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      GALERIES ET BALLADES     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les Salons de Paris

1953 - 40e édition

L'Amérique

Grand Palais - Du 1 au 11 octobre - 1.205 exposants - 902.000 visiteurs
Inauguré par Vincent Auriol, président de la République française.
Les cycles, motocycles, véhicules industriels et cars sont exposés Porte de Versailles
1953 - Les français rêvent d'un pavillon en banlieue, avec confort, aux vacances, mais aussi à l'automobile. La France voit son parc automobile s'agrandir et le français se doit d'être véhiculé. Le Salon d'octobre va offrir de nouvelles envies, malheureusement parfois au-delà de ses possibilités.

La vedette du salon, la Renault Ondine Ghia, élégant cabriolet issue de la Frégate et concoctée par le carrossier italien Ghia.
Les voitures américaines sont toujours le fantasme des européens. Champions incontestés de l'industrie automobile, ils ont fabriqué en 1952 près de 70 % de la production mondiale. Il faut dire que le pays a beaucoup moins souffert au cours de la guerre. Les voitures généreuses, rutilantes, pleines de chromes et d'accessoires, colorées et pimpantes, donnent quelques envies. Pourtant, le pays exporte très peu de ces modèles, les Etats-Unis, pays vaste et peuplé, suffit à écouler la production nationale. Le marché intérieur est immense et largement suffisant. Cependant, l'Europe est un pays à reconstruire et si une place est à prendre sur ce marché, c'est maintenant ou jamais. D'ailleurs, la demande existe bien.
Posséder une voiture américaine est une marque de réussite pour leur acheteur, leur conducteur et la famille qui l'emprunte au quotidien. Un rêve que les français découvre avec Qui n'a pas rêvé d'avoir "la" voiture d'exception, celle sur qui tout les regards se tournent. Imaginez vous au volant d'une Studebaker ou d'une Cadillac, au milieu des Renault, Peugeot ou Citroën d'époque. L'Amérique a engendré des générations d'imposantes voitures dotées de grosse mécaniques V8 et séduit les familles aisées. Pourtant, elles rencontrent la concurrence d'une autre catégorie de véhicules, qui bientôt, prendront le devant de la scène, grâce à une jeunesse moins traditionnelle et plus libérée. Le sport automobile va prendre toute son ampleur, le rock'n'roll va déferler sur l'Europe, et les petites anglaises et italiennes vont faire fureur.

Raymond Loewy, d'origine française, a fait sa réputation aux Etats-Unis en travaillant pour différentes sociétés. Il pose ici devant la Studebaker Commander dont il a signé le dessin.

Les sportives anglaises et italiennes gagnent du terrain,
les américains répliquent...

La production américaine reste donc assez marginale et en Europe, la demande s'affirme doucement vers d'autres modèles plus sportifs, plus puissants. La Grande-Bretagne sera la première à s'installer dans ce créneau et cette année, les Jaguar XK, les Triumph et les MG sont très à la mode. Elles sont même exportées par milliers aux Etats-Unis. La GM tentera de contrer cette arrivée massive, se découvrant un nouveau marché, et dévoile son arme secrète, la Corvette. Si les petites anglaises font un malheur et monopolise le marché du véhicule de sport, Chevrolet va changer la donne sur ses terres. Avec sa calandre en dents de requin, sa carrosserie plastique et son moteur 6 cylindres, la Corvette va donner naissance à toute une série de petites sportives qui deviendront des références, alors que les petites anglaises disparaîtront dans la grande majorité des cas. L'une d'elle d'ailleurs, la firme bristol fondée en 1947, arrive en force en 1953 avec un petit coupé sportif baptisé 404.

Les italiennes ne sont pas mal placées non plus sur le marché des voitures sportives. Au Salon de 1953, la production italienne est bien représentée, avec plus de modèles que l'année précédente. La production du pays est en expansion et les constructeurs ne veulent pas rester à la traîne. Déjà très présent en compétition, Ferrari commence à titiller le marché américain.

... et les françaises restent à la traîne.

En France, les constructeurs sont moroses et mécontents. Le marché est compliqué, les marques se cherchent, et la concurrence est rude. Des petites marques tentent pourtant de s'imposer, et parmi ces dernières, on note l'arrivée d'Arista qui propose un petit coupé sport et un roadster sport type Le Mans. Plus connue anciennement sous le nom de Ranelagh Sport, ces deux nouvelles voitures de la nouvelle marque sont proposées à 900.000 et 1.065.000 francs. Bâties sur des bases de Panhard, châssis et moteurs, Arista apporte aux sportifs et connaisseurs une voiture rapide, sécurisante, confortable et économique, permettant de participer à des épreuves sportives sans courir à la ruine. La Le Mans dispose du châssis Dyna et du moteur Sprint.

C'est Raymond Gaillard qui, en reprenant la firme Calista, fonda la marque Arista.
Chez Ford France, la Vedette est toujours en avant. Avec sa silhouette longue et surbaissée, le modèle 53 se présente sous plusieurs versions, dont une très confortable au prix de 845.000 francs. de son côté, Renault poursuit sa production de sa 4 Cv qui, cette année, offre un peu plus de place et un peu plus de confort. Toujours sous le charme de cette petite puce, les français sont de plus en plus nombreux à se laisser séduire, pour une somme de 479.000 francs toutefois. C'est le rêve accessible pour une grande partie des français et sa notoriété ne cesse de croître.
Sur le stand de Panhard et Levassor, la foule se masse autour d'un tank dessiné par l'ingénieur Riffard. Cet engin fut construit pour battre quelques records à Montlhéry dans la catégorie des 750 cm3 et dépassera à cette occasion les 200 km/h.

Sur le stand de Citroën, ce sont les traction et les 2 CV qui monopolisent la curiosité.

Il faut signaler qu'en 1953, 365.000 français ont acquis une automobile, principalement une 4 CV ou une 2 CV pour le secteur des voitures populaires, la 403 de Peugeot rivalisant avec l'Aronde pour la classe moyenne, et les Tractions, Vedette et Frégate se partageant le haut de gamme. Pas de quoi donner la fièvre. Les Stars, les huiles et même les "gangsters", préfèrent les américaines, avec leurs couleurs vices, leurs ailerons immenses et l'abondance de chrome cachant une mécanique puissante. Tout l'opposé des voitures française qui manquent de charme, le chrome coûtant cher à produire. C'est pourquoi les petits accessoiristes sont de plus en plus nombreux, proposant des enjoliveurs ou des sabots d'ailes, pour contenter les plus exigeants. Les constructeurs français sont à la peine, et si le pays comptait de nombreuses firmes avant la grande Guerre, ils sont de moins en moins nombreux à tenir un stand au Salon. Renault, Simca, Citroën, Peugeot et Peugeot restent les derniers géants d'une époque révolue. Même Panhard, la firme doyenne, devra plier le genou et se retrouvera sous la coupe de Citroën.

Un petit espagnol qui monte en puissance.

L'Espagne s'éveille à l'automobile et c'est l'ingénieur Wilfredo Ricart une nouvelle fois, qui suscite l'intérêt des visiteurs. Après la berlinette de 1951 et la Z102, la marque présente une nouvelle version de sa petite voiture de sport, déjà pleine d'avenir et annonçant la Z103 de 1955.

Et les autres

Si la France occupe une place importante dans ce salon, les marques étrangères ne sont pas absentes, loin de là. Les trois grands pays producteurs sont bien représentés, avec 22 marques britanniques, 19 marques américaines, et 18 marques allemandes. Loin derrière, l'Italie est représentée par 6 marques. Comme nous l'avons vu, l'Espagne est également là avec la marque Pégaso mais elle n'est pas la seule au milieu des grands. Deux marques tchécoslovaques sont également présentes, Tatra et Skoda.