HAYNES    

Dernière mise à jour : 30/05/2010

Pionnière américaine...

Petit historique

Elwood Haynes (1857/1925)

Issue de la brève liaison Haynes-Apperson, marque pionnière américaine qui remonte à 1894, Haynes a survécu jusqu'en 1925 malgré des prix élevés et la forte concurrence de puissantes firmes comme Packard ou Pierce Arrow.
Elwood Haynes est né en 1857 à Portland, dans l'Indiana. A 15 ans, il a déjà l'esprit tourné vers la science et invente un petit appareil pour produire de l'oxygène. En 1886, il est reconnu et peut alors s'investir dans les affaires. En 1890, il est devenu le directeur général de la Natural Gas and Oil Company de Kokomo, dans l'Indiana. La firme exploite des gisements de pétrole et de gaz naturel. Il acquiert auprès des frères Elmer et Edgar Apperson, propriétaire d'un petit atelier de mécanique à Kokomo, un petit moteur de bateau en vue de construire un chariot automobile de type "buggy" (à grandes roues). De leur travail commun naît en 1894 un véhicule.

Elwood Haynes dans sa première automobile en 1894

Premières voitures

En 1898 naît la firme Haynes-Apperson, dont les fabrications automobiles rencontrent un grand succès. En 1901, la mésentente entre les pionniers débouche sur la fondation de l'Apperson Brothers Automobile Company. En 1902, Haynes fonde alors sa propre affaire, qui produit encore des voitures sous la marque Haynes-Apperson jusqu'en 1905. Sous la seule marque Haynes, la production s'oriente vers des 2 puis des 4 cylindres de forte puissance. Ces fabrications de qualité font de la Haynes une voiture chère réservée à une certaine élite et qui entre en concurrence avec les marques de luxe européennes. En 1913, une 6 cylindres de 8 litres connaît un certain succès. Haynes vend peu (1.336 voitures en 1913), mais les marges dégagées font bien vivre la firme. La guerre en Europe fait bondir la production à 5.610 voitures en 1915, puis 9.813 en 1916 et Haynes s'oriente, comme Packard, vers le grand luxe.

      

En course

Elwood Haynes engagea dès 1906 dans la Coupe Vanderbilt une voiture à moteur 4 cylindres de 50 HP qu'il pilota lui-même jusqu'à l'arrivée, après avoir accompli 7 tours dans le temps du vainqueur (Wagner sur Darracq), qui avait effectué ses 10 tours. Néanmoins, le fait d'avoir terminé 14e et dernier rapporta une excellente publicité à la Haynes, qui avait osé affronter les marques européennes alors sans rivales.

Elwood Haynes, plus tard, à bord de l'une de ses premières voitures

Luxe

Light Twelve
Jusqu'en 1914, la haute société américaine se doit de rouler dans de grosses automobiles importées, comble du chic et du raffinement. Les types haut de gamme de Renault, Panhard, Delaunay-Belleville, Fiat, Mercedes, Benz, Rolls-Royce et Daimler donnent le ton, jusqu'au moment où les constructeurs européens sont contraints de se livrer à des occupations plus vitales pour leurs pays. En 1915, la cessation des fabrications civiles et des exportations fait le bonheur des constructeurs américains de voitures de luxe.
D'un fonctionnement très rugueux, les gros 4 cylindres ont cédé la place aux "6" sur les types de luxe. Le moteur à 12 cylindres va faire mieux en matière de silence et de souplesse. Pour une clientèle difficile, Haynes va produire à peu près en même temps que la Twin Six de Packard une voiture à moteur V12, la Type 40/41, dévoilée en janvier 1916, mais mise sur le marché en août seulement. Appelée la Light Twelve, la "douze légère", pour la démarquer de la grosse Packard, la Haynes est équipe d'un beau V12 à 60° à soupapes en tête de 5,8 litres donnant 60 chevaux avec un couple de turbine qui autorise pratiquement les démarrages en prise directe. Pour frapper l'opinion, Haynes offre l'échange d'une light Twelve contre la plus ancienne Haynes existante. Un habitant de Jeffersonville, dans l'Indiana, apporte sa Haynes-Apperson de 1897 à l'usine, qui lui remet une V12 flambant neuve. La Type 40/41 partage le châssis de 3,22 m de la 6 cylindres à soupapes latérales type 35. En 1916, elle est proposée sous trois carrosseries seulement, toutes décapotables, ce qui limite son marché en tant que type de luxe : un roadster sportif et deux torpédos à cinq et sept places.

     

Fin

Pour agrandir le marché de sa V12, Haynes élargit son offre en privilégiant le confort. En 1917, Haynes ajoute des conduites intérieures à cinq ou sept places, puis au cours des années suivantes, des coupés, des coaches et des coupés-chauffeur. Mais la guerre freine les ventes des types de luxe. La production totale de Haynes tombe de 9.813 voitures en 1916 à 2.236 en 1918 pour remonter à 6.021 en 1921 et 5.637 en 1922. La V12 ne représente que 10 % des ventes et elle est arrêtée en 1922, après une crise monétaire qui induit une récession économique. Packard doit aussi arrêter sa Twin Six en 1923. L'allure vieillotte des Haynes, leur technique figée dissuadent les acheteurs. Haynes casse les prix des 6 cylindres, qui se vendent de plus en plus mal. Par manque de trésorerie, Haynes ne peut se payer ses créanciers, qui mettent la firme en faillite en 1924. Le stock de pièces et 200 voitures sont liquidées en 1925, mais Elwood meut en avril.

Promotion et Intox

Elwood Haynes sut manipuler l'histoire pour faire parler de sa marque. Se présentant comme le plus ancien fabricant d'automobiles des Etats-Unis, il publia un ouvrage pour raconter l'histoire à sa façon en vieillissant la première Haynes-Apperson d'un an et en occultant le rôle des frères Apperson. Or, un certain John Lambert avait créé une automobile dès 1891. Haynes lui rendit visite pour lui arracher la promesse de ne pas faire état de son antériorité face à ses affirmations. De même, il ne tint pas compte de la Duryea de 1893.