LA COMPETITION AUTOMOBILE
Dernière mise à jour : 18/05/2010
Georges Boillot (1884-1916)
Une seule passion, la vitesse...
Georges Boillot est né à
Valentigney le 3 août 1884. Il est le fils aîné d'un proche collaborateur
d'Armand Peugeot. Tout naturellement, il entre dans cette grande entreprise en
qualité d'apprenti mécanicien. Il pratique alors la compétition cycliste. Après
son service militaire, il devient metteur au point au service Essais et
Compétition de la société Les Fils de Peugeot Frères, qui produit
les voitures Lion-Peugeot, concurrentes des Automobiles Peugeot construites par Armand.
En 1908, Georges débute en course pour la marque Lion-Peugeot à
la Coupe de Sicile des Voiturettes et participe à toutes les épreuves pour
voiturettes qui fleurissent un peu partout entre 1908 et 1909. En 1909, les
Grands Prix de Vitesse ne sont plus organisés et Georges Boillot se tournent
vers d'autres épreuves plus disputées. A ses débuts, sa fougue excessive joua
contre lui mais il gère vite cet excès et, malgré la forte opposition des Sizaire
& Naudin et
des Delage, commence par gagner la Coupe de Normandie en 1909 et confirme
ses qualités en 1910 avec les Lion-Peugeot à moteurs "longue course",
qui deviennent imbattables. Ses principales victoires sont signées à Boulogne
et au Mont Ventoux. Georges s'est bien fait les dents avec ses moteurs "longues
course", et quand la Coupe des Voiturettes admet en 1911 des moteurs plus
raisonnables, limités à 3 litres, il progresse encore. Second à la Coupe de l'Auto
avec sa Lion à moteur V4, derrière la Delage de Bablot, il s'impose au Ventoux
et à Ostende. Accessoirement, il passe son brevet de pilote d'avion.
Georges, au volant d'une voiturette Lion-Peugeot pour le Grand
Prix de l'ACF de 1908.
1912
Les constructeurs acceptent la reprise des Grands
Prix de Vitesse pour la saison 1912 et commencent dès 1911 à préparer de nouvelles voitures.
Deux courants vont s'affronter : les tenants des moteurs énormes développés
depuis les années 1905-1906 et les partisans des moteurs modernes, de cylindrée
réduite, mais tournant beaucoup plus vite.
Chez Lion-Peugeot, une brillante équipe, composée des ingénieurs-pilotes Jules Goux, Giuppone et le jeune Boillot, prône l'utilisation
des
moteurs rapides. Robert Peugeot accepte et les
"charlatans", comme on les surnomment,
font traduire leurs idées sur papier par un ingénieur suisse, Ernest Henry. La
Peugeot Grand Prix à 4 cylindres et deux ACT issue de cette étude, et qui n'a que
7,6 litres de
cylindrée, s'impose rapidement au Grand Prix de l'ACF 1912 à Dieppe, face à une Fiat de 14 litres.
Georges connaît alors, instantanément une gloire internationale. Il impose
encore sa voiture au Mont Ventoux et se prépare pour la saison 1913.
Cette saison 1913 sera triomphale, avec la
victoire dans le GP de l'ACF à Amiens, à 116.2 km/h de moyenne, devant une
autre Peugeot pilotée par Goux,. En septembre, toujours à Amiens, il triomphe dans
la coupe des Voitures légères de l'Auto, avec une 3 litres, puis au Meeting de
la Sarthe et au Ventoux, qu'il grimpe à plus de 80 km/h de moyenne.
Cette même année, il bat, entre autres, le record
de l'heure à Brooklands, à plus de 170 km/h, avec une Peugeot L76 (7.6 litres)
de 1912 dotée d'une caisse monoplace très fuselée.
Georges, vainqueur du Grand Prix de France en 1912
Georges, vainqueur du Grand Prix de
France en 1913 à Amiens, toujours sur Lion-Peugeot
1914
En 1914, il participe au GP d'Amérique, à
Indianapolis, avec une 5.7 litres type GP 1913, mais doit abandonner à la suite
de problèmes d'amortisseurs défectueux et d'un accident causé par un éclatement de pneu.
Georges, à Indianapolis en 1914
La grande confrontation internationale de 1914, sur le plan sportif, est le GP
de l'ACF disputé au sud de Lyon sur un circuit qui doit, en principe, favoriser
les voitures françaises, notamment les Peugeot et les Delage. A cette époque,
remporter cette épreuve équivaut à être Champion du Monde de nos jours. Georges Boillot est
montré comme le
favori. Trop confiants, les français ont mal préparé cette course, qui se déroule
dans un climat de tension internationale insoutenable. Au-delà du sport,
certaines des nations représentées jouent leur honneur. Quatre semaines plus
tôt, un archiduc autrichien a été assassiné à Sarajevo. L'équipe Mercedes,
d'une discipline rigoureuse, s'est préparée techniquement, psychologiquement.
Elle aligne cinq voitures. Deux lièvres, Sailer et Pillette, partent à fond,
entraînant Boillot, dont la Peugeot, instable, mange ses pneus trop vite. Ce
dernier prend la tête trop tôt et tente de rattraper les minutes perdues à
cause des changements de pneus. Il se fait rejoindre par Lautenschlager et doit
tout donner au mépris de sa mécanique, de ses pneus défectueux, de la tenue de
route précaire de sa voiture déséquilibrée par le poids des roues de secours en
porte à faux. La lutte est épique, intensément suivie par les dizaines de
milliers de spectateurs angoissés. Au 18e tour, Lautenschlager dépasse Boillot.
Le Français doit s'arrêter encore, puis repart et remonte à 33 s du leader. A
la fin de l'avant dernier tour, une soupape casse dans son moteur trop forcé.
Boillot s'arrête, effondré, en larmes. Trois Mercedes prennent les trois
premières places. Un mois plus tard, c'est la guerre.
Boillot aviateur
Mobilisé, Georges est chauffeur au GQG, chargé des
liaisons rapides, avant de devenir celui du Général Joffre. Mais il est pilote,
et veut se battre comme les autres aviateurs de l'époque. Il obtient sa mutation dans l'aviation de chasse nouvellement
créée. Le 19 mai 1916, dans le ciel de Verdun qu'il faut interdire aux
appareils ennemis, il engage un combat contre cinq Fokker, en abat un et tombe
à son tour, mortellement touché, dans les lignes françaises. Héros à bord de ses
voitures, il tombe en héros à bord de son avion. Georges Boillot, capable par sa
bravoure de susciter l'enthousiasme des foules, restera dans nos mémoires comme
l'un des grands pilotes du siècle, comme le seront plus tard les Fangio, Ascari,
Senna ou Prost...
Georges, devant ce qu'il appelait son "bébé"
André Boillot
Georges Boillot avait un frère, André, son cadet. Né en 1891, aussi doué que son frère,
il fut également pilote de chasse et termina la guerre avec 5 victoires à son tableau de chasse.
En 1919, André se tourne vers la course automobile et gagne la Targa Florio, puis la Coupe Florio en
1922. En 1923, il remporte le Grand Prix de l'ACF Tourisme. En 1925, il remporte à nouveau ces deux dernières
courses, avant de remporter les 24 Heures de Spa en 1926. Il remporte de nombreuses autres épreuves avec
la Peugeot 174S sans soupapes, et restera, comme son frère l'avait été, fidèle à cette marque. Le 8 juin
1932, alors qu'il pilote sa Peugeot 201 X à moteur Bugatti, il trouve la mort dans une course de côte
d'Ars-La Châtre,
près de Châteauroux.