GALERIES ET BALLADES     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les Salons de Paris

1949 - 36e édition

Le Salon de la pénurie

Grand Palais - Du 6 au 16 octobre - 1.189 exposants - 972.000 visiteurs
Vincent Auriol absent et non remplacé, l'inauguration n'a pas lieu.

La vedette du salon, la Wimille-Ford. Le pilote Jean-Pierre Wimille ébauche ici le schéma des voitures de sport modernes élaborées autour d'un moteur central.
Ce Salon d'après-guerre est celui de la pénurie. Même le client disposant d'assez d'argent pour commander une voiture doit faire preuve de patience avant d'en prendre possession. A cette époque, les constructeurs annoncent des délais de livraison très long, allant de 8 mois à 2 ans. Malgré la guerre, malgré les pénuries, les exposants sont plus nombreux que l'année précédente, la majorité d'entre eux étant des artisans en sursis.

Le rêve de plus d'un français, après toutes les années noires de guerre et d'occupation, reste la 2 CV Citroën. Mais même pour cette petite voiture, simple et populaire, les délais de livraison sont encore très long.
En 1949, l'acier, le caoutchouc, l'aluminium, le cuivre, etc., sont des matières rares et contingentées. La production des voitures est donc au ralenti. De plus, les administrations sont prioritaires, ainsi q'un certain nombre de professions d'intérêt public, comme les médecins.
Pour tenter d'obtenir la voiture de ses rêves en 1949, il faut que l'acheteur se procure une lettre de recommandation de son député, de fonctionnaires amis ou de militaires d'active. En effet, une grande partie de la production est réservée en priorité à l'exportation et sans passe-droit, il est très difficile de se procurer une voiture neuve. La France à besoin de devises et cette exportation est le meilleur moyen de s'en procurer. Les 2/5e de la production hexagonale sont donc vendues en dehors des frontières. Pourtant, malgré les pénuries, la France a construit près de 200.000 voitures en 1949, presque le double de 1948. Mais la demande, elle aussi, a fortement augmentée. Si en 1939 la France comptait 1 voiture pour 18 habitants, dix ans de guerre et la pénurie à réduit ce ratio à 1 voiture pour 25 habitants. Notons qu'à cette époque, les Etats-Unis disposent d'une voiture pour 4 habitants !

Ford SAF débute cette année la production de la Vedette
Le visiteur du Salon 1949 peut constater que l'offre la plus importante repose sur les petites voitures économiques. Des voitures de faibles cylindrées, peu gourmandes en carburant et économes en acier. Il s'agit de la 2 CV de Citroën, de la 4 CV de Renault et de la Simca 5 de Pigozzi, pour n'évoquer que les plus emblématiques. Un peu au-dessus de la catégorie des petites voitures, on trouve la Dyna Panhard, qui frise les 110 km/h, puis la Peugeot 203, berline populaire et cossue, également spacieuse et performante. Cette dernière est disponible en différentes configurations, familiale, commerciale et camionnette. Mais si les petites voitures des grands constructeurs font un tabac, les petites voitures des artisans tendent à disparaître.

Micro-voitures

Les véhicules relevant de la formule motocar, à mi-chemin entre la moto et la voiture, et qui étaient souvent l'oeuvre d'artisans, sont sur le déclin. Rovin, Boitel et Bernardet sont des marques en sursis. Ce n'est pas encore la mondialisation, mais, si en 1920, au lendemain de la Grande Guerre, la France comptait une centaine de constructeurs, le nouvel après-guerre n'en compte qu'une douzaine : Citroën, Delage, Delahaye, De Rovin, Grégoire, Hotchkiss, Panhard, Peugeot, Renault, Salmson, et Simca. On peut ajouter Mathis, Ford SAF, Rosengart, DB, Bernardet, Boitel et Claveau.
Ces derniers sont encore présents mais pour combien de temps ?

Américaines

Les visiteurs, qui ont connu le débarquement en Normandie et la Libération de la France, découvrent les voitures américaines qui possèdent un prestige inégalable. Hudson, Chevrolet, Ford, Plymouth, Lincoln, etc. sont présents au sein de ce Salon de 1949. Ces voitures, différentes des productions françaises, apportent des mécaniques impressionnantes comme le V8 de la Lincoln Cosmopolitan.

Ford SAF, d'ailleurs, présente le coupé Vedette, dont la production a commencé dans les usines de Poissy en mars 1949. Avec son moteur V8 et sa forme élaborée à détroit, elle rencontre un succès d'estime.

Lincoln présente sa Cosmopolitan à moteur V8. Hudson tente, avec son cabriolet Comodore, de conquérir le coeur des français.

Evolution : les clignotants

La flèche mobile a fait son temps. Au Salon de 1949, comme déjà aux salons précédents, les clignotants tendent à se généraliser sur les voitures des grands constructeurs. La 4 CV de Renault, bien qu'elle fût équipée de flèches pendant sa période d'élaboration et pour la présérie, était dotée de clignotants dès sa sortie au Salon de Paris de 1946. La flèche, excroissance qui avait été imaginée pour montrer à la voiture qui suivait un changement de direction, fut définitivement interdite par le code de la route, vingt trois ans plus tard, en 1969.

Quelques prix d'époque

Citroën 2 CV : 228.000 francs
Citroën traction avant 11 CV Légère et 15 CV : 391.000 et 580.000 francs
Dyna Panhard : 428.000 francs
Renault 4 CV : 400.000 francs
Simca 6, Simca 8 et Simca 8 Sport : 349.000, 430.000 et 880.000 francs
De Rovin : 245.000 francs
Peugeot 203 : 490.000 francs
Ford Vedette : 665.000 francs
Talbot Grand Sport : 2.127.000 francs
Talbot 15 CV : 1.198.000 francs
Hotchkiss : 891.000 francs
Delage D6 : 794.000 francs