CES HOMMES QUI ONT FAIT L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 18/05/2010

    Louis Chevrolet - 1878/1941    

L'homme qui a perdu son nom

     

Louis Joseph Chevrolet voit le jour le 25 décembre 1878 dans la commune suisse de la Chaux-de-Fonds. Peu de temps après, la famille Chevrolet émigre en France et s'installe à Beaune, dans la jolie région de Bourgogne.
Intéressé très tôt par la mécanique et l'automobile naissante, Louis Chevrolet quitte la province pour la capitale afin d'intégrer comme simple ouvrier les ateliers Mors, puis De Dion-Bouton, mais il semble qu'il ait une vision de son avenir beaucoup plus ambitieuse.

Le Canada puis les Etats-Unis

A l'aube des années 1900, accompagné de son frère Arthur, Louis pose ses bagages au Canada, puis dans le quartier de Brooklyn à New York, où il travaille au service de la filiale américaine de De Dion-Bouton. La santé financière vacillante de cette dernière entreprise pousse Chevrolet à intégrer en 1905 la Hol-Tan, une société qui importe des automobiles italiennes Fiat et bientôt Lancia. Après une forte pression auprès de son nouvel employeur, Louis bénéficie de Fiat de compétition avec lesquelles il se distingue dans des courses locales et des tentatives de records de vitesse. Des implications sportives qui lui donnent rapidement une flatteuse réputation. Cette notoriété intéresse grandement William Crapo Durant, qui pose à cette époque les bases d'une organisation qui va devenir la General Motors. Ce dernier est à la recherche d'un pilote afin de mener à bien son programme de compétition basé sur des châssis Buick. Dès 1909, avec l'aide discrète de son frère Arthur, Louis Chevrolet accumule les victoires au volant de sa massive Buick et passe bientôt pour l'un des meilleurs pilotes des Etats-Unis.

Louis Chevrolet dans la course de Cobe Cup en 1909

A bord d'une Buick en 1909 également.

La "Marquette-Buick", voiture conçue par Louis en 1910

Première entreprise

En 1910, Louis persuade Durant de mettre en production une automobile de grande qualité, un produit haut de gamme destiné à une faible diffusion. La Classic Six, vendue à partir de 1912 contre la somme conséquente de 2.150 $, est donc la première automobile à porter le nom de Chevrolet.

La Classic Six, la seule Chevrolet construite par Louis Chevrolet et qui porte son nom.
Durant souhaite diriger la jeune marque vers des propositions bien plus populaires, étudiées pour une production de masse afin de lutter contre le fameux Model T de Henry Ford. Une philosophie en totale contradiction avec celles prônée par Chevrolet. En 1913, rentrant d'un voyage en France, Louis constate que Durant aa réorganisé la production pour produire ses voitures moins chères. Après une très vive polémique avec Durant sur cette différence de pensée industrielle, Louis Chevrolet quitte brusquement l'entreprise en 1913 en donnant sa démission. Un an plus tard, il revient à ses premiers centre d'intérêts en fondant sa propre entreprise.
En 1915, Chevrolet construit une nouvelle voiture, la "Cornelian", pour la Blood Brothers Machine Company. Cette voiture marque le retour de Louis Chevrolet en compétition.

En donnant sa démission à Durant, Louis Chevrolet commit une erreur stratégique d'importance pour la suite de son existence : il céda tous ses droits sur le patronyme "Chevrolet", définitivement intégré à la General Motors à partir de 1918 avec le succès phénoménal que l'on sait.

Frontenac, nouvelle marque

La Frontenac Motor Co, installée à Indianapolis, se spécialise dans l'élaboration de machines de course aux mécaniques à 4 et 8 cylindres. Avec l'âge, les réflexes et les qualités de pilotage de Louis ne sont plus ce qu'elles étaient au début du siècle. Heureusement, il peut compter sur la vivacité de son frère cadet Gaston, qui a démarré une activité de compétiteur en 1917. Les résultats ne tardent pas : Louis se classe à la septième place de l'édition 1919 des 500 Miles d'Indianapolis, alors que Gaston atteint la dixième position, puis le jeune frère remporte la fameuse compétition l'année suivante. Malheureusement, peu après, Gaston Chevrolet trouve la mort au cours d'une épreuve en Californie. Psychologiquement meurtri par ce drame, Louis décide d'abandonner définitivement la compétition. Tout au moins dans sa forme directe, car Louis propose en faveur du paisible 4 cylindres aux soupapes latérales de la Ford T une culasse totalement redessinée en aluminium comportant des soupapes en tête, baptisée "Fronty*Fords". Ce dispositif autorise une tranche d'amateurs peu fortunés à vitaliser la mécanique de leur "mulet quotidien", et à batailler victorieusement contre les sempiternelles concurrentes des Ford, les Chevrolet.

 

Louis Chevrolet et sa Frontenac, 7e au 500 Miles d'Indianapolis de 1917 et Gaston Chevrolet, en 1920, accompagné par son frère Lewis.
La commercialisation des "Fronty-Fords" n'apporte aucune sécurité financière à Louis Chevrolet qui accepte alors un poste de mécanicien d'aviation en 1929. Les effets de la grande dépression économique n'arrangent nullement sa situation matérielle. Ultime humiliation, il se résigne à exercer ses talents dans le domaine de l'ajustage mécanique au sein de l'usine Chevrolet de Detroit. A partir de cette période, sa vie n'est plus qu'une suite de désastres personnels. Son fils décède en 1934. La maison de sa soeur, où il stocke toutes ses archives concernant son activité automobile depuis son arrivée aux Etats-Unis, brûle. Accablé de toutes parts, sa santé commence à sérieusement décliner. Louis Joseph Chevrolet quitte ce monde le 6 juin 1941. Il repose depuis à côté de son frère Gaston au cimetière d'Indianapolis.

Chevrolet depuis...

Lorsque Louis Chevrolet quitta l'entreprise qui portait son nom en 1913, la production ne totalisait que 5.987 unités. A sa mort en 1941, la Chevrolet Motors Car Division, avec une diffusion atteignant 1.043.138 unités, restait le premier producteur d'automobiles de la planète. On imagine aisément une fin de vie nettement plus douce pour l'émigré suisse si ce dernier n'avait pas jeté ses actions à la figure de W.C. Durant 28 ans auparavant.