CES HOMMES QUI ONT FAIT L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 18/05/2010

    Vincenzo Lancia - 1881/1937    

A la pointe du progrès technique

Né le 24 août 1881 dans la vallée du Sésia en Italie, à Fobello, Vincenzo Lancia marqua les premières années de l'automobile par son imagination, son audace pour créer des automobiles, mais aussi par sa volonté de vaincre comme pilote de course.
Vincenzo Lancia, fils d'un riche fabricant de soupes, s'intéresse très jeune à la mécanique. Son intérêt pour l'automobile est grand et après des études en comptabilité, il entre comme apprenti dans un petit atelier appartenant à Giovanni Ceirano. Nous sommes alors en 1898 et Ceirano, spécialiste dans la fabrication de vélos, ne sait pas encore que son avenir va bientôt basculer dans un tout autre univers. Lorsque la petite entreprise conçoit sa première automobile, Vincenzo côtoie son créateur, l'ingénieur Faccioli. La voiture porte le nom de Welleyes et va devenir la première FIAT. En effet, en 1899, la Fabrica Italiana di Automobili Torino est fondée et absorbe très vite la petite entreprise de Ceirano et transforme la création de Faccioli en première automobile de l'entreprise. Pour Vincenzo Lancia, cette fusion va lui permettre de gravir rapidement les échelons au sein de la Fiat.
Mécanicien aux qualités très vite reconnues, Vincenzo est compétent, méticuleux et enthousiaste. Il a l'art de détecter le petit problème que personne n'arrive à trouver et devient vite "le" metteur au point de l'entreprise. Il est alors appelé à prendre le volant des voitures et ne s'en prive pas. Là encore, il se singularise et accède à la fonction de pilote d'essai. Il participe à sa première course automobile en 1900 à Padoue et la FIAT remarque déjà ses talents de pilote. La nouvelle marque italienne, prenant de l'ampleur sous l'impulsion de Giovanni Agnelli, décide de se lancer dans la compétition automobile afin de se faire connaître sur un marché en plein essor et récolter un peu de prestige pour vendre un peu plus de voitures.

C'est en 1904 que la FIAT engage ses premières voitures en course et demande à Vincenzo Lancia de piloter pour elle. Nommé pilote officiel, grâce à sa fougue, son tempérament de vainqueur et ses talents de conducteur, il participe de suite à une quarantaine de course, ce qui lui permet de se faire connaître et surtout, de se construire un beau palmarès. En 1906, il place sa Fiat 100 HP dans les 10 premiers du GP de l'ACF disputé sur le Circuit de la Sarthe. Malgré son implication dans une autre entreprise, la sienne, il pilotera encore quelques années pour Fiat et en 1907, avec Nazzaro, autre pilote de la marque, il remporte la Targa Florio, et finit second de la Coupe Vanderbilt. Malgré quelques déconvenues mécaniques en 1910 qui le priveront de grand succès, son nom est désormais reconnu comme pilote de qualité. Mais Vincenzo à désormais d'autres priorités.

Alpha

Alors qu'il travaille pour la FIAT, Vincenzo apprend et réfléchit. Il a déjà quelques idées bien arrêtées sur ce qu'il veut faire, construire ses propres automobiles. A la différence d'Agnelli, qui se consacre à la construction de voitures de grandes séries pour une clientèle très large, Lancia préfère viser une population plus chic et surtout, plus fortunée. Le 29 novembre 1906, Vincenzo quitte la Fiat pour fonder sa propre société en nom collectif avec Claudio Fogolin, ancien pilote de la FIAT. L'atelier est ouvert à Turin, au carrefour des rues Orméa et Donizetti. Un an plus tard, malgré un incendie dans l'usine, le premier châssis Lancia est prêt et peut recevoir une carrosserie. Baptisée 12 HP (4 cylindres), elle prendra vite le nom d'Alpha. Un nom qui ouvre la voie à une grande série d'automobiles héritant d'un nom emprunté à l'alphabet grec. C'est un oncle de Vincenzo qui lui suggéra d'utiliser ce thème pour nommer ses voitures. Une tradition qui s'achèvera en 1929 avec la Dilambda. Après avoir utiliser ensuite le nom des voies romaines pour désigner ses modèles (Astura, Augusta, Appia...), la marque renouera avec l'alphabet grec en 1972 avec la Bêta.
La 18-24 HP, ou Di-Alpha, dispose d'un grand nombre d'innovations comme l'essieu avant constitué d'une poutrelle en acier avec les moyeux rivetés qui fera l'objet d'un dépôt de brevet. On note également une boîte de vitesses à 4 rapports avec marche arrière, dont les engrenages sont contenus dans un carter monobloc, et un arbre de transmission avec joint de cardan protégé par un boîtier en cuir.
En moins d'une année, Lancia vend plus de 100 châssis. En 1908, la marque lance la Di-Alfa dotée d'un 6 cylindres et en construira 23 exemplaires. 6 autres seront construits en 1950. Bien que n'engageant pas ses voitures en course, une Lancia pilotée et préparée par Hilliard remporta une course aux Etats-Unis à Savannah. En 1910, Billy Knipper remporta le Trophée Tiedeman au même endroit. Une publicité qui va porter le nom de Lancia de l'autre côté de l'Atlantique. De plus, l'ancien concessionnaire FIAT de New York présente en 1911 une imitation de Lancia, la CGV.

Di-Alfa - Gamma - Delta

Après la Di-Alfa (photo), Vincenzo lance en 1909 les moteurs monobloc et la Bêta dotée d'un 4 cylindres. Les commandes ne cessent de croître et les deux associés doivent rapidement envisager une expansion. Suivra la Gamma et la Delta. En 1911, La marque déménage alors pour s'installer dans les anciens locaux de l'ancien constructeur Fides-Brasier. Ils disposent alors d'un nouveau site de 26.000 m2 pour satisfaire la demande. C'est dans ces nouveaux locaux que sera conçue l'Eta avec éclairage électrique (la première en Europe à disposer d'un tel système), qui deviendra la voiture italienne la plus rapide de son époque en atteignant les 120 km/h.
C'est également en 1911 qu'apparaît le logotype de la marque, créé par le Comte Carlo Biscaretti di Ruffia.

Lambda

Après la Première Guerre, Lancia relance la Theta d'avant-guerre, dans une version modernisée. Cette dernière fut déclinée dans une version militaire pendant le conflit pour les alliés. Après la présentation d'un modèle au Salon de 1919, Lancia lance la DiKappa et la TriKappa. Le 1er septembre 1921, Vincenzo finalise le prototype de la Lambda (photo), voiture révolutionnaire qui sera exposée en 1922 et produite en série dès 1923. La voiture présentée en 1919 et l'utilisation d'un moteur en V monobloc donna l'idée à Vincenzo Lancia de construire cette voiture qui par sa conception laissait beaucoup de place à la carrosserie et l'idée d'un châssis-coque fit son chemin. C'est donc dans une carrosserie Torpédo que se présenta la Lambda qui bouleversa les concepts techniques de l'époque. La coque à structure métallique autoportante est le premier point nouveau, auquel s'ajoute une suspension avant à roues indépendantes.

Compétition

Bien que refusant d'engager ses voitures en compétition, les voitures de Lancia participèrent à de nombreuses épreuves grâce à des particuliers téméraires. Les qualités de la Lambda poussèrent quelques pilotes à la lancer sur les différents circuits européens. Ces participations dans diverses épreuves se poursuivront jusqu'à nos jours, en passant par le rallye, la Formule 1 et autres épreuves. De grands pilotes feront leurs premiers tours de roues sur les voitures de la marque.

Nouvelle génération d'automobiles

Le succès de la Lambda va être retentissant et cette nouvelle technique sera utilisée désormais sur tous les modèles jusqu'en 1956, à commencer par l'Augusta en 1932 qui fut d'ailleurs la première berline au monde à disposer d'une carrosserie autoportante et dotée de freins hydrauliques. Déjà, et avant FIAT, Lancia avait eu l'idée d'en décliner une version à trois places frontales. Considérée à la base comme voiture de série, la Lambda fut cependant considérée comme voiture de sport sur les marchés d'exportation.
En 1931, pour remplacer la Lambda, Lancia proposa l'Artena et l'Astura, puis l'Augusta. En dotant ses voitures de superbes carrosseries, Lancia devient le fournisseur attitré des dignitaires de l'Italie de Mussolini. Avec l'Augusta, Lancia revient au châssis-coque. Dotée d'un 4 cylindres en ligne, elle complète la gamme jusqu'en 1937 et laisse sa place à la nouvelle venue et dernière création de Vincenzo, l'Aprilia. En effet, cette voiture est la dernière oeuvre du créateur de la marque. Au début des années trente, Vincenzo eut l'idée de proposer une voiture à cinq places aérodynamique. Malheureusement, Vincenzo n'ira pas au terme de son travail. Le 15 février 1937, Vincenzo est victime d'une crise cardiaque et s'éteint à l'âge de 56 ans. Sa dernière création, l'Aprilia sort quelques temps après. Version améliorée de l'Augusta, elle dispose d'une carrosserie bien carénée, légère, et un moteur de 1.352 cm3. Elle sera produite et au catalogue de la marque jusqu'en 1949, en subissant toutefois plusieurs améliorations, tant mécaniques que physiques.

Succession

Vincenzo disparu, son fils Gianni trop jeune puisque âgé à l'époque de 12 ans, c'est Mme Lancia qui va assurer la présidence de la société. Après la seconde guerre, la firme lança l'Ardéa, une version miniature de l'Aprilia. En 1950, l'Aurélia arrive sur le marché et annonce le renouveau de la marque.