LA FAYETTE    

Dernière mise à jour : 12/05/2010

Le luxe de Charles Nash...

Petit historique

En 1920, une nouvelle marque voit le jour au Etats-Unis. Après Cadillac, c'est au tour de La Fayette de prêter son nom à une automobile.

D. McCall White

La Compagnie La Fayette Motors Corporation est fondée à l'origine par un britannique francophile, Donald McCall White. Ingénieur diplômé du Royal Technical Collège de Glasgow, il a démarré sa carrière chez Daimler et chez Napier, avant de rejoindre Détroit en 1914 et d'intégrer la division Cadillac. McCall White est présent au moment de la conception du premier V8 de Cadillac, un moteur d'une importance historique pour la marque de la General Motors. Les talents du britannique semblent unanimement appréciés et reconnus, puisqu'il est nommé ingénieur en chef du bureau d'études Cadillac en 1918. Anciennement directeur de la GM de 1912 à 1916 et désormais constructeur, Charles Nash va encourager WHite à mettre en valeur ses brillantes ides en créant sa propre marque.

Charles Warren Nash (1864/1948)

Charles Nash, qui propose déjà des voitures à son nom, désire à cette époque commercialiser des voitures plus luxueuses en complément des siennes. Il recrute alors des hommes chez Cadillac pour arriver à ses fins et former sa nouvelle équipe, dont fait partie McCall White. Ainsi naît la nouvelle firme baptisée La Fayette, grâce à l'aide financière de Charles Nash. Ce dernier officie alors en tant que président, White étant nommé vice-président. Des locaux industriels situés à Mars Hill, dans la banlieue d'Indianapolis, sont destinés à abriter la production des automobiles La Fayette.

Premier modèle

La production est prévue pour démarrer dès le début de la saison 1920, avec 5 à 15 voitures par jour. Une prévision irréaliste. Les premiers exemplaires ne quitteront l'usine qu'en août de la même année. Influencé par son passage chez Cadillac, White choisit pour la nouvelle Lafayette une mécanique à 8 cylindres en V d'une conception très proche de celle du V8 de la marque de Detroit. White utilise toutefois des alliages sophistiqués, comme par exemple des soupapes en acier tungstène. Le vilebrequin à cinq paliers autorise des vitesses élevées et ne pèse que 14 kg. L'arbre à cames est entraîné par une chaîne "silencieuse" lubrifiée sous pression. Une autre chaîne anime le ventilateur, le distributeur et la dynamo, rendant inutile une courroie. Le refroidissement de la mécanique est assuré par une pompe à eau classique, mais la calandre est munie de volets thermostatiques. Les performances sont impressionnantes. Il faut dire que la puissance affichée de 95 ch. est exceptionnelle en 1921. la Chrysler haut de gamme Imperial, en comparaison, disposera de 92 ch. qu'en 1926. Si la construction et le stylisme ne peuvent prêter le flanc à la critique, les tarifs pratiqués sont en revanche irréalistes, et la machine se vend mal. Seules 1.260 La Fayette seront livrées entre 1920 et 1922.

La Fayette 134
En juin 1922, Charles Nash prend les choses en mains et, après l'apport de 500.000 $ au capital, il devient le seul maître de la compagnie. Les prix de vente sont ramenés à 5.000 $ pour les carrosseries découvertes et 6.500 $ pour les berlines.

La Fayette LF 1922 93 Ch.
Le premier catalogue La Fayette comprenait 7 modèles, dont une torpédo sept places, un roadster tarifé 5.625 $, une conduite intérieure valant 7.400 $ et une limousine coûtant 7.500 $. Le châssis nu s'échangeait contre la somme de 4.750 $. Il s'agit de sommes considérables pour l'époque, bien au-dessus des prix pratiqués chez Lincoln, ou Packard, et de 2.000 $ supérieurs à ceux pratiqués chez Lincoln. En 1921, avec un peu plus de la moitié du prix d'une La Fayette, on peut devenir propriétaire d'une habitation munie de trois chambres dans un quartier résidentiel.

Fin

L'usine déménage de l'Indiana au Wisconsin, à Milwaukee, mais les résultats commerciaux restent décevants. 1.007 La Fayette sont assemblées entre 1923 et le printemps 1924. En conséquence, le 15 septembre 1924, les actionnaires décident la dissolution de l'entreprise. Dès le mois de mai 1926, les ateliers sont reconvertis à la production de l'économique Nash Ajax Six, qui s'avéra également un échec cuisant. De 1920 à 1924, La Fayette a tenté de s'imposer parmi l'élite de la construction automobile américaine. Le produit est de grande qualité mais la survie d'une telle entreprise, déjà économiquement délicate pour des marques soutenues par des puissants groupes généralistes tels que Lincoln (Ford), Cadillac (GM) ou Imperial (Chrysler), est devenue compromise pour des constructeurs indépendants à la trésorerie limitée. Il faut savoir que si La Fayette assemble 2.267 automobiles en quatre saisons. Cadillac en fournit 65.000 durant la même période. Dès le milieu des années vingt, des firmes comme Haynes, Dagmar, Chandler, Locomobile, Owen magnetic ou Stears Knight sont en difficulté. La grande crise de 1929 viendra mettre un terme à bien des activités dans ce secteur comme dans tant d'autres. Nash rachètera les locaux en 1924 et la société sera dissoute.

En 1934, et jusqu'en 1938, la Nash Motors Company utilisera de nouveau l'appellation La Fayette, avec cette fois plus de réussite, en faveur d'une gamme de base de son catalogue, animée d'un 6 cylindres en ligne.

Histoire

Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette (1757/1834)

Marie Joseph Paul Yves Roch Gilbert du Motier, marquis de La Fayette, était un noble français admirateur des principes de "liberté, égalité, fraternié", bien avant la naissance de la République. Il séjourna en Amérique en 1777 et offrit ses services à la jeune nation en rébellion. Il fut blessé à Brandywine, commanda une division à la bataille de Monmouth et se distingua à Yorktown. L'entrée en guerre des Etats-Unis, le 6 avril 1917, marqua un tournant dans la première guerre mondiale et le début de la fin pour les armées allemandes. Un corps expéditionnaire est envoyé en France, aux ordres du Général John J. Pershing. Le 4 juillet 1917, une commémoration de l'amitié franco-américaine est organisée. Charles E. Stanton, membre de l'Etat-Major américain, est envoyé par le Général Pershing en ce jour de fête nationale des Etats-Unis, pour marquer la reconnaissance des Américains envers celui qui les avait soutenus lors de la guerre d'indépendance. Il déclara alors, sur la tombe du Marquis de La Fayette, au cimetière Picpus à Paris : "La Fayette, we are here", en français "La Fayette, nous voilà". ces mots seront encore repris lors du débarquement des troupes américaines en France en 1944.