DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE     

Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les cartes routières

Qu'elle indique les grands axes et leurs délestages pour les migrations d'été, les pistes et les sentiers pour les excursions, ou les départementales et les chemins communaux pour les curiosités locales, il existe aujourd'hui une carte répondant à chaque besoin.

Les premières cartes de France

Jusqu'au 18e siècle, il n'existait aucune carte précise digne de ce nom. Colbert fonda l'académie des sciences, en 1666, et fit venir d'Italie l'astronome Jean-Dominique Cassini, qui entreprit la mesure de la méridienne de l'observatoire, une chaîne de triangles de Dunkerque à Perpignan. Grâce à elle, son petit-fils, César-François Cassini de Thury put commencer à réaliser la première carte de France, dite "de Cassini", à partir de 1750. Elle est constituée de 180 feuilles de papier grand-aigle (75 x 105) à l'échelle de 1 ligne pour 1 toise, soit environ 1/86 400 (le système métrique ne fit son apparition qu'à la Révolution). Elle ne fut achevée qu'en 1815 !
On peut en obtenir des copies à l'IGN, qui en conserve les cuivres originaux. A partir de 1818, l'armée établira une carte topographique de la France au 1/80 000 dite "de l'état-major" qui sera terminée en 1881. Puis ce sera la carte IGN au 1/25 000 réalisée de 1922 à 1982, à partir de photos aériennes.

Extrait de la carte de Cassini

Avant l'automobile...

Avant de passer au transport mécanique, les voyages s’effectuaient à cheval, en charrette, en carrosse pour les plus aisés, ou en diligence… En ce qui concerne les transports collectifs, ils seront utilisés par nécessité, à cause de leur lenteur, de leur coût et de l’inconfort qu’ils offrent. Il ne faut pas oublier qu’à cette époque, il fallait plus de 20 jours pour traverser la France en diligence (malle poste). Lorsque le train fait son apparition les transports vont s’organiser autour de lui et la nouvelle bourgeoisie va découvrir la plaisir des voyages d’agrément. Cependant, les lignes de chemin de fer restent encore limitées et peu nombreuses, reliant au départ que les grandes villes. Les premières lignes de voyageur sont inaugurées en Grande-Bretagne dès 1825. Peu de temps après, on voit apparaître quelques ouvrages de poche pour accompagner le voyageur. On trouve en 1828 un guide baptisé « Le Rhin de Mayence à Cologne », qui sera suivi par d’autres. Dix ans plus tard, on trouvera les guides Didot de la France pittoresque, puis Taride éditera, au début des années 50, des itinéraires de promenade.
La première petite révolution vient grâce à la petite reine, la bicyclette. En effet, depuis l’invention du pédalier par Michaux en 1855, puis du Grand Bi en 1865, ce mode de transport permet l’évasion, offrant à son propriétaire une autonomie de déplacement. Lorsque la chaîne fait son apparition en 1879, le vélo va se démocratiser et connaîtra un véritable succès.

  

En 1872, Amédée Bollée fait ses premières promenades avec son « obéissante », une machine à vapeur qu’il a conçu du côté du Mans. Véhicule à vapeur, il ouvre la voie à une nouvelle ère, celle de la locomotion automobile qui ne va pas tarder à faire parler d’elle. En 1875, le mot « automobile » fait son apparition, en 1883, le comte de Dion et Georges Bouton construisent une automobile à vapeur plus adaptée à la circulation que la machine de Bollée. Daimler, Benz, Panhard et Levassor, Peugeot, à partir de 1890, optent pour le gaz de pétrole, et une nouvelle industrie est née. Une multitude de véhicules divers vont apparaître dans l’hexagone, comme à l’étranger. En 1895, on comptera en France à peu près 550 voitures à pétrole.
Si les premières automobiles sont produites confidentiellement, et réservées à une clientèle nantie, l’ouverture des premiers salons de l’automobile va attirer un plus large public et pousser les constructeurs à produire en plus grande série. Sans en arriver encore à la production à la chaîne, l’automobile se démocratise et les automobilistes sont de plus en plus nombreux à sillonner les routes.

Les premiers besoins, premières cartes

Avant les automobilistes, les vélocipédistes disposaient de cartes routières, éditées par des éditeurs géographes avec l’aide des premières associations vélocipédiques, comme l’union vélocipédique de France fondée en 1880 ou le Touring Club de France fondé en 1890. La distribution de ces cartes se fera grace à Taride.
Ces premières cartes apparaissent donc entre 1880 et 1890, à une période ou l’automobile n’encombre pas encore la voie publique. En fouinant dans les vide-greniers, ne passer pas à côté d’une carte Lanée ou d’une Plon-Nourrit, sûrement les plus anciennes.

Sur cette édition, le profil des routes est présenté, ce qui est assez original.

Aide à l'automobiliste

Les pionniers de l'automobile, au milieu des années 1880, se comptent sur les doigts des deux mains et ne cherchent pas encore leur route. A partir de 1890, on compte quelques "automobilistes", des êtres bizarres, couverts de fourrures, casqués et cachés derrière d'énormes lunettes anti-poussière. Les routes ne sont pas goudronnées, on achète encore l'essence en bouteille à... la pharmacie, les mécaniques sont peu fiables et les déplacements sont très limités. La carte touristique n'a pas encore de raison d'être. Devant les attaques systématiques contre l'automobile et les campagnes de dénigrement très violentes, les défenseus de l'automobile s'organisent. En 1895, naît l'Automobile Club de France à l'instigation de comte Albert de Dion. il se substitue aux pouvoirs publics pour gérer l'automobile et ses problèmes et en promouvoir le développement.

Michelin, le guide

En 1900, Edouard et André Michelin, les fabricants de pneumatiques, ardents promoteurs de l'automobile, lancent leur premier guide rouge, à l'usage exclusif des automobilistes. On y trouve les plans des principales villes, les lieux d'hébergement et de ravitaillement pour les hommes et les machines. Ils deviennent un outil indispensable pour les déplacements, mais ce ne sont pas encore des cartes. On demande sa route, aux carrefours, jusqu'à la prochaine ville étape. L'ACF encourage les autorités à goudronner quelques grands axes, à partir de 1902.

ACF et Michelin, les panneaux et les cartes

En 1906, Michelin entreprend un énorme travail de collecte de renseignements, sur le terrain, avec les ingénieurs des Travaux publics et les cantonniers. Simultanément, l'ACF commence à disposer des panneaux indicateurs pour les principales directions, et Michelin propose une numérotation des routes pour en faciliter l'identification sur les cartes. Des cartes dont les essais sont faits sur la région de Clermont-Ferrand, pour tester les relevés cartographiques. Devant les résultats concluants, de 1910 à 1913, Michelin publie, avec l'éditeur Delagrave, le premier jeu de cartes routières couvrant toute la France? Elles sont au nombre de 47, juxtaposables, et adoptent le pliage en accordéon, devenu universel aujourd'hui. Elles sont à l'échelle 1/200 000, soit 2 km pour 1 cm, et l'on y trouve déjà la plupart des symboles auxquels nous sommes habitués, l'état des routes, ainsi que leur importance relative. On peut aussi y repérer les sites historiques et les lieux présentant un intérêt touristique. c'est une vraie carte moderne, qui complète avec bonheur les guides rouge, qui sont encore offerts gratuitement aux automobilistes. D'autres guides pour les pays étrangers ont entre-temps vu le jour, tous les pays d'Europe, l'Afrique du Nord, l'Egypte. Il existe même un guide de la France en anglais.

L'évolution des cartes, toujours sous le même format

Un bureau de tourisme est créé au 105 boulevard Pereire, en 1908. Il donne gratuitement des informations sur les itinéraires et adopte le slogan : "Ne me remerciez pas, aidez-moi", qui donne lieu à un formidable échange de renseignements.

Comme Michelin, De Dion-Bouton proposera lui aussi ses cartes, jusqu'en 1930

Démocratisation du tourisme

Le conflit de 1914-1918 donne ses lettres de noblesses à la mécanique et à l'automobile. Les années 20 marquent le début de sa démocratisation et le développement du tourisme. Mais ce sont les congés payés, en 1936, qui donnent son véritable sens au tourisme de masse, tel que nous le connaissons aujourd'hui. On se lance à l'assaut des plages, à vélo, à pied, en voiture. Il faut des cartes. Heureusement, Michelin est là. L'IGN, Institut Géographique National, ne sera fondé qu'en 1940, et ses cartes sont encore, à l'époque, réservées aux militaires. Lorsqu'il deviendra institution publique sous tutelle du ministère de l'équipement, ses cartes seront peu à peu "civilisées".

IGN

L'IGN est aujourd'hui l'essentiel pourvoyeur aux côtés de Michelin. dernière trouvaille de l'IGN : en 1998 apparaissent les minicartes, au format de poche, avec les mêmes informations que les cartes normales. On a du mal, aujourd'hui, à imaginer que la carte routière n'existait pas avant la Première Guerre mondiale. A l'heure des aides à la navigation par satellite, les cartes ont encore un bel avenir devant elles, pour bien profiter des richesses touristiques de chaque région ou éviter les bouchons sur les routes des vacances. Et l'on a pas besoin d'ordinateur pour les consulter.

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