GALERIES ET BALLADES
Dernière mise à jour : 05/05/2010
Les Salons de Paris
1955 - 42e édition
Naissance d'un mythe et d'une étoile
Grand Palais - Du 6 au 16 octobre - 1.263 exposants -
1.037.000 visiteurs
Inauguré par René Coty, président de la République
française.
Les cycles, motocycles, véhicules industriels et cars sont exposés à la Porte de Versailles, les caravanes de camping sont exposées
dans les sous-sols du Grand Palais.
Pour de nombreuses personnes, le Salon de Paris de 1955 reste celui de la présentation de
la Citroën DS.
La vedette du salon, la Citroën DS 19, l'évènement de la décennie, alliant esthétique futuriste et technique d'avant-garde.
Une révolution.
Cette année, la majorité des voitures présentées sont encore des petites cylindrées produites en
grande série. Les plus grosses sont moins représentées mais éveillent toujours la curiosité.
Une autre catégorie d'automobiles font le spectacle, les machines de rêve habillées par les plus grands
carrossiers, qui attirent plus le regard que les clients éventuels. Au milieu de toutes
les propositions,
une automobile sort du lot, la DS 19 de Citroën.
Le Mythe : La DS
Voiture du futur à vendre. Voilà comment on pourrait présenter la nouvelle DS 19. Révolutionnaire, dotée d'innovations
tout azimuts, elle vole la vedette aux oeuvres des grands carrossiers de l'automobile, qu'ils soient français,
italiens ou américains. Pourtant, eux aussi, joue sur la modernité et le futurisme, mais ne présentent encore que des
voitures bob commercialisées, des concept-cars avant l'heure. La DS innove bien sur, mais l'avantage est que c'est du réel,
du prêt à emporter, du rêve disponible. Traction avant, carrosserie à châssis plate-forme intégré, et éléments démontables,
sans calandre et dotée d'un carénage total, la voiture fait la une de toute les presses, nationales ou internationales.
Une ère nouvelle vient de s'ouvrir, comme titreront certains journaux spécialisés. Aérodynamique, la Citroën vogue
comme un paquebot sur des suspension hydropneumatique à correcteur automatique de hauteur, le détail qui tue.
Et le public ne s'y trompe pas. Au bout de trois quarts d'heure, la marque enregistre 749 commandes et à la fin de la
première journée, les commerciaux peuvent annoncer un total de 12.000 commandes. Noyée dans une marée humaine depuis
le début de sa présentation, la DS aura conquis le public, mieux encore que sa devancière, aussi révolutionnaire, la Traction Avant.
En 2005, à l'occasion de son cinquantenaire, les amateurs de cette déesse de la route lui rendront un hommage particulièrement
mérité le 9 octobre 2005, en défilant, à plus de 1.600, dans les rues de Paris. Ils étaient encore plus nombreux,
au petit matin, au parc de loisirs de St Quentin en Yvelines.
Mais revenons à notre Salon de 1955.
Plus discrètement
Si Citroën monopolise l'attention, les autres constructeurs sont aussi très présents. Chez Renault,
Pierre Dreyfus, nouveau président de la Régie, doit faire face à un climat plutôt tendu au sein de son entreprise
et la présentation nouveaux modèles n'est pas la priorité. La
petite 4 CV et la Fregate sont les principales attractions du stand. Chez Peugeot, c'est la 403 qui trône en vedette.
Plus classique, elle souffre du succès de la DS de Citroën mais attire cependant la foule grâce à ses lignes signées Pininfarina. Chaleureuse, confortable, et silencieuse, la Peugeot connaîtra cependant, elle
aussi, un succès exemplaire.
Facel Vega, moins important, présente sa nouvelle FV2, présentée en septembre et qui succède à la FV1 de 1954.
Plus loin, Jean Rédélé présente sa petite Alpine à moteur et plate-forme de 4 CV Renault, à carrosserie en matière plastique.
On est encore loin d'imaginer l'avenir de cette petite sportive innovante. DB, de son côté, sable le champagne en
rappelant au passage les nombreux titres et victoires remportés par ces petites voitures au cours de la saison.
Alpine A 106
Américaines
De nombreux stands sont occupés par les marques américaines. Dodge présente la Kingsway, une voiture particulièrement
impressionnante par sa taille, comme d'ailleurs les autres voitures venues d'Outre-Atlantique, la Packard Caribbean,
la Cadillac Eldorado Brougham, et autres Buick, Chevrolet ou Pontiac. Toutes, ou presque, sont venues représenter
le haut de gamme américain. Seule la petite Nash Metropolitan fait figure de "standard",
et intéresse fortement
la clientèle européenne. Ses proportions sont en effet plus adaptées à la largeur des routes françaises.
Petite voiture
Présentée au cours du Salon 1955, l' Avolette est la version française de la Brütsch allemande.
La publicité annonce que cette voiture est "la plus petite et la moins chère". Fabriquée par la société Air-Tourist,
située à Paris, l' Avolette est proposée initialement dans une version similaire
à la Brütsch, avec deux phares encastrés un moteur Ydral de 175cm3.
Au Salon de 1956, elle évoluera mécaniquement et esthétiquement. Malheureusement pour le constructeur français,
une autre petite voiture, dans cette catégorie, est en passe de devenir un incontournable, la petite italienne Fiat 500,
présentée à Genève en mars 1955.
Au delà des frontières
Côté espagnol, c'est Pegaso qui présente la Z103 en deux carrosseries, spider et coupé. Côté italien, Fiat
présente ses petites voitures, la Fiat 500 et la nouvelle Fiat 600 (présentée en mars), qui depuis quelques
mois se vend comme des petits pains. Dans ses douze premiers mois de commercialisation, ce ne sont pas moins
de 300.000 Fiat 600 qui quittent les chaînes de l'usine de Turin. Chez les allemands, la Coccinelle est toujours la
vedette du stand Volkswagen, une entreprise qui prône encore le modèle unique. Le succès de ce dernier lui permet
d'ailleurs d'en profiter.
L'étoile : La Mercedes 300 SL...
Mercedes-Benz propose son nouveau petit bijou, la 300 SL, grande nouveauté de ce Salon,
grande par son concept mais aussi par son prix, 5.100.000 francs, alors que la petite Volkswagen ne coûte que
660.000 francs. Bien sur, la différence est de taille aussi.
La 300 SL a été conçue sur le modèle des voitures de compétition présentes
sur les pistes et circuits depuis 1952 et marquant de leurs
succès le monde de la compétition (W194 et W196). Depuis son lancement en 1954, ce curieux coupé "papillon",
malgré son prix, connaît un franc succès. Quelques mois après le Salon de Paris, le millième
exemplaires sortira des chaînes, en décembre pour être plus précis. la version Roadster apparaîtra en 1957.
Depuis, la 300 SL est devenu une légende.
Sur le même stand, trône également la nouvelle 190 SL, présentée à Genève en début d'année.
Avec une ligne issue du roadster 300 SL, elle est cependant moins agressive et n'a pas une vocation de sportive.
C'est une routière agréable qui saura durer, au contraire des rivales italiennes et britanniques, à la beauté
éphémère et au caractère moins trempé. Destinée à une clientèle aisée, elle privilégie le confort et le bon goût.
puis....
Au cours de la visite du Salon, on peut également découvrir quelques oeuvres dues aux grands "couturiers" de
l'automobile. Les français, italiens ou américains font preuve d'une grande modernité et sont les
principaux détenteurs de ce marché spécifique. Boano présente une étude de style qui semble issue d'une BD,
une voiture qui ressemble fortement à celles que l'on peut découvrir, si vous vous souvenez, dans le journal
de Spirou. A ses côté, toujours chez Boano, et dessinée par Raymond Loewy, trône une étude réalisée sur un châssis Jaguar XK,
impressionnante avec ses lignes tendues.
La Jaguar revue par Loewy et carrossée par Boano
D'autres réalisations attirent l'oeil, comme la Gaylord Gladiator, étude de style de Brook Stevens et animée
par un gros moteur V8 Chrysler Firepower, du moins sur papier, car ce moteur restera invisible. Son prix : 15.000 $, soit
la modique somme de 6 millions de francs de l'époque. De quoi laisser rêveur.
Ce projet, initié par James et Edward Gaylord, devait donner naissance à une voiture commercialisable, une
sportive haut de gamme dans l'esprit des Duesenberg et Stutz des annees trente. Brooks Stevens, designer réputé,
fut chargé de travailler sur ce projet. Il avait auparavant travaillé pour Kaiser Frazer et Willys. Le cabriolet
deux places à toit amovible ne sera jamais produit. Trois exemplaires auront vus le jour pour les présentations,
celui du Salon 1955, assemblé chez le carrossier allemand Spohn, et deux autres, dotés d'un moteur V8 Cadillac.
Jetant l'éponge, les deux frères laissèrent un quatrième châssis sans carrosserie.
Pour finir
Si la Bentley Continental étire ses ailes et sa carrosserie plongeante vers l'arrière, une interprétation du luxe
parfait qui ravit et fait causer les journalistes, on remarque une grande absente du côté des stands de l'Est.
La presse souligne principalement l'absence de la Gaz 12, une voiture d'apparat soviétique qui, par sa taille et
sa ligne, avaient surpris la presse occidentale. C'était d'ailleurs son rôle, impressionner.
Cette grosse berline, copiée sur le modèle américain, et dotée d'un gros 6 cylindres à soupapes latérales,
fut, par ses propriétaires, surnommée "la Mercedes russe". Véritable symbole de statut social pour des générations de russes,
on en trouvera quelques-unes en Europe, pricipalement dans les pays soutenus par l'Union Soviétique.
En France, à cette époque, Auguste Veuillet est le seul à en posséder une et circule régulièrement à son bord dans
les rues de Paris. Auguste Veuillet, pour souvenirs, est le pilote de course à l'origine du succès de
Porsche en France.
Quelques prix d'époque
Peugeot 403 berline : 710.070 francs
Peugeot 203 cabriolet : 840.000 francs
Renault Fregate Amiral : 849.500 francs
Isetta Velam : 297.000 francs
Porsche 1500 Super : 1.840.000 francs
Volkswagen : 660.000 francs
Mercedes 300 SL : 5.100.000 francs