ALDA    

Dernière mise à jour : 12/05/2010

L'autre marque de Charron

Petit historique

Fernand Charron (1866-1928)

Fernand Charron est né en 1866, au sein d'une famille modeste. Champion cycliste dans les années 1880, il importa ensuite les cycles anglais Humber. Il aborda l'automobile en 1896 et pilota pour la firme Panhard. Parmi ses nombreuses victoires, il faut citer le Paris-Amsterdam de 1898, le Paris-Bordeaux de 1899, la première Coupe Gordon Bennett de 1900. En 1901, il termine sixième du Paris-Berlin et devient constructeur à son tour. Après la création de la marque CGV, avec deux autres anciens cyclistes devenus pilotes, Léonce Girardot et Emile Voigt, puis de la Charron Ltd, il fonde Alda.
A cette époque, Fernand dispose de revenus assez conséquents et l'avenir s'annonce prometteur. L'aventure CGV durera jusqu'en 1906, année ou la petite entreprise est cédée à des investisseurs anglais. Le montant de la transaction est alors estimé à plus de 500.000 francs-or. Un an plus tard, la CGV est devenue la Charron Ltd, prend la nationalité anglaise pour des raisons fiscales et Fernand en est devenu le directeur général, pouvant garder ainsi son influence sur la production de voitures déjà réputées excellentes. Il oriente alors la production vers des types plus modestes et plus légers qui vont assurer le succès de la marque. La marque s'offre une bonne réputation parmi les constructeurs en activité. Entre 1907 et 1911, Fernand Charron épouse l'une des filles d'Adolphe Clément. Ce dernier, après avoir construit des cycles est devenu un constructeur réputé et surtout fortuné. Ayant perdu son fils lors des essais du GP de l'ACF de 1907, il charge Charron de prendre sa succession à la tête des usines Clément-Bayard. Fernand démissionne donc l'entreprise qui porte son nom et développe l'activité de sa nouvelle entreprise.

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15 HP
En 1911, l'entente entre Adolphe Clément et Fernand Charron n'est pas au beau fixe. et les désaccords sont fréquents. En fait, la situation de Charron au sein de l'entreprise n'est pas à la hauteur de ses espérances et n'ayant pas signé de contrat, formalité qu'Adolphe Clément retarde sans cesse, Fernand se retrouve dans une situation délicate. De plus, les désaccords fréquents accentués par des divergences de vue le pousse à jeter l'éponge. Il décide de voler à nouveau de reprendre sa liberté et de se remettre à son compte. Sa fortune personnelle est importante, sa réputation, ses compétences et ses relations sont affirmées. Cependant, tout ceci ne suffit pas pour se lancer seul dans une telle aventure. Il lui faut un soutien qu'il va trouver auprès de Pierre Azaria, fondateur de la très puissante CGE, la Compagnie Générale d'Electricité. Ce dernier, intéressé par le projet de Charron, dispose d'importants capitaux. A la fin de l'année 1911, Charron et la CGE fondent une société qui s'installe à Courbevoie. Pour 1912, deux 4 cylindres moyennes disponibles en deux cylindrées sur un seul châssis, une 15 HP et une 25 HP sont produites. Le client dispose alors de deux choix, un moteur à soupapes latérales ou un moteur à distributeur rotatif Henriod dont Charron a acquis la licence. Le moteur rotatif sans soupapes Henriod ne donnant pas satisfaction, Charron décide de changer ce dernier pour un moteur à soupapes latérales et de ne développer qu'un seul type 15 HP qui sera présenté au Salon de Paris 1912. Ne pouvant utiliser son nom pour sa marque, puisqu'une marque Charron britannique construit et propose ses modèles en rance, Fernand doit créé une nouvelle marque. Il choisit alors les initiales du slogan imaginé pour sa marque : "Ah ! La Délicieuse Automobile !", soit ALDA.

La 15 HP proposée par Alda est une voiture de puissance moyenne pour l'époque. C'est un type assez luxueux destiné à recevoir de belles carrosseries. Le moteur est un 4 cylindres jumelés, procédé archaïque à l'époque. Quelques dizaines de voitures sont construites avant 1914. Réquisitionnée, l'usine produit pour les besoins de la guerre. Pendant ce temps, Charron importe des camions américains de la marque Federal. Un petit plus pour arrondir sa fortune. Entre-temps, la marque participa au GP des Voiturettes de Boulogne en 1913 et au GP de l'ACF de 1914. Au volant des Alda se trouvait Maurice Tabuteau.

L'équipe Alda au Grand Prix de l'ACF 1914
L'Alda de 1913 est un modèle dérivé du type commercialisé, moins performant que les autres machines engagées dans l'épreuve mais qui démontre toutefois sa fiabilité. Les types à moteur Henriod seront vite abandonnés dès les premiers essais car le moteur pose trop de problèmes. En 1914, dans l'une des Alda engagées, on retrouve un certain Ferenc Szisc, le vainqueur du GP de l'ACF 1906 sur Renault. Cette fois, il ne terminera pas la course.

Carrossée en double limousine, l'Alda a fière allure malgré un moteur un peu faible. En version Runabout, l'élégance prend également le pas sur les performances. Dommage.

Après-guerre

En 1919, la marque Alda est relancée mais la CGE, qui s'inquiète du train de vie fastueux de Charron, de ses ambitions en compétition et de sa gestion insouciante, laissera vite tomber l'affaire. Fernand Charron trouve alors d'autres commanditaires, sans expérience dans l'automobile. Ces derniers acceptent alors le programme de Charron qui prépare une automobile dotée d'un moteur latéral de 1914 modernisé. A ses côtés, il prépare également un modèle plus ambitieux doté du moteur à arbre à cames en tête expérimenté au Grand Prix de l'ACF de 1914. La production démarre doucement et sur la base des pièces en stock depuis 1914. On dénombrera une quarantaine de voitures produites.

En 1920, Alda refait son apparition avec une 18 HP (ou 20 HP) dotée d'un moteur 4 cylindres à 1 arbre à cames en tête construite par les usines Farman de Boulogne. Cette voiture, trop chère, sera annoncée au Salon de Paris, au côté des 15 HP (ou 16 HP). La presse ne fera que très peu de commentaires sur la nouvelle voiture de la marque. Dans la revue "Automobilia", on trouve juste un petit article accompagné d'une fiche descriptive incomplète et la photo d'un modèle inachevé. Une mauvaise publicité pour la marque. La 18 HP, annoncée sous le nom de Type B, ne sera pas produite. En 1919, Alda présenta la Charronette, un modèle qui sera lui, produit jusqu'à la fermeture de l'entreprise, en 1930.
Fernand Charron,  Champion cycliste, importateur de cycles, constructeur d'automobiles, deviendra ensuite concessionnaire en prenant la direction d'une agence Citroën à Paris. Il exploitera le luxueux magasin des Champs-Elysées qu'il possédait. Il s'éteindra en 1928.