DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les garages

Entre ombre et lumière
Derrière le mot usuel "garage" se cache un lieu privilégié, où quelques hommes, artistes presque autant qu'artisans, oeuvrent en commun pour redonner vie et trépidations à ce qui n'est, à première vue, qu'un assemblage de pièces métalliques.
Il y a de la magie dans les garages. C'est là que la panne trouve sa solution, un peu comme la maladie trouve son remède. Mais la comparaison avec le corps médical ne s'arrête pas là. Un bon garagiste se révèle à son diagnostic éclairé, tout comme un bon médecin.

Les premiers garages

Au début du siècle, de grands garages vont se monter, pour commercialiser et entretenir le parc naissant

Aussi étrange que cela puisse paraître, il y avait des garages avant l'invention de l'automobile. Un garage, si l'on se fie à la définition du dictionnaire Larousse, c'est une remise, un atelier de réparations et d'entretien. Or, le genre d'endroits qui colle à cette définition, il y en avait déjà au temps des diligences, des fiacres et des calèches. Le garage n'a donc pas attendu l'automobile pour exister.
Dans le vieux français, le mot "Garir" signifiait mettre à l’abri, protéger. L’évolution de la langue donnera le mot "Gare" d’où sera tiré "Garage". Il est à noter également, que "Garir" servira de source au verbe "Guérir".

Les premiers garages sont des antres de forgerons, des serruriers, des mécaniciens, ceux pour qui le fer et son emploi n'ont pas de secret. Au milieu du feu, des coups de marteau répétés et de l'obscurité, ils recollent les morceaux des véhicules hippomobiles de leur époque. Les charrons, eux, construisent et répare les structures en bois de ces véhicules. L'apparition de l'automobile, dès la fin du XIXe siècle, puis son essor au XXe siècle vont bouleverser ces professions et ses lieux d'exercice, qui avaient mis des siècles à se mettre en place. Petit à petit, les garages de campagne, qui ressemblaient à des remises artisanales, à mi-chemin entre celle du forgeron et celle d'un bourrelier (qui entretenait les harnais des chevaux, etc.), se transforment en des locaux vastes et salubres. D'ailleurs, il ne faut pas attendre longtemps pour voir fleurir les premiers garages destinés, presque exclusivement, aux automobilistes : il s'agit de leur rendre le maximum de services en un minimum de temps. C'est ainsi qu'à Paris, calqués sur le modèle américain qui, à cette époque a déjà fait ses preuves, on voit apparaître des garages modernes... et ce dès 1903 !

   

En 1903, l'Auto-Palace est inauguré, sur l'avenue de la Grande Armée à Paris, à deux pas des Champs-Elysées. L'Auto-Palace possède cent cinquante places de parking et une station de recharge d'accumulateurs pour les voitures qui, au début du siècle, roulent encore à l'électricité, du carburant pour les autres et tous les attributs des garages modernes, dont la fosse pour les vidanges et les réparations. N'oublions pas que la panne fait partie de l'automobile, qu'elle est un risque de tous les instants. Comme le rappelle un jugement de la cour d'appel de Paris au début du siècle, "ces machines comportent un assemblage d'organes multiples, compliqués et délicats, dont l'accord continu et la parfaite harmonie ne peuvent être obtenu qu'au prix de soins constants". Les mécaniciens professionnels et les garages sont, pour cette raison, d'autant plus nécessaires que le parc automobile ne cesse de croître.

   

Les constructeurs vont faire des efforts considérables pour ouvrir des succursales dans toutes les villes de province. Une architecture spécifique aux garages se développera même. André Citroën ouvrira en 1931 son "Hall de l'Europe" près de la gare Saint-Lazare, regroupant la vente et l'entretien de ses productions sous le même toit. A partir de cette date, les exemples seront nombreux à Paris et ailleurs. Dans les années cinquante, à Troyes, la Cité de l'Auto est érigée, représentant ce qui se fait de mieux à l'époque. Tous les corps de métiers de l'automobile y figurent, de la sellerie à la mécanique en passant par la station de montage des pneumatiques, le lavage et la carrosserie. On y trouve en outre un énorme magasin de pièces détachées.

Avant que les garages spécialistes de marques ne soient opérationnels sur tout le territoire français, il n'était pas rare de devoir expédier chez le constructeur, par le train, sa voiture en panne, afin de la réparer.

Les années cinquante et soixante seront le véritable âge d'or des garages et des garagistes. Et puis les affaires seront de plus en plus difficiles, les charges de plus en plus importantes et le marché, rémunérateur, de plus en plus occupé par des grandes firmes avides de bénéfices. Aujourd'hui, on peut le regretter, des stations de "montage" ont peu à peu remplacé les mécaniciens, les vrais, ceux qui prenaient le temps de réparer une pièce au lieu de la changer systématiquement, qui savaient régler un carburateur au bruit, qui avaient à force d'expérience affiné un diagnostic sans faille.