DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

AZUR

Durant plusieurs décennies, les frères Desmarais, pionniers en France dans le commerce de carburant, ont tenu tête aux grands pétroliers avec leur marque Azur, coiffée de leur emblème à l'étoile.
L'histoire de la marque Azur nous renvoie à un lointain passé, très exactement en 1860, année durant laquelle Henry Desmarais traite avec un négociant-épurateur en huiles végétales. L'époque n'est pas encore au carburant pour auto, mais cette filière est indispensable pour alimenter les lampes, encore largement utilisées dans les campagnes notamment. Quelques mois plus tard, en 1861, Henri et son frère Charles fondent la Société Desmarais Frères, sise rue des Minimes à Paris, dans le quartier du Marais.
Déjà visionnaires, les deux frères laissent de côté l'huile de colza pour s'intéresser à un nouveau produit venant des Etats-Unis, le pétrole brut. Ils commencent à le raffiner pour alimenter les lampes à pétrole, et c'est ainsi que naît la marque Astraline. Tout va très vite, et les Desmarais sont bientôt en mesure de construire deux usines, en 1878, l'une à Graville, près du Havre, l'autre à Blaye, dans l'estuaire de la Gironde.

Pour l'automobile

Les frères Desmarais sont donc prêts pour jouer un rôle dans le formidable essor de l'automobile. Desmarais connaît une belle renommée avec son essence pour les (premières) automobiles, Automobiline, sans compter ses huiles pour autos, dont les bidons ne portent encore que les initiales DF. Ces bidons sont assortis d'une notice d'explication pour le graissage de la mécanique à l'intention des automobilistes. Par la suite, une autre huile, Olazur, sera largement distribuée et très connue des automobilistes français.

Comme pour l'automobile, l'aviation utilisera également l'Automobiline pour ces moteurs.

CFP

La maison Desmarais va entrer dans l'histoire en devenant l'un des fondateurs de la fameuse Compagnie française des pétroles. Au cours des années vingt, les grandes marques américaines font le forcing, s'installent sur le territoire français avec des moyens énormes et fort élaborés. Jugeant qu'il convient de réagir, l'établissement Desmarais investit des sommes importantes afin d'installer 10.000 pompes à essence en France. Une flotte de camions et un super tanker de 8.500 tonneaux, baptisé le Henri Desmarais, sont achetés. En 1924, Desmarais devient l'un des fondateurs de la Compagnie Française des Pétroles et, quelques années plus tard, laisse son activité de raffinage à la Compagnie Française de Raffinage, dont il est également un des actionnaires. Après la naissance, en 1932, de l'Azur, un carburant dit ternaire, composé d'essence, d'alcool et de benzol, la marque prend le nom d'Azur. Ce savant cocktail de couleur bleue connaît un formidable succès et, à la veille de la Seconde Guerre mondiale, demeure le carburant le plus vendu dans l'Hexagone. Sous le signe de l'étoile, DF approvisionne non seulement le amrché français mais également la Réunion, Madagascar et les Comores.

Total

Après la guerre et ses importants dégâts (l'usine de Blaye est complètement anéantie en 1940 et les stocks détruits), la marque redémarre et parvient à recommercialiser son fameux carburant (l'approvisionnement en alcool industriel, qui sert également à la confection des explosifs, lui a été retiré en 1939). Dans un compte-rendu de la CFP de 1953, on peut lire que la société Desmarais Frères a mis sur le marché sous la marque Azur environ 1.300.000 t de produits en provenance des raffineries de la CFR ou de la raffinerie d'Abadan. Mais ce carburant n'est de nouveau disponible que durant quelques années. Le mélange essence-alcool est définitivement interdit au milieu des années cinquante. Face aux pressions de toutes sortes ainsi qu'au développement considérable de ce secteur, la belle autonomie dont jouit la société ne peut pas tenir à très long terme. Dès la fin des années cinquante se profilent déjà des manoeuvres. En 1954, la Compagnie Française des pétroles crée Total et regroupe peu à peu sous cette marque plusieurs sociétés de distribution. Il est alors clair que l'évolution du marché ne peut qu'amener la société Desmarais Frères dans ce giron.
Mais cela ne se passe pas sans heurts, car Robert Cayrol, qui défend la vénérable société, ne se résout pas de gaieté de coeur à voir ainsi disparaître un distributeur très connu et apprécié des automobilistes. Aucune solution n'est encore trouvée lorsque Cayrol décède, en 1959. Après cette disparition, les pourparlers reprennent et c'est fianlement en mars 1964 qu'un projet définitif entérinera l'absorption de Desmarais Frères pa Total.

Une des nombreuses péniches qui sillonnaient la France

Le pétrole Azur voyageait également par le rail, comme le rappelle cette reproduction en jouet d'un wagon-citerne

La compétition, un support publicitaire incontournable
La marque des frères Desmarais se glorifia, à juste titre, d'avoir longtemps tenu tête aux grands groupes internationaux et d'avoir représenter la France dans leur domaine. Ce n'est pas un hasard si on retrouve ainsi sur des documents publicitaires des années vingt et trente une tête de gaulois coiffée d'un casque.

Couleur de carburant

A la fin des années vingt apparurent quatre grandes qualités de carburant : l'essecne tourisme, l'essence poids-lourd, le diesel et le supercarburant. Mais toutes les stations ne les proposaient pas et c'était parfois un vrai parcours du combattant que de se ravitailler, en supercarburant, notamment. Au milieu des années trente, une station sur trois en disposait. Mais pour le coup, ces pompes étaient facilement reconnaissables, revêtues d'une couleur métallique qui ne passait pas inaperçue. Autre petite anecdote, ce supercarburant, réservé à cette époque aux voitures de prestige, était coloré d'une manière différente selon les marques : s'il était rose-rouge chez Esso par exemple, il était bleu azur chez desmarais !