GALERIES ET BALLADES     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les Salons de Paris

1946 - 33e bis édition

Salon de l'espoir

Grand Palais - Du 3 au 13 octobre - 671 exposants - 809.000 visiteurs
Inauguré par Charles De Gaulle et Georges Bidault, président du gouvernement provisoire et Jules Moch, ministre des travaux publics.

Pendant le conflit et l'Occupation, les usagers, privés de leurs voitures, se sont mis à rêver. Rêver que, dès la fin des hostilités, les constructeurs du monde allaient se mettre à l'ouvrage et sortir de nouveaux modèles en grand nombre. Ce ne sera vrai qu'en partie.
La vedette du salon, la Mathis VL 333, trois places, trois roues, trois litres aux 100 kilomètres.

la 4 CV annonce le renouveau

Symbole du Salon, la 4 CV de Renault va devenir le symbole du redressement français, signe du désir d'accession à l'automobile des générations d'après-guerre.

Symbole du Salon, la 4 CV de Renault va devenir le symbole du redressement français, signe du désir d'accession à l'automobile des générations d'après-guerre.
Au sortir de la seconde guerre mondiale, les industriels français acceptent que soit organisé le 33ème Salon, alors qu'ils n'ont rien à vendre. Dans ce but, André Granet se remet à ses dessins pour réparer le Grand Palais en ruine. L'évènement tant attendu aura donc bien lieu malgré une industrie automobile au plus bas.
C'est donc un Salon qui n'a pas grand chose à offrir qui s'ouvre le 3 octobre 1946. En effet, à part du rêve, les constructeurs n'ont pas grand chose à offrir, encore moins à vendre. De plus, pour l’acheteur, il faut un bon délivré par l’administration * , pour le constructeur il faut faire la chasse aux matières premières... Pour des questions de coût, les orchestres sont abandonnés et c’est une simple sonorisation qui diffuse la musique dans l’enceinte du Grand Palais. L’essentiel est pourtant là : Paris 1946 sera le premier salon de l’après-guerre en Europe. Les français, sevrés d’automobiles se ruent au Grand Palais et ils seront près de 810.000 en dix jours à franchir ses portes.
* C'est pour faire entrer des devises dont la France a le plus besoin que les français n'ont pas l'autorisation d'acheter de voitures, qui étaient quasiment toutes destinées à l'exportation. En revanche, les étrangers, tous ceux qui payaient en devises, étaient les bienvenus pour passer commande, même si les matières manquaient. L'acier, le caoutchouc et l'aluminium faisaient cruellement défaut à cette époque et pour en acheter, il fallait bien trouver des devises.
Sur les stands présents, on retrouve bien sur les voitures d'avant guerre. Citroën expose les Tractions 11 B dite Normale, les 11 BL dite Légère et les 15-six G. Peugeot est aussi présent avec les 202. On peut également y voir les prestigieuses Delahaye ou Delage hors de prix, inaccessibles sauf pour les heureux possesseurs de dollars.

Le Salon des petites voitures

Pendant le conflit qui secoua l'Europe, les ingénieurs ne sont pas restés inactifs. Réfléchissant dans l'ombre, en secret ou dans la clandestinité, ils ont griffonné sur papier des solutions d'avenir. Certains ont pu bricoler des prototypes et une partie du résultat de ces cogitations est exposée sous les voûtes du Grand Palais. La grande tendance de l'automobile du Salon 1946 est l'économie sous toutes ses formes. Economique à l'achat, à l'entretien et en consommation, la voiture d'après-guerre révèle bien des surprises. Ainsi, De Rovin présente une petite voiture de 1,5 ch, tandis que Renault présente sa 4 CV et Panhard sa Dyna 3 CV, en plusieurs versions. Les voiture seront livrables qu'en 1947 et il faudra attendre le Salon de 1948 pour que naissent en France celles que tout le monde espérait avant la guerre, de vraies voitures populaires.

La De Rovin, une petite surprise du Salon
Plus loin, les frères Bernardet, constructeurs de side-cars, présentent également une 4 CV disposant d'un moteur de 800 cm3 à soupapes latérales. Rares sont les moteurs qui dépassent le litre.
De son côté, la vieille firme Mathis a mis au point une voiture étonnante, la VL 33, à trois places et trois roues, en pensant que, la plupart du temps, les conducteurs sont seuls dans leur voiture, et au mieux deux le reste du temps. Fort de ce postulat, le constructeur a amputé la quatrième place par mesure d'économie. Côté mécanique, la VL 33 possède un moteur 2 cylindres horizontaux opposées de 700 cm3, développant 15 ch et permettant à cette étrange voiture de dépasser les 100 km/h.

La Mathis VL 33
Chez Panhard et Levassor, on expose plusieurs modèles de la petite Dyna, une petite 3 CV très intéressante. Une autre voiture, qui ne fera pas long feu, est également présentée sur le stand de la firme doyenne. Il s'agit de la Panhard de l'ingénieur Grégoire, étudiée pendant l'Occupation. Cette voiture à quatre places très légères, puisque son poids ne dépasse pas les 475 kg, poids obtenu grâce à l'utilisation massive d'alliages légers. Le moteur est un 2 cylindres opposés de 610 cm3 développant 25 ch. Voiture moderne, elle dispose de freins hydrauliques sur les quatre roues et c'est une traction avant.

Le "luxe" encore présent.

Comme on l'a dit plus haut, les anciens constructeurs de voitures de prestiges sont également présents. Delage et Delahaye, qui ont fait les beaux jours des concours d'élégance d'avant-guerre, doivent cependant franchir un virage plus délicat que les autres constructeurs comme Renault, Peugeot ou Citroën. Ces constructeurs présentent des voitures dotées de moteurs 6 cylindres dans des carrosseries qui semblent déjà dépassées. Plus loin, Delaunay-Belleville a remis en exposition son modèle d'avant-guerre qui bénéficie juste d'une nouvelle carrosserie. Enfin, Talbot dévoile la Lago Record, en attendant ses futurs succès en compétition.

L'électricité, déjà.

Les constructeurs de voitures électriques, profitant du fait que l'Europe manque de carburant, tente de réapparaître après une longue absence. Il est vrai que la dernière voiture électrique fut présentée en 1923.

Les américaines.

Les américains sont également présents au Salon. Au contraire de l'Europe, les Etats-Unis disposent de toutes leurs installations qui, sitôt le conflit terminé, ont repris la construction d'automobiles. Ainsi, Ford exhibe sa V8 13 Ch en conduite intérieure et en cabriolet, mais également des camions de 3,5 et 5 tonnes. Des camions que la France a le plus grand besoin. Studebaker est également présent avec la belle Champion Model 47.

Studebaker Champion Model 47