JEAN GRAS    

Dernière mise à jour : 15/05/2010

Une 6 pour une 4 !

Petit historique

Jean Gras

"Une 6 cylindres pour une 4 cylindres", c'est avec ce slogan plutôt racoleur que Jean Gras, une petite fabrique lyonnaise d'automobiles, tenta de se faire connaître du grand public, au milieu des années vingt, avant de disparaître dans la tourmente de 1930.
La période qui suit la Première Guerre mondiale est l'une des plus prolifiques qui soient en matière de création et de production de motos, d'autos et d'avions. La petite entreprise de Jean Gras est assez représentative de ces tentatives industrielles des années vingt, porteuses de nombreux espoirs, qui fleurissent au lendemain de la Grande Guerre.

Jean Gras 1925
Comme tant d'autres jeunes gens, Jean Gras a connu les malheurs de la guerre de 1914-1918. Pour lutter contre le désespoir, lui aussi a commencé à imaginer ce qu'il allait faire la paix revenue. Et comme eux encore, Jean Gras a rêvé de mécaniques, de moteurs, de carrosseries, plus encore qu'à la fortune qu'il pourrait amasser avec sa petite industrie. En 1924, apparaissent les premières Jean Gras. Ce sont des petites automobiles 4 cylindres, équipées de moteurs de 1.200 cm3, 1.500 cm3 et 1.600 cm3. Afin de frapper les imaginations, Jean Gras annonce la sortie pour 1926 de sa "nouvelle 6 cylindres pour le prix d'une 4 cylindres". Ces voitures sortent de l'usine entièrement carrossées, soit en conduite intérieure, soit en torpédo. Mais ceux qui le désirent peuvent acheter la Jean Gras en châssis pour une somme bien inférieure, se laissent ainsi la possibilité de faire réaliser l'auto qu'ils désirent chez le carrossier de leur choix.
La Société de construction électrique et mécanique de Dijon (véritable raison sociale de l'entreprise de Jean Gras) avait son siège social dans cette capitale bourguignonne, et une usine sise au 16 rue Louis et rue Antoinette, à Lyon-Montchat. Comme il fallait bien être représenté sur Paris si l'on souhaitait être un constructeur national, les automobiles Jean Gras disposaient également d'ateliers et de bureaux à Issy-les-Moulineaux, en région parisienne.
Jean Gras Six

Le châssis de la jean Gras Six est constitué par deux longerons en tôle emboutie. Il est rétréci vers l'avant et entretoisé par quatre traverses également en acier. A l'avant, un imposant radiateur précède le bloc moteur 6 cylindres, en fonte, rehaussé d'une culasse à soupapes en tête. Les pistons en aluminium comportent trois segments, le vilebrequin est à quatre paliers, et une pompe à huile à engrenage aspire le lubrifiant. A l'avant du moteur est placée la dynamo de 12 V qui assure la charge de la batterie et le démarrage. Une boîte de vitesses transmet la puissance aux roues arrière. Elle est du type à double train baladeur avec verrouillage assurant la position des engrenages par simple commande du levier. Le pont arrière est constitué de deux coquilles en tôle d'acier, embouties et soudées. Les freins sont constitués de tambours à l'avant et à l'arrière. On compte également un levier à main monté sur la boîte de vitesses, qui agit également sur les tambours arrière. La direction est du type à vis sans fin. Les suspensions sont assurées par deux ressorts longitudinaux semi-elliptiques dissymétriques à l'avant, et par deux ressorts longitudinaux semi-elliptiques à l'arrière.

Avec son joli petit moteur 6 cylindres, la jean Gras de 1926 a de quoi séduire, d'autant plus que son prix n'est pas élevé, 29.500 francs pour le châssis nu, 37.500 francs pour le torpédo et 39.500 francs pour la conduite intérieure. Comme la plupart des autos de cette époque, des accessoires qui nous semblent aujourd'hui indispensables font défaut. Ainsi, l'éclairage est-il en option, comme le démarreur électrique (il faut démarrer à la manivelle), la trousse d'outillage, le cric... La pompe pour regonfler les roues est également facturée à part. Avec supplément toujours, les cinq roues équipées de pneus Michelin, la montre de bord, le compteur kilométrique, l'indicateur de vitesse, le manomètre d'huile. Egalement au tarif, les strapontins orientables devant les places arrière sont à 1.200 francs. Les roues à moyeux central Rudge coûtent 1.000 francs supplémentaires. Les pare-chocs spéciaux Peplam sont à 600 francs la paire, l'avertisseur deux tons à 250 francs et l'indicateur du niveau d'essence est facturé 250 francs. Gageons qu'en multipliant ces chiffres par trois, on ne doit pas être loin d'un prix actuel. Malgré leur offre alléchante, les automobiles Jean Gras ne résisteront pas longtemps au raz de marée de la crise économique de 1929. Comme tant d'autres, Jean Gras sera contraint de mettre un terme à l'activité de son entreprise, dans laquelle il avait mis beaucoup d'espoir.

Pilote

Jean Gras, qui avait ce qu'on appelle "un bon coup de volant", participa à quelques courses pendant les années vingt, pour aider à la promotion de ses productions. Il obtint son meilleur classement en 1926, 2e de sa catégorie au Grand Prix de Milan.