LA COMPETITION AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 18/05/2010

    Lucien Bianchi (1934-1969)    

Une seule passion, la vitesse...

Né le 10 novembre 1934 à Milan, Lucien arrive en Belgique en 1950, suivant son père, devenu mécanicien du pilote Johnny Claes. C'est avec ce pilote qu'il participe à ses premiers rallyes. Lucien suit des études techniques et complète sa formation par des stages chez Jaguar, Ferrari, Mercedes et Alfa Romeo. A 17 ans, son futur beau-père jacques Herzet lui demande d'être son coéquipier pour la Coupe des Alpes, sa carrière débute.

Ses débuts

Depuis 1953, Lucien participe à divers rallyes, à la Coupe des Alpes, au Liège-Rome-Liège, au Tulip Rally, au Lisbon Rally et termine second dans l'European Rallye Championship. En 1955, Johnny Claes l'invite à partager le volant d'une Lancia pour la redoutable épreuve Liège-Rome-Liège. Il termine 3e. Mais Lucien Bianchi obtient son premier résultat important en 1957, en remportant, avec Georges Harris sur une Ferrari, la catégorie 2 litres aux 24 Heures du Mans. Ils termine 7e de l'épreuve qui lui permet de se faire connaître. Olivier Gendebien lui demandera d'ailleurs de le seconder pour le Tour de France Auto. Ils mèneront leur Ferrari 250 GT à la victoire. La coopération aura du bon puisque les deux hommes, toujours sur Ferrari 250 GT, remportent les éditions 1958 et 1959. Il remportera cette épreuve également en 1964. Dans le même temps, Lucien touche à la F1, toujours pour l'écurie nationale belge. En 1959, c'est avec une Cooper, Lotus et Emeryson qu'il se fait la main mais ne dispute aucun Grand Prix, ne réussissant pas à se qualifier pour le Grand Prix de Monaco avec sa Cooper Lotus. C'est en F2 qu'il marque ses premiers points en terminant 3e au terme de sa première course, à Pau. Sa première course en F1, hors championnat, date donc de 1960, en Afrique du Sud. Dans le championnat 1960, il participe à trois épreuves mais ne termine qu'une seule course, avec une 6e place à Spa-Francorchamps avec sa Cooper. Il se classe 6e dans cette épreuve hors championnat.

Carrière F1

Lucien participe ensuite au saisons 1961, 1962, 1963, 1965 et 1968. En 1961, il ne termine pas ses trois Grand Prix, celui de Belgique avec l'écurie belge, et ceux de France et de Grande Bretagne avec la Lotus Climax de l'écurie UDT Laystall Racing Team. En 1962, il termine ses deux Grand Prix, en Belgique et en Allemagne, avec la Lotus 18/21 Climax et la ENB F1 maserati. Il se classe cette fois 9e et 16e. L'année suivante, il ne court qu'un seul grand Prix, celui de Belgique. Il court cette année-là pour Reg Parnell Racing et pilote une Lola Mk 4 Climax. Un accident mettra un terme à sa course. Absent en 1964, il revient pour une course en 1965 avec la Scuderia Centro Sud. Il termine alors 12e en Belgique avec la BRM P57. Il faut attendre 1968 pour revoir Lucien en Championnat. Son année est plus fournie puisqu'il est inscrit sur 7 courses. Il court alors sur Cooper T86B BRM de l'écurie Cooper Car Compagny. Ses meilleurs classements correspondent à ses deux premières courses, 6e en Belgique et 3e à Monaco. Le reste de la saison se résume à 4 abandons et 1 arrivée non classé. Ainsi s'achève la carrière de Lucien Bianchi en F1

Lucien Bianchi à Spa, en 1961, au volant d'une Emeryson

Au Nürburgring, en 1962, toujours au volant d'une Emeryson Maserati

Rallye

En 1963 avec Jean-Claude Ogier et en 1966 avec Christian Delferrier, sur Citroën DS 19.
Lucien Bianchi tâta également au Rallye. Déjà classé en 1952 dansla Coupe des Alpes, il remportera sa classe dans cette épreuve en 1953. En 1961, avec Citroën qui l'embauche comme pilote officiel, il remporte le Liège-Sofia-Liège au volant d'une DS 19 avec son ami Georges Harris. Avec la Citroën, il termine 2e du tour de Corse et 4e du Alger-Centre Afrique Rallye. Il revient aussi dans le Tour de France Auto, après ses victoires en 1957, 1958 et 1959. Après deux secondes places en 1961 et 1963, avec Olivier Gendebien puis Carlo Abate, Lucien décroche une nouvelle victoire en 1964 avec Georges Berger. Sa passion du rallye le mènera sur les routes du Londres-Sidney, en 1968. Malheureusement, un grave accident avec sa Citroën ID le mène à l'hôpital. Alors qu'il était en tête du Marathon, sa voiture percuta une voiture hors compétition. Pendant sa convalescence, il écrit un livre que je vous recommande : "Mes rallyes". Au cours des années 60, il remporta en catégorie de nombreuses épreuves, comme les Routes du Nord en 1963 et le Lyon Charbonnières en 1964 sur DS 19. En 1965, il remporte encore sa classe au Neige et Glaces sur DS 19, et la Targa Florio, le Lyon Charbonnières, le Tour de Corse, le Rallye des Cévennes et le Rallye de Catalogne, sur l'Alfa Romeo. Vainqueur en catégorie de la Coupe des Glaces en 1966 et 1968, du Rallye de Genève et du Tour de Corse en 1968, Lucien collectionna également de nombreuses secondes et troisièmes places, au général ou en catégorie.

Endurance

Après sa victoire avec Olivier Gendebien sur Ferrari 250 GT SWB aux 1000 km de paris à Montlhéry, Lucien va connaître le bonheur aux Etats-Unis. En 1962, il remporte sa première grande épreuve, les 12 heures de Sebring en voitures de sport avec Jo Bonnier sur Ferrari Testarossa. Il participe également aux 500 Miles de Daytona en 1964, terminant 2e de l'épreuve, puis 4e aux 1000 km du Nürburgring avec cette fois une GTO et von Ophen. En 1965, il remporte les 500 km du Nürburgring avec son frère Mauro, sur Alpine 1300. En 1967, il court en Championnat USAC avant de participer et remporter le Mugello avec une Alfa 33 et Vaccarella et Galli. La même année, il termine 3e à la Targa Florio avec Casoni. En 1968, avec son compatriote Jacky Ickx, il remporte les 6 heures de Watkins Glen, à bord d'une Ford GT40.

Jo Bonnier et Lucien Bianchi remportent les 12 Heures de Sebring en 1962 avec la Ferrari 250 TRI/61 de la Scuderia SSS Republica di Venezia
Lucien participa activement à de nombreuses autres épreuves, souvent avec des podiums à la clé. On se souviendra de ses participations aux 1000 km de Paris en 1960, 1961 et 1962, aux 24 Heures de Francorchamps en 1964 et 1968, ou aux 1000 km de Spa en 1966.

Le Mans

Victoire en catégorie pour Bianchi sur Ferrari 500 TR en 1957
Lucien participa 13 fois aux 24 Heures du Mans entre 1956 et 1968. Entre 1956 et 1961, Lucien pilota des Ferrari pour l'Equipe Nationale Belge (1956, 59, 60 et 61) et pour l'Ecurie Francorchamps (1957 et 58). Dans l'ordre chronologique, il abandonna avec Alain de Changy sur 500 TR (direction cassée 8e heure), il termina 7e avec Georges Harris sur 500 TRC, abandonna à nouveau les quatre années suivantes avec Willy Mairesse sur 250 TR (accident 4e heure), Alain de Changy sur 250 TR 58 (alimentation 6e heure), Jean Blaton sur 250 GT SWB (accident 3e heure) et Georges Berger sur 250 GT SWB (embrayage 7e heure) Lucien quitte les écuries belges pour rejoindre Maserati France en 1962, puis l'anglais David Brown en 1963. Là encore, ce sera deux abandons, avec d'abord la Maserati Tipo 151/1 qu'il partage avec Maurice Trintignant (suspension 16e heure) et l'Aston Martin DP215 avec Phil Hill (transmission 4e heure). Enfin, la chance sourit. En 1964, revenant chez ENB (Equipe Nationale Belge), il se classe 6e de l'épreuve avec Jean Blaton. La Ferrari 250 GTO, engagée en catégorie GT permet aux deux pilotes de se classer 2e de la catégorie. Les trois années suivantes sont par contre des échecs. En 1965, il abandonne avec Michael Salmon sur la Ferrari 250 LM de Maranello Concessionnaire (boite de vitesse 8e heure), en 1966 avec Mario Andretti sur la Ford GT 40 MKII d'Holman et Moody (moteur 8e heure), puis avec la même écurie et le même copilote avec une GT40 MKIV (accident 13e heure). Le grand succès vient enfin en 1968. Engagé par John Wyer Automotive pour piloter la GT 40 MKI, il remporte l'édition avec le mexicain Pedro Rodriguez. Malheureusement, Lucien ne pourra pas remettre son titre en jeu.

La Ford de Bianchi et Rodriguez derrière celle de Paul Hawkins et David Hobbs qui abandonnera au cours de la 10e heure en 1968

30 mars 1969

La carrière de Lucien Bianchi aurait pu durer encore quelques années et son palmarès aurait pu s'étoffer d'autres victoires. Malheureusement, elle s'acheva au Mans en mars 1969. Durant les essais préliminaires des 24 Heures, Lucien rencontre des problèmes avec son Alfa 33 3 litres. Le capot moteur a tendance à s'ouvrir en pleine charge. Au bout d'une heure d'essais, ce capot cède et Lucien doit s'arrêter en catastrophe sur le bord du circuit. Revenu au stand, il ne reprendra pas le volant avant le lendemain. Les ennuis continuent alors. Malgré le travail des mécaniciens, qui ont renforcé les attaches, le capot continu de faire des siennes et s'ouvre encore. Après une réparation de fortune, Lucien repart sur la piste. Au niveau de la bosse qui mène à Mulsanne, le pilote doit ralentir et met son clignotant pour signaler que sa voiture à un problème. Sa voiture mord alors le bas côté au bout de la ligne droite et percute un poteau télégraphique. La voiture s'enflamme puis explose. Lucien n'a pas eu le temps de sortir de la voiture et prisonnier des flammes, trouve la mort dans l'incendie de l'Alfa, à 34 ans. sa voiture sort de la piste au bout de la ligne droite de Mulsanne. Cet accident inexpliqué coûta la vie de notre talentueux pilote, qui périt dans son Alfa en flamme. C'était le 30 mars 1969.