MEMOIRE DES CIRCUITS     

Dernière mise à jour : 12/05/2010

Reims Gueux

Le circuit de Reims a vu je jour en 1926, officiellement parlant. Il fut ouvert pour servir de cadre au 2e Grand Prix de la Marne, le 1er s'étant déroulé un peu plus au nord, le site de Beine-Nauroy. Le tracé forme un triangle presque parfait et subira quelques modifications au fil des ans, dont le plus important sera effectué en 1953 ... Mais son histoire débuta quelques années avant cela.

Photo de Nicolas Dohr (E-baryte.com).
D'autres clichés de ce photographe sont à découvrir en fin de page.

Création

Comme nous l'avons dit, la configuration du circuit de Reims est simple, un triangle presque parfait qui emprunte une partie de la RN 31, la CD 27 et la CD 26, à proximité des communes de Thillois et de Gueux. Cette configuration restera inchangée et on parlera alors de circuit permanent d'une longueur de 7,152 km. A partir de 1953, on parlera de grand Circuit de compétition, circuit qui reprend d'ailleurs le même tracé mais avec quelques modifications notables pour assurer plus de sécurité. Ainsi, au nord du tracé, on voit l'apparition de deux nouvelles courbes et d'une ligne droite qui récupère la RN 31 et qui porte la distance du circuit à 8,301 km. Nous en reparlerons plus loin.

Raymond Roche, secrétaire général de l'Automobile Club ardennais, est à l'origine de la création du circuit.

Au début des années 20, Raymond Roche cherche à valoriser la région de Reims qui abrite déjà de nombreuses industries. L'automobile est bien sur une de ses préoccupations et il verrait bien quelques constructeurs venir s'installer dans cette belle région de Champagne. Aidés par des grands propriétaires rémois, soucieux de promouvoir leur production, le fameux Champagne, Roche organise un Grand Prix de la Marne, le premier d'une série de 13. Cette épreuve se déroulera sur un tracé situé à l'est de Reims, vers Beine-Nauroy. le circuit qui forme un quadrilatère, part de Beine à l'est, sur la D64 et sur 3,5 km, puis plonge au sud par la D33 sur 4 km. Ensuite, les concurrents bifurquent vers l'ouest par la D931 pour remonter au nord après 8,5 km vers Beine-Nauroy, un dernier tronçon de 7,5 km. En 1925, 8.000 personnes assistent, sous une pluie battante, à cet évènement dont Clause sort vainqueur avec sa Bignan 2 litres. Une belle publicité, à la fois pour le circuit et pour la marque victorieuse. En 1926, l'épreuve se déplace à l'ouest de Reims, sur un tracé plus petit. Ce Circuit, qui prend le nom de Reims-Gueux, forme un triangle de 7,832 km. Il emprunte une partie de la nationale 31 qui vient de Soissons. La partie utilisée se situe vers Gueux, d'ou le nom de l'épreuve. Le triangle se complète par l'utilisation d'une partie de la CD 26 et de la CD27. Les trois virages qui compose le circuit deviendront très connus et cassent la vitesse des voitures en bout de ligne droite. Le premier prend le nom de virage de Gueux, le second se nomme La garenne et le dernier, le plus à l'ouest, prend le nom de Bonne rencontre, le nom d'une auberge située à proximité du virage. Cette auberge d'ailleurs prendra le nom d'Auberge du la Garenne dès 1951. C'est sur ce nouveau circuit que seront organisées les 12 Heures de Reims pour la première fois en août 1926.

Avant cela, ACA, ou Automobile Club Ardennais a changé de nom et est devenu l'Automobile Club Ardenne Champagne Argonne. C'est donc cette nouvelle entité qui organise le meeting 1926. "Toto" Roche, comme on le nomme désormais, décide à cette époque de donner une nouvelle dimension au circuit et décide de faire venir un Grand Prix sur ses terres. Il faudra toute la persévérance de Roche pour parvenir à ses fins. Sa demande rejetée une première fois en 1927 à cause du peu de succès du meeting de 1926, selon les instances de l'ACF, Raymond Roche ne baissera pas les bras et parviendra à ses fins en 1932. Cette année là, le 26e Grand Prix de l'ACF se court à Reims et voit la victoire de Tazio Nuvolari sur son Alfa Romeo. Le public ardennais est comblé et peut se réjouir de voir un autre grand pilote ce jour là, Rudolf Caracciola. L'histoire du Circuit de Reims n'est pas terminée. Revenons quelques instants sur les premières années du circuit.

Vitesse

Ce circuit de Reims est donc un circuit de vitesse pure sur lequel vont se disputer les plus grandes épreuves nationales entre 1926 et 1969. Seule la Seconde Guerre mondiale viendra suspendre les épreuves entre 1943 et 1946. Parmi les différentes épreuves organisées, on compte 16 Grands Prix de Reims, 9 fois le 12 Heures de Reims, et 15 Grands Prix de l'ACF, avec des épreuves comptant pour le Championnat du Monde de F1 après 1950. Toutes les catégories sont représentées, avec les petites cylindrées, les prototypes, les monoplaces de F2 et de F1.

Les débuts - 1926

Le 25 juillet 1926, la première compétition automobile de Reims est organisée. Ce Grand Prix de la Marne rassemble tout le gratin du sport et le spectacle est au rendez-vous. Au terme de l'épreuve, c'est François Lescot sur Bugatti qui remporte le grand Prix. Les spectateurs se sont massés le long des trois lignes droites du circuit, sur la RN31, la CD26 et la CD27, sans laisser non plus désert les trois virages du circuit, Thillois, la Garenne et Le Calvaire, points névralgiques du circuit où les pilotes doivent considérablement réduire la vitesse de leur bolide après les longues lignes droites parcourues à pleine puissance. Le virage le plus impressionnant est sans doute celui de Thillois, l'endroit ou furent construits des gradins pouvant accueillir 7.000 places assises. Deux autres tribunes ouvertes, de 1.500 places chacune, sont installées dans la ligne droite qui suit. Ces tribunes permettent aux spectateurs de voir les voitures lancées à plus de 250 km/h.
Thillois, la Garenne, le Calvaire, trois noms qui chantent aux oreilles des passionnés de courses automobiles. Ce sont les trois virages du fameux triangle du circuit. Ils viennent casser la vitesse des longues lignes droites, celles des tribunes, 1.926 m, ou encore celle de la RN 31, 2.182 m. L'un des endroits les plus spectaculaires est probablement le virage du Thillois, le long duquel ont été construits des gradins pouvant accueillir 7.000 places assises. Deux tribunes couvertes, de 1.500 places chacune, permettent également aux spectateurs de vibrer face aux exploits des pilotes et des bolides lancés à plus de 250 km/h.

Les 12 Heures de Reims

Le 25 août 1926, les premières 12 heures de Reims sont organisées. Ce jour là, le départ est donné à 12 H 00. L'épreuve sera remportée par Gauthier sur une Bignan, après avoir couvert 1.056 km à 88 km/h de moyenne.

Plateaux variés

Le but des organisateurs était d'offrir un spectacle très varié, aussi, dans les années qui suivirent, et sur un même week-end, seront organisées différentes épreuves ou s'opposeront différentes catégories d'automobiles. Cette multiplication d'épreuves, que ce soit dans les 12 Heures de Reims (dès 1926), dans le Grand Prix de l'ACF (dès 1932), ou dans d'autres manifestations comme la Coupe des petites cylindrées (dès 1947) ou celle des Racers 500 (dès 1950), permettra d'assurer un spectacle de qualité et de fidéliser le public.

Avec le temps, les 12 Heures de Reims se dérouleront en lever de rideau de toutes les compétitions du week-end concerné. Le départ est donné le dimanche à 0 h 00 et pour le départ, les voitures sont alignées en épi le long des stands. Les pilotes, comme au Mans, se tiennent face à elles. Moment de grande tension et de concentration avant de se lancer dans une traversée de piste pour monter à bord des voitures et de s'élancer vers la victoire.

Quelques résultats

Jusqu'en 1931, Bugatti va monopoliser les victoires dans le grand prix de la Marne. En 1927, c'est Philippe Etancelin qui remporte ce Grand Prix, puis Louis Chiron, qui s'adjuge l'édition 1928 avant qu'Etancelin renouvelle son exploit en 1929. René Dreyfus remporte lui l'édition de 1930 et Marcel Lehoux celle de 1931.

1932

C'est en 1932 que le premier Grand Prix de l'ACF est organisé à Reims. Pour cette première, le public est encore venu en masse et ne partira pas déçu après la victoire du grand Tazio Nuvolari au volant d'une Alfa Romeo qui lui permit de boucler l'épreuve avec une moyenne de 148/568 km/h. A cette époque, la Scudéria Ferrari n'est pas encore en liste, n'apparaissant qu'en 1934 avec trois Alfa Romeo Tipo B. Ce sera dans le Grand Prix de la Marne et Louis Chiron en sera le vainqueur.

Palmarès suite...

les Alfa Romeo signent quatre belles victoires à Reims. Après la victoire lors du grand Prix de l'ACF en 1932, elle reviennent en force pour le Grand Prix de la Marne en 1933. Cette fois, Etancelin à délaissé Bugatti et remporte l'épreuve au volant de la belle italienne. Un an plus tard, et comme un petit rappel, Louis Chiron s'empare de la victoire de l'édition 1934. En 1935, vous l'aurez deviné, c'est René Dreyfus qui remporte l'épreuve, toujours sur Alfa Romeo. Les trois pilotes, victorieux sur Bugatti entre 1927 et 1930, prouvent qu'ils sont aussi vaillants avec une autre voiture...

En 1935 est aussi organisé le Grand Prix de la Marne tourisme, remporté par Albert Perrot sur Delahaye.

Après l'achèvement de l'aménagement du circuit, avec les tribunes, les enceintes et la sécurité, Reims va accueillir deux nouvelles victoires de Bugatti. Ces deux victoires, signées en 1936 et 1937 lors du Grand Prix de la Marne, sont l'oeuvre d'un seul pilote, Jean-Pierre Wimille.

Au Grand Prix de l'ACF de 1938, c'est une Mercedes qui s'impose, avec Mandfred Von Brauchitsch au volant, un pilote de talent qui détient également un beau palmarès en compétition. La marque signe d'ailleurs cette année là un beau triplé.  Les vitesses s'envolent et Lang, cette année là, tourne officieusement à plus de 190 km/h sur sa Mercedes W154. La presse locale, comme l'Eclaireur de l'Est ou l'Union, font l'écho de ces records de vitesse, une promotion gratuite qui donne de la puissance au circuit et forge sa réputation. Raymond Roche ne peut que se réjouir de cette reconnaissance, lui qui est le principal artisan de ce succès et ne rêve qu'à une seule chose, que son circuit rivalise à armes égales avec son proche voisin, le circuit belge de Spa-Francorchamps. Un rêve qui deviendra réalité dans les années cinquante. En attendant, l'eau passera sous les ponts. En 1939, c'est Tazio Nuvolari qui remporte le Grand prix de l'ACF sur Alfa Romeo, Müller et son Auto-Union remportant l'autre catégorie. La Coupe de la Commission Sportive de l'A.C.F revenant à Armant Hug sur Maserati.

Après guerre et Ferrari.

C'est en 1937 que le pavillon de chronométrage fut reconstruit en béton. Ce dernier fut baptisé alors "André Lambert". Un ouvrage qui servira peu de temps puisque la Seconde Guerre mettra un terme (provisoire) aux manifestation de Reims. Après une rénovation du circuit en 1946, qui coûta la modique somme de 12 millions de francs, les épreuves reprennent en 1947, le 6 juillet, avec le Grand Prix Automobile de Reims, remporté par Christian Kautz sur Maserati et la Coupe des Petites Cylindrées remportée par le Prince Bira sur Simca-Gordini. A noter que le Grand Prix Automobile de Reims F1 est la nouvelle appellation du Grand Prix de la Marne.

Un an plus tard, en 1948, le 18 juillet, Ferrari fait sa première apparition en compétition à Reims, lors de la Coupe des Petites Cylindrées. Ce jour là, Raymond Sommer démontre les qualités de sa voiture, une 166 SC en remportant l'épreuve en 1 h 18 minutes et 48 secondes, avec un tour d'avance sur son poursuivant direct. Une belle entrée en matière pour la toute jeune marque italienne qui va, on le sait, s'établir un joli palmarès dans les années à suivre. D'ailleurs, Alberto Ascari confirmera l'exploit de Sommer en remportant cette même épreuve le 17 juillet 1949, au volant d'une 166 F2. Pour enfoncer le clou, Ascari renouvellera cet exploit, toujours avec une 166 F2, le 2 juillet 1950.

En attendant, Le Grand Prix de l'ACF de 1948 fut remporté par Jean-Pierre Wimille sur Alfa Romeo et le . Grand Prix de France 1949, qui s'invite pour la première fois à Reims, est remporté par Louis Chiron sur Talbot.

Années 50

En 1950, Reims accueille trois épreuves, le Grand Prix de l'ACF, la Coupe des Petites Cylindrées et la Coupe des Racers 500. La première épreuve est remportée par Juan Manuel Fangio, futur Champion du Monde de F1. La seconde est remportée par Alberto Ascari, un autre prétendant au titre. La Coupe des racers est remportée, elle, par Bottoms sur Cooper. En 1951, année de son sacre, Juan Manuel Fangio remporte le Grand Prix d'Europe, organisé à Reims pour la première fois. Enfin, en 1952, Reims reçoit, en parallèle à son Grand Prix (catégorie Voitures de sport), celui de France. Si le premier est remporté par Stirling Moss sur Jaguar, le second voit la victoire de Jean Behra sur Gordini.

Tour de France Automobile

En 1951 et pour la première fois, le Circuit de Reims reçoit une étape du Tour de France automobile. Ce rendez vous sera renouvelé en 1952, en 1954 , puis en 1961 et enfin en 1964.

Circuit de compétition

En jaune, le tracé du nouveau circuit de 1953, et en rose, l'ancien tracé de 1926.

En 1953, le Circuit de Reims prend une nouvelle dimension. La construction du circuit de compétition conserve une partie de l'ancien circuit, avec la RN 31 et la CD27. Des trois virages, seul celui de La Bonne Rencontre, ou virage de Thillois, est conservé. Le virage de Gueux disparaît (pour laisser place à un nouveau du même nom), ainsi que celui de La Garenne qui devient le virage de Muizon. La grande ligne droite des stands est écourtée, le reste de la route servant d'échappatoire. Une courbe mène à une nouvelle droite et deux nouveaux virages, prolongeant le circuit qui désormais affiche 8,301 km. (8.301,75 mètres exactement). De ce fait, la ligne droite qui occupe la RN 31 devient plus longue. Sur cette longue ligne droite, on trouve toujours les stands de ravitaillements, les garages des constructeurs, le chronométrage et l'affichage. Après le virage de Thillois, et sa fameuse auberge, les pilotes accèdent à la ligne droite de départ/arrivée, avec ses tribunes, ses 200 loges de piste de huit places, ses balcons et ses salles de déjeuner, toute une structure pour le plus grand confort des spectateurs. Signalons que pour animer le week-end, les organisateurs ont pensé à organiser des spectacles de music-hall et des petits bals populaires. L'ambiance est donc tout à fait chaleureuse.

Nouvelle ère

Le 5 juillet 1953, sur ce nouveau tracé, l'anglais Mike Hawthorn remporte le Grand Prix de l'ACF à une moyenne de 168,722 km/h au volant de sa Ferrari 500 F2. Stirling Moss et Whitehead s'impose eux aux 12 Heures Internationales de Reims sur une jaguar en parcourant 2.036,356 km à une moyenne de 169,696 km/h, l'équipage François Picard et Charles Pozzi s'adjugeant la catégorie des 750 à 2.000 cm3 sur une 166 MM berlinette Vignale.

En 1954, le 4 juillet, François Picard et Charles Pozzi renouent avec la victoire, en remportant la catégorie des 1.601 à 2.000 cm3 au cours des 12 Heures de Reims à bord d'une Ferrari 500 Mondial. La catégorie reine est elle remportée par Peter Whitehead et Ken Warton sur une Jaguar, la seconde victoire de la marque anglaise. C'est cependant Juan Manuel Fangio qui s'impose dans le Grand Prix de l'ACF avec sa performante Mercedes. Il franchit d'ailleurs la barre des 200 km/h lors des essais.

La longue ligne droite du départ du Circuit de Reims est toujours très prisée par les spectateurs qui peuvent voir les voitures en pleine vitesse et surtout, en peloton.

Annie Bousquet
Après une saison annulée en 1955, suite à la catastrophe du Mans, les épreuves ne reprennent à Reims qu'en 1956. A son tour, le Circuit va connaître son week-end sombre. En effet, lors de 12 Heures, Annie Bousquet, qui pilote une Porsche, trouve la mort dans un accident dans une courbe qui porte désormais son nom. L'épreuve sera remporté par Duncan Hamilton et Ivor Bueb sur Jaguar mais le Circuit est en deuil. Peter Collins, de son côté, remporte le grand Prix de l'ACF, au volant d'une Lancia Ferrari D50, Course ou Juan Manuel Fangio porte, pour la première fois en course, le record du tour à plus de 200 km/h, soit 204,980 km/h pour être précis. Signalons encore que Ferrari signe une autre victoire durant les 12 Heures en remportant la catégorie des 1.500 à 2.000 cm3 avec la 500 TR de François Picard et Robert Manzon. En 1956, le Circuit sert aussi d'Epreuve de vitesse lors du Rallye des routes du Nord...

1957 - Suprématie de Ferrari

Cette année 1957, les 12 Heures de Reims se déroulent un 14 juillet. Si les français peuvent se réjouir de voir triompher un pilote national ce jour là, en la personne de Maurice Trintignant, dans la Coupe Internationale de vitesse F2 sur Dino 156 F2, les italiens peuvent fêter aussi avec chaleur la victoire incontestée des Ferrari. En effet, l'écurie italienne remporte également les 12 Heures Internationales de Reims avec Olivier Gendebien et Paul Frere sur 250 GT Lwb (devant quatre autres Ferrari) et le Challenge Internationale de Vitesse F1 avec Luigi Musso et la Lancia-Ferrari 801 F1. Malheureusement, le week-end est une nouvelle fois endeuillée par les accidents de Bill Whitehouse et Mac kay Frazer. Nous en parlerons plus bas.

Porsche

La marque allemande ne permettra pas à Ferrari de monopoliser les victoires en 1958 comme elle l'a fait l'année précédente. Si Olivier Gendebien et Paul Frère remportent une nouvelle fois une victoire lors des 12 Heures Internationales de Reims avec la même voiture que l'année précédente, une 250 GT Lwb (et devant quatre autres Ferrari), et si Mike Hawthorn remporte le Grand Prix de l'ACF sur Dino 246 F1, c'est Jean Behra qui s'octroie la victoire dans la Coupe Internationale de vitesse F2 avec sa Porsche-Behra. Jean, malheureusement, ne profitera pas longtemps de sa victoire. Un mois plus tard, il trouvera la mort dans un virage de l'Avus à Berlin, au volant de son spider Porsche, le 1er août.

En 1959, Ferrari reviendra avec panache encore une fois sur ce Circuit qui décidemment lui porte chance, en remportant le Grand Prix de l'ACF grâce entre autre à Tony Brooks et à sa Dino 265 F1, le pilote en profitant pour faire passer la moyenne en course au dessus des 200 km/h avec 205,079 km/h.
Reims est encore le théâtre d'un nouveau drame. Claude Storez, qui court sur Porsche, se tue dans le virage de Thillois. C'est le quatrième accident mortel en l'espace de 3 ans et la sécurité du circuit est alors remise en cause. Dès lors, les discussions seront animées.

HOMMAGE

Luigi Musso

En 1958, Luigi Musso est un pilote réputé, déjà victorieux à Reims en 1957 dans le Challenge de Vitesse F1 avec la Ferrari 801 F1. En 1958, Luigi est au volant de la Ferrari n° 2 au départ du Grand Prix de l'ACF. Ce 6 juillet 1958, malgré un accident qui faillit lui coûté la vie trois semaine plus tôt à Spa, il compte bien battre son plus sérieux adversaire, qu'il n'apprécie d'ailleurs pas trop mais qui reste néanmoins son coéquipier au sein de la Scuderia, Mike Hawthorn. Tout commence bien pour les Ferrari, Mike se montrant le plus rapide et menant la course. Luigi est second et ne pense qu'à une seule chose, rattraper le "blondinet" devant lui. Une demi-heure après le départ, dans son 10e tour, Luigi est à fond.
Tentant le tout pour le tout pour rattraper la Ferrari déjà largement devant, Luigi ne ménage pas la sienne et aborde une grande courbe en pleine vitesse, mais un peu trop vite. Sa voiture part de l'arrière et Luigi tente de la rattraper. Ce sera vain. A 250 km/h, la voiture sort de la courbe de travers. Hawthorn à ce moment précis le voit dans son rétro, A cet endroit de la piste, portion qui mène au virage Bousquet, une ondulation traverse la piste. Ce défaut va jouer énormément dans la suite de la trajectoire de la voiture qui part en tonneau, sous les yeux de Louis Cornet. Transporté d'urgence en hélicoptère après avoir été extrait de sa voiture à l'état d'épave, Luigi s'éteindra à l'hôpital de la Maison-Blanche. Hawthorn remporte son unique victoire de la saison, qui lui offre son premier titre de Champion du monde, mais reste pour lui une victoire amère. il apprendra la mort de son coéquipier arrivé à l'hôpital ou il se rendait pour avoir des nouvelles de Luigi. Comme pour Annie Bousquet, le virage ou Luigi trouva la mort portera désormais son nom.
Bill Whitehouse

Bill fut un pilote très réputé en Grande-Bretagne et remporta de nombreuses course pour Cooper. Après s'être retiré en 1955, Bill décide de reprendre le volant en 1957. Cette année là, il participe à plusieurs épreuves de F2 avec sa Cooper-Climax et se retrouve en juillet pour le grand rendez vous de Reims. Malheureusement, ce sera sa dernière course. très tôt dans la course, sa voiture sort de piste et prend feu, dans le bas de l'épingle à cheveux de Thillois. Bill Whitehouse perd la vie dans l'accident.
Herbert McKay Frazer

L'américain McKay Frazer dispute sa première épreuve en Formule 2 en 1956 avec Lotus. On le verra aussi en 1957 au Mans, lors des 24 Heures. Ses qualités lui permettent alors d'entrer chez BRM et d'accéder en F1. Il fera sa première apparition dans cette catégorie à Rouen Les Essarts. Une semaine plus tard, il participe à la Coupe Internationale de Vitesse F2 à Reims. Ce sera sa dernière course. Il meurt dans un accident avec sa Lotus, a tout juste trente ans.
Claude Storez

Claude Storez était un pilote de rallye avant tout. Il participa entre autre à la Coupe des Alpes en 1952 sur Porsche 356 avec Robert Buchet. En 1956, il participera aux 24 Heures du Mans, avec Polensky, sur Porsche 550A. L'équipage devra abandonner suite à une panne de distribution. On retrouve ensuite Claude en Rallye, dans le Liège-Rome-Liège, au volant d'une Porsche 356, épreuve ou il termine second. L'année suivante, en 1957, il revient sur ce rallye et cette fois, toujours accompagné de Buchet, remporte l'épreuve, toujours avec Porsche et un Speedster 356 Carrera encore. Il participe ensuite au Tour de France Auto sur une Carrera GT mais sa carrière s'arrête dans le virage du Thillois à Reims en 1959 au volant de sa Porsche.

Les années 60

Dans les années 60, le Circuit de Reims est sujet à de nombreuses polémiques concernant sa véritable nécessité et la remise en cause de son existence revient régulièrement dans les débats. Si certains ne le trouvent pas assez sélectif, d'autres critiquent une sécurité plus assez conforme aux normes pour poursuivre l'organisation des compétitions. L'aspect dangereux du circuit est d'autant plus flagrant suite aux récents accidents dramatiques, celui de Bousquet en 1958 mais aussi ceux de Mc Kay Fraser et de Bill Whitehouse en 1957, et celui de Musso en 1958, sans parler des nombreux accrochages entre pilotes. Dès lors, chaque année, l'existence même du circuit sera sujet à débats. Episodiquement, les 12 Heures de Reims seront annulés, le Grand Prix de l'ACF lui, sera souvent déplacé sur un autre circuit, celui de Rouen par exemple. En attendant, il aura encore lieu à Reims en 1960, 1961 et 1963. L'édition de 1960 sera remportée par Jacques Brabham sur Cooper. Pour compenser l'absence des 12 Heures de Reims, déjà non disputées en 1959, les organisateurs mettent en place une nouvelle épreuve, la Coupe de Vitesse Junior. Cette épreuve, qui paraît accessoire, va pourtant permettre à des pilotes de faire leurs preuves, comme Jo Schlesser ou Joseph Siffert. L'édition 1960 sera remportée par Mc Kee sur Lotus.
Dès 1960 donc, le Circuit de Reims entre dans une période déclinante. Il n'en sortira pas... En 1961, on assiste encore au Grand prix de l'ACF, mais son organisation à Reims est désormais aléatoire. Giancarlo Baghetti remporte cette grande épreuve sur une Ferrari 156 F1. C'est également son premier Grand Prix F1 et sa première victoire, un exploit unique encore. Trévor Taylor, quant à lui, remporte la Coupe de Vitesse des Juniors sur Lotus.

Nouveau drame

En 1962, le Grand Prix de Reims est remporté par Bruce Mc Laren, sur Cooper. La Coupe Internationale de vitesse Junior est remportée par Spence sur Lotus. Au cours de cette épreuve, Peter Ryan, en tête de l'épreuve, s'accroche avec un concurrent dans la courbe Musso. Sa voiture, une Lola, part dans le décor, tuant son pilote.
Peter Ryan

Peter Ryan était américain, né le 10 juin 1940 à Philadelphie. C'est donc à seulement 22 ans que ce pilote est venu s'éteindre à Reims, alors qu'il disputait une course de Formule Junior sur une Lotus.

Dernières années

En 1963, Jim Clark remporte le Grand Prix de l'ACF. C'est la dernière année ou ce Grand Prix sera disputé à Reims. Deux autre courses sont programmées. Le Trophée international des prototypes (Voitures de Sport), est remporté par Carlo Mario Abate sur Ferrari 250 TRi 61, Lucien Bianchi, sur Ferrari 250 GTO s'empare lui de la victoire en catégorie Proto 1.001 à 3.000 cm3. L'autre épreuve est la Coupe internationale de Vitesse Junior remportée par Hulme sur Brabham.

Le 5 juillet 1964, les 12 Heures de Reims sont une nouvelle fois organisée après 6 ans d'absence. L'équipage Joachim Bonnier/Graham Hill remporte l'épreuve sur une Ferrari 250 LM engagée par Maranello Concessionnaire. L'équipage Michael Parkes/Ludovico Scarfiotti s'empare de la victoire en catégorie 2.001 à 3.000 cm3, sur une 250 GTO. Au cours de cette épreuve, Jean-Pierre Beltoise, qui court sur René Bonnet, sort de piste au cours de la nuit dans le virage Bousquet. Heureusement, il s'en sort avec de graves blessures mais vivant, grâce à un commissaire qui le trouve rapidement grâce à sa simple torche électrique. Cet accident , une nouvelle fois, réanime les problèmes de sécurité du circuit. Deux autres épreuves sont encore à l'affiche cette année, le grand Prix de France F2, remporté par Rees sur Brabham, la Coupe internationale de vitesse F3 remportée par Stewart sur Cooper. Le Circuit est également utilisé pour une Epreuve de vitesse du Rallye des Routes du Nord et une épreuve de vitesse du Tour de France automobile.

Le 4 juillet 1965, les 12 Heures de Reims sont remportées par Pedro Rodriguez et Jean Guichet, ajoutant une nouvelle victoire au tableau de Ferrari. Cette année, c'est une 365 P2 qui s'impose devant trois autres Ferrari mais ce sera aussi la dernière des victoires de la marque sur le Circuit de Reims-Gueux. Lors du Grand Prix de France F2, c'est Jochen Rindt qui s'impose au volant de sa Brabham. Un an après son accident, Jean-Pierre Beltoise revient à Reims avec matra. Cette fois, et pour le plus grand plaisir des spectateurs, il remporte la Coupe Internationale de vitesse F3, un succès retentissant en France. Une Epreuve de vitesse du Rallye des routes du Nord est une nouvelle fois organisée sur le circuit.

En 1966, Le Circuit de Reims reçoit le Grand Prix d'Europe et voit Jack Brabham remporter l'épreuve sur sa propre voiture. Il récidive cet exploit en remportant le Grand Prix de France F2. Dans la Coupe Internationale de vitesse F3, c'est Fenning sur Matra qui remporte cette édition 66. Malheureusement, une nouvelle fois, un nouvel accident endeuille le circuit. Le pilote Daniel Belot se tue lors des essais de la Coupe R8 Gordini. Il est, et restera, le seul pilote décédé dans cette épreuve.

Le 25 juin 1967, au cours des 12 Heures de Reims, Paul Hawkins bat le record du tour en course en 2'10''5, ce qui correspond à une moyenne de 229,013 km/h. Ce sera le dernier record battu sur le circuit. Ce jour-là, il pilotait une Lola Chevrolet. C'est pourtant l'équipage Schlesser/Ligier qui remporte l'épreuve sur Ford. Jochen Rindt s'impose lui dans le trophée de France F2 avec une Brabham. Jean-Pierre Jabouille remporte la Coupe Internationale de Vitesse F3 au volant d'une Matra.

En 1968, à cause des évènements de mai, le meeting est reporté en septembre. Le Trophée de France et la Coupe Internationale de vitesse F3 sont les deux épreuves organisée cette année. Ce sera aussi le cas en 1969. Pour cette édition, Stewart enlève la victoire du la première épreuve au volant d'une Matra, Wesbury sur Brabham s'adjugeant la seconde épreuve.

1969

Les 28 et 29 juin 1969, le dernier meeting automobile est organisé. Les 12 Heures de Reims ne sont pas au programme et comme en 1968; les deux grandes épreuves sont le Trophée de France F2, remporté par la Techno de François Cevert, et la Coupe Internationale de Vitesse F3 remportée cette année par Demeritt sur Techno. Les deux autres épreuves au programme sont la Coupe Nationale R8 Gordini et le Critérium national FFSA (Formule France). A ce moment là, personne ne songe encore à la fermeture définitive du circuit. Le public ne sait pas encore qu'il assiste aux dernières courses automobiles sur ce lieu chargé d'histoire.

En 1969, l'Association des Pilotes de Grands Prix demande à l'Automobile Club de Champagne que des travaux soient réalisés afin d'améliorer la sécurité du circuit. Dès cette date, les épreuves seront suspendues.

1970

Les travaux envisagés pour l'amélioration du Circuit se font attendre. Trop attendre. Le rendez-vous fixé en 1971 est raté, et l'espoir de revoir le Circuit s'animer est abandonné. Seuls restent les souvenirs, les images dans les têtes et les témoignages. Reste aussi la nostalgie de toute une époque. Nombreux sont ceux qui, encore aujourd'hui, espère une renaissance du circuit, mais plus les années passent, plus les espoirs s'estompent. Ce que craignait tous les amateurs du Circuit de Reims arriva. La dernière épreuve organisée sera un Grand Prix moto le 11 juin 1972, avant le fermeture définitive du circuit.

Abandon

Depuis sa fermeture définitive en 1972, beaucoup d'actions furent entamées pour faire revivre le circuit. Malheureusement, toutes resteront vaines. Aujourd'hui, il ne reste que des vestiges des infrastructures du circuit.
Voici quelques photos du circuit de nos jours. Ces clichés appartiennent à Nicolas Dohr, qui sympathiquement m'a autorisé à les diffuser sur cette page. Pour en voir plus, je vous invite à rejoindre son site ou vous trouverez d'autres vues de ce circuit prestigieux. Vous y trouverez aussi d'autres photos, toutes aussi jolies les unes que les autres en cliquant sur le lien ci-dessous.

Les photos ci-dessus ont été prises durant l'été 2004. Elles ont fait l'objet d'une exposition aux rencontres d'art régionales de Reims :
http://rar.monsite.wanadoo.fr/
Encore une fois, merci à Nicolas.
Et merci à Arnaud pour le prêt des petites affiches du Circuit.
Visitez son site et découvrez sa passion, Ferrari. Accès en cliquant sur le lien suivant :