LA COMPETITION AUTOMOBILE
Dernière mise à jour : 18/05/2010
Félice Nazzaro (1881-1940)
Une seule passion, la vitesse...
Félice Nazzaro fait
partie de ces pilotes qui ont pris tous les risques et qui sont resté en vie
malgré un nombre impressionnant de courses disputées. En effet, être pilote, au
début du siècle, n'était pas de tout repos et les accidents mortels étaient
fréquents. A cette époque, la sécurité passive des voitures était quasiment
nulle et les routes, les freins, les roues, les pneus en étaient à leurs
ébauches. Au contraire, les moteurs délivraient déjà une puissance considérable.
La vitesse obtenue était déjà relativement élevée mais les autos étaient
dépourvues de freins efficaces et la tenue de route laissait à désirer. Sans
casque, sans ceinture de sécurité, sans arceau, le pilote exerçait un métier
bien dangereux.
1907 - Vainqueur du Grand Prix de France, de la Targa Florio et du Kaiserpreis, sur Fiat.
1908 - Vainqueur de la Coppa Florio à Bologne, 3e du Grand Prix d'Amérique à Savannah.
1913 - Vainqueur de la Targa Florio sur une Nazzaro.
1914 - Vainqueur de la Coppa Florio en Sicile.
1922 - Vainqueur du Grand Prix de l'ACF à Strasbourg, 2e du Grand Prix d'Italie à Monza.
1923 - 2e du Grand Prix d'Italie à Monza.
C'est avec le siècle que félice débute sa carrière de pilote. Entré à 18 ans
chez Fiat, en même temps que son comparse Vincenzo Lancia, tous les deux comme
contrôleurs, félice aborde la course un an plus tard, à 19 ans. Il participe
alors à l'épreuve de Padoue à Padoue, longue de 220 km. Avec sa Fiat, marque à laquelle
il restera fidèle tout au long de sa carrière longue de 40 ans, il termine troisième de l'épreuve.
Il se retrouve ensuite, en 1901, sur la Piombino-Grosseto. Il remporte là sa première victoire, à plus de 44 km/h de moyenne
sur une course de 80 km. Puis, peu de temps après, il remporte la course Turin-Bologne, longue de 302 km.
Son nom commence à être connu mais il reste encore dans l'ombre d'un certain Vincenzo Lancia, pilote
également sur Fiat mais aussi ami personnel de félice. En 1905, son talent lui permet de franchir les frontières
pour disputer des épreuves internationales. C'est ainsi qu'on le retrouve en France en juillet 1905, pour la
célèbre Coupe Gordon Bennett. Le public, qui acclame la victoire de Théry, ne peut ignorer cet italien qui
franchit la ligne d'arrivée en deuxième position. Pour confirmer cette belle prestation, félice
termine à nouveau second du Grand Prix de l'ACF de 1906, disputé sur le circuit du Mans. Ce jour-là, si la Renault
de Szisz est la plus chanceuse en terminant première, félice peut s'enorgueillir d'avoir réalisé le tour le plus
rapide de l'épreuve, à 107 km/h.
félice, à bord de la Fiat 1905
La Fiat du Kaiserpreis 1907
1907 - Première grande victoire
félice, surnommé "campionissimo", est inscrit pour l'édition 1907 de la Targa Florio.
Avec sa Fiat, il fait une course mémorable et remporte l'épreuve à
53 km/h de moyenne, dominant sans complexes tous ses adversaires, sur un terrain
très accidenté. 1907 représente, dans la carrière de félice, ce qu'on appelle
une grande année. Il remporte le Prix impérial en Allemagne, sur le circuit
du Taunus, et le Grand Prix de l'ACF, à plus de 113 km/h sur le circuit de
Dieppe. En 1908, il remportera la Coppa Florio à Bologne, et se classera
troisième lors du Grand Prix d'Amérique à Savannah. Après un passage à vide, il
revient en première page des journaux en remportant ce qui est devenu une
spécialité pour lui, la Targa Florio de 1913. En 1914, il s'adjugera encore la
Coppa Florio disputé en Sicile.
félice en action dans la Targa Florio de 1907
La fameuse Fiat GP de 1907
félice, entouré par Vincenzo Lancia, Giovanni Agnelli et Louis Wagner
Avant de poursuivre, signalons que félice fut le premier
à franchir la barre des 200 km/h, en 1908. Un exploit qui confirme son talent.
Nazzaro, la marque
Nazzaro 1913
En 1910, félice Nazzaro délaisse un peu Fiat pour créer, à Turin, sa propre marque automobile. Comme
d'autres pilotes de l'époque, passer de pilote à constructeur est comme une
prolongation de carrière. Dans le cas de félice, c'est avant de connaître le
grand succès qu'il se lance dans cette voie. Malheureusement, au contraire de
Lancia ou de Ferrari, ses voitures ne connaîtront pas le même succès. S'est-il
lancé trop tôt ?
L'après-guerre
Après le premier conflit mondial, alors que tout le monde pensait que félice était fini pour la
compétition automobile, ce dernier revient au premier plan à l'occasion du Grand
Prix de l'ACF de Strasbourg. Cette année-là, il pilote à nouveau une Fiat. Ce 15
juillet 1922, quinze ans après sa première victoire, il monte une nouvelle fois
sur la plus haute marche du podium. Quelques temps après, sur le tout nouveau
circuit de Monza, à quelques kilomètres de Milan, félice participe au Grand Prix
d'italie. Trois Fiat termine en tête, celle de félice se classant seconde,
malgré le fait qu'il ait dominé tous ses opposants. L'année suivante, au cours
de ce même Grand Prix, toujours couru à Monza, félice termine une nouvelle fois
second, derrière la Fiat de Salamano. Mais une nouvelle vague de pilotes
italiens déferle sur le sport automobile. La carrière de félice touche à sa fin.
Désormais, ce sont les des pilotes comme Ascari père, Enzo Ferrari, Campari,
Masetti et autres qui vont gravir les marches des podiums, portant les couleurs
d'une nouvelle écurie prestigieuse, Alfa Roméo. A cette époque, Fiat lâche peu à
peu la compétition automobile de haut niveau après une moisson de succès dus en
partie à félice qui se retire de la course au milieu des années vingt. Il
restera cependant un employé privilégié de Fiat jusqu'à sa mort en 1940.
félice au Grand Prix de l'ACF à Strasbourg en 1922
Le "Métronome"
Comme beaucoup de pilotes, félice fut aussi connu sur les circuits grâce à son surnom, le
"Métronome", qui symbolise sa régularité de son pilotage. Giovanni Agnelli,
patron de la FIAT, disait de lui : "félice conduit comme il se conduit, avec
élégance, intelligence et efficacité."
Le circuit de Monza
Décidé en février 1922 par l'Automobile Club de Milan,
la construction du célèbre circuit italien débuta dans le Parc Royal de Monza
le 15 mai de cette même année. Les travaux furent achevés
le 3 septembre pour une course d'inauguration remportée par la Fiat de Bordino. Ce circuit de Milan est constitué
d'une partie routière de 5,5 km et d'un ovale de vitesse de 4,5 km dû aux crayons de félice Nazzaro et de Vincenzo Lancia.
Le "chouchou" d'Enzo Ferrari
Parmi les pilotes qui ont eu le privilège d'impressionner le grand Enzo Ferrari, félice occupe certainement
la première position. Dans ses mémoires, le "Commandatore" nous explique pourquoi. En 1908, Enzo n'a que dix ans lorsque son père l'emmène voir
une course automobile, sur la via Emilia à Bologne. Impressionné par la vitesse et la prestation de félice Nazzaro, qui file à 118 km/h de moyenne sur sa Fiat, le jeune
Enzo est victime d'une soudaine révélation. Il sera pilote de course, comme Nazzaro. Sa passion pour l'automobile le mènera ensuite de pilote à constructeur,
auteur de voitures aussi prestigieuses que légendaires. Merci félice.