CITA-JENATZY
Dernière mise à jour : 15/05/2010
Recordman
Petit historique
Après avoir cherché à rendre les premières automobiles fiables, les pionniers se sont préoccupés de performances
de vitesse, qui assureraient leur renommée. Avec son bolide électrique, la Jamais Contente, Camille
Jenatzy décida de tenter de
franchir la barre des 100 km/h. Grand pilote du début du siècle, ses victoires en compétition restent méconnues mais son nom reste
synonyme d'exploit.
Camille Jenatzy (1868/1913)
Camille Jenatzy est né en 1868 à Schaerbeek, en Belgique. Fils d'un fabricant d'objet en caoutchouc, notamment de pneus. Ingénieur, il s'intéressa à
la fin de ses études à la traction électrique pour les automobiles. Ingénieur, cette passion pour l'électricité va faire de lui l'un des pionniers
de l'automobile propulsée par ce type d'énergie. Arrivé à Paris, il adapte cette motorisation sur des fiacres hippomobiles. Il va également
diriger la Compagnie Générale des Transports Automobiles, la Cita, autrement dit des taxis électriques.
Par la suite, dans ses efforts de publicité, il construit un bolide en forme d'obus qui va lui permettre d'entrer dans l'histoire de
l'automobile.
C'est
en novembre 1898 que Paul Meyan, directeur du périodique La France Automobile,
lance l'idée d'une épreuve de vitesse chronométrée qui se déroulerait sur une
ligne droite sans obstacles. C'est donc une piste de 2 km de long du côté
d'Achères, une commune des bords de Seine, qui est choisie pour ce défi.
En janvier 1899, il va
se lancer dans série de défis et disputer au comte Gaston de
Chasseloup-Laubat la conquête du record de vitesse.
Entre les années 1895 et 1905, les voitures propulsées par l'électricité possède de farouches partisans, comme Charles Jeantaud ou Lucien Krieger,
et bien sur Camille Jenatzy. En 1898, Jeantaud présente un taxi électrique à deux places, encore très hippomobile dans sa carrosserie. Le plus
étonnant est la position du chauffeur, perché au dessus de l'habitacle. Avec une certaine effronterie, quelques journalistes de l'époque n'imaginent
pas un instant que le fiacre à moteur à essence de pétrole puisse être exploité sur une grande échelle dans une grande ville. Mais si les arguments tels que
l'absence de mauvaises odeurs ou encore le silence de fonctionnement sont
éminemment défendables, la brève vie des accumulateurs , synonymes d'une faible
autonomie, reste l'écueil majeur. Signalons toutefois que, d'après certains chroniqueurs mondains de l'époque, l'absence de fumées nauséabondes
des "électromobiles" séduisent davantage les jolies femmes. C'est dans cette ambiance générale que le directeur du périodique "La France Automobile", Paul Meyan,
dans le numéro daté du 28 novembre 1898, évoque l'idée d'une épreuve de vitesse chronométrée qui se déroulerait sur une ligne droite sans obstacles.
Achères
La longue ligne droite d'Achères
Le tronçon de 2 km de long servant de piste est déniché à Achères, une paisible commune des bords de Seine au nord-ouest de la capitale. Le premier
à relever le défi est le jeune Comte Gaston de Chasseloup Laubat. Enthousiasmé dans un premier temps par le principe de la vapeur, il est devenu
rapidemment un défenseur acharné du tout électrique. L'aristocrate répond au défi lancé par Paul Meyan en s'installant le 18 décembre 1898 aux commandes d'une
Jeantaud dont le moteur, évidemment électrique, développe 40 chevaux, une puissance transmise aux roues arrière par l'intermédiaire de chaînes.
L'engin pèse 450 kg, sa carrosserie rudimentaire fait preuvenéanmoins d'une certaine audacepuisqu'elle est profilée en entrave à l'avant et en pointe à
l'arrière. Chasseloup Laubat atteint la vitesse de 63,154 km/h, battant ainsi la plus rapide des automobiles à moteur à pétrole, une Amédée Bollée
qui a atteint les 57,142 km/h. C'est le premier record de vitesse officiel enregistré dans l'histoire de l'automobile.
Comte Gaston de Chasseloup-Laubat et Camille Jenatzy sur son premier engin
Le record ne tiendra guère longtemps. Le plus sérieux des adversaires de Monsieur le Comte est Camille Jenatzy, lui aussi ardent défenseur de la
locomotion électrique. Ce citoyen belge d'origine polonaise s'élance le 17 janvier 1899 et est chronométré à 66,684 km/h. Peu de temps après, Chasseloup Laubat
décide de reprendre le volant de sa voiture et de retenter sa chance. Cette fois, il atteint les 70,585 km/h, annulant de fait le record de Jenatzy.
Compétiteur, Camille Jenatzy, privé de son record, ne va pas en rester là. Il revient à Achères, s'élance une nouvelle fois sur la grande ligne droite et
affiche cette fois une vitesse de 79,995 km/h au bout des deux kilomètres.
Les records tombent
En peu de temps, les records tombent. Chasseloup Laubat, le 4 mars , lance a
machine à son tour et réalise 92,302 km/h. Le chiffre magique des 100 km/h
n'est pas loin, à portée des deux candidats. La tension monte. Motivé, Jenatzy, surnommé alors "Le Diable Rouge", prépare une nouvelle voiture, de
technologie autrement rudimentaire. En effet, contrairement à la dernière voiture, le moteur entraîne directement les roues arrière, sans passer
par des chaînes ou un différentiel. En revanche, le châssis s'habille d'une étrange carrosserie d'une forme on ne peut plus aérodynamique, celle d'un obus.
La carrosserie de cet engin, à propulsion électrique par batterie Fulmen (80 éléments) et deux moteurs Postel-Vinay placés entre les roues, est confectionnée
en partinium, un alliage dont les caractéristiques sont très proches de celles de l'aluminium. Le 29 avril 1899, le pilote belge s'installe dans le
compartiment de conduite rudimentaire de sa machine, dont le nom est parfaitement choisi pour une automobile de records, la "jamais Contente". Dans une
position plutôt étrange, haut perché, le buste en avant, dominant la route, Camille s'élance sur sa machine pesant 1,5 tonnes, les batteries d'accumulateurs
représentant près de la moitié du poids total. Il atteint la vitesse de
105,879 km/h. Il entre ainsi dans l'histoire de l'automobile comme le premier homme à avoir franchi la barre mythique des 100 km/h en automobile.
Cita 25 "Jamais Contente" 1899
Brumm
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La "Jamais Contente" de l'époque
et sa réplique de 1934 du Musée de l'Automobile de Compiègne
Camille Jenatzy, le 29 avril 1899, célébrant son record.
Le soir même, le Comte Casseloup Laubat et son ami Jeantaud annoncent qu'ils ne s'opposeront pas à ce record historique.
Récapitulatifs des records
Dimanche 18 Décembre 1898
63,154 Km/h sur une Jeantaud par le Comte Gaston de Chasseloup-Laubat.
Mardi 17 Janvier 1899
66,664 Km/h sur une Jenatzy par Camille Jenatzy.
Mardi 17 Janvier 1899
70,585 Km/h sur une Jeantaud par le Comte Gaston de Chasseloup-Laubat.
Vendredi 27 Janvier 1899
79,985 Km/h sur une Jenatzy par Camille Jenatzy.
Samedi 4 Mars 1899
92,307 Km/h sur une Jeantaud profilée par le Comte Gaston de Chasseloup-Laubat.
Samedi 29 Avril 1899
105,882 Km/h sur la jamais contente par Camille Jenatzy .
Serpollet détrône Jenatzy
En 1902, Léon Serpollet (1858/1907), pionnier lui de la locomotion à vapeur, battra le record de Jenatzy en atteignant les 120,771 km/h. En 1905, une
Darracq pilotée par Victor Hémery, propulsée par un impressionnant V8, à essence cette fis, sera chronométrée à 176,420 km. Sa puissance était toutefois de
200 chevaux, 96 de plus que celle de Serpollet. La Jamais Contente ne disposait que de 68 chevaux.
Réplique
Une réplique fidèle de la
"Jamais Contente" a participé au centenaire du record en 1999, à l'endroit même
de l'exploit du pilote belge, a Achères. La voiture est une réplique construite
grâce aux efforts de Christian Wannym, du Lion's Club, du Musée Automobile de
Compiègne et de l'Institut Universitaire de Technologie de cette même ville. Des
maisons bien connues en matière d'électricité automobile, telles que Fulmen et
Leroy Sommer, ou le manufacturier de pneumatiques Michelin, ont participé à la
construction de ce double, qui a duré cinq années. Le 8 avril 1934, la voiture
fit son entrée au sein du Musée. La municipalité d'Achères à fait installer une
stèle sur les lieux de l'exploit, afin de commémorer l'évènement. Aujourd'hui,
la vitesse sur la fameuse ligne droite est limitée à 50 km/h.
L'après
Après la mort de son père, Jenatzy du reprendre la manufacture de caoutchouc de ce dernier. Cela ne
l'empêcha pas de rester un excellent pilote. Après son record de vitesse, il
s'illustra sur Pipe, Mors et Mercedes. En 1903, il remporta la Coupe Gordon
Bennett en Irlande, après un sacré duel avec la Panhard de Barre de Knyff.
En 1909, il atteindra 200 km/h à Ostende à bord d'une Mercedes.
Camille collabora également à la construction de moteurs pétroléo-électrique en
1901 par transformation d'une Mors, puis à la FN ou, pour le compte du Baron de
Caters, il contribuera à la sortie d'une grosse voiture de ce type destinée aux
courses de vitesse. Des voitures seront encore fabriquées sous le nom de Jenatzy-Martini à Liège.
Malheureusement, il s'éteindra tragiquement le 8 décembre 1913 à Habay la Neuve, victime d'un
accident de chasse, à l'âge de 45 ans.