DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les magasins d'exposition

Plein la vue !
Pour bien vendre, il faut être vu. Quel que soit le commerce, l'emplacement est capital. L'automobile n'échappe pas à la règle. C'est la raison pour laquelle les salles d'exposition des grandes marques, vitrine de leur savoir-fare, ont toujours occupé les adresses les plus prestigieuses.
Si, au début du siècle, l'automobile est encore un produit de luxe, les constructeurs savent déjà qu'ils ont intérêt, pour toucher leur cible, à exposer tous leurs modèles dans un vaste local, soigneusement et chaudement aménagé, à la vue de ceux auxquels ils sont destinés. A la fin du 19e siècle, les premières salles d'exposition jouxtent les ateliers et les usines. Ainsi, pour se rendre acquéreur d'une De Dion-Bouton, mieux vaut aller directement au 12 rue Ernest, à Puteaux. Si l'on veut acheter une Audibert et Lavirotte, il faut se déplacer au 12 rue des Quatre maisons, à Lyon. On ne parle pas encore vraiment de "Show-rooms", mais l'idée est déjà là.

Magasin d'exposition du carrossier Henri Lafitte, à Bordeaux en 1898

Les premières adresses

Dès 1899, Emile Delahaye, qui crée sa société avec ses associés Desmarais et Morane, trouve une adresse à Paris, 10 rue du Banquier, et y établit ses bureaux et ateliers parisiens, conservant par ailleurs son usine de Tours. Presque isolé dans le 13e arrondissement de la capitale, Delahaye fait un peu bande à part, car, en région parisienne, le quartier de l'automobile, c'est surtout le 17e arrondissement. A l'ouest de Paris, ce quartier jouxte la petite ville de Levallois, véritable pépinière d'entreprises dans le domaine de la mécanique. En général, les ateliers sont en proche périphérie des grandes villes, Levallois, Suresnes, Puteaux, Nanterre, Courbevoie, où l'on trouve les usines Bignan, Ariès, Doriot, Flandrin & parant, Bucciali, entre autres.

Mercedes, 1914, le hall de la marque sur les Champs-Elysées
On ne peut pas vendre n'importe où des voitures de luxe, ou réputées comme telles. Il convient d'adapter le lieu à son image, et, pour les grandes marques, ailleurs que sur les Champs-Elysées, ou dans ses proches environs, point de salut ! Au tout début des années vingt, période faste pour la construction automobile, la firme Peugeot s'y trouve déjà, au n° 30. Plus tard, les acheteurs potentiels de la marque pourront chercher des renseignements complémentaires au siège de Peugeot, non loin de là, avenue de la Grande Armée.

Farman est également installé sur les Champs-Elysées
Sur les Champs-Elysées, on trouve aussi, au n° 37, les automobiles suisses Piccard Pictet. Au 44, c'est la firme Graham Paige qui trouve son siège parisien. Ariès et Voisin sont au 63. Talbot se trouve au 104, Bugatti au 116, Turcat Méry au 122, Lorraine Dietrich au 125, Minerva, la marque belge, et Mercedes au 138, et Delage au 140. Moins onéreux que les sacro-saints Champs-Elysées, inabordables pour certaines marques, les 8e, 16e et 17e arrondissements sont également fournis en salles d'exposition. Daimler se trouve au 63 rue de Marigny, Grégoire près de la place Victor Hugo, dans le 16e, alors qu'au 37 de l'Avenue de Villiers se trouve le magasin La licorne. L'avenue Montaigne, qui va du bas des Champs-Elysées au Pont de l'Alma, aujourd'hui l'endroit le plus cher de Paris, est aussi très bien fréquenté, avec Rolland-Pilain et Bugatti.

    

Magasins du Groupe Ford, Lincoln et Mathis
Les magasins d'exposition n'étaient pas l'apanage de la capitale. Les lieux les plus en vue des principales villes de province, ont naturellement été élus pour en accueillir. Ainsi, Berliet avait son magasin à Lyon, avenue Berthelot, tout comme Luc Court, rue Robert. Toutes les marques provinciales firent de même, Motobloc à Bordeaux, Ravel à Besançon, Turcat-Méry à Marseille, Vermorel à Villefranche, etc.

Mercedes, vers 1929, sur les Champs-Elysées
Les halls d'exposition ont de tout temps montré les modèles de série à la clientèle, mais pas uniquement. Ils ont en effet accueilli les voitures de course et de records de la firme, qui venaient de s'illustrer lors de tel ou tel évènement. C'est ainsi que les voitures des Croisières Citroën ont été exposées au Hall de l'Europe, tout comme les Rosalie des records. La Bugatti victorieuse des 24 Heures du Mans en 1937, les Mercedes de Grand Prix et bien d'autres bolides ont également eu les honneurs des magasins d'exposition.

Mercedes, 1914, le hall de la marque sur les Champs-Elysées

Quartiers "populaires"

Les voitures américaines de la General Motors, de même que la firme Auburn, sont représentées dans un vaste local Rue de Courcelles, et Georges Irat se trouve au 103 avenue de Villiers, mais à Neuilly. Quelques firmes installent des magasins d'exposition en dehors du "triangle d'or", comme Chenard & Walcker, qui ouvre boutique au 27 boulevard des Italiens, un endroit très populaire. Mais c'est surtout Citroën qui va innover en ouvrant son magasin d'exposition, en octobre 1928, à deux pas de l'Opéra. La firme du quai de Javel y restera jusque dans les années soixante. Mais l'ambition d'André Citroën et son génie de la publicité vont lui faire ouvrir le plus grand Show-room de France, si ce n'est du monde, puisqu'il peut accueillir jusqu'à 300 voitures en exposition : c'est le Hall de l'Europe, près de la gare Saint-Lazare.

Hall de l'Europe

Ouvert le 30 septembre 1931, à la veille du Salon de l'Auto de Paris, le Hall de l'Europe fut un gigantesque magasin d'exposition, fruit du talent inventif d'André Citroën. Encore visible de nos jours place de l'Europe, le bâtiment, long de 310 m, pouvait recevoir, selon les sources, de 300 à 500 voitures. Avec sa décoration intérieure due à Pierre Louÿs, le "Hall" recevait toutes sortes d'expositions temporaires Citroën, en plus des modèles des millésimes qui se sont succédés. Ce vaste magasin ferma ses portes vers 1938.

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