FACEL METALLON
Dernière mise à jour : 09/03/2010
Forges et ateliers de construction d'Eure-et-Loir...
Petit historique
Fondée en 1954, Facel sera le dernier des constructeurs de voitures de prestige français. Les autres marques ont disparu
ou sont sur le déclin. Avec la Facellia, en 1959, Facel passe de voitures de
luxe à hautes performances à la GT, pour rivaliser avec les Alfa Romeo, MG, Porsche ou Triumph
qui règnent en maîtres sur les grands marchés internationaux, particulièrement aux Etats-Unis.
Jean Daninos (1906/2001)
Partant du principe que l'on est jamais aussi biens ervi que par soi-même, Jean
Daninos, homme de génie, nostalgique des voitures prestigieuses des années
d'avant-guerre, va créer sa marque pour offrir de somptueux modèles dans le même
esprit.
Certains acteurs de la grande histoire de l'automobile ont eu une destinée de rêve, parce qu'ils sont allés jusqu'au bout de leurs idées,
quitte parfois à s'investir plus que de raison.
Après avoir travaillé pour Citroën, de 1928 à 1935,
Jean Daninos se met à son compte et devient ingénieur-conseil, spécialisé dans l'utilisation des aciers inoxydables à haute
résistance
et des alliages légers soudés électriquement. Il entre en contact avec des constructeurs d'avions, notamment Farman et Morane-Saulnier.
Il travaillera ainsi de 1935 à 1937 pour cette entreprise, notamment sur le chasseur Morane-Saulnier 405, homologué par l'Armée de l'air
française en 1938. Peu avant le second conflit mondial, il devient directeur de l'usine de la société Bronzavia, qui conçoit divers
organes de ces avions. Toutefois, cette société ne dispose pas de presses pour emboutir certains éléments. En 1939, Jean Daninos décide alors
de créer FACEL, la société des Forges et Ateliers de Construction d'Eure-et-Loir. Si l'entreprise débute dans une usine de 1.500 m2 à Courbevoie,
avec une petite équipe et quelques outillages, une deuxième usine sera installée à Dreux, à la demande de l'Etat, avec tout le potentiel
nécessaire à une production aéronautique.
Daninos s'occupa des carrosseries du modèle C6 roadster de Citroën
Très vite, la réputation de cette société se répand et, un an après leur création, les ateliers de Dreux peuvent se vanter de
posséder un matériel à la pointe de la technique, apte à assurer la production de pièces pour l'industrie aéronautique. La Seconde Guerre
mondiale mettra un terme à cette réussite. Durant le conflit, Jean Daninos
partira vers les Etats-Unis, les installations de Dreux seront
occupées et toute la production sera rapatriée dans une nouvelle usine à Colombes. Lorsque l'usine rouvre ses portes en 1945, Jean Daninos
retrouve ses installations amputée de quelques presses et outillages, démontés et envoyés par l'occupant en Allemagne.
Dès 1946, la nouvelle entreprise opère progressivement une reconversion dans l'automobile, tout en conservant la conception des chambres de combustion des moteurs
pour avions à réaction Rolls-Royce ou encore Tay. Pour parvenir à finaliser ses envies, Daninos associe la destinée de son entreprise avec les
établissements Metallon, dans le but de fabriquer des carrosseries essentiellement en aluminium. Ces carrosseries seront destinées à
Ford, Unic, Panhard, etc. Les ateliers de l'usine mère de Dreux et celle de Colombes se trouvent bien vite débordés.
Il s'avère nécessaire de construire une nouvelle unité à Amboise, qui deviendra l'usine centrale d'emboutissage de Facel. A partir de
1948, la firme ne se contente plus de fabriquer des carrosseries complètement terminées, peintes et garnies.
Panhard, Ford, Simca et même Bentley
Prototype de la Panhard Dyna
En 1945, Panhard et l'Aluminium Français étudièrent avec Facel la construction de la Dyna-Panhard. Facel construira alors 45.000 carrosseries en aluminium
pour la marque doyenne. En 1948, Facel ouvre un département de voiture de luxe et construira pour Simca les cabriolets Océane et les coupés
Plein Ciel. Environ 23.500 Simca-Sport seront fabriquées. Pour Ford-France, la firme construira environ 2.200 Comète. N'oublions pas la confidentielle
Bentley Cresta (17 exemplaires), une voiture de prestige conçue en collaboration avec Rolls-Royce. En plus de ces productions, Facel produira également
des éléments de carrosserie pour les scooters Vespa, ainsi que des pièces embouties pour al voiturette Vespa 400, des éléments pour les tracteurs
Massey-Ferguson, puis, la fabrication des Jeep Delahaye VLR.
Pour Delahaye, facel construira les carrosseries des VLR 4x4
En route vers le prestige
Parallèlement à ces activités, Jean Daninos rêve. Nostalgique des belles autos de prestige, reines de l'avant-guerre et pratiquement disparues,
il souhaite créer un modèle élitiste dont la beauté des lignes le disputerait à l'excellence de la mécanique. Dans cette optique, il dessine un
coupé deux/trois places surbaissé sur un châssis de Bentley Continental. Cette auto est exposée au Salon de Paris de 1951 mais n'entrera pas
en production. Jean Daninos garde le prototype comme auto personnelle et décide de s'attaquer sérieusement à la conception d'une voiture haut
de gamme à la française. En 1952, l'idée a fait son chemin et le cahier des charges stipule une auto de quatre places, belle à
regarder, qui tienne la route, atteigne les 200 km/h et qui puisse séduire les habituels clients des Hispano, Delahaye... des pourparlers débutent avec Talbot,
Hotchkiss, et le premier prototype est monté avec un moteur Hotchkiss de 3 litres. Malheureusement, ce moteur est trop lourd et
Daninos se tourne
alors vers Alfa Romeo, mais les discussions n'aboutiront pas. La solution vient finalement d'outre-Atlantique avec un V8 Chrysler de 4,5 litres
développant 180 chevaux. En 1951 et 1952 se dessine la première Facel Vega. L'histoire est en marche
FV
Après avoir fabriqué des voitures de luxe pour les autres, Jean Daninos décide de construire ses propres voitures de prestige.
Ainsi, il va créer une marque, et c'est son frère, Pierre Daninos, qui trouvera le nom des futures automobiles de la firme.
Ce dernier aura l'idée de donner le nom d'une étoile aux voitures, Vega. Un prototype voit le jour en 1952, d'après un dessin
de Jean Daninos en personne. Pour la motorisation, il fait appel à Chrysler qui lui fournit alors ses nouveaux moteurs V8.
Le 29 juillet 1954, la nouvelle Vega est présentée à la presse, elle sera présentée au public lors du
Salon de l'Auto d'octobre.
La Vega est, selon les articles de presse, conçue pour une clientèle internationale désirant une
voiture de sport confortable, maniable en ville comme sur route. Son prix de 2.873.000 francs la réserve toutefois à
une clientèle assez aisée. Rappelons qu'une Renault 4 CV ne coûte que 458.000 francs.
Le Type FV laissa rapidement la place au type FV1, en mars 1955. Plus longue, elle reçoit également un nouveau
moteur Chrysler V8 plus puissant. Quelques versions cabriolets seront proposées mais Jean Daninos n'étant pas
partisan de ce type de carrosserie, elles le seront en nombre très limité, ce qui en fait une rareté.
La FV2 sera présentée en septembre 1955, et à cette occasion, la marque Vega devient Facel Vega.
Suivront, en mars 1956 la FV2 B avec nouveau moteur, en octobre 1956 la FV3, et enfin la FV3 B en août 1957.
La FV4 (ou FVS) sera produite en parallèle à la FV3 mais sera destinée exclusivement à l'exportation. Cette dernière disposait
du plus gros moteur V8 Chrysler, un 5.800 cm3 développant 300 ch., la FV3 B ne disposait que d'un 4.940 cm3 développant
253 ch. Signalons qu'en France, le plus puissant des moteurs proposés était celui de la FV2 B, 5.413 cm3 pour 285 ch.
Excellence et HK500
Facel en plein essor, Jean Daninos décide de lancer l'Excellence, une luxueuse berline quatre portes (sans montant
central). Présentée au Salon de l'Auto d'octobre 1956, elle est issue du coupé FV mais au châssis allongé, et dotée
d'un moteur Chrysler V8 dérivé de la FV4. En septembre 1958, elle reçoit un moteur plus puissant, de 5.900 cm3 et 360 ch.,
puis un 6.300 cm3 de 390 ch. en juillet 1961.
En mai 1958 apparaît également la HK 500, un nouveau modèle dérivé des FV3 B. Avec un moteur identique à la première Excellence,
ce modèle portait, à l'époque, le titre de "coupé quatre places le plus rapide du monde". Elle fut chronométrée à 237,154 km/h en 1960
par Paul Frère, sur une autoroute belge.
En 1959, Jean Daninos prépare le prototype de sa remplaçante, celle qui va devenir la Facel II. Elle est présentée au
Salon de 1961 sous l'appellation HK 2. Elle inaugure une nouvelle ligne de carrosserie qui fera date. Remplaçante de la
série des FV, la Facel II est équipée du moteur de l'Excellence, le V8 6.300 cm3 390 ch., ce qui permet une vitesse de
240 km/h. Elle succède ainsi à la HK 500 comme le coupé le plus rapide du monde. Si ces voitures sont rapides, elles
sont aussi très chères et destinée à une élite fortunée, ce qui limitera la production.
Facellia
En 1958, une petite Facel est mise à l'étude. Pour jean Daninos, cette nouvelle voiture, plus petite et moins chère, doit
répondre à une demande de la clientèle sportive qui ne peut accéder aux Facel V8. Il permettra ainsi à ceux qui le désire,
une voiture sportive qui pourra s'aligner sur les Porsche 356 ou les Alfa Romeo Giulietta. .
Pour le moteur, Daninos se tourne vers Pont-à-Mousson qui fournira les éléments pour que Facel
monte un moteur 4 cylindres en ligne de 1.646 cm3 115 ch, dérivé d'un moteur étudié en 1951.
La Facellia, puisqu'il s'agit d'elle, sera présentée à la presse en septembre 1959.
La Facellia du film OSS 117, avec Jean Dujardin au Rétromobile 2007
Présentée d'abord en version cabriolet deux places, la Facellia sera ensuite déclinée en coupé 2+2 et coupé 4 places.
Avec son 4 cylindres, la Facellia permet d'atteindre les 180 km/h sans difficultés, mais sa fragilité vient gâcher
une carrière prometteuse. Les retours coûteront fort cher à Facel.
Suite à ces problèmes, Daninos sort une nouvelle version, la Facellia 2, avec un moteur revu par
le Moteur Moderne. Malgré ces améliorations, la Facellia ne parviendra pas à convaincre la clientèle.
Facel III
Pour tenter de redresser ses finances mises à mal par le retour des moteurs de la Facellia,
Jean Daninos lance la Facel III. Pour le moteur, cette fois, il fait appel à Volvo qui lui fournit le
moteur du Coupé P 1800. Réputé pour sa fiabilité, Daninos détient alors la solution à ses problèmes.
La Facel III reprend la ligne de la Facellia, sauf pour le coffre arrière, arrondi,
et les ailes galbées, ainsi que la calandre, à la façon des Facel II.
Facel 6
Pour combler un vide entre les Facel III et les Facel II, Daninos va étoffer sa gamme avec la Facel 6,
une six cylindres sur la base de la Facel III. C'est BMC qui livre le moteur, celui de l'Austin-Healey 3000,
un 2.850 cm3 développant 150 chevaux qui permet une vitesse de 200 km/h.
Ce sera la dernière voiture de Facel, la société en difficulté, Daninos écarté, fermera ses portes à la fin du mois
d'octobre 1964.
Facel, au Rétromobile et au Musée de Lohéac