CES HOMMES QUI ONT FAIT L'AUTOMOBILE
Dernière mise à jour : 18/05/2010
Camille Jenatzy - 1868/1913
Fondateur de la marque Cita et père de la "Jamais Contente"
Camille Jenatzy fut un grand pilote du début du siècle. Ses victoires en compétition restent
méconnues mais son nom est synonyme d'exploit. Avec son bolide Cita, baptisée "La
jamais contente", Camille Jenatzy sera le premier à franchir la barre des 100 km/h.
Camille est né à Schaerbeck, une ville de Belgique, en 1868. Fils d'un fabricant d'objet en
caoutchouc, comme les pneumatiques, il s'intéresse à la fin de ses études à la
traction électrique pour les automobiles. Ingénieur, cette passion pour l'électricité
va faire de lui l'un des pionniers de l'automobile propulsée par ce
type d'énergie. Installé à Paris, il va fabriquer des fiacres électriques et
diriger la Compagnie Générale des Transports Automobiles, autrement dit des taxis
électriques. En janvier 1899, il va
se lancer dans série de défis et disputer au comte Gaston de
Chasseloup-Laubat la conquête du record de vitesse.
Comte Gaston de Chasseloup-Laubat et Camille Jenatzy sur son premier engin
L'énergie électrique a déjà été fortement exploitée et, depuis 1895,
elle possède ses farouches partisans dont
font partie Charles Jeantaud, Lucien Krieger et bien sur Camille Jenatzy. C'est
en novembre 1898 que Paul Meyan, directeur du périodique La France Automobile,
lance l'idée d'une épreuve de vitesse chronométrée qui se déroulerait sur une
ligne droite sans obstacles. C'est donc une piste de 2 km de long du côté
d'Achères, une commune des bords de Seine, qui est choisie pour ce défi.
La longue ligne droite d'Achères
Le premier à relever le
défi est Gaston de Chasseloup-Laubat. Ce dernier atteint la vitesse de 63,154 km/h
avec sa Jeantaud électrique. C'est le premier record de vitesse officiel
enregistré dans l'histoire de l'automobile. La voiture est profilée en entrave à
l'avant et en pointe à l'arrière. Mais ce record ne tiendra pas longtemps
puisque Camille Jenatzy décide de s'en emparer.
Le 17 janvier 1899, Camille
s'élance sur la ligne droite d'Achères et est chronométré à 66,664 km/h.
Chasseloup-Laubat décide alors de reprendre le volant afin de faire mieux. Il
atteint alors les 70,585 km/h, annulant de ce fait le record du pilote belge.
Camille Jenatzy ne va pas en rester là. Privé de son record, il retourne à
Achères, s'élance sur la piste et affiche une vitesse de 79,995 km/h au bout des
2 km. Nouveau record.
Gaston de Chasseloup-Laubat va de nouveau relever le défi et le 4 mars, il
réalise 92,307 km/h. Le chiffre des 100 km/h n'est pas loin et à portée des deux
candidats. La tension est à son comble. Motivé, Jenatzy, surnommé alors "Le
Diable Rouge", prépare une nouvelle voiture, de technologie autrement
rudimentaire. En effet, contrairement à la dernière voiture, le moteur entraîne
directement les roues arrière, sans passer par des chaînes ou un différentiel.
En revanche, le châssis s'habille d'une étrange carrosserie d'une forme on ne
peut plus aérodynamique, celle d'un obus.
La "Jamais Contente" de l'époque
et sa réplique de 1934 du Musée de l'Automobile de Compiègne
La voiture a été
confectionnée en partinium chez Rothschild, un alliage dont les caractéristiques sont très
proches de celles de l'aluminium. Le 29 avril 1899, le pilote belge s'installe
dans le compartiment de conduite rudimentaire de sa machine, dont le nom est
parfaitement choisi pour une automobile de records : la "Jamais Contente".Une
position opérationnelle plutôt étrange, haut perché, le buste en avant, dominant
la route, 34 secondes plus tard, Jenatzy roule à 105,882 km/h et entre ainsi
dans l'histoire comme le premier homme à avoir franchi la barre mythique des 100 km/h en automobile. Le soir même, le comte Gaston Chasseloup-Laubat et son ami
Jeantaud annoncent qu'il ne s'opposeront pas à ce record historique.
Camille Jenatzy, le 29 avril 1899, célébrant son record
Récapitulatifs des records
Dimanche 18 Décembre 1898
63,154 Km/h sur une Jeantaud par le Comte Gaston de Chasseloup-Laubat.
Mardi 17 Janvier 1899
66,664 Km/h sur une Jenatzy par Camille Jenatzy.
Mardi 17 Janvier 1899
70,585 Km/h sur une Jeantaud par le Comte Gaston de Chasseloup-Laubat.
Vendredi 27 Janvier 1899
79,985 Km/h sur une Jenatzy par Camille Jenatzy.
Samedi 4 Mars 1899
92,307 Km/h sur une Jeantaud profilée par le Comte Gaston de Chasseloup-Laubat.
Samedi 29 Avril 1899
105,882 Km/h sur la jamais contente par Camille Jenatzy .
Le record sera battu en 1902 par Léon Serpollet, un pionnier et un des plus illustres
défenseurs de la traction à vapeur en matière de véhicules automobiles. Au
volant d'une voiture de sa conception, à vapeur bien sur, il atteindra les
120,771 km/h.
Réplique
Une réplique fidèle de la
"Jamais Contente" a participé au centenaire du record en 1999, à l'endroit même
de l'exploit du pilote belge, a Achères. La voiture est une réplique construite
grâce aux efforts de Christian Wannym, du Lion's Club, du Musée Automobile de
Compiègne et de l'Institut Universitaire de Technologie de cette même ville. Des
maisons bien connues en matière d'électricité automobile, telles que Fulmen et
Leroy Sommer, ou le manufacturier de pneumatiques Michelin, ont participé à la
construction de ce double, qui a duré cinq années. Le 8 avril 1934, la voiture
fit son entrée au sein du Musée. La municipalité d'Achères à fait installer une
stèle sur les lieux de l'exploit, afin de commémorer l'évènement. Aujourd'hui,
la vitesse sur la fameuse ligne droite est limitée à 50 km/h.
Pilote
Après la mort de son père,
Jenatzy du reprendre la manufacture de caoutchouc de ce dernier. Cela ne
l'empêcha pas de rester un excellent pilote. Après son record de vitesse, il
s'illustra sur Pipe, Mors et Mercedes. En 1903, il remporta la Coupe Gordon
Bennett en Irlande, après un sacré duel avec la Panhard de Barre de Knyff.
En 1909, il atteindra 200 km/h à Ostende à bord d'une Mercedes.
Camille collabora également à la construction de moteurs pétroléo-électrique en
1901 par transformation d'une Mors, puis à la FN ou, pour le compte du Baron de
Caters, il contribuera à la sortie d'une grosse voiture de ce type destinée aux
courses de vitesse. Des voitures seront encore fabriquées sous le nom de Jenatzy-Martini à Liège.
Malheureusement, il décèdera tragiquement en 1913 d'un
accident de chasse.