BOBRIE    

Dernière mise à jour : 15/05/2010

Deux frères

Petit historique

Léonce Bobrie (1881/1976)

Le Cyclecar français le plus connu est sûrement celui de Bedelia. Cependant, il existait déjà des véhicules de ce type, créés en par Leonce Bobrie. Ce dernier cependant ne fut commercialisé que localement, alors que le Bedelia a bénéficié d'une large promotion et s'est doucement mais assurément hissé en tête des ventes en France.

Les photos illustrant cette page proviennent de la collection d'un internaute. Elles m'ont poussé à créer cette page. N'oublions pas nos anciennes marques, c'est notre patrimoine. Merci encore à lui.

Léonce Bobrie, industriel, est né le 31 janvier 1881 à Romegoux, en Charente-Maritime. Il débuta dans la minoterie familiale gérée par son père Lucien, le Moulin de Besson. Puis, il se rend à St Jean d’Angely, puis à Niort, pour travailler dans l’entreprise du fabricant d’automobiles Gaston Barré. Dans cette entreprise, il est employé pour livrer les voitures neuves aux clients et apporter une formation de pilotage à ces derniers. A la fin du siècle, il suit le cirque Bureau, créé par Mr Bureau (cirque qui hébergea quelques temps les enfants d’Armand Gruss après le décès de ce dernier, Hélène, Marthe, Alexis et André). Léonce suivra la troupe pour assurer la maintenance du parc automobile.

Le Grand Garage moderne des frères Bobrie à Saumur

Première automobile

En 1900, Léonce se rend à Paris pour visiter le Salon de l’auto. Il rencontre et se lie d’amitié avec un jeune constructeur, Louis Renault. Il repart du salon avec l’intention de créer, à son tour, sa propre entreprise. C’est à Saumur qu’il se rend, achetant un petit atelier pour débuter dans le secteur de l’automobile. Dès lors, l’entreprise prend de l’essor et Bobrie Frères, Léonce associant son frère Camille à l’entreprise, va employer jusqu’à dix ouvriers. Léonce se lance également dans la réalisation d’une machine à gonfler les pneumatiques, l’ancêtre de notre compresseur actuel. Cette machine, fonctionnant à l’aide d’une roue tournée à bras, trouvera un client en 1910, le Tsar de Russie. Cette machine sera expédiée à Ekatarinbourg après que Léonce ait gravé son nom de baptême, la "Tsarine". En parallèle, Léonce construira un prototype d’automobile qu’il baptisera "Torpille". Entre 1906 et 1914, Bobrie produira quatorze exemplaires de ce véhicule, un véhicule à deux places en tandem, doté d’un moteur de 1.323 cm3, considéré comme le premier cyclecar. La vitesse de ce véhicule pouvait atteindre les 60/80 km/h. Signalons que le guide Michelin évoque l’entreprise, dans son édition 1907. Bobrie est signalé comme agent de la marque De Dion-Bouton, au 28 rue St Nicolas.

La "Torpille", avec Léonce Bobrie au volant et son épouse Edmée Fragnaud à l'arrière

Entre deux guerres

   

Les anciens ateliers Bobrie de Saintes, et l'intérieur avec les ouvriers et Léonce Bobrie, derrière Paul dans une caisse à roulettes
Après la Première Guerre, Bobrie retourne à Saintes et construit un nouvel atelier, place Bassompierre. . Il poursuit la construction de sa « Torpille » qui, en 1924, adopte un moteur de 1.690 cm3 qui lui permet d’atteindre désormais une vitesse de 115 km/h. En 1930, un magasin est ouvert dans cette même ville, magasin portant les losanges Renault, Léonce étant devenu représentant de la marque. Disposant désormais d’un garage et d’un magasin, Bobrie s’agrandit encore en 1935 avec la vente en gros de pièces détachées. C’est à partir de cette date que Bobrie se tourne vers l’aérovoile, en imaginant un char à voile qu’il baptise « Aéroplage Royano ». Ce véhicule sera expérimenté sur la plage de Royan, avec la participation de Miss Paris 1935, Gisèle Préville.

    

Le "Royano"de Léonce Bobrie, présenté par son pilote et Miss Paris. A droite, Paul Bobrie et Miss Paris.
Au cours de la présentation du "Royano", Léonce Bobrie pilota son engin, conçue en tube d'acier et sur trois roues, l'unique roue à l'arrière étant directrice. Dans une zone de sable sec, après un dérapage, le char de Léonce se renversa, et son épouse, qui l'accompagnait, fut blessée. Elle sera transporter à Bordeaux pour des examens mais il y avait plus de peur que de mal. Léonce pensait bien l'avoir tuée.

Après Guerre

Après la Seconde Guerre, entre 1952 et 1954, Bobrie ouvre un autre garage et son fils Paul, né en 1920, travaille avec lui dans l’entreprise qui compte désormais plus de trente ouvriers. Paul fabrique des pièces d’automobiles et de mécanique générale. Il se spécialisera ensuite dans le régulage des bielles grâce à une machine inventée et construite par son père Léonce. A la mort de sa mère, le 10 octobre 1960, Paul prendra les commandes de l’entreprise à la suite de son père. Il ne prendra sa retraite qu’en 1988. Ses filles, cependant, ne poursuivront pas dans cette voie et l’entreprise fermera ses portes, remplacée par une agence bancaire. Une des « Torpille » y est toujours précieusement conservée.

   

La "Torpille" rescapée, aujourd'hui conservée précieusement
Léonce Bobrie décèdera à Saintes le 3 janvier 1976, quelques jours avant ses 95 ans. Il est inhumé avec son épouse Edmée Fragnaud et son fils Paul (décédé en 1999) au cimetière de Romegoux.

Et...

Léonce Bobrie a également inventé une sorte de machine à laver le linge pendant la guerre ainsi qu’une motocyclette à entraînement par courroie.

La Motocyclette de Léonce Bobrie