CES HOMMES QUI ONT FAIT L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 18/05/2010

    Ettore Bugatti - 1881/1947    

Génie créatif

Un génie original, un autodidacte surdoué, un créateur de voitures de course au palmarès prestigieux, voilà comment on peut décrire celui qui symbolisera toujours l'ingénieur-constructeur de l'âge d'or de l'automobile.
Lorsque l'on parle de voitures sportives, on pense surtout à Enzo Ferrari. Mais Ettore Bugatti tient également une grande place dans la mémoire collective. Les deux hommes se sont connus sur les circuits de Grand Prix d'avant 1939 et étaient déjà rivaux. Enzo faisait courir les Alfa Romeo et Bugatti ses propres voitures.

Ettore est né à Milan le 15 septembre 1881. Après des études primaires et secondaires, Ettore tente de suivre les cours des Beaux-Arts. Il faut dire que son père, Carlo, était peintre et sculpteur, décorateur et créateur de meubles d'inspiration exotique. Cependant, Ettore doit se rendre à l'évidence que son frère Rembrandt, plus jeune de 3 ans, possède un talent nettement supérieur au sien. Ayant conscience de son intérêt marqué pour la mécanique et les technologies en général, Ettore va donc choisir cette voie qui le mènera, on le sait, à cette grande carrière de constructeur.

Ettore sur une De Dietrich construite pour le Paris-Madrid 1903
C'est comme apprenti à 17 ans qu'il entre dans une fabrique de cycles, chez Prinetti et Strucchi, où il va apprendre la mécanique et les techniques de fabrication. Privé de formations théorique et mathématique, il compensera ses lacunes par une intuition et un sens esthétique rares, qui lui feront découvrir des solutions originales et efficaces.

A Milan, alors qu'il n'a pas encore vingt ans, il crée un tricycle à deux moteurs puis un quadricycle à quatre moteurs monocylindriques pour participer à des courses. C'est grâce au comte Gulinelli, qui le finança, qu'il assemble donc sa première voiture qui lui servira de carte de visite pour rejoindre le bureau d'études de la firme De Dietrich. En effet, ses réalisations le mettent en contact avec le baron de Dietrich, industriel alsacien, qui, en juin 1902, lui ouvrira les portes de sa firme de constructions mécaniques. Il y étudie de nouveaux modèles d'automobiles avant de travailler avec le jeune Emile Mathis, puis d'entrer chez Deutz à Cologne, où il travaille sans grande conviction sur de grosses voitures. C'est là qu'il épouse en 1907 Barbara, qui lui donnera sa fille Ebé. Associé à Mathis, Ettore produira les voitures Hermes.

En 1909, Ettore construit à son domicile une minuscule voiturette, le "petit pur-sang", appelée ensuite Type 10 par les historiens, qui annonce ses productions futures. Légère et dotée d'un petit moteur aux caractéristiques très modernes, cette voiturette frappe les milieux automobiles par ses performances et son rendement. L'accueil fait à cette création et le soutien de financiers comme le banquier de Viscaya poussent Ettore à créer sa propre  entreprise. Elle verra le jour dans une ancienne blanchisserie de Dorlisheim (Molsheim), tout près de Strasbourg. Développée sous la forme du type 13, cette machine va faire vivre la firme jusqu'en 1914.

Après la Première Guerre mondiale, le type sera repris et développé jusqu'en 1926. Toutefois, en 1912, Ettore a crée une autre voiture, au moteur d'une cylindrée de 5 litres et fruit d'une étude antérieure menée chez Deutz. C'est sur ce modèle qu'apparaissent deux éléments caractéristiques des futures Bugatti : les trois soupapes par cylindre et les ressorts arrière quart-elliptiques inversés.
En 1914, Ettore quitte l'Alsace et gagne sa ville natale, puis la France en guerre, où il étudie à Levallois de puissants moteurs d'avions. C'est en 1919 qu'il récupère son usine et reprend ses fabrications d'avant-guerre. La prospérité de sa firme, au débuts des années vingt, va lui permettre d'aborder la course avec des moteurs originaux sur lesquels il expérimente des solutions d'avant-garde, telles que les freins hydrauliques et l'aérodynamique appliquée. Après le Type 28 en 1921, il sort en 1924 le Type 35 qui va étonner les milieux industriels de l'automobile. Il conjugue en effet de façon homogène un châssis léger et un moteur aux solutions modernes qu'il développera pendant presque 10 ans. Durant ces années, ses voitures vont se couvrir de gloire en accumulant les victoires. La Type 51 prendra la relève en 1927 avec autant de succès.

Type Brescia en course et dans la cour de l'usine

Ettore à bord de la Type 35 Course au Grand Prix de l'ACF de 1924 à Lyon
C'est en 1927 qu'apparaît la première Bugatti Royale, qui devait être la voiture des grands du monde. Elégante, racée, mais trop lourde et née avant la crise, cette voiture n'aura pas la gloire espérée. Sept châssis seront construit et habillés par les plus grands carrossiers. Si la voiture est abandonnée, la fabrication des moteurs se poursuivra et ils seront utilisées sur les futures "Micheline", des autorails à grande vitesse.  La Royale fut sans conteste  un monument de l'automobile. Son moteur de 12 litres de cylindrée, ses 3,40 m d'empattement et le soin apporté à sa construction en font une des merveilles de la marque. Si Ettore est à la base des "Royale", c'est son fils Jean qui en dessina la plupart des carrosseries.

Lorsque la crise frappe l'Europe en 1932, Bugatti se prépare à sortir les types 57 qui seront présentés au public en 1933.

En 1936, les évènements éloigneront Ettore de son usine de Molsheim, cette dernière subissant les grèves. La direction est alors prise en main par Jean. Malheureusement, ce dernier se tuera en voiture en août 1939 en essayant une voiture de course. Ettore reviendra aux commandes de la firme et cette dernière connaîtra des hauts et des bas.
Avec l'occupation allemande, Ettore se voit dépossédé de son usine. Sa femme décède en 1944 et le long procès pour récupérer son usine en 1945 va user Ettore. Sa créativité l'abandonne totalement et il s'éteindra en août 1947, après avoir obtenu la nationalité française. Depuis 1987, plusieurs tentatives pour faire renaître la marque ont été lancées et la dernière en date est celle de Volkswagen, en 1998.