DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE
Dernière mise à jour : 05/05/2010
ANTAR

L'histoire d'Antar remonte aux années 1500. En 1498, un professeur d'Université de Strasbourg parle d'une source nauséabonde dans ses écrits,
la source Bechel Brunn. En 1584, un médecin de Worms publie une brochure vantant les vertus spirituelles et corporelles de ces eaux bitumineuses
situées à Pechelbronn. En 1592, les gens du pays tirent de ces eaux une graisse minérale qu'ils emploient pour graisser les axes de roues ou
pour guérir les plaies. En 1627, les comtes de Hanau-Lichtenberg accordent la 1ère autorisation de capter et de vendre l'épais liquide à un
certain Michel Wecker. Ce sera un échec. Mais l'histoire d'Antar ne fait que de commencer.
En 1700, un chimiste d'Oberbronn, Aulber, entreprend de purifier l'huile, mais sa petite usine est détruite par les anglais en 1702. Il faut attendre 1734
et Jean-Théophile Hoeffel pour entendre parler des sources de Bechel Brunn. Selon lui, l'odeur est perceptible de loin et les insectes meurent en la survolant,
victime des gaz asphyxiants. Un an plus tard, la première concession réelle est délivrée à
Jean Damascène, un des deux fils du médecin Eyrini d'Eyrinis. Il est autorisé à creuser le
sol et le sous-sol pour en retirer le curieux liquide. En 1740, les droits de la
mine sont attribués par la Régence de Hesse-Darmstadt de Bouxwiller à Louis Pierre Ancillon De la Sablonnière, qui va exploiter
plusieurs puisards et fonder la première société par actions. En 1945, le premier puit est creusé, et en 1768, l'exploitation devient la propriété d'Antoine Le Bel.
La famille Le Bel restera propriétaire du site pendant quatre générations. En 1867, pour la première fois, des ouvriers crèvent une poche de pétrole à une profondeur
de 83 mètres, le premier forage "Fauvelle" (type éruptif-jaillissant) apparaît en 1879. Dix ans plus tard, la Société Le Bel et Cie cède Pechelbronn à une
société par actions, la Pechelbronner Ölbergwerke AG, fondée par Alfred Herrenschmidt, principal actionnaire.
Au début du XXe siècle, en 1906, la Pechelbronner Ölbergwerke AG vend à un bon
prix ses exploitations et de ses raffineries au groupe Allemand DEA. Il
faut attendre 1918, et le Traité de Versailles pour voir l'Alsace redevenir française. Dès lors, les installations de Pechelbronn
deviennent propriété de
l'Etat Français. Un an plus tard, l'Institut Français du Pétrole voit le jour à Pechelbronn. Cet institut sera transféré par la suite à Strasbourg (1923)
puis à Paris (1939).
Création d'Antar

En 1921, la Verinigte Pechelbronner Ölbergwerke, mise sous séquestre après l'armistice, est liquidée et l'Etat français concède ses droits à une nouvelle
société, entièrement française, la Pechelbronn - Société Anonyme d'Exploitation Minières, fondée le 8 mars 1921. Cette société fonde à son tour la
Société Alsacienne des Carburants, la SOCAL, en 1922. Cette société va permettre de distribuer les carburants produits dans la raffinerie de Merkwiller.
En 1926, la Société lance l'huile Antar, produit de la Socaline. En 1927 naît la Société des Huiles Antar, la S.H.A., constituée pour distribuer les
lubrifiants de Pechelbronn. Dans les années trente, Pechelbronn étendra ses activités dans le recherche de nouveaux produits pour l'automobile, donnant
naissance à divers produits comme l'Antar Gel ou l'Antar Sport. Dans le même temps, le réseau de distribution limité à l'Est et au Sud-Est se développe
et, par l'intermédiaire de la Société Française des Pétroles Essences et Naphtes, va conquérir l'ouest et le centre de la France. Dans son essor,
Pechelbronn fonce en 1933 une nouvelle filiale, la Pechelbronn-Ouest et construit une raffinerie à Donges, en loire-Atlantique. A l'aube de la
Seconde Guerre, le réseau de distribution des carburants s'étend sur une grande partie du territoire, avec 3.300 pompes, 2.000 appartenant à la Société
Française des Pétroles Essences et Naphtes, 1.300 à la Société Alsacienne des Carburants. La guerre stoppe l'essor de l'entreprise et de la marque
Antar.

Merkwiller
L'après-guerre

En 1944, les installations sont bombardées par l'aviation américaine, et plus de 2.000 bombes s'abattent sur le site qui est détruit à 90 %.
Dès la libération, en 1945, Pechelbronn commence la reconstruction de la raffinerie de Merkwiller, tandis que la filiale Pechelbronn-Ouest
reconstruit les usines de Donges. En 1919 débute le regroupement des organisations commerciales du groupe. La Société Alsacienne des Carburants
fusionne avec la Société des Huiles Antar, et prend le nom d'Antar - S.A. d'Exploitation Pétrolière. Jusqu'au milieu des années cinquante, Antar SAEP,
la Société des Consommateurs de Pétrole, la Société Alsacienne des Carburants et Stardis
(Worms) vont unir leurs réseaux de distribution sous la marque Antar.
En 1954, les Raffineries françaises de Pétrole de l'Atlantique reçoivent le réseau de distribution de la S.A. d'Exploitation Pétrolière et deviennent
Antar Pétroles de l'Atlantique.

Dès 1955, l'exploitation de Pechelbronn connaît des difficultés. Au fil des années suivantes, l'exploitation minière, le forage et le pompage cessent.
Mais Antar ne disparaît par pour autant. Dès 1956, une gamme de nouveaux produits est proposée, avec les huiles "Double S2" (bidon doré), Antar
Molygraphite en 1961 et Antar Molygraphite multigrade en 1968. Mais, alors que Shell, Total et Esso ont joué avec la publicité pour se démarquer,
Antar n'a rien fait, ne comptant que sur la qualité technique de ses lubrifiants. Une erreur de stratégie.

Le petit "gaulois Antar" de la campagne Molygraphite 1970
ELF et Total
C'est en 1970 que tout bascule pour Antar. Avec la fermeture de la raffinerie de Pechelbronn dans un premier temps, puis le rachat du groupe par
Elf, une entreprise jeune née en avril 1967. Elf-Antar parviendra jusqu'au années 2000 pour être absorbée par Total. En 2005, la Société Antar est
dissoute et radiée. La Société Total conserve toutefois la marque au niveau des lubrifiants. Ces derniers seront vendus jusqu'en 2009. L'histoire
d'Antar s'achève alors.

Raffinerie Elf-Antar de Grandpuits-Bailly-Carrois