CEIRANO
Dernière mise à jour : 15/05/2010
L'automobile, une histoire de famille...
Petit historique
Il n'y a pas eu qu'une société Ceirano, mais plusieurs,
fondées par les membres de la famille Ceirano. ces derniers furent à l'origine
de plusieurs marques et il est difficile de
savoir qu'elles sont les voitures que l'on peut considérer comme les "Ceirano".
Tout le monde semble d'accord pour désigner celles construites à partir de 1905
par la Ceirano et Cie, et que l'on retrouvera après la Première Guerre mondiale.
En dehors des véhicules construits après 1905, les autres véhicules méritent toutefois la dénomination Ceirano. Durant toute
cette période d'industrialisation de l'Italie, les frères Ceirano donnent
naissance à plusieurs marques. La première, et la plus connue, est sûrement la
FIAT, grâce à la construction du premier modèle Ceirano, racheté par un groupe
de financiers turinois. Puis viendront les marques Junior, Itala, Star, Spa,
Scar, sans oublier Ansaldo-Ceirano. Essayons d'y comprendre quelque chose.
Avant de commencer, je voudrais préciser que l'histoire de la marque est très complexe.
Entre 1898 et 1919, pas moins de 11 sociétés porteront le nom de Ceirano. Si ce n'est plus. Véritables pères fondateurs
de l'industrie automobile italienne, avant la Fiat, les frères Ceirano vont créer et dissoudre les sociétés à une
cadence effrénée. D'ou la difficulté de développer l'existence de ces différentes entreprises.
Une chose est sure, tout débuta grâce à Giovanni Battista.
Giovanni Battista Ceirano (?)
Giovanni Battista Ceirano, après avoir importé des bicyclettes,
se décida à les construire dans un petit atelier de turin appartenant à Giuseppe
Lance, un industriel spécialisé dans la production d'aliments en conserve. A l'origine, Giovanni Battista Ceirano, né en 1866 (ou en 1860 selon d'autres
sources), fut un pilote de motos qui participa à de nombreuses épreuves, comme la course Turin-Asti de 1895, considérée par les historiens
du sport automobile comme la première course automobile de l'histoire. Sur les cinq engagés, Ceirano
et le pilote allemand Alois Wolfüller sont les seuls à piloter des motos, des Hildebrand & Wolmüller,
une marque de Munich. Donc, après l'épisode des bicyclettes, Giovanni Battista
décide de passer à l'automobile et fonde son entreprise en 1898, la Sociéta in
accomandita Ceirano é Cie, ou Ceirano Giovanni Battista & C. Cette firme est
également soutenue financièrement par quatre associés, Emanuele Bricherasio,
Attilio Caligaris, Cesar Goria Chats et Pietro Fenglio. Signalons également la
présence de Felice Nazzaro dans l'atelier, l'ami inséparable de Vincenzo Lancia
qui vit à l'époque au dessus de l'atelier.
Welleyes
Lorsque Giovanni Battista Ceirano décide de passer à l'automobile, il
travaille avec l'ingénieur Aristide Faccioli. A deux, et aidés par le jeune
Vincenzo Lancia, ils construisent une petite voiture qui
va marquer l'histoire de l'automobile italienne. Prête en 1899 et baptisée Welleyes,
cette voiturette à deux places dispose d'un moteur bicylindre de 663 cm3. Elle
est breveté le 20 mars 1899, quelques mois après la création de la Sociéta in
accomandita Ceirano & Cie,
le 23 octobre 1898. Cette Société, fondée pour la fabrication de prototypes automobiles,
va vite susciter l'intérêt de quelques investisseurs italiens. A
cette époque, un ex-officier de carrière du nom de Giovanni Agnelli,
propriétaire terrien et animateur d'un groupe de financiers et de techniciens de
la ville de Turin, recherche activement à s'installer dans l'industrie
automobile. En effet, l'Italie accuse un certain retard face à la France, la
Grande-Bretagne et l'Allemagne. Conscient de développent futur de cette
industrie, il a déjà eut l'occasion de voir ce qui se passe en Europe. En 1900, Daimler et Benz produisent des moteurs
depuis 15 ans, de Dion-Bouton, Peugeot et Panhard vendent déjà des automobiles
en France depuis 1890. En Grande-Bretagne, la loi du drapeau rouge est abolie depuis
1896 et en France, la petite populaire de De Dion et la Voiturette de Renault
prouvent que l'automobile à un avenir certain. Réunissant quelques sommités, il
contacte la firme Ceirano pour une proposition qu'elle ne pourra refuser.
L'idée d'Agnelli
L'idée de Giovanni Agnelli est de trouver de
suite une voiture à produire, plutôt que de dépenser de l'argent et du temps à
en créer une. Ceirano dispose de ce véhicule, seuls les moyens de la produire en
série manquent. Proposant aux frères Ceirano de s'associer dans une nouvelle
société plus fortement capitalisée, en vue de produire la Welleyes à une échelle
industrielle, il profite également de l'occasion pour entraîner Aristide
Faccioli dans l'aventure. Un autre homme profitera de la situation, Vincenzo
Lancia, engagé comme comptable en 1898 mais ayant vivement participer à la
réalisation de la voiture. Avec l'appui de quelques gros actionnaires, Giovanni
Agnelli apporte 30.000 lires et fonde la FIAT.
Les débuts de Vincenzo Lancia
Vincenzo Lancia, encore étudiant en 1898, ne se destinait
pas, comme ses parents l'espérait, à une carrière d'avocat. Engagé comme comptable dans la firme Sociéta in
accomandita Ceirano & Cie, il ne restera pas longtemps dans le bureau austère qu'il lui est attribué.
Très vite, il remplace le costume
par le bleu de travail et délaisse les comptes pour vivre au quotidien sa passion pour la mécanique.
Il participa à la construction de la Welleyes. Avec
le rachat de la petite entreprise, Fiat s'adjoint du même coup les services de Lancia qui deviendra
pilote d'essai, puis metteur au point, avant de vivre sa propre aventure de constructeur.
La Fiat héritera également du camarade de Vincenzo, Felice Nazzaro.
Première automobile : la Welleyes
Nouvelle association avec la FIAT
La Sociéta Anonima Fabrica Italiana Automobili Torino est fondée le 11 juillet 1899 au Palazzo Brischerasio,
via Lagrange à Turin. Parmi les signataires de l'acte de création, on trouve : les frères Ceirano,
Aristide Faccioli, Felice Nazzaro, Vincenzo Lancia et bien sûr, Giovanni
Agnelli. Le capital social est inscrit à l'acte pour 800.000 lires. A peine le brevet de
la Welleyes déposé, Fiat racheta les actions et les brevets de la société Ceirano et dispose ainsi d'un modèle fiable qui deviendra la Fiat 3,5 HP.
Avec des capitaux à peine entamés, la Fiat débute sa grande histoire. Pour économiser et éviter tout investissements
inutiles, elle va sous-traiter la fabrication des pièces à des entreprises expérimentés.
Une autre histoire.
L'histoire de Fiat débute. La firme Ceirano évolue
Si Faccioli reste au
service de la FIAT, Giovanni Battista Ceirano poursuit ses activités en fondant
une nouvelle entreprise, toujours avec l'appui des autres membres de sa famille.
En 1901 naît la Fratelli Ceirano & C., une société créée avec son frère Matteo. Dès 1901, et
jusqu'en 1903, cette firme proposera trois modèles, deux dotés d'un
monocylindre, respectivement baptisés 5 et 6/8 HP, le troisième étant un 16 HP
doté d'un 4 cylindres de 4.562 cm3. Mais en 1903, Matteo prend le large pour
voler de ses propres ailes et fonder la Matteo Ceirano & C. En 1904, il
fonde la Matteo Ceirano & C. et la marque Itala avec Guido Bigio. Il abandonne cette firme en
1906 et s'associe avec Michele
Ansaldi. Cette entreprise ne vivra pas longtemps non plus, après une prise de
participation de FIAT-Ansaldi. Les deux hommes se
sépareront pour d'autres aventures. Matteo fonde alors la Matteo Ceirano, et
Ansaldi la Societa Piamontaise Automobiles Ansaldo-Ceirano, plus connue sous le
nom de SPA.
La petite 5 HP de 1901
Le groupe se divise
Comme on le voit, les Ceirano sont
à l'origine de plusieurs marques. Mes infos sont pour l'instant trop
restreintes pour développer une page pour chaque marques. Mes recherches, du côté
de l'Italie, me permettront peut-être de vous offrir quelques lignes, plus tard,
sur ces sujets. Tout ce qu'on peut dire, c'est que les frères Ceirano
multiplient les raisons sociales et compliquent la tâches des historiens. Des
quatre frères Ceirano, Giovanni Battista est l'aîné (1876-1912), suivit par
Giovanni Junior (1865-1941), par Matteo (1870-1941) et enfin, Ernesto (1875-).
Ce dernier participa très peu à la création des entreprises de ses frères,
préférant rester à l'écart et travailler comme chef d'atelier au sein de
l'entreprise originelle. Cependant, si le nom d'Ernesto est prononcé dans la
suite de l'histoire, ce sera celui du fils de Giovanni, prénommé Erano, qui
décida un jour de prendre le surnom d'Ernesto, d'ou une confusion parfois entre
l'oncle et le neveu.
Pendant que Matteo vit sa vie, Giovanni Battista n'a pas abandonner ses
activités. Après le départ de Matteo, et la liquidation de la Fratelli Ceirano
en 1903, il s'est rapproché de son petit frère, Giovanni Junior et ensemble, ont
fondé la G.G. Fratelli Ceirano & C. Les premières automobiles de cette
entreprise sont dérivées directement de la petite "populaire"
de Dion-Bouton. Cependant, l'association éclate. A ce stade,
on ne sait pas si c'est une politique d'expansion ou la volonté de Giovanni
Junior de se démarquer de son frère aîné ou une lassitude du grand frère. Ce qui est certain, cependant, c'est
que durant cette période, les voitures Ceirano poursuivent leurs évolutions sans
se soucier de savoir qui dirige quoi. C'est déjà assez compliqué comme cela.
En 1904, Giovanni Battista fonde la firme
STAR, la Societa Torinese Automobili Rapid, avec Giovanni
Battista Maggi et Rodolfo Chio. Les voitures fabriquées seront
connues d'ailleurs sous les deux noms, Star et Rapid. De son côté, Junior fonde
la Junior Fabbrica Italiana Automobili- Giovanni Ceirano
& C." (Ceirano Giovanni Junior & C. Scapa). C'est cette société qui produira les
automobiles Ceirano Junior, présentées au Salon de l'auto de Turin en 1905. Ces voitures seront des
monocylindres 9 1/2 HP, des bicylindres 12/14 HP et des 4 cylindres de 16/20 HP.
C'est en 1906 que ces modèles apparaissent, mais semble t'il, sous le seul nom
de Ceirano. Ce sont des automobiles raffinées, à transmission par cardans, radiateur en nid
d'abeilles, boite à 4 rapports avec marche arrière et freins sur les roues
arrière et l'arbre moteur.
On note cependant l'apparition d'une Junior 18/24 HP qui, en collaboration avec OTAV, sera
diffusée en Grande Bretagne, ces voitures seront vendues par la
Junior & OTAV Cars Limited, et ce jusqu'en 1909. En attendant, les Ceirano Junior
remporteront un grand succès. Malgré cela, Giovanni Junior va une nouvelle fois partir de
l'entreprise, laissant Giovanni Battista prendre la relève avec la Ceirano & C.
SCAT
Giovanni Junior fonde une
nouvelle entreprise, la SCAT, plus connue sous ce nom que sous celui de Società Ceirano Automobili
Torino. Scat produira des voitures jusqu'en 1918, mais c'est une autre histoire. L'histoire voudra que les deux frères se
retrouvent à nouveau, en 1923, avec la fusion des deux entreprises, la Ceirano et la Scat.
CEIRANO ET LA JUNIOR
A partir de 1906, Ceirano propose des voitures robustes, et simple en entretien.
Contrairement à d'autres, la marque ne se lance pas dans la création de voitures
classées "grand Tourisme". Au contraire, elle préfère se maintenir dans une
catégorie plus large, celle des voitures populaires, vouées à un service plus
"utilitaire". En 1906, il semblerait que les Ceirano cohabitent avec la Junior.
On parle d'une 28/40 CV à 4 cylindres, qui participa à quelques épreuves
sportives, et même d'une 18 CV. Ces voitures continueront à se montrer en course
en 1907, pilotées par Tocanier, de Tolotti, Tamagni ou Piccioni. La fusion avec
OTAV (Ateliers Turkheimer pour Automobili et Velocipedi Milan, devait permettre
la diffusion de voitures de grands tourisme et de ville du Type Junior, mais il
semblerait que le projet en soit resté là et que le modèle prévu pour 1908 ne
soit jamais sorti. L'entreprise Junior sera reprise par le milanais Féderico
Momo, de la F. Momo & C. Encore une fois, malgré une publicité annonçant
l'arrivée d'un modèle en 1909, la Junior se fit attendre.
Ceirano et Scat
Durant les années qui
suivirent la création de la Ceirano et Cie, Giovanni Battista devra se battre
contre la concurrence du géant Fiat, en partageant le marché avec les voitures
de son frère Giovanni, les Scat. jusqu'à la première Guerre, les Ceirano seront
des évolutions des modèles de 1906. Pendant ce temps, la marque Scat, sous
l'impulsion d'Erano "Ernesto", s'implique en compétition et remporte de
nombreuses épreuves. Mais ceci est une autre histoire. Cependant, si la firme
Ceirano se fait discrète durant cette période, elle reviendra sur le devant de
la scène après la guerre. En 1917, Giovanni délaisse la Scat, et fonde en 1919 une
nouvelle entreprise, la Giovanni Ceirano Fabbrica Automobiles, avec Erano. Les
premiers modèles sont les C1, des 4 cylindres de 2.297 cm3. Cette voiture de
tourisme, fort réussie, donnera naissance à des versions plus sportives. Erano,
déjà connu sur les circuits grâce à ses exploits sur Scat et sous son surnom d'Ernesto,
va pousser son père à développer des versions Sports et Courses, baptisées
respectivement CS4 (d'une cylindrée de 2.483 cm3) et CS2 (d'une Cylindrée de
2.950 cm3). ces modèles permettront à la marque Ceirano de se faire remarquer au
cours des saisons 1921 et 1922, se mettant en avant dans la Frascati-Rocca de
Papa et le Circuito di Mugello en 1921, dans la Semana Automovilistica Sarda de
1922 (3 premières places) et dans la coupe des Alpes. Cette année là, Ceirano
présente un Type 30 Luxe à 6 cylindres de 2.995 cm3. C'est le dernier modèle de
la Ceirano Fabbrica Automobiles. Giovanni à désormais d'autres ambitions.
En 1923, il acquiert la majorité des actions de la Scat, qui d'ailleurs se situe
juste à côté de son usine. Une complexe opération financière va mener à la
fusion entre Ceirano et Scat. C'est en décembre 1924 que la firme Ceirano est liquidée.
La marque, elle, est jumelée à celui de Scat. Les modèles qui sortiront désormais seront des SCAT-Ceirano
Scat-Ceirano 150S de 1924
Conclusion
J'espère avoir apporté les
informations les plus précises concernant cette marque Ceirano. Je ne me
satisfait pas cependant de ce simple récit, persuadé qu'il reste encore pas mal
de détails à rapporter. Si vous avez des précisions, ou des infos
complémentaires, n'hésitez pas à me contacter. En attendant, je vous invite à
découvrir l'aventure SCAT.