CES HOMMES QUI ONT FAIT L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 18/05/2010

    Robert Peugeot - 1873/1945    

Pionnier comme Panhard

Né en 1873, Robert Peugeot assura la présidence de Peugeot de 1910 à 1941, épaulé par ses frères et surtout par son fils, Jean Pierre.
Alors qu'Armand s'oriente vers des voitures ambitieuses, les Lion-Peuget de son cousin Eugène sont des petites voitures populaires. Les deux sociétés n'entrent pas en concurrence. Ce n'est qu'après la mort d'Eugène, en 1907, que ses trois fils, Pierre (1871/1927), Jules (1882/1959) et Robert trouve un accord avec Armand, en 1910, pour former la Société anonyme des automobiles et cycles Peugeot, même si les deux gammes continuent de cohabiter jusqu'à la Première Guerre mondiale.
En 1910, Toujours , Robert Peugeot préside aux destinées de la nouvelle société. Auparavant, il a épousé Jeanne Japy, dite "jeanjean", à Audincourt le 7 août 1895. Le 16 juin 1896 est né Jean-Pierre, à Valentigney, près d'Audincourt, le berceau de la famille Peugeot depuis presque cinq siècles. En novembre 1911, Rober Peugeot signe un accord de coopération avec Ettore Bugatti pour concevoir une voiture populaire, la bébé, dont la carrière sera écourtée par le conflit. on peut dire que sa première décision de président est significative, puisque tout au long de sa carrière, les voitures populaires seront les jalons d'une politique judicieuse, permettant à Peugeot de se tirer de situations difficiles.
C'est en pleine guerre qu'Armand s'éteint, en août 1915. C'est Robert, qui durant le conflit, lance donc la firme familiale dans l'effort de guerre. L'usine de Lille est occupée, les autres usines tournent à plein et fourniront 1.000 motocyclettes, 63.000 bicyclettes, 3.000 voitures, 6.000 camions, 1.400 moteurs de char, 10.000 moteurs d'avion et 6 millions de bombes et d'obus. Paradoxalement, c'est pendant cette sombre période que les Peugeot de compétition remportent leurs plus belles victoires, notamment à la Coupe Vanderbilt (1915 et 1916), Indianapolis (1916) et dans de nombreuses autres compétitions américaines. Une suite de succès si spectaculaires que le moteur Peugeot à quatre arbres à cames en tête et 4 soupapes par cylindres donnera naissance au mythique moteur Offenhauser, qui s'imposera vingt-sept fois aux 500 Miles d'Indianapolis, entre 1935 et 1976.
La reconstruction est une période difficile et les utilitaires permettent dans un premier temps à Peugeot de se remettre à flot. Mais Robert Peugeot pense à l'avenir et à une nouvelle populaire adaptée à ces temps difficiles. Dévoilée au Salon de Bruxelles de 1920, la Quadrilette est lancée en 1921. Pour élargir sa clientèle, Peugeot a imaginé une sorte de tandem à quatre roues équipé d'un moteur de 667 cm3. La voiture s'inspire des cyclecars et sera vendue à un prix particulièrement bas, qui lui permettra d'assurer le renouveau financier de la marque. Elle s'étoffera rapidement pour ressembler à une vraie voiture. L'autre nouveauté apparaît la même année, en haut de la gamme, avec le Type 156, une 25 CV équipée d'un 6 cylindres sans soupapes, une technique très prisée à l'époque.

Jean-Pierre Peugeot (1896/1966)

A partir de 1928, Jean Pierre Peugeot, le fils de Robert, initie une politique de concentration de la production sur le site de Sochaux-Montbéliard. On note aussi un jalon important de l'histoire de Peugeot en cette année 1928, avec l'apparition du premier moteur diesel. La filiale CLM, Compagnie Lilloise de Moteurs, se spécialise dès lors dans les moteurs diesels, qui permettront à Peugeot de devenir l'un des leaders mondiaux de cette technique. mais Robert poursuit sa quête de démocratisation de l'automobile avec un nouveau modèle populaire, la 6 CV Type 201 - qui deviendra 201 tout court -, dévoilée au Salon de Paris en octobre 1929. C'est la première Peugeot à utiliser la nomenclature à 0 central encore en vigueur aujourd'hui. Elle sera surtout la première voiture au monde, à partir du Salon de 1931, à être dotée de roues avant indépendantes en série. Cette particularité et son économie de fonctionnement vont lui assurer un large succès.
Octobre 1929 marque le début d'une crise économique internationale. La vieille Europe résiste d'abord vaillamment, mais sera touchée au début des années trente. 1932 sera l'année la plus difficile pour Peugeot. La production chute de 43.000 unités en 1930 à 33.000 en 1931 puis 28.000 en 1932. La clairvoyance de Robert et son soucis des automobiles populaires, en l'occurrence la 201, sauveront la marque, qui continuera à produire malgré la crise. Dès 1933, la production remonte à 36.000 autos. Robert Peugeot ne s'intéresse pas qu'aux populaires. On lui doit probablement la plus spectaculaire des Peugeot, la 402, dévoilée au Salon de Paris en octobre 1935, qui inaugure la fameuse ligne fuseau Sochaux. Cette ligne aérodynamique révolutionnaire sera adoptée par la petite populaire de la gamme, la 202, dévoilée en février 1938. Peugeot est au mieux de sa forme : la production annuelle atteint 50.000 unités, soit un quart de la production nationale. Et puis la guerre survient. Les usines de Sochaux sont occupés par les Allemands, la fabrication est transférée à Bordeaux-Mérignac. Mais Robert a passé la présidence à son fils Jean-Pierre dès 1941. A la fin de la guerre, c'est la petite 202 qui permettra à la marque de redémarrer.