MEMOIRE DES CIRCUITS     

Dernière mise à jour : 12/05/2010

Le Circuit des Remparts d'Angoulème

Chapitre 1 : Un passé tumultueux
Devenue une épreuve historique, son avenir est sans cesse remis en cause. Sa survie ne dépend que de l'amour de quelques passionnés qui tentent, chaque année, de renouveler ce rendez-vous d'Angoulême...

HISTORIQUE

Née en 1939, cette épreuve fut baptisée à l'époque "Grand Circuit de Vitesse Automobile des Remparts". Un circuit inchangé depuis sa création, long de 1.279 mètres et dont le tracé sillonne la ville. La ligne de départ est placée à la hauteur de la cathédrale. Les voitures s'élancent alors sur la ligne droite baptisée Rempart Desaix avant de négocier le virage Carnot. Elles suivent ensuite l'avenue des Maréchaux, prennent le virage du théâtre. Après une courte descente de la rue Carnot, les pilotes découvrent une longue section rapide après le virage Desbrandes. Puis, 500 mètres plus loin, c'est le virage "sous Carnot", que les pilotes prennent à fond, et la longue ligne droite de la rue Waldeck-Rousseau, l'endroit ou les vitesses les plus folles sont enregistrées. Cette folle accélération se terminent soudainement par l'épingle du Marronnier. Suit alors une remontée vers la cathédrale, en passant par la rue du colonel Driant, le virage Fangio, l'avenue de Verdun et le virage de la Cathédrale, un tracé qui est sûrement le passage le moins rapide du circuit. Les pilotes retrouvent ensuite la voie des remparts pour regagner la ligne de départ.

Aujourd'hui, la vitesse enregistrée par les concurrents n'a vraiment pas changée, les voitures tournant à la même vitesse qu'il y a 50 ans..... pour le plus grand plaisir des adeptes de ce rendez-vous plusieurs fois sur la sellette.

Comité de Soutien au Circuit des Remparts

Le Circuit des Remparts est une épreuve à conserver et à soutenir. Pour cela, il suffit de quelques minutes consacrées à remplir un petit formulaire. Après la lecture de cette page, n'hésitez pas à prendre un peu de temps pour qu'Angoulême soit encore le rendez-vous des amoureux d'automobiles.

En complétant le formulaire du Comité, vous apportez votre soutien à la manifestation "Circuit des Remparts d’Angoulême", et acceptez que votre identité et votre adresse soient diffusées de la manière la plus large au travers des actions qui seront menées par le Comité de soutien pour assurer la pérennité du Circuit des Remparts d’Angoulême.  Cliquez ci-dessous...

Course mythique, la première édition fut organisée en 1939. Ce sont quelques amoureux de la ville d'Angoulême, également passionnés par le sport automobile et membres de l'Automobile-Club de Charente, qui décident de créer, comme à Monaco, un circuit en ville. Monaco à dix ans déjà et le succès rencontré démontre que l'idée n'est pas si mauvaise... Un tracé fut donc dessiné, longeant les remparts, qui donneront leurs noms à l'épreuve. Tout y est, virage courts, épingles et lignes droites. Réputé pour être l'un des circuits les plus difficiles, les pilotes de 1939 en feront vite la découverte. Le 2 juillet 1939, 19 pilotes sont au départ, pour le plus grand plaisir d'une foule composée de milliers d'angoumoisins, les uns dans les tribunes, les autres sur les talus du site romain.

2 juillet 1939 : 1er vainqueur

L'épreuve comporte 2 éliminatoires de 40 tours et une 1 finale de 70 tours
Après une âpre bataille, que se livrent de grands Champions comme Jean-Pierre Wimille et Maurice Trintignant sur Bugatti, Roger Loyer sur Maserati, Mestivier sur Amilcar et Raymond Sommer sur Alfa Romeo. C'est lui d'ailleurs qui remporte cette première édition. Tout est donc lancé et tout le monde se donne rendez-vous pour l'année suivante. Malheureusement, la Seconde Guerre mondiale en jugera autrement. Les courses ne reprendront qu'en 1947.

Premier programme

13/14/15 juin 1947

Après 8 ans d'interruption, Angoulême accueillent une nouvelle fois les pilotes automobiles et les amateurs pour la seconde édition de la fameuse couses des Remparts. Si les Bugatti sont absentes, de nouvelles voitures sont au rendez-vous, comme les Simca-Gordini ou les Cisitalia. Deutsch et Bonnet en profitent pour aligner une nouvelle version de la DB, dont Bonnet prend lui même le volant comme le fait Amédée Gordini sur sa machine. Cette DB dispose d'ailleurs d'un moteur issu de la Traction avant de Citroën, et non d'un Panhard. On remarque aussi une petite Fraser-Nash sur la ligne de départ. C'est un mécanicien parisien, du nom de Eugène Martin, qui prépara cette voiture. Mécano de renom, spécialiste de tout ce qui touche à l'allumage et à la carburation, il a construit lui même la carrosserie de sa voiture, tout en préparant efficacement le moteur BMW qui loge sous le capot. Avec cette voiture, Martin ne fera pas la meilleure moyenne au tour (Robert Manzon et Raymond Sommer) mais remportera toutefois cette édition de 1947.
Parmi tous les concurrents, 18 voitures cette année, On notera la présence d'Eugène Chaboud sur Simca Gordini, Charles De Cortanze sur Peugeot Darl'Mat, Yves Giraud Cabantous sur Salmson, Guyard sur Amilcar, Roger Loyer sur Cisitalia, Maurice Mestivier sur Amilcar, Raymond Sommer sur Cisitalia et Jean-Pierre Wimille sur Simca Gordini.

Le rendez vous est agrémenté également d'une grande course cycliste et d'une course moto. Emile Idée et Caffi remportent la première épreuve, Roger Loyer remporte la seconde sur une Vélocette.

11 juillet 1948

L'épreuve comporte 2 éliminatoires de 55 tours et une 1 finale de 80 tours
Pour ce 3e Grand Prix du Circuit des Remparts d'Angoulême, réservé aux petites cylindrées, l'ambiance est toujours aussi chaleureuse. On retrouve les Cisitalia, qui domine les circuits à cette époque, pilotées par Bayol, De Sauge, Robert, Harry Schell, Varet, Michelet  et Roger Loyer, une présence en masse qui résume bien le succès que rencontre cette marque en 1948. Face à cette Cisitalia, on retrouve aussi, en plus petit nombre les Simca Gordini de Robert Manzon, du Prince Igor Troubetskoy et de Raymond Sommer. D'autres Simca sont au départ, la Spéciale de Duquesnoy et Guyard et la Simca Roux de Huc. Quelques préparateurs sont présents, comme René Bonnet et sa DB à moteur Citroën, Berté et sa berté Spéciale, Eugène Martin sur Jicey 2 BMW. On notera enfin la présence d'Eugène Chaboud avec sa Météore et d'Yvernel et sa Violet-Bernardet.
Cette année là, Raymond Sommer ne pourra pas prétendre à la victoire, victime d'une panne d'embrayage dans le raidillon des rotondes sous la cathédrale. Le public d'Angoulême se rappelera longtemps de ce jour là, lorsque Raymond, pieds nus, poussa sa voiture jusqu'à son stand sous un tonnerre d'applaudissements. A l'arrivée, c'est toutefois une Simca-Gordini qui remporte la course, celle du Prince Igor Troubetskoy. Michelet et Loyer finissent respectivement deuxième et troisième avec les Cisitalia.

12 juin 1949

L'épreuve comporte 2 éliminatoires de 55 tours et une 1 finale de 80 tours
Cette année là, on attendait les pilotes argentins Fangio et Campos, ainsi que les fameuses Ferrari apparues depuis 1947. Fangio, vainqueurs du Grand Prix de San Remo et le grand Prix de Pau ne sera cependant pas au rendez-vous. Ni Campos et Luigi Villoresi d'ailleurs. Pour les spectateurs, c'est une grosse déception. Deux Ferrari sont toutefois présentes sur le circuit, celle du Comte Sterzi et celle de Dudley et Folland. Les Cisitalia sont encore nombreuses sur les remparts, pilotées par Chaboud, Loyer, Schell et Michelet, Bernheim et Bourrely. Les Gordini 1430 sont de la partie, avec Eymard, Fischer, Manzon et Maurice Trintignant. C'est ce dernier qui remporte cette édition. Malgré l'arrivée de la Ferrari 166 Inter de Duddley Folland et celle du Comte Bruno Sterzi, l'Equipe de gordini a eu le dessus, l'agilité des "petites bleues" ont eu raison des "grosses" italiennes.. Parmi les concurrents, on trouvait aussi cette année la Duval Spéciale de Duval, les Simca Deho T11 de Charles Huc et la Simca Speciale de Robert, la Jicey 2 litres de Martin et la Veritas 2 litres de Orley. Ferdinando Righetti participa sur Fiat-Stanguellini.
Avec l'arrivée des Ferrari, c'est toute une époque qui disparaît, celle des Bugatti, des Delage, Delahaye et autres Talbot, Amilcar et Salmson.

11 juin 1950

L'épreuve comporte 2 séries : 1 manche de 130 tours pour les F2 et 2 manches de 40 tours pour les Racers
Cette année, deux nouveautés sont au programme en plus de la course initiale.  Les Racers apparaissent à Angoulême, ainsi que les Side-cars. La formule 1 existe depuis 1948 mais le Championnat débute cette année. Le grand public ne sait pas vraiment en quoi consiste cette catégorie d'automobiles et surtout, quels sont les enjeux d'une telle compétition. Pour eux, les "grosses" machines qui participent aux Grands Prix sont des Formule 1, quant aux voitures de moins de 2 litres, moins puissantes, elles sont cataloguées comme Formule 2, une catégorie présente à Angoulême. Plus agiles, plus mordantes, elles sont mieux adaptées à cette forme de circuit en ville. Dans cette série, on trouve les Simca Gordini 1430, toujours pilotées par Manzon, Loyer, Schell, Trintignant et Serafini cette année. Les Cisitalia sont absentes mais René Bonnet est encore là avec sa DB Citroën. On trouve aussi la Balsa Speciale BMW de Balsa dans la liste des engagés. Cependant, la surprise vient de la présence, enfin, de Juan Manuel Fangio sur Maserati 2 litres. Tant attendu l'année précédente, les fidèles du rendez-vous peuvent enfin admirer une idole. Pour compléter le menu, trois Ferrari sont sur la liste des inscrits, celle de Gonzales, celle de Simon et celle de Sommer. Ni Sommer, ni Trintignant et ni Chaboud ne pourront empêcher l'argentin de s'imposer. Avec la meilleure moyenne en course, Fangio s'impose à 69,468 km/h de moyenne. L'épreuve F2 se courait en 1 seule manche de 130 tours. Signalons également que cette victoire de Fangio fut très médiatisée car pour la première fois, l'évènement était radiodiffusé. André Bourillon, l'animateur d'époque, rendra compte de l'évolution du classement au fil de la compétition et commentera en direct la victoire de l'argentin. André Simon sur Simca-Gordini finit second devant la Ferrari de Froilan Gonzalès.

10 juin 1951

L'épreuve comporte 2 manches éliminatoires de 55 tours et 1 manche finale de 80 tours
La prestation des Racers en 1950 n'a pas enchantée les spectateurs. C'est donc sans cette catégorie que se dispute le Circuit des Remparts cette année. Les organisateurs conservent cependant les deux épreuves complémentaires mettant en scène les motos et les side-cars. On retrouve donc la Formule 2 en principale attraction, avec un retour aux manches éliminatoires, supprimées l'année précédente à cause de l'épreuve des racers. C'est donc un retour aux sources, à la grande joie des angoumoisins et des passionnés spécialement venus d'autres coins de la France et toujours plus nombreux.
Côté piste, les grands noms de la F2 sont une nouvelle fois présents. Les marques sont nombreuses et le prestation à la hauteur du rendez-vous. Les DB sont là, dotées cette fois de moteurs Panhard, avec toujours René Bonnet, Aunaud et Bayol. Les Simca Gordini sont aussi de la fête, avec Simon, Thepenier, Manzon et Trintignant. On trouve également parmi les inscrits la Simca Monopole de Herbert, la Simca Speciale de Mas. Fischer est le seul à se présenter avec une Ferrari, les autres concurrents disposent de Cooper (Prince Igor et Simon), de BMW (Orley et Wagner). Louis Chiron est également présent, avec une H.M.V., comme Lance Macklin d'ailleurs. Duval pilote sa Duval Spéciale et Balsa, une Balsa BMW. Au terme des 80 tours de la finale, c'est Fischer qui remporte l'édition avec sa Ferrari. Cette fois, les Simca-Gordini et même la HVW de Louis Chiron n'auront pu battre la Ferrari F2 du suisse. La surprise vient de Aunaud qui termine troisième avec sa DB-Panhard.
Les Racers sont représentés par trois marques, DB, Cooper et Simca Surva. Freiss et Otterbeim pilotent ces dernières, les DB étant entre les mains de René Bonnet et de Aunaud, Bayol et Behra. Les Cooper sont pilotées par Bernardet, Green, Hartwell, Martin M, Terrigi et Sommer. Les Racers sont des véhicules dotées de moteurs 500 cm3. Cette ajout de catégorie ajoute un certain charme au rendez-vous annuel d'Angoulême et le spectacle est à la hauteur des espérances. C'est Raymond Sommer qui remporte l'épreuve dans cette catégorie.

Angoulême bien notée

La distinction entre les différentes catégories de voitures et de ce fait, la distinction de différentes catégories d'épreuves, permet aux spécialistes sportifs de cataloguer les circuits français et européens selon des critères bien précis. Ainsi, le circuit d'Angoulême se classe comme l'un des meilleurs, sinon le meilleur pour les épreuves de F2 et de Racers. Cette opinion sera partagée par Charles Faroux, le célèbre journaliste sportif, qui écrira un article fort appréciable pour la renommée et la réputation de l'épreuve. Apparue à la "Une" du journal l'Equipe, cette éloge du Circuit des Remparts d'Angoulême paraît le 21 avril 1950, de quoi apporter de nombreux nouveaux spectateurs à cette belle épreuve de province.

première éclipse

A la suite de nouveaux règlements, l'infrastructure de la ville n'est plus aux normes et adaptée pour organiser l'épreuve du Circuit des Remparts sous la forme de grand Prix. C'est donc avec regrets que les éditions de 1952, 1953 et 1954 seront annulées et non disputées. En 1952 et 1953, les habitants devront se satisfaire du passage d'un rallye de voitures de tourisme. L'avenir de l'épreuve est très compromis.

5 juin 1955

La compétition automobile a bien évoluée, surtout depuis le début du Championnat du Monde de F1. Désormais, les épreuves sont courues sur circuits permanents et spécialement aménagés à cette effet. Dès cette année, les nouveaux circuits en ville sont interdits et les anciens, comme Monaco, Albi, Reims, Rouen et bien sur Angoulême, sont soumis à une réglementation assez rude et sévère. Petit à petit, la majorité de ces nombreux rendez-vous vont disparaître au fil des années à venir. Pour Angoulême, il devient de plus en plus difficile de songer à organiser l'épreuve et d'autant plus difficile de convaincre les constructeurs et pilotes réputés de venir y participer. Toutefois, la ville parvient cette année à programmer l'évènement pour le 5 juin. Sans l'assurance d'avoir en piste des vedettes, les officiels organisent le rendez-vous différemment. Cette année, trois épreuves sont proposées. La première est une course de Monomill, la seconde est un Critérium de voitures "Sport international" et la troisième, une Coupe inter-écuries pour voitures de tourisme spéciales. Nous sommes désormais loin de l'épreuve initiale mais le rendez-vous annuel est préservé.

Formule "Monomill"

Pour résumer la Formule, l'épreuve regroupe des voitures identiques, des DB-Panhard Monomill appartenant à la firma DB, d'ou le nom de l'épreuve. Cette voiture, construite par Deutsch et Bonnet, était destinée spécifiquement pour la course, avec ou sans compresseur, et dotée d'un moteur de petite cylindrée. Avec ce véhicule, Deutsch et Bonnet voulaient populariser en France les voitures de course de catégorie 1. Ce ne sera pas un grand succès. En attendant, nombreux seront ceux qui adhèreront à cette formule. Ces modestes monoplaces à moteurs Panhard assureront toutefois le spectacle, et restent les ancêtres des formules de promotions actuelles.

La course se déroule en deux manches éliminatoires de 30 tours, puis une finale de 70 tours. C'est le pilote Savary qui remporte cette formule. Boudée par les spectateurs, ce défilé de voitures monotype, sous-motorisées et pilotées par des inconnus, cette formule ne sera pas une réussite malgré l'intérêt qu"elle aurait pu susciter.

Critérium "Sport International"

Beaucoup d'engagés dans cette formule nouvelle. On trouve quelques Renault et quelques Panhard dans ce Critérium, à côté des sempiternelles DB Panhard de René Bonnet. On trouve également une DKW et une Ferry 904 Spéciale. Encore une fois, beaucoup d'amateurs et point de pilote de renom. La course est prévue en trois phases, 2 éliminatoires de 20 tours et 1 finale de 40 tours. C'est finalement Carlus, sur DB Panhard Spéciale qui remporte cette épreuve.

Coupe "Inter-écuries"

Quatre écuries sont engagées dans cette formule. La première est l'Ecurie Charente, composée de Dufour sur Panhard Dyna 54 Spéciale, de Sarrail sur Simca Aronde Spéciale et de Tribut sur Peugeot 203 Spéciale. Deux pilotes compose l'Ecurie Périgord, Bigre sur Renault 1062 Spéciale et Clement sur Peugeot 203 Spéciale. Enfin, on trouve l'Ecurie Atlantique avec Rispail sur Renault 1062 Speciale et l'Ecurie Ile de France avec la Panhard Dyna Spéciale de Meneaud. La Coupe, réservée aux amateurs, se jouera sur 20 tours. Je n'ai, malheureusement, pas le nom de l'heureux vainqueur.

Fin des festivités

Après le tragique accident qui endeuilla les 24 Heures du Mans, la réglementation sera renforcée et les courses en circuits urbains totalement interdites. Seules celles nées avant-guerre pourront encore être organisées, sous contrôle très strict et avec une autorisation très difficile à obtenir. Autant dire que c'est la fin du fameux rendez-vous des Remparts d'Angoulême. La ville tentera de faire revivre l'évènement en 1961 mais en vain. Il faudra attendre 1978 pour à nouveau entendre le bruit des machines au pied de la cathédrale.

30 septembre- 1er octobre 1978

Une vague rétro flotte sur le pays et les voitures anciennes ont la cote. Profitant de ce nouvel intérêt du peuple pour ces ancêtres, le nouveau maire d'Angoulême, Jean-Michel Boucheron, décide d'organiser à nouveau ce merveilleux rendez-vous d'antan. Avec le soutien de la fédération Française des Véhicules d'Epoque, tous les espoirs sont permis. De plus, Juan Manuel Fangio, le célèbre Champion aux multiples victoires sera le parrain de cette renaissance. Pour la plus grande joie des spectateurs, ce dernier effectuera quelques tours d'un circuit qu"il avait connu à l'époque de ses plus grands triomphes en compétition. Boucheron, grand amateur d'automobile, réactivent donc le circuit en le préparant selon les nouvelles règles imposées par la législation, mais en le classant dans la catégorie des courses historiques. Il n'est plus question en 1978 de rêver à une quelconque reconnaissance sportive officielle et d'espérer revenir au premier plan pour rivaliser avec Monaco. Non, il faut rester dans le cadre du souvenir et prendre ce rendez-vous comme une animation autour de voitures anciennes, même si l'animation prend parfois des allures de course.

Menu

Le samedi 30 septembre au matin, le public est déjà en ordre de marche. Pour les Angoumoisins, la nostalgie est le premier moteur de motivation pour se retrouver sur les remparts. Les 1eres assisses nationales de l'automobile ancienne sont organisées ce matin là et tout le monde est impatient de voir les festivités débuter. A cette occasion, Jean-Pierre Vigier fonde l'Association Circuit des Remparts d'Angoulême, l'ACRA, et en assure la Présidence. Au cours des 1eres assisses, les débats seront nombreux. On parlera de restauration de modèles, d'assurance, de sécurité, de clubs, et de divers sujets liés à l'automobile. Ce premier rendez-vous est très animé. L'après midi, un concours d'état est organisé, à la grande joie des passionnés et des collectionneurs. Le dimanche matin, les assisses se poursuivent et les débats reprennent. L'après midi, un concours de consommation est organisé sur le parcours historique du Circuit des Remparts. Les concurrents doivent parcourir la plus longue distance possible avec une quantité d'essence fixée à 5 litres. C'est alors une véritable compétition jusqu'à la panne sèche. Juan Manuel Fangio animera la journée en parcourant le circuit à bord de sa Mercedes W 196 victorieuse en 1955 et qui permit à son pilote de devenir Champion du Monde. Cet évènement restera à jamais graver dans la mémoire des spectateurs présents ce jour-là. Fangio en profitera pour battre le record du tour en 1 minute, soit à 76,74 km/h de moyenne. Un défilé général de toutes les voitures anciennes sera également organisé pour clore le menu de ce fabuleux week-end.

De 1979 à 1982

A partir de 1978, le rendez-vous annuel est devenu un rassemblement de voitures anciennes, avec épreuves sportives et démonstrations, défilé et concours, hors des compétitions officielles. On lui donnera dès lors le nom de Circuit Historique des Remparts d'Angoulême. Mais l'art de la séduction est difficile et le rendez-vous perd de son "aura" entre 1980 et 1982. Le rallye touristique se complète de diverses animations autour de l'automobile avec des expos photos, des expos de miniatures et une bourse d'échange, mais le nombres des visiteurs est en baisse et les pilotes amateurs moins nombreux à chaque édition. On tentera pourtant de séduire, en construisant, pour les enfants, un circuit  de répliques au 1/2 de voitures du Mans pour les compétiteurs de 9 à 13 ans. Une démonstration de mini bolides télécommandés est même organisée. Mais où sont donc les vraies voitures de course, celles qui faisaient vibrer les remparts de la cité et donnaient tout son intérêt au rendez-vous ? il faudra attendre encore un peu pour que la magie revienne et séduise à nouveau.

1983

Les 6eme assisses nationales sont ouvertes. Sous la poussés tenace et argumentée de Mr Boucheron, la FFSA à de nouveau attribué l'homologation du Circuit des Remparts et les pouvoirs public ont accordé une dérogation aux lois et décrets parus en 1955. L'interdiction d'organiser des épreuves sportives automobiles en ville est levée pour cette année à Angoulême. Il est bien stipulé cependant que cette dérogation n'est nullement définitive et qu'il faudra, pour l'année suivante comme pour les années suivantes, refaire une demande argumentée pour voir la dérogation renouvelée. Pour 1983 cependant, l'affaire est dans le sac. Les Remparts vont à nouveau vibrer sous le bruit des moteurs. Le samedi 17 septembre est occupé par les 6eme assisses et par le Rallye touristique. Le dimanche 18 est plus intéressant avec le Concours d'état, le Grand Prix International VEC, des épreuves de Cyclecars et le grand défilé général des véhicules participants au rassemblement. Un week-end très dense qui ne demande qu'à se répéter.
Ce nouveau rendez vous de 1983 est une vraie renaissance. Le pari était difficile mais il a porté ses fruits. L'affluence a convaincus les organisateurs et il ne reste plus qu'a se pencher sur l'édition de 1984. Il faut désormais se pencher sur un nouveau dossier, qui se doit d'être précis, argumenté, très exhaustif aussi, afin de pouvoir convaincre la commission départementale de l'intérêt de renouveler la manifestation. Cette commission départementale, qui rassemble divers responsables des services de sécurité, est placée sous l'autorité du Préfet et est la seule à décider de l'avenir du Circuit. Cette disposition est toujours en place aujourd'hui. Durant les années à venir, la manifestation va évoluer, prendre toute sa dimension et sa maturité pour devenir la manifestation que nous connaissons aujourd'hui. Le Circuit des Remparts est devenu un évènement incontournable.

De 1984 à 1987
Le Grand Rendez-vous annuel

Chaque année, les pilotes reviennent pour le plus grand plaisir des 10.000 spectateurs fidèles au Circuit. Différentes manifestations sont organisées chaque année. Les motos reviennent sur le devant de la scène, tout autant appréciées que les voitures anciennes. Le grand Prix des Remparts est de nouveau le rendez-vous des plus grands pilotes, en activité ou non, l'occasion de revoir, comme en 1987, Fangio et Trintigant. Le public aura l'occasion de voir des BRM se confronter à des Ferrari dans le Grand Prix des Remparts, des voitures au passé flamboyant, comme les BRM 126 et 133 de 1968 et la 153 de 1970, toutes ayant été conduites par Pedro Rodriguez et pour l'occasion entre les mains d'amateurs. Elles accompagnent les Ferrari 312 B3 (Lauda 1973), T3 ( Villeneuve 1978) et T5 (lauda 1976). Un Challenge Ferrari est organisé, avec des voitures d'exception encore une fois. On pourra admirer alors une 166 MM de 1949, une Monza 750 de 1955, une 500TR de 1957, une 250 GTO de 1963 etc. D'autres plateaux, aussi variés et prestigieux seront présentés au cours de ces différentes éditions. On s'émerveillera devant le Trophée Bugatti, le Plateau Jaguar, le trophée Lotus Super Seven ou le trophée Grand Prix de France, avec de magnifiques voitures dans leur livrée d'origine. On pourra aussi entrevoir des Tricyclecars, des Cyclecars, Sport Proto etc.... Bref, des menus à dévorer sans retenues.

1988

Cette année encore, les 17 et 18 septembre, les grands noms de l'automobiles sont au rendez-vous. Henri Pescarolo, Jean Pierre Jaussaud, Jean-Pierre Nicolas et Michèle Mouton sont présents. Michèle, d'ailleurs, pulvérisera le record du tour au volant d'une Peugeot 205 Turbo 16. Encore une grande fête cette année. Personne ne se doute encore que tout peut s'écrouler bientôt..

La 205 T16 de Michèle Mouton prise par mon ami Mustang16

1989

Tout le monde ne parle que de ça. Jean-Michel Boucheron est battu aux élection municipales. Tous les amoureux de l'automobiles sont alors sous le choc de cette nouvelle. Les fervents supporters du Circuit des Remparts sont inquiets pour l'avenir du grand rassemblement. Si Boucheron a tant fait pour sa résurrection, tout peut s'arrêter avec son mandat de maire non renouvelé. L'inquiétude est tout à fait justifiée. En effet, il n'y aura pas de Circuit des Remparts cette année.

Privé de rendez-vous

En 1989, la nouvelle municipalité d'Angoulême, dirigée par Georges Chavanne, hérite d'une situation municipale désastreuse. La gestion de Jean-Michel Boucheron est remise en cause et la situation des finances de la ville est catastrophique. la première action de la nouvelle municipalité va être de contrôler les dépenses de la ville et seules celles indispensables à la survie de la ville seront tolérées. Autant dire que les crédits alloués pour le Circuit des Remparts sont tout bonnement supprimés. Les angoumoisins n'auront donc pas de grande manifestation cette année-là.

A suivre : 1990 - Le miracle des remparts.