sont au nombre de trois, agissant sur les roues arrière et sur la
transmission. Enfin, la voiture Le Zèbre innove aussi dans le domaine industriel, puisque Jules Salomon est alors
l'un des rares constructeurs à livrer ses voitures entièrement carrossées et non en châssis. Cela évite que le client
fasse habiller son automobile d'une façon peu esthétique ou inappropriée (une carrosserie de sept ou huit places sur une
6 ou 8 CV, par exemple) et fasse ainsi du tort au constructeur.

Jules Salomon, créateur de la 5 HP Citroën...
Les ventes des deux modèles "Le Zèbre" permet à la firme de se développer rapidement. Au cours de la Première
Guerre, dès 1915, l'armée commandera une quarantaine de véhicules par mois à la firme, ce qui lui permettra de poursuivre
ses activités dans de bonnes conditions alors que d'autres entreprises devront stopper la production d'automobiles
pour celle d'obus. Malgré l'euphorie, les tensions internes commencent à voir le jour entre Salomon, forcené du travail,
et Bizet, à la vie dissolue. A la fin du conflit, Salomon quitte l'entreprise et rencontre André Citroën, qui, à l'époque,
est à la recherche d'un projet de petite voiture. Le projet des ingénieurs Citroën, Arthault et Dufresne, sera donc
développé sous la férule de Jules Salomon. Ce projet donnera naissance à la Type A et à la célèbre 5 HP, mise au point
avec Edmond Moyet et plus connue sous le nom de "Trèfle". Jules Salomon quittera ensuite la marque aux chevrons pour
Peugeot en 1926, puis Rosengart en 1929. Il s'éteindra après une longue retraite bien méritée, en 1963 à Suresnes.

Edmond Moyet rencontrera André Morel qui le mettra en relation avec Emile Akar et Joseph Lamy. Ces derniers délaisseront alors
la firme "Le Zèbre" et Jacques Bizet pour aller fonder la firme Amilcar.

