DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE
Dernière mise à jour : 05/05/2010
SHELL

Une coquille jaune sur fond rouge : ce logo, aujourd'hui connu et reconnu dans le monde entier, est celui d'une société dont l'histoire
passionnante met en scène des personnages entreprenants et hauts en couleur.
L'origine de Shell remonte au début du siècle, avec l'association de pionniers qui avaient compris l'intérêt de cette nouvelle forme d'énergie :
le pétrole. D'un côté, la famille Deutsch de la Meurthe et de l'autre la Groupe Royal Dutch-Shell. Les premiers se sont lancés en 1843 dans le
commerce des huiles végétales destinées à l'éclairage, et une fabrique à vu le jour à Pantin, en région parisienne. Elle est suivie par la création
d'une distillerie de résine. En 1859, intervient le forage du premier puits de pétrole en Pennsylvanie, à Titusville par Edwin Drake. En 1861,
224 tonnes de pétrole débarquent d'un voilier. Alexandre Deutsch de la Meurthe s'en porte acquéreur et introduit pour la première fois du pétrole
brut en France. Une première raffinerie est construite à Rouen. Les Deutsch de la Meurthe deviennent ainsi les premiers raffineurs.

Plusieurs marques sont créées, comme "Luciline" (prénom d'une petite-fille d'Alexandre) pour le pétrole lampant. L'essor sera rapide, allant de pair
avec le développement de l'automobile. Pendant la Première Guerre mondiale, la maison Deutsch de la Meurthe entre en rapport avec le groupe Royal
Dutch-Shell. Cette alliance permet à la France d'obtenir un approvisionnement en essence, mais aussi un moyen de fabriquer du TNT.
Raffinage
Au début des années 30, l'essence se vend dans les garages mais aussi dans les bistrots et chez les épiciers ! Peu après apparaîtront les premières stations-
services. Il y a une vingtaine d'années, les station Shell étaient nombreuses sur les routes de France. Depuis 20 ans, le nombre de ces dernières a considérablement
chuté. Toutes marques confondues, il y avait environ 21.000 stations tenues par des compagnies pétrolières ou des indépendants. De nos jours, il en resterait
7000. Shell disposerait plus que 380 stations en France, le leader étant Total avec 5.460 stations-service, devant Esso avec 700 emplacements, et 470 pour BP.
Le suisse Avia dispose, de son côté, de 736 stations en France.

Marcus Samuel et Shell

En 1833, à Londres, Marcel Samuel tient un magasin d'antiquités, où l'on trouve notamment des coquillages et des boîtes faites de coquillages, qui font fureur
dans la décoration de l'ère victorienne, à tel point que notre homme met sur pied l'importation de cargaisons de coquillages d'Extrême-Orient. En 1878, son fils
Marcus lui succède et reprend les affaires familiales et se spécialise dans l'importation de charbon, puis ajoute quelques caisses de pétrole à son commerce.
Très vite, il se constitue une flotte de bateaux et l'histoire de Shell débute. Il achète et transporte le pétrole russe qu'exploitent les frères Nobel (fils
de l'inventeur de la dynamite) et les Rothshild. En 1892, Samuel inaugure sa première flotte de pétroliers destinée à concurrencer celle de la Standard Oil des
Rockfeller sur les marchés asiatiques. Très vite, Shell se taille une place dans un contexte de guerre des prix fatale aux petits acteurs. Le transporteur signe
en grande pompe un contrat de commercialisation de pétrole texan pour une durée de 21 ans. Cependant, la firme est confrontée au problème de l'estimation des
réserves, le gisement s'épuise et elle doit reconvertir sa flotte dans le transport de bétail. C'est grâce à Royal Dutch que Shell va revenir au pétrole.
Royal Dutch Petroleum
Né à Amsterdam, en 1866, Henri Deterding fait de courtes études. Employé très jeune par une de principales banques d'Amsterdam, comme clerc, il
quitte cette dernière ne 1890 pour entrer à la Netherlands Trading Company, comme agent commercial. Il se retrouve alors à Sumatra pour financer
le négoce des matières premières. En 1893, il rencontre Jean-Baptiste Auguste Kessler, qui a été nommé un an plus tôt à la tête d'une compagnie
pétrolière hollandaise. Le roi des Pays-Bas, Guillaume III, avait accordé une Charte royale (concession), pour l'exploration pétrolière par la petite
société Koninklijke Nederlandsche Petroleum Maatschappij dans les Indes néerlandaises.
Cette mission avait débuté en 1880 lorsqu'un planteur de tabac néerlandais, A. J. Zylker, avait découvert des nappes de pétrole
à Sumatra. Après avoir négocié une concession avec le sultan local, Zylker avait commencé ses forages en 1885. Sans ressources financières, Zylker
avait réussi à obtenir l'appui de la banque centrale, et même du roi de Hollande, qui a accordé le sceau royal à l'entreprise. En 1890, la Royal
Dutch Company venait de naître. Mais la firme connaît de nouvelles difficultés et Zykler décède prématurément. En 1892, Kessler reprend les commandes
et va remettre la compagnie sur pied. Confrontée à un environnement naturel très hostile, Kessler veut construire un pipeline qui mènerait le pétrole
des marécages de Sumatra jusqu'à une nouvelle raffinerie située sur la rivière Balaban. Il lui faut donc mettre en place une organisation commerciale
pouvant lui permettre de distribuer le pétrole brut dans tout l'Orient. C'est à ce moment qu'intervient Henri Deterding. Kessler, de passage à Sumatra,
rencontre le jeune agent de la Netherlands Trading Company. La réputation de financier de Deterding est alors reconnue et ses conseils recherchés.
Kessler lui fait part de ses difficultés et Deterding va faire plus que de le conseiller. Il propose à Kessler un prêt gagé sur la production de
pétrole de la Royal Dutch. Pour chaque unité de 10 gallons (environ 370 litres), la Netherlands Trading Company avancera 1 dollar à la Royal Dutch.
Impressionné, Kessler propose alors à Deterding de travailler avec lui, ce que ce dernier accepte. Devenu bras droit de Kessler, il va jouer un rôle
déterminant dans la mise en place d'un réseau de distribution couvrant une bonne partie de l'Extrême-Orient.
En décembre 1899, Kessler décède. Henri Deterding devient alors le maître de la Royal Dutch. D'un statut fragile, la société va vite prospérer
pour devenir l'une des plus importantes compagnies pétrolière de l'histoire. En attendant, Deterding doit trouver des alliés et c'est vers la
Shell Transport and trading Company qu'il va trouver son salut. La compagnie pétrolière créée par l'ancien marchand de coquillages de la City
commence, à l'époque, à distribuer le pétrole russe des Rothschild en Asie, ce dernier s'étant lancé dans la production en 1897 en acquérant des
gisements dans l'île de Bornéo et en exportant ses produits en Asie. Shell et Rothschild (Standard Oil) sont alors les premier concurrents de la
Royal Dutch. L'idée de Deterding est d'unir les forces de son entreprise avec celle de Shell, pour s'opposer à la Standard Oil. Après huit années
de négociations, Deterding parvient à convaincre Samuel Marcus. En 1907, les deux hommes fondent le groupe Royal Dutch Shell, groupe
composé de
deux entités, la Royal Dutch et la Shell Transport and Trading Company, dont les actifs sont détenus à 60 % par la Royal Dutch. Si Marcus Samuel est
nommé président du nouvel ensemble, c'est Henri Deterding, le directeur général, qui est le véritable patron.
Pour concurrencer la Standard Oil, Shell et la Royal Dutch avait déjà signer des accords, à partir de 1900, avec Calouste Gulbenkian (artisan de la
future Turkish Petroleum Company). Cette entente avait mené à la création de l'Asiatic Petroleum Company, qui regroupait regroupait les
activités des trois partenaires et marquait une première étape vers la fusion, quatre ans plus tard, de la Shell et de la Royal Dutch Company.
En 1907, les deux groupes mettent donc en commun leurs activités. Ainsi, le Groupe Royal Dutch-Shell voit le jour, avec d'un côté un producteur de pétrole et
raffineur (Royal Dutch), et de l'autre un commerçant-transporteur-raffineur (Shell). De fait, le groupe peut attaquer de front la Standard Oil sur son
principal marché : les Etats-Unis. Peu avant 1914, le groupe fonde en Californie un réseau de distribution de l'essence importée des Indes néerlandaises
avant de prendre le contrôle de plusieurs producteurs indépendants en Oklahoma. Mais Henri Deterding ne s'arrête pas là et décide de faire de son groupe le
géant du secteur. Il va donc multiplier les investissements, en Russie dans un premier temps, avec la reprise des intérêts des Rothschild dans le Caucase,
puis en Roumanie, au Mexique, au Venezuela et en Egypte. Lorsque la Première Guerre mondiale éclate, Royal Dutch Shell est devenu le premier groupe
pétrolier au monde, devant la Standard Oil, contrainte il est vrai au démantèlement en 1911.
En 1919, Shell s'établit en France en créant la Société Maritime des Pétroles.

La coquille jaune sur fond rouge, où l'inverse, allie les deux couleurs de la maison d'Orange-Nassau, qui a patronné la Royal Dutch à ses débuts, et la
coquille de Shell Transport. Cet emblème a subi dix modifications depuis 1900. Le logo actuel dérive de celui dessiné en 1971 par Raymond Loewy. A cette
époque, le respect du dessin fait l'objet de recommandations précises, tout comme les couleurs, qui seront pures et franches.

Après la Première Guerre mondiale, Deterding va étendre les activités du groupe, en perse et en russie. Cet effort en Russie se soldera par un échec,
la révolution russe étant passée par là. Les négociations se soldent par la nationalisation sans indemnités de tous les actifs pétroliers occidentaux
en Russie. Deterding a tout perdu de ce côté là. Il tentera de s'installer en Allemagne mais là encore, le régime hitlérien mettra un terme à ses activités.
Deterding devra quitter ses fonctions à la tête du groupe Royal Dutch Shell. Il s'éteindra en 1939.
Pétroles Jupiter
Les liens noués durant la guerre entre la maison Deutsch de la Meurthe et le groupe Royal Dutch-Shell débouchent, en 1922, sur la création de la Société
Anonyme des Pétroles Jupiter. Le début des années 30 voit la création des raffineries de Petit couronne et de Pauillac. Parallèlement, la Compagnie des
Produits Chimiques et Raffinerie de Berre (filiale de Saint-Gobain) édifie la raffinerie de Berre-l'Etang, qui, dix-huit ans plus tard, devait rejoindre
celles de Petit Couronne et de Pauillac au sein de la Compagnie de Raffinage Shell Berre !

L'association va se prolonger dans la distribution avec la création de la Société des Pétroles Shell Berre. En 1948, la Société des Pétroles Jupiter prend
le nom de Shell Française. En 1949, débute les premières activités pétrochimiques (Shell Chimie), en partie avec Saint-Gobain. En 1960, le concept Shell
France apparaît. Dix ans plus tard, Saint-Gobain se retire des activités de raffinage et de distribution. En 1971, Shell procède à une restructuration. La
Société des Pétroles Shell Berre (SPSB) absorbe Shell française, CRSB (Compagnie de raffinage Shell Berre) et SGS, et reprend le nom de Shell Française. Dépuis
les années 80, le poids des activités Chimie est tel qu'il faut clarifier les notions. Ainsi, Shell Française devient Pétroles Shell et l'ensemble des activités
est regroupé sous l'appellation Shell France, lui-même un ensemble du groupe anglo-hollandais Royal Dutch Shell.

De nos jours, Shell propose des produits pétroliers, dérivés et des services : des carburants, des lubrifiants, du propane et du butane, du fioul
domestique, des produits chimiques (PVC, polystyrène, solvants et résines pour les peintures anticorrosion, élastomère, bitume...).

Sport
Beaucoup d'exemples montre la volonté de Shell de s'investir dans le monde de l'automobile autrement que par son rôle de pétrolier. On se souvient des
fameux "Volants Shell", véritable pépinières où se sont révélés de nouveaux pilotes comme
Jaussaud, Cevert, Arnoux, Depailler. En outre, le célèbre logo
brilla aux co^tés d'un mythe de l'automobile, la Scuderia Ferrari, dans le Championnat du Monde de F1.

Eco-Marathon
Shell s'investit dans un certain nombre d'opérations. Citons par exemple l'Eco-Marathon, qui depuis 1984 mobilise des lycées techniques et professionnels,
des IUT et des écoles d'ingénieurs. L'enjeu est de favoriser l'innovation technologique en matière d'économie d'énergie et de protection de l'environnement.
Il s'agit pour les concurrents de parcourir 19,8 km (6 tous du circuit du Castellet) en 48 minutes maximum sur un véhicule de leur création. Les prototypes,
à moteur thermique, sont alimentés par du supercarburant sans plomb ou du gasoil. Le vainqueur est celui qui réalise la plus faible consommation.

