GALERIES ET BALLADES     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les Salons de Paris

1958 - 45e édition

Rien de nouveau

Grand Palais - Du 2 au 12 octobre - 1.180 exposants - 712.000 visiteurs
Inauguré par René Coty, président de la République française.

Les cycles, motocycles, véhicules industriels et cars sont exposés à la Porte de Versailles.
Le Salon de 1958 devait être le dernier Salon de l'auto à se dérouler au Grand Palais. En effet, un superbe édifice, reposant sur trois simples pieds, était en construction à la Défense. Cette gigantesque voûte, que les journalistes étrangers qualifiaient de "pure merveille", semblait destinée à recevoir les Salons les plus importants, dont celui de l'automobile. La police parisienne applaudissait à grands bras cette initiative, car elle voyait dans cet exil vers l'ouest de Paris la fin des embouteillages autour des Champs-Elysées et à la Porte de Versailles. Leur rêve ne se réalisera pas, et le Palais du CNIT ne recevra jamais le Salon de l'Auto.

La première chose qu'on remarque, en entrant dans le hall principal du Salon, c'est l'absence des carrossiers. l'époque est révolue et ils ne sont plus que trois, Letourneur et Marchand, Chapron et Pichon & Parat, à être présents au rendez-vous. En ce qui concerne les constructeurs de voitures particulières, 73 stands attendent les visiteurs. 12 sont français, 22 sont britanniques, 13 sont d'Allemagne de l'Ouest, 15 sont américains, 6 sont italiens, 2 sont suédois. Ajoutons à ce décompte un constructeur d'Allemagne de l'Est, un Hollandais et un Tchécoslovaque.

Les temps ont changé, et le sur mesure a fait place à la confection, au prêt à porter. C'est valable dans les magasins d'habillement comme dans les garages. La mode change.

L’actrice Anne-Marie Mersen, sur le capot d'une Simca Océane.
On peut également constater, en se promenant dans les allées, que les modifications apportées par les constructeurs français à leurs voitures sont nombreuses, mais somme toute minime. Chez Simca, par exemple, on peut voir le nouveau modèle Montlhéry, né de l'adaptation au modèle Elysée du moteur Flash de 57 ch. En revanche, le modèle Elysées-Matignon est abandonné. Rien de véritablement nouveau donc. Notons toutefois l'adoption de sièges couchettes sur toute la gamme des Aronde.

L'américaine de Simca

Chez Simca, la gamme Vedette, jusque là représentée par la Versailles, va être chamboulée. Deux nouveaux modèles sont à l'honneur, la Beaulieu qui remplace donc la Versailles, et la Chambord qui remplace la Régence. Le break Marly conserve son nom et adopte seulement la nouvelle face avant des Beaulieu et Chambord. Ces voitures sont inspirées, à l'échelle française, des productions américaines. Autre nouvelle venue, la Présidence, haut de gamme de Simca. Comme chez Peugeot, on parle Diesel avec un bruit qui court comme quoi la marque proposerait bientôt une version de l'Ariane dotée d'un moteur Diesel Perkins, en série.

Chez Citroën, Peugeot et Renault

Là aussi, pas de grande révolution. On présente l'ID 19. La 2 CV reçoit une porte en dur qui ferme maintenant le coffre à bagage. Cette porte sécurise désormais l'habitacle. En effet, les valises et les marchandises transportées étaient des proies faciles pour les voleurs qui, d'un coup de ciseaux bien placé pouvait les dérober facilement.
Chez Renault, on propose désormais un chauffage Sofica pour la 4 CV, et une transmission automatique Transfluide sur la Frégate. La gamme Dauphine, dont Renault se félicité d'avoir fabriqué en six mois la bagatelle de 135.700 exemplaires, vient remplacer doucement la gamme des 4 CV. cette gamme Dauphine s'enrichit en plus de la version Gordini, dont la mécanique dispose de 35 ch., accouplée à une boite de vitesse à 4 rapports. Le Sorcier, dont le nom avait longtemps été attaché à celui de Simca, commence une collaboration avec la Régie qui va durer plusieurs années. On peut également assister à la présentation de la Floride, qui doit être commercialisée au cours de l'été 1959. Elle sera disponible en version coupé, avec hard-top, et en version cabriolet.

La nouveauté vient peut-être de chez Peugeot, qui présente toujours sa 203 mais qui offre une nouvelle 403. Présentée en 1955, cette dernière devient, en 1957, la première automobile Peugeot à sécurité passive. Le lion qui ornait le capot est supprimé, trop dangereux, remplacé par une petite baguette chromée. Le lion est toutefois offert à l'acheteur. La voiture perd également ses fourchettes arrière de signalisation, remplacées par les premiers clignoteurs de France. Elle adopte aussi les premiers codes, les premiers essuie-glace parallèles. C'est aussi la première à recevoir un moteur 403, les versions précédentes disposaient d'un moteur 203. On parle aussi beaucoup du Diesel chez Peugeot, l'essence coûtant déjà chère à l'époque.

Les anglais

Les britanniques sont venus en force à paris afin de tenter de conquérir une part de ce marché en plein boom, et ce dans le domaine de la voiture populaire comme dans celui du très haut de gamme. Pour exemple, la grande nouveauté de ce Salon sera l'avènement de l'Aston Martin DB 4, qui n'est pas précisément destinée au plus grand nombre.

Made in USA

Les voitures américaines font toujours rêver les français, pour qui en posséder représente encore un gage de réussite sociale. Mais les voitures américaines changent de formes et commencent à être moins extravagantes, moins longues qu'auparavant, à l'instar de la Studebaker Lark VIII, présentée à Paris.

Venue de loin

"Le péril jaune" a t'il commencé en 1957 ? En tout cas, on parle déjà à cette époque du Japon. Les premières voitures de la marque Prince arrivent sur le marché.

Abarth

Chez nos voisins italiens, c'est le stand Abarth qui retient l'attention. Le sorcier italien exhibe une mécanique de banale Fiat 600 transformée en moteur de course de 750 cm3 double arbre à cames en tête.

Lancia

La berline Lancia Flaminia correspond au haut de gamme chez le constructeur italien. Elle était équipée d'un 6 cylindres.

Pays-Bas

Unique constructeur hollandais, Daf montre sa petite voiture à transmission automatique, par variateur, comme sur les Mobylette.

Karmann

Dessinée par le carrossier italien Ghia et construit en Allemagne par Karmann, ce joli coupé fera un malheur aux Etats-Unis. Présentée en août 1955, le coupé Karmann-Ghia est encore sur le stand de l'allemand et attire toujours les regards des visiteurs.

et...

Les petits constructeurs sont également au rendez-vous, et principalement les constructeurs de microvoitures. Le public peut s'attarder au stand Velam, pour découvrir l'Isetta, avec deux versions du modèle. La première est la Sport, qui a réalisé une série de records à Montlhéry avec une vitesse de 117 km/h pour un moteur de 236 cm3. La seconde est un Utilitaire. L'autre attraction du Salon est une nouvelle venue, fruit d'une collaboration franco-italienne. C'est la société ACMA qui la présente, sous le nom de Vespa 400. Fabriquée en France dans l'usine de Fourchambault, mais étudiée par Piaggio, ce petit véhicule n'a pas eu de production en Italie, la société Fiat a tout fait pour empêcher sa fabrication.

Autres curiosités

Les propositions pour des petites voitures économiques sont nombreuses, mais ce secteur ne prendra jamais véritablement son essor. Cependant, ce marché propose quelques réalisations très intéressantes. Le modèle Avolette en est un bon exemple.

Les modèles de série donnent souvent des idées à quelques carrossiers. Ces modèles restent souvent des prototypes mais ne manquent pas d'intérêt. En 1957, c'est un curieux coupé qui attire l'oeil du visiteur. Présenté par le Marquis de Pontac, une carrosserie en matière plastique porte une robe assortie à celle d'un mannequin. Le slogan est "Une voiture s'habille aussi en Boussac", Boussac étant le nom d'une célèbre entreprise de textile. Sous ce prototype fort sympathique se cache une 2 CV Citroën.

Sur le stand des automobiles DB, Deutsch et Bonnet, on découvre les coupé à moteur Panhard, des voitures qui connaissent un beau succès grâce à des prestations exemplaires en compétition.

Souhaitons que le Salon 1958 nous apporte plus de créativité.