DIVERS SUJETS SUR L'AUTOMOBILE
Dernière mise à jour : 05/05/2010
Les autos de la Première et Seconde Guerre mondiale

Pour être plus performantes, les armées durent très tôt se motoriser. Cela passa d'abord par l'adaptation de types de tourisme. Les automobiles de liaison
et de commandement issues des types de série étaient réquisitionnées ou commandées aux constructeurs...
Pour les emplois tactiques, la reconnaissance ou les services d'état-major, le cheval reste imbattable jusqu'à ce qu'un certain moteur à explosion ne commence à
faire parler de lui. La progression des vitesses révélée par les grandes courses de ville à ville est attentivement notée par les militaires. Dès la fin des années 1890,
le facteur vitesse est nettement en faveur du moteur, même si le cheval conserve sa suprématie en tout-terrain.
Ancêtre
La première automobile de l'histoire est un véhicule militaire. Construit sur fonds secrets, le fardier de Nicolas Joseph Cugnot de 1769 était destiné à déplacer des pièces
d'artillerie, les nouveaux canons de Gribeauval, dont la masse et le degré de mobilité alors nécessaire exigeaient de plus en plus de chevaux.
Premières recrues
Aux grandes manœuvres du Sud-Ouest, en 1897, la presse fait mention d'une automobile utilisée par l'état-major français. La Panhard et Levassor sert principalement sur route,
à transporter les officier "après la manœuvre", mais ces essais sont instructifs en ce qu'ils révèlent des problèmes spécifiques : fragilité des premiers pneumatiques,
ravitaillement aléatoire en essence et en huile, faible charge utile, formation des conducteurs et coût. L'auto est alors considérée comme un luxe absolu, sinon inutile pour l'armée.
Pourtant, l'idée fait son chemin et une "Commission militaire des automobiles" est créée dès 1897 pour mener des études fondamentales sur tous les aspects du problème. Dès 1899,
trois automobiles sont achetées par le ministère de la Guerre. Outre les problèmes techniques et la formation de personnels qualifiés, le principal frein à la motorisation reste le
financement. En 1906, le capitaine Genty, qui pilote dans les grandes courses internationales sous le pseudonyme de De la Touloubre, installe une mitrailleuse sur une Panhard 24 CV
acquise par l'armée. Auparavant, l'entreprise CGV avait étudié une automitrailleuse. Un modèle proposé au Salon de l'Automobile en 1902 est reconnu de nos jour comme le premier engin
blindé français. En fait de blindé, il s'agissait d'un baquet blindé placé à la place des sièges arrière d'une voiture ordinaire. L'armement était une mitrailleuse Hotchkiss de 8 mm.
Essayé en 1903, le véhicule restera sans descendance, aucune suite n'étant donné à ce projet.

Modèle CGV Charron
En 1906, avec le concours du commandant Guye, CGV présenta au ministère de la Guerre un nouveau modèle, une automitrailleuse blindée. Expérimentée lors des grandes
manœuvres de l'automne,
il semble que l'armée ait utilisé 4 automitrailleuses Charron. La Russie en commanda également 12 exemplaires, puis deux autres par la suite pour remplacer les deux exemplaires saisis par les
allemands lors du transit vers la Russie des véhicules.

Modèle CGV Charron
Le capitaine Renaud concevra lui aussi un véhicule blindé, sur la base d'une voiture de tourisme Peugeot. Réalisé en 1914, ce véhicule sera utilisé pendant toute la durée du conflit.
Ce véhicule disposait d'une mitrailleuse de 8 mm et d'un canon de 37 mm. En octobre, une centaine d'automitrailleuses blindées est commandée chez Renault. C'est en 1911 que les véhicules
Panhard furent commandés, pour être expédiés au Maroc. En 1914, elle passa commande de nouveaux exemplaires pour les besoins du conflit.

Modèles Peugeot et Renault

Modèle Panhard
Avant-guerre
C'est aussi en 1906 que le gouvernement institue le système des primes d'achat, qui favorise l'expansion du parc privé en mettant à la disposition des armées les
véhicules primés au moment de la mobilisation. Ce système doit créer une réserve de véhicules constamment renouvelée et modernisée sans qu'il en coûte trop à l'Etat. A l'inverse,
le système de la réquisition ne favorise pas la standardisation des matériels et retarde jusqu'en 1913 la création d'un Service automobile autonome. Les textes réglementaires émis à
cette date montreront pourtant leur efficacité pendant la Grande Guerre.
Grande Guerre
La réquisition fut effective le 2 août 1914, premier jour de la mobilisation en France. Elle permettait à l'armée, après examen, de disposer d'environ 9.500 véhicules automobiles,
alors qu'elle ne possédait en propre que 26 voitures de tourisme, 91 camions et une centaine de véhicules divers. Bien entendu, dans la majorité des cas, les conducteurs étaient
mobilisés avec leur voiture. La formation massive des conducteurs fut mise en place plus tard.
Taxis de la Marne
L'épisode fameux des taxis dits "de la Marne" a donné lieu à bien des légendes. Plus simplement, le camp retranché de Paris avait déjà en permanence à sa disposition une centaine de
taxis pour ses liaisons. Les généraux Galliéni et Clergerie eurent l'idée de réquisitionner d'abord 500 taxis supplémentaires pour acheminer une demi-division d'infanterie sur
l'Ourcq. Au total, plus de 1.200 taxis furent utilisés.

Parc hétéroclite
Pour les mêmes raisons budgétaires qu'en 1914, l'armée française se retrouve en 1939 avec 72.000 véhicules, "spéciaux"
en majorité, le reste des 290.000 véhicules nécessaires étant fourni par la réquisition. Un incroyable parc, aussi hétéroclite que pittoresque, va être réuni, avec un gros déficit
de camions, dont la production a été freinée, sinon découragée, à l'avantage des chemins de fer. Le parc de tourisme pose moins de problèmes : sur 1.700.000 voitures immatriculées en
France, l'armée n'en réclame que 45.000. Les commissions de réquisition ont donc la possibilité de ne retenir que les types les plus modernes, en majorité des Renault et des Peugeot
d'après 1935. Simca, filiale de Fiat, est exclue des marchés officiels.
Le cas Citroën
Le cas de la Traction avant de Citroën est singulier : ses particularités techniques (monocoque, traction avant et freins hydrauliques) et sa faible garde-au-sol suscitaient
la méfiance des militaires, qui en commandèrent peu. Les allemands eurent moins de réticences et beaucoup de Tractions finirent en Tunisie et sur les routes de Russie et des Balkans.
Finalement, l'image de la Traction au combat fut avantage associée à la Résistance.

Citroën Traction dans le Port de Dunkerque,
véhicule réquisitionné par l'armée française et en habit camouflage
Allemagne et Italie


En Allemagne, durant la seconde guerre mondiale, l'armée utilisa des véhicules divers. La petite Volkswagen n'est pas produite de suite car l'armée allemande
utilise les chaînes de montage pour construire des Kübelwagen, équivalent des Jeep américaines, et des Schwimmwagen (véhicules amphibies). Quelques Coccinelle
verront cependant le jour pour les hauts responsables de la Wehrmacht ou de la SS. Cependant, les hauts dirigeants auront un faible pour les Mercedes
et autres grosses cylindrées...
Dans les pays conquis, l'armée utilisera les voitures réquisitionnées et
utilisera les chaînes de fabrication des usines occupées pour motoriser ses
hommes. En Italie, c'est la petite Fiat Topolino (Simca 5 en France) qui fut utilisée par les troupes italiennes comme véhicule de liaison. Celle ci-dessous est revêtue
du camouflage Afrique du Nord.

Etats-Unis
Les militaires les plus gâtés sur le plan automobile sont ceux des Etats-Unis. Bien entendu, la réquisition est prévue là-bas aussi, mais elle est beaucoup plus limité qu'en Europe.
Les voitures de liaison et de commandement existent en assez grand nombre en 1940, mais le parc est insuffisant lors du déclenchement de la guerre, fin 1941. L'arrêt des chaînes de
production des types civils oblige les armées à puiser dans les stocks des revendeurs et des constructeurs, bloqués depuis février 1942. Les principaux fournisseurs sont Ford, Chevrolet,
Plymouth, Buick, Chrysler, Cadillac et Packard. Les voitures civiles militarisées sont classées en quatre catégories : légères, moyennes, lourdes et breaks légers et moyens.
Les millésimes retenus sont 1940, 1941 et 1942, sauf chez Packard, qui livre quelques modèles 1943. La standardisation souhaitée par les responsables n'a jamais pu être pleinement
réalisée, notamment pour ne pas favoriser un constructeur plutôt qu'un autre.

Sur les photos ci-dessus, on peut reconnaître la Chrysler C-25 6 cylindres, année modèle 1940, militarisé par suppression des chromes (peints) et montage
de feux de black-out sur les ailes, entre autres équipements spéciaux. La petite anglaise Ten 1939 fait partie des véhicules réquisitionnés ou commandés par l'armée
britannique. Sur la seconde photo, elle est aux couleurs de la RAF, ne dispose plus de pièces chromées visibles, et une sirène est montée sur le pare-chocs
du côté droit.
La Jeep
Utilisée par les américains, puis par les anglais, la Jeep est un des symboles de la Seconde Guerre mondiale. Elle mérite une page spéciale...
