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Dernière mise à jour : 05/05/2010

Les concours d'élégance

Au début du siècle, pour promouvoir leurs modèles, les constructeurs les faisaient s'affronter sur les circuits, dans les rallyes, ou organisaient des raids dans les pays exotiques. Une alternative moins coûteuse consistait à participer à des concours d'élégance.

Situation

Dans les concours d'élégance, on est loin des pétarades des circuits comme Montlhéry ou Miramas. On est également à mille lieues des combinaisons maculées des "mécanos" s'affairant à mettre au point la distribution d'une Bugatti ou d'une Amilcar. Dans les concours d 'élégance, on parle bien de combinaisons, mais ce sont celles faites de dentelles des élégantes conductrices, et la distribution n'aura rien à voir avec les soupapes et leurs ressorts, mais avec celle d'un film, d'une pièce de théâtre ou d'un gala de bienfaisance.

Les concours d'élégance, réunions mondaines, ont connu leur grande époque du début des années vingt à la fin des années cinquante. Les premiers concours succèdent aux traditionnelles réunions de printemps, à l'occasion desquelles des véhicules hippomobiles au départ, étaient fleuris. C'est ainsi qu'ont lieu dans toute la France de telles réunions printanières, sanctionnées par un jury bon enfant qui détermine quel est le char, le véhicule le plus beau. Puis les critères de choix évoluent, et ce ne sont plus les voitures qui reçoivent les fleurs, mais leur jolie conductrice. Le jury s'intéresse alors au couple femme-auto pour célébrer le plus beau du chaque réunion. Bien entendu, les carrossiers, qui ne peuvent pas gagner de courses ou de rallyes, montrent un vif intérêt pour ces manifestations. Celles-ci ne demandent, comme préparation, qu'un bon lustrage entre deux épreuves. Guilloré, Saoutchik, Franay, Letourneur et Marchand, Binder, Antem, Chapron, Charbonneaux, Dubos, Faget-Vernet, Gangloff, Grummer, Pourtout et les autres deviennent des adeptes assidus de ce genre de compétition.

A partir de la fin des années vingt, non seulement Paris, mais aussi les stations balnéaires et les villégiatures diverses veulent organiser leur concours d'élégance automobile. C'est avant tout un véritable spectacle pour le public. De surcroît, ces manifestations permettent de valoriser le travail des couturiers, des modistes et des magasins locaux, qui fournissent aux conductrices des robes, des chapeaux et de la maroquinerie. Le concours d'élégance automobile de la Baule est instauré dès 1924 dans les jardins du casino et devient un rendez-vous incontournable de l'élégance. Chaque constructeur, mais aussi chaque carrossier, se doit d'apapraître dans ces concours et d'y remporter des prix. A la tête de tout cela, un homme que l'on appelle "l'arbitre des élégances", André de Fouquières. Distingué, micro à la main, il anime de sa verve ces manifestations. Les dotations ne sont pas très généreuses, mais ce qui n'a pas de prix, c'est le compte-rendu qui est fait du concours et de la voiture victorieuse le lundi matin dans le journal L'Auto ou, encore mieux, dans Le Figaro. Des revues comme L'Intransigeant et Fémina, avant la guerre, puis point de Vue, L'Action automobile ou Réalités, après la guerre, ont beaucoup fait pour la renommée de cette discipline.

Des gens du Monde

Les concours d'élégance ont la réputation d'avoir été uniquement des réunions un peu snobes, réservées aux gens du monde. Or, si à la lecture attentive des participants de ce genre de manifestation, on trouve effectivement des noms de la noblesse, comme ceux de la comtesse Boubée de Gramont, de la comtesse de Castellane, de la marquise de Montesquiou, de la comtesse Elie de Granay et d'autres princesses, on y trouve également des patronymes plus communs et non moins sympathiques, comme Ginette Gaubert, Maryse Jourde, ou madame Toby. Enfin, signalons que quelques personnalités prêteront leur concours à ces manifestations, comme les actrices Gaby Morlay, Paulette Dubost, Edwige Feuillère, etc. Mais la vedette la plus connue est Joséphine Baker, la célébrissime danseuse de revues des années vingt.

Dans les années trente, avec la disparition progressive des châssis, victimes de l'évolution des techniques, la carrosserie sur mesure commence à disparaître. On voit alors les modèles de série apparaître, aux côtés des automobiles de grand luxe. Ainsi, on voit des petits modèles comme la Simca 5 ou la Traction Citroën venir décrocher quelques prix. Si ces concours disparaissent un peu du paysage au cours des années 70, ils reviennent en force de nos jours, dans des lieux comme Bagatelle, St-Cloud, Pebble Beach, à la Villa d'Este, ou encore à Beaulieu ou à Montreux. C'est l'occasion de revoir quelques beautés de l'histoire de l'automobile, souvent des modèles uniques qui ont survécu aux années passées, des modèles extraordinaires pour la plupart. L'intérêt, aujourd'hui, c'est de voir les voitures modernes rivaliser avec les plus anciennes.

     

Bagatelle

Le haut lieu de l'élégance automobile des années trente et cinquante fut le bois de Boulogne, et précisément la Grande Cascade, non loin du champ de courses de Longchamps. Cet endroit très préservé existe encore, mais le concours d'élégance actuel le plus prestigieux se déroule un peu plus loin, dans les jardins de bagatelle : c'est le concours Louis Vuitton.