LA COMPETITION AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 18/05/2010

    Jo Siffert (1936-1971)    

Une seule passion, la vitesse...

Né le 7 juillet 1936 à Fribourg, en Suisse, dans un milieu très modeste, le petit "Seppi", comme l'appelait son entourage proche, débuta dans la vie active très tôt. Allant de métiers en métiers, de chiffonnier à apprenti carrossier, rien ne le prédestinait à devenir pilote de course..
La F1 pour Joseph Siffert, plus connu sous le nom de Jo Siffert, c'est 96 Grands Prix entre 1962 et 1971, soit 10 saisons. C'est deux victoires, au Grand Prix de Grande-Bretagne en 1968 et au Grand Prix d'Autriche en 1971, l'une avec la Lotus 49 B Ford Cosworth, l'autre avec la BRM P160. C'est également deux "pôle positions" au Grand Prix du Mexique en 1968 et au Grand Prix d'Autriche de 1971. Il montera 6 fois sur le podium, pour ses deux victoires, ses deux secondes places au GP des Pays-Bas en 1969 et au GP des Etats-Unis en 1971 et ses deux troisièmes places au GP des Etats-Unis de 1964 et au GP de Monaco en 1969. Il marquera 68 points en Championnat durant sa carrière et sa meilleure performance reste sa 4eme place au général avec BRM, à égalité de point avec la Ferrari de Jackie Ickx.

Les débuts

Un dimanche de 1948, il assiste avec son père au Grand Prix de Suisse qui se court à Berne. Comme Enzo Ferrari, qui a choisit sa voie en 1908 en voyant Felice Nazzaro courir la Coppa Florio, Jo Siffert n'a plus qu'une idée en tête, devenir pilote de course. Autre point commun avec le grand Enzo, tous deux étaient accompagnés de leur père et assistait à leur première course en tant que spectateur, Enzo avait 10 ans, Jo en avait douze.

Lors de ce Grand Prix de Berne, le jeune Seppi est fasciné par les prouesses du pilote français Raymond Sommer et dira alors : "je courrai comme Sommer, j'attaquerai !". Mais le chemin est long et avant d'en arriver là, Jo doit encore travailler dur. En 1951, il quitte l'école afin de gagner sa vie. Il enchaîne alors les petits métiers, comme ferrailleur, chiffonnier, puis apprenti carrossier dans un garage. Il restaure et vend des voitures. Les affaires marchent bien, et si elles ne sont pas louches, elles n'en demeurent pas moins obscures. De cette période de pauvreté, il gardera un tempérament débrouillard et une rudesse en affaires.

Premiers contrats, premières victoires

Jo va tout faire pour réaliser son rêve et ses ambitions. Avec ses économies difficilement gagnées, il achète une Gilera 125 cm3, puis une AJS 350 cm3 pour courir des GP. Avec ces deux motos, il va se faire connaître dans le milieu des courses dès 1957, dans des épreuves internationales. Durant cette période, il se forge une réputation de véritable "trompe-la-mort". En 1958, il fait équipe avec le pilote de side-car Edgar Strub et le duo fonctionne à merveille. De nombreuses victoires les portent à la troisième place du Championnat du Monde de la discipline pour la saison en cours et en 1959. Parallèlement, Jo court sur une Norton 350 vm3 et remporte le titre de Champion de Suisse 1959 dans sa catégorie. Tout le monde voit alors un Champion du Monde potentiel pour la saison suivante mais son rêve, son but, reste cependant l'automobile. Encore intact dans son esprit, cette passion prend le dessus cette année là et Jo décide d'abandonner la moto pour passer aux véhicules à quatre roues.

En juin 1960, après quelques cours de pilotage à Montlhéry, il prend livraison de sa Stanguelini de Formule Junior et commence à sillonner l'Europe. Cette vie de bohême, qui débute à la course de côte de Rossens, en Suisse, va lui servir d'apprentissage dans ce type d'épreuves, tout en continuant à s'occuper de son commerce de voitures d'occasion. Parsemé de joie, de nouvelles et solides amitiés, cette vie apporte également le froid, la faim, le manque de sommeil et les privations. Jo se prive de tout afin de pouvoir franchir une nouvelle étape, acquérir une Lotus 18. Ce sera chose faite au printemps 1961. Reléguant la Stanguelini au placard, devenue complètement dépassée, Jo dispose d'une voiture à la hauteur de ses ambitions. Le succès ne sa fait pas attendre puisqu'il remporte huit victoires majeures face à l'élite mondiale de la spécialité. 1er ex-aequo, il enlève le titre de Champion d'Europe de Formule Junior.

Malgré ce titre, aucune écurie officielle ne lui propose un contrat pour la saison suivante. Cependant, la chance semble avoir choisit Jo et c'est un compatriote qui va le tirer d'affaire. Georges Filipinetti, milliardaire Suisse passionné de course, vient de fonder son écurie et cherche des pilotes de qualité.

Epoque Filipinetti

En 1962, Jo Siffert décroche donc un contrat dans la nouvelle écurie de Filipinetti, valable pour trois années. C'est le 1er avril 1962 qu'il dispute sa première course de F1, lors du Grand Prix de Bruxelles et hors Championnat. Il termine 6e de l'épreuve avec sa Lotus. Si Jo parvient à résoudre ses problèmes de financement, il ne supporte cependant pas les contraintes de sa nouvelle cage dorée et avec le temps, se façonne un caractère indépendant qui va provoquer quelques éclairs. Tout ce termine par un conflit avec Filipinetti. Un accord est trouvé et Jo reprend sa liberté. C'est donc en indépendant qu'on le retrouve sur les circuits en 1963, avec sa Lotus 24 qu'il a racheté à son ancienne écurie. Sans victoires, mais avec 7 points, il termine 14e du Championnat.

Brabham - Rob Walker

Au volant de sa Brabham BT11, Jo participe au Grand Prix de l'ACF 1965. Ce jour là, à Clermont Ferrand, il termine 6e de l'épreuve
En 1963, Jo remporte sa première victoire de la saison à Syracuse, dans une épreuve hors Championnat. Il bat alors le grand Jim Clark, pilote officiel de l'écurie Lotus. En 1964, c'est au volant d'une Brabham qu'on le retrouve, toujours au sein du Jo Siffert Racing Team. Une nouvelle fois, Jo bat Clark en course, à Enna-Pergusa, dans le grand Prix de la Méditerranée. Il est alors approché par Rob Walker sur les recommandations de Jo Bonnier, pilote suédois très en vue à l'époque en F1 et en Endurance. Ce nouvel engagement va bouleverser la carrière de Jo. A partir de 1966, débute une longue collaboration de cinq années, jalonnée de succès. Il court en 66 avec une Brabham/Cooper, en 67 avec une Cooper/Maserati. C'est en 1968 qu'il remportera sa première victoire en Championnat, au Grand Prix d'Angleterre, sur la Cooper/Lotus 49B, effaçant la triste saison 67 ou Walcker avait engagé une Cooper-Maserati peu performante. Durant toute cette période, Jo participa parallèlement à des épreuves en Sports Prototypes pour Porsche et devenir l'un des piliers de la marque allemande. Il contribuera d'ailleurs à hisser cette marque au sommet de la discipline.

Jo, au volant de la Cooper-Maserati T81 de l'écurie Rob Walker. Engagé ce jour là à Monaco, il devra abandonner

Jo, prenant des nouvelles auprès de Graham Hill en 1968, au Grand Prix de France

69 - 71 et une mort tragique

A partir de 1969, Jo participe au Championnat Cam-Am, pour Porsche. Il se classera 4e en 1969 et en 1971. Entre-temps, après une saison 1969 avec une Lotus chez Brabham, Jo fait une saison 1970 catastrophique chez March. Ferrari ayant approcher Jo, Porsche avait décidé, pour ne pas perdre son pilote, de lui offrir un siège au volant d'une March pour une saison. Sur les douze Grands Prix, la voiture ne permettra pas à Jo d'engranger le moindre point. C'est donc chez Brabham qu'il revient en 1971 pour à nouveau renouer avec le succès, auprès de Pedro Rodriguez, qui trouva la mort au cours de la saison. Le moral très touché, Jo ne se laissera pas envahir par la tristesse et remontera le moral de son équipe. Il enlève sa deuxième victoire en Grand Prix en Autriche, en forme d'hommage, et termine 4e du Championnat pilotes. BRM, de son côté, termine second du Championnat des constructeurs. Malheureusement, Jo Siffert ne pourra poursuivre sa mission. A Brands Hatch, Jo trouve à son tour la mort sur le circuit. Ce 24 octobre 1971, il disputait une épreuve de F1 hors Championnat pour célébrer le deuxième titre de Champion du Monde de Jackie Stewart. Après avoir signé la pole position, "Seppi" rate son départ. En réalisant une superbe remontée, il perd le contrôle de sa BRM et sort de la piste. Tout cela à cause d'une crevaison lente. Sa voiture explose après plusieurs chocs violents. Jo Siffert ne sortira pas vivant de sa voiture. D'après les experts, Jo Siffert serait mort asphyxié dans l’incendie de son bolide retourné. Il avait 35 ans.

Jo et l'Endurance

Jo acquiert une certaine notoriété dans les Sports Prototypes. Entre 1968 et 1971, il remporta 14 manches (record absolu) du Championnat du Monde des marques, toutes avec Porsche. Il s'illustra dans de grandes épreuves, comme les 24 Heures de Daytona, les 12 Heures de Sebring en 1968, les 1.000 km du Nürburgring en 1968 et 1969, les 1.000 km de Spa-ferancorchamps en 1969 et 1970, ainsi qu'à la Targa Florio de 1970.
Aux 24 Heures du Mans, en 1966, il fut classé 1er de la catégorie 1.601-2.000 cm3 et à l'indice de Performance. Pilote reconnu des grands, disposant d'une rage de vaincre, il manquera beaucoup sur les circuits.

Jo, en 1969, derrière Steve McQueen