LA COMPETITION AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 18/05/2010

    Raymond Sommer (1906-1950)    

Une seule passion, la vitesse...

Né le 31 août 1906, à Mouzon dans les Ardennes, Raymond Sommer n'aura qu'un but dans sa jeunesse, devenir pilote de course. Ses débuts remontent aux années trente, quand il s'essaye, au volant de voitures américaines, dans des épreuves locales. Il devient beaucoup plus connu à la suite de sa victoire dans le Grand Prix de Marseille en 1932, quand il devance Nuvolari et Guy Moll. Ce jour-là, il est au volant d'une Alfa Romeo type Monza, à égalité d'armés avec ses poursuivants. Alfa Romeo est une firme qui lui portera chance, puisque c'est avec cette marque qu'il signera ses plus grandes victoires.
Bien qu'il n'ait disputé que cinq GP comptant pour le Championnat du Monde de Formule 1, Raymond Sommer, dit "le sanglier des Ardennes", fait incontestablement partie des plus grands pilotes français, au même titre qu'Alain PRost ou Jean Behra. Il était connu pour sa gentillesse, ses qualités humaines et son sens inné du pilotage. Avec sa "belle gueule" d'acteur de cinéma et sa haute stature, certains l'auraient plutôt imaginé faisant une carrière d'acteur de cinéma. D'autres jugent que grâce à haute stature, il était plus taillé pour pratiquer l'athlétisme que le sport automobile. Ils se trompaient tous.

Le sanglier des Ardennes

Roger Sommer, propriétaire d'une importante industrie textile à Pont-à-Mousson et pionnier de l'aviation, construisait également ses propres aéroplanes. En 1909, Roger emmène son fils Raymond pour un premier baptême de l'air et le fait assister à sa première course à l'âge de 6 ans. A 13 ans, Raymond conduit déjà la voiture familiale. Plus tard, il suit des études dans un collège de Grande-bretagne, à Manchester. Passionné par la boxe, il deviendra semi-professionnel dans cette discipline à l'âge de 19 ans. Il se rend ensuite au Maroc, exerce différents métiers, dont celui de laveur de voitures dans un garage à docker... Il reviendra travailler dans l'entreprise de son père mais trouvera le métier trop ennuyeux. A cette époque, une autre passion monopolise son esprit, la compétition automobile. Il rêve déjà de faire une carrière de pilote de course. Roger Sommer, sous la pression de son fils, offre à ce dernier un roadster Chrysler pour débuter en course. C'est donc en 1931 qu'il dispute sa première course.

Sa première course est le Critérium de tourisme Paris-Nice. Il remporte la catégorie 3 à 5 litres et termine 10e du classement général. prestation va le convaincre de poursuivre l'aventure et Raymond décide de s'inscrire pour la prochaine édition des 24 Heures du Mans. C'est avec sa Chrysler 6 cylindres qu'il se présente au départ, accompagné par Jean Delemer. Malheureusement, au bout du 14e tour, les deux hommes sont contraints à l'abandon. Nullement découragés, Raymond et Jean s'inscrivent aux 24 Heures de Spa-Francorchamps. Cette fois, ils se classent 3e au général et remporte la victoire dans la catégorie des plus de 3 litres. La carrière de Raymond est lancée.

1932 - 1939

Après une seconde place au Critérium Paris-Nice, Raymond décide de changer de voiture et d'acquérir un modèle plus performant. Il choisit alors une Alfa Romeo 8C 2300 à compresseur. Il fera modifier la carrosserie par le carrossier Figoni et c'est Luigi Chinetti, son coéquipier pour l'occasion, qui prépara la voiture. Avec cette dernière, Raymond et Luigi s'engagent aux 24 Heures du Mans et à la surprise générale, remportent majestueusement l'épreuve devant toutes les Alfa Romeo d'usine. D'amateur inconnu, Raymond devient dès lors un champion reconnu, et sa popularité ne va pas cesser de croître, devenant très populaire au fil des courses qui vont suivre. En septembre 1932, il remporte sa première victoire dans le Grand Prix de Marseille à bord d'une Alfa Romeo Monza, devant son idole, le grand Tazio Nuvolari et Guy Moll. Les deux hommes seront vite amis et c'est ensemble qu'ils participent aux 24 Heures du Mans de 1933. L'association est un succès et les deux pilotes remportent l'épreuve, à 131 km/h de moyenne. Dans ce grand marathon, Raymond a montré toute sa détermination et sa force, effectuant le maximum de relais de nuit, laissant Tazio finir en beauté et au sprint, raflant la victoire au coéquipier de l'année précédente, Luigi Chinetti. Raymond et Tazio  se retrouveront sur d'autres circuits, partenaires ou adversaires, mais partageront ensemble leurs loisirs et certains voyages. Toujours en 1933, Raymond s'illustre également au Grand Prix de France, à Montlhéry, 4e sur Alfa derrière Campari, Etancelin et Eyston. Second à Spa avec Stoffel, il s'affirme tranquillement. Il inscrit une seconde place à Spa cette année là à son palmarès. Après des courses avec Maserati en 1934, et une troisième place au Grand Prix de Belgique, on retrouve Raymond en 1935, remportant le grand Prix de France puis le Grand Prix de Comminges avec l'Alfa Romeo B/P3. Cette fois, sa réputation est définitivement établie. L'année suivante, il gagne le Grand Prix de l'ACF au volant d'une Bugatti 57 G à Montlhéry, en Formule Sport, avec Jean-Pierre Wimille et s'adjuge les 24 Heures de Belgique. Pilote d'usine pour Talbot, il court en catégorie Sport pour la saison 1937, remporte le Grand Prix de Tunis avec la Talbot Sport et se voit sacré Champion de France des conducteurs en catégorie Sport. Entre 1931 et 1938, Raymond cumula 15 victoires. Parallèlement à Talbot, Raymond défendra également les couleurs de la Scuderia Ferrari en pilotant des Alfa Romeo en Grand Prix. En 1939, Raymond est encore sur le devant de la scène et est sacré une nouvelle fois Champion de France, en pilotant des Alfa, des Maserati et des Talbot. Cette même année, il bat également le record du tour sur le circuit de Montlhéry, sur une Alfa, à une moyenne de 239 km/h. Mais la guerre va mettre provisoirement sa carrière en sommeil.

En 1932, aux 24 Heures du Mans, Raymond Sommer pilota durant 20 heures d'affilée, Luigi Chinetti étant trop malade pour prendre le volant de l'Alfa Romeo 8C

Seconde Guerre Mondiale

Engagé dès le début du conflit, Raymond se battra face aux allemands comme il se battait sur les circuits. On raconte souvent l'anecdote suivante : avec un simple fusil mitrailleur, Raymond tira sur des avions allemands et en descendra deux.
Prisonnier, il s'évade du camp ou il est enfermé en 1941 et rentrera en France. A la Libération, il retournera à sa passion, la course automobiles. En 1945, il remporte la Coupe des Prisonniers et en 1946, remporte plusieurs victoires en Grands Prix avec entre autre le Grand Prix du Forez, le grand Prix de Marseille et la Coupe René le Bègue, sur Maserati. Il remporte également le Circuit des 3 villes et le Grand Prix du Salon, toujours avec une Maserati. Il sera sacré une nouvelle fois Champion de France des conducteurs, et Champion d'Europe pour Alfa Romeo, Talbot et Maserati.

Raymond Sommer au volant d'une Maserati 4CL
Enzo Ferrari, l'ayant remarqué, l'a fait venir au sein de la Scuderia et Raymond remporte le Grand Prix de Turin et celui de Florence en 1947. C'est à cette époque qu'il rencontre Amédée Gordini pour qui il pilotera régulièrement dans différentes épreuves, comme au Prix du Leman, ou il mène sa Simca-Gordini T11 à la seconde place à l'arrivée. Il forme alors, avec Maurice Trintignant et Robert Manzon, la fameuse équipe des "trois mousquetaires", un trio qui sillonnera l'Europe avec succès. Raymond, qui n'est fidèle à aucune marque, sa passion de la conduite passant avant tout, conduira également des Aston-Martin.

Premier accident, premiers soucis de santé

En 1948 et 1949, Raymond doit fréquemment s'absenter des circuits, souffrant de violentes crises d'asthme et devenant dépressif. De plus, lors du Grand Prix de Perpignan, Raymond est victime d'une spectaculaire sortie de route, qui le tiendra encore éloigné des circuits. En 1950, Raymond prend part à la première saison du Championnat du Monde de Formule 1 en prenant le volant pour la Scuderia Ferrari. En cours de saison, il se brouille avec Enzo Ferrari, trop autoritaire à son goût. C'est donc avec Talbot privée qu'il poursuit la saison.

Toujours prêt à se battre, malgré sa maladie, il accepte de participer à une épreuve mineure, le Grand Prix de Cadours, le 10 septembre 1950. Pour cette épreuve, il fait l'acquisition d'une nouvelle voiture, un Racer Cooper-Jap. Au cours du 4e tour, alors qu'il double un autre pilote, sa voiture fait un tête à queue, sort de la route et fait deux tonneaux. Quelques minutes plus tard, Raymond s'éteint, succombant à ses blessures. Quelques temps plus tard, l'analyse de la voiture dévoilera que l'accident fut causé par la rupture d'une biellette de direction.
Ce 10 septembre 1950, le sport automobile français perdait l'un de ses plus grands pilotes.
Egalement surnommé Raymond "Coeur de Lion", outre sa gentillesse, son art du pilotage, Raymond possédait des qualités physiques et morales qui firent de lui un champion d'exception. Sa passion était la conduite, la vitesse,plus que l'ambition. Il dira un jour qu'il "préfère le jeu à l'argent", ne pouvant de ce fait que jouer sa vie.

Enzo Ferrari

Enzo appréciait beaucoup Raymond Sommer, admirant son talent de pilote mais aussi sa grande clairvoyance dans le domaine technique. C'est Sommer qui incita Enzo à poursuivre dans la voie de la compétition, une voie choisie en 1950 en devenant constructeur de voitures de course. Sommer l'encouragea dans l'adoption d'un moteur disposant d'une architecture 12 cylindres en V, sans compresseur, qui fera parler de lui dès les premiers Grands Prix du tout nouveau Championnat du Monde de 1950.

Raymond, à bord de la Ferrari en 1947

Championnat du Monde 1950

En 1950, après la Ferrari 125 V12, pilotée au Grand Prix de Pau et à Monaco, ou il finit 4e dans les deux épreuves, Raymond pilota une Talbot-Lago T26C pour ses trois autres Grands Prix d'une saison malheureusement inachevée.

Raymond, à bord de la Ferrari à Pau le 10 avril 1950 et au volant d'une Talbot-Lago T26C
Au cours de sa carrière, Raymond Sommer remporta 2 fois les 24 Heures du Mans, en 1932 et 1933, avec l'Indice de Performance en 1932. Il compte également 32 victoires en Grands Prix et courses diverses, mais aucune dans le nouveau Championnat du Monde de 1950. Il signa également 20 deuxièmes places, et 19 troisièmes places.

1951 ?

Apprécié des français et des italiens, Raymond séduisit également les britanniques. Les dirigeants de la British Motor Racing l'invitèrent à piloter une voiture, en essais, durant la saison 1950. On peut alors imaginer qu'il aurait pu prendre le volant d'une BRM en 1951 si le destin en avait jugé autrement.